Le Steam Deck est une nouvelle tentative de faire rentrer un PC dans un engin au format console. Amis lecteurs, vous connaissez déjà ce format pour avoir pu entendre parler des solutions de GPD, de One Netbook, de la prometteuse solution AYA ou même de l’échec de la Smach-Z… Vous connaissez déjà tout cela mais ce n’est pas le cas du grand public pour qui la proposition de Valve est une chose toute nouvelle. Proposer un ordinateur ultramobile, promettant de jouer au catalogue classique du monde PC en mobilité, voilà qui va remuer un peu les lignes.
La Smach Z
Et c’est par un petit retour en arrière que je voudrais aborder le sujet du Steam Deck. La console Smach-Z, en gestation depuis 7 ans, tirait en mai dernier sa révérence sans jamais avoir été produite. L’objet est annulé, entrainant avec lui dans l’oubli de nombreux espoirs et l’argent de ses investisseurs. Et pourtant, à bien y regarder, cela ressemble vraiment à un brouillon du Steam Deck. La console avait d’ailleurs été annoncée sous le nom de SteamBoy1.
Que nous proposait la Smach-Z au moment où elle a été lancée ? Un écran central entouré de solutions de contrôle proches du Steam Controller, la manette de Valve. Un processeur AMD avec un circuit graphique embarqué et un accès complet à la bibliothèque de jeux PC via SteamOS. Cette promesse faite en 2014 paraissait alors bien étrange. En réalité, elle ne tenait pas debout parce qu’elle était impossible à réaliser à l’époque d’un simple point de vue technique. Elle a fini par s’embourber et disparaitre.
En 2021, Valve débarque donc avec la même idée. On avait entendu parler de SteamPal en mai dernier, c’est finalement Steam Deck qui est retenu. On retrouve un écran entouré d’une solution de contrôle proche du Steam Controller, le système d’exploitation maison SteamOS et un processeur AMD. Sur le papier donc, les engins sont très semblables dans leur approche du problème. Mais, bien entendu, l’éditeur de jeu dispose de moyens beaucoup plus importants et profite des 7 années passées. Une éternité en informatique. Ce qui était totalement irréaliste en 2014 devient parfaitement possible en 2021.
Le Steam Deck n’est pas une console, c’est un PC
A l’intérieur de l’engin, on retrouve pour commencer un processeur fabriqué sur mesures par AMD. Là où la Smach Z piochait comme elle pouvait dans le catalogue existant de la marque, Valve a eu droit à une conception adaptée à ses besoins. Il s’agit d’une puce Ryzen de génération Zen 2 embarquant 4 coeurs et 8 threads fonctionnant entre 2.4 à 3.5 GHz avec une capacité de calcul de 448 GFlops. La puce embarque une solution graphique RDNA 2 avec 8 coeurs cadencés de 1 à 1.6 GHz que Valve annonce comme développant 1.6 TFlops en puissance de calcul. L’ensemble fonctionnera avec un TDP oscillant de 4 à 15 watts et prendra en charge de la mémoire LPDDR5.
Cette puce correspond parfaitement à la description d’un processeur un peu à part dans les plannings de production 2021 d’AMD. Une solution baptisée Van Gogh, repérée en Juin 2020, et qui n’avait toujours pas trouvé sa place dans le puzzle des sorties de la marque. Difficile de savoir pour le moment si ce processeur sera réservé au Steam Deck au même titre que les productions d’AMD pour les consoles Sony ou Microsoft. Mais il apparait en tout cas aujourd’hui comme une réponse parfaitement calibrée à un besoin de Valve.
Associée à cette puce Zen 2 qui déploiera logiquement un niveau de performances assez élevé, on retrouve un écran de 7 pouces de diagonale affichant en 1280 x 800 pixels. Du 16:10 donc, qui sera adapté au jeu comme à un usage multimédia en vidéo. Il ne s’agit pas de la définition la plus élevée du marché mais d’un format qui correspond parfaitement bien à l’optique de l’objet. Celle de proposer une bonne jouabilité tout en conservant une autonomie décente. [epq-quote align= »align-right »]On n’achète pas un engin pour sa fiche de spécifications mais pour un usage et cela Valve l’a bien compris. [/epq-quote]
Valve aurait pu choisir un écran mieux défini, on a vu des engins du genre monter très très haut en définition, mais c’est totalement contre productif au final. Une solution comme la One XPlayer qui propose du 2560 x 1600 pixels sur un écran 8.4″ pose de nombreux soucis de performances et d’autonomie. Cela n’est pas très séduisant en théorie d’acheter un produit affichant tout juste en HD en 2021 mais il ne faut pas perdre de vue sa destination. On n’achète pas un engin pour sa fiche de spécifications mais pour un usage et cela Valve l’a bien compris.
Cet écran est également un très bon choix technique parce qu’il correspond à l’interface nécessaire à ce type de diagonale. Les jeux ne proposent pas forcément une ergonomie logicielle adaptée à un écran de 7″ en haute définition. Les menus et dialogues, les éléments à cocher, les réglages et autres personnages à contrôler ne sont pas pensés pour une dalle de ce type. Les écrans sont aujourd’hui tous vendus en FullHD au minimum quand il est question de jeu. Afficher en très haute définition sur de petites diagonales rendrait l’expérience totalement illisible. Le choix de Valve est également intéressant d’un simple point de vue jouabilité. Piloter de la haute définition à un coût élevé en ressources.
Doubler le nombre de pixels à l’écran réclame autrement plus de performances au processeur. Un joueur va préférer un engin fluide et réactif en plus basse définition à une promesse de très belles images qui se traduiront par une mauvaise jouabilité. Avec un écran en 1280 x 800 pixels, la puce graphique embarquée va pouvoir briller, offrir un nombre d’images par seconde important sans que cela ne choque l’oeil du joueur pour autant. La dalle proposera une luminosité de 400 nits ce qui ne devrait pas avoir trop d’impact non plus sur la batterie intégrée au contraire d’une dalle mieux définie qui serait beaucoup plus gourmande en calcul et donc en watts.
La mémoire vive est confiée à 16 Go de LPDDR5, des éléments de mémoire très rapides, déployés en double canal, qui devraient apporter beaucoup de souffle à l’objet. Le choix de monter autant de mémoire dans un engin de ce type est une excellente initiative de la part de Valve car cela garantit une belle efficacité à l’ensemble. Cela assurera également un assez large panel de jeux exploitables aujourd’hui et demain. La tentation de monter 8 Go de mémoire seulement dans un modèle plus entrée de gamme a du être grande pour tirer le prix vers le bas mais le choix de ne pas le faire assurera un élément important à la marque. Celle de ne jamais proposer une expérience décevante en jeu. Un titre pourra mettre plus ou moins de temps à se charger mais une fois lancé, il sera exécuté de manière fluide par le Steam Deck. Il ne faut surtout pas oublier que cette mémoire est partagée, elle gère le système d’exploitation, les programmes mais également les textures et autres éléments de la partie graphique du dispositif. Avec ce duo processeur et mémoire, Valve promet une bonne expérience de jeu.
C’est le stockage qui va donc déterminer le prix des engins. Le premier modèle étant annoncé à 419€ avec 64 Go de mémoire interne en eMMC PCIe Gen2 x1. Un stockage assez rapide face à une solution entrée de gamme et plus rapide que les solutions mécaniques. Mais un choix clairement économique puisque ce type de solution est beaucoup moins onéreux que les autres options. Ce choix aura un impact sur plusieurs aspects de la machine. Si le lancement des jeux les plus gourmands sera forcément moins rapide sur ce modèle que les deux autres, c’est surtout la durée de vie de la solution qui pourra inquiéter. Il parait difficile d’imaginer une implantation de cette mémoire eMMC autrement qu’en étant soudée à la carte mère de l’engin. On ne pourra pas donc pas changer le stockage et, en cas d’usure de celui-ci, la minimachine sera bonne à jeter. Cela étant dit, les eMMC d’aujourd’hui ne sont pas forcément de mauvais produits à la fiabilité médiocre et à la longévité problématique. Cette solution économique permet de proposer un compromis entrée de gamme efficace.
Les deux autres options de stockage seront plus intéressantes mais changeront le prix global de la machine. Des SSD PCIe NVMe de 256 et 512 Go en PCIe NVMe seront proposés avec un modèle 512 Go plus rapide que le premier. Le Steam Deck 256 Go est annoncé à 549€ et la version 512 Go à 679€. Tous les modèles proposeront une extension de stockage via un lecteur de cartes MicroSDXC UHS-I que Valve garantit comme très rapide.
La stratégie créée ici est assez évidente. Le Steam Deck ne propose pas une solution de type PC traditionnel avec une montée en performances basée sur des processeurs ou de la mémoire. Valve propose une approche plus proche de la console, l’engin sera toujours stable d’un point de vue performances. Sa capacité à lancer des jeux ne sera pas liée au prix déboursé, ce qui augmentera son attrait pour les développeurs qui pourront se baser sur un matériel unique et toucher tous les propriétaires de l’engin.
La différence entre les machines sera ressentie par le temps nécessaire au lancement des jeux et l’espace disponible pour augmenter sa ludothèque en mobilité. Les modèles 64 Go ne pourront peut être pas embarquer tous leurs titres sur le stockage eMMC mais l’ajout d’une carte MicroSDXC, offrant facilement beaucoup plus de stockage, viendra à leur secours. Cela sera certainement moins confortable d’utiliser une version eMMC avec une carte supplémentaire mais cela sera également bien plus abordable pour finalement proposer une jouabilité équivalente une fois la phase de chargement passée.
Les joueurs devront donc faire un choix à l’achat. Est-ce qu’ils préfèreront investir plus pour ne pas se poser la question du catalogue à choisir avant d’empocher la console ? Certains préféreront un catalogue plus restreint de titres, un ensemble suffisant pour une solution de ce type. Si certains titres proposent une grande rejouabilité, d’autres ne se lancent que de loin en loin. La grande question est peut être liée au système employé pour gérer les jeux installés. Serait-il capable d’exécuter convenablement des jeux téléchargés sur des cartes MicroSDXC différentes ? Est-ce qu’on pourrait avoir des cartes dans une pochette au même titre qu’une console Nintendo DS a des cartouches ? Un autre élément intéressant à penser pour Valve serait de proposer un compte Steam sur PC traditionnel capable de garder une copie d’un jeu pour le Steam Deck de manière à ne pas avoir à le retélécharger totalement mais juste à le transvaser de votre PC vers l’engin mobile.
Les deux dernières options de stockage, bien plus chères, s’adressent à un public de joueurs chevronnés. Ceux pour qui le jeu vidéo est le principal loisir et l’investissement dans ce type de solution a du sens. Dans tous les cas, le Steam Deck devrait proposer un moteur technique suffisant pour faire tourner de nombreux titres. Des jeux récents ou non, des petits jeux indépendants ou des jeux à gros budget. Le reste est plus lié aux besoins du joueur, à son envie de confort et bien entendu à son budget.
Le Steam Deck n’est pas un PC, c’est une console
Autour de ces composants, on retrouve un design de console mobile. L’ergonomie globale rappelle évidemment des dispositifs de jeux comme la Nintendo DS ou la Switch. Deux sticks analogiques sont présents pour piloter les titres de manière classique. A gauche, on retrouve une croix directionnelle et à droite, un ensemble de boutons ABXY. La position de ces différents dispositifs est par contre assez inhabituelle. Sur une Nintendo Switch, ou sur une manette Steam Controller, on retrouve des joysticks décalés en hauteur des autres boutons. Ici ils sont dans le même alignement. L’idée étant probablement de permettre aux pouces de venir se positionner sur l’un ou l’autre de ces dispositifs avec le moins de contraintes possible.
Mais ce sont surtout les éléments qui apparaissent en dessous de ces contrôleurs traditionnels qui expliquent ce placement. On retrouve deux zones tactiles cliquables, deux pavés de 32.5 mm carrés à retour haptique sur lesquels on pourra interagir comme on le fait sur la manette de la marque. Ils piloteront le curseur à l’écran et les interactions de la souris en jeu. Ces éléments sont déterminants dans la mission de l’objet et Valve ne pouvait pas s’en passer. Sans leur présence, tout l’usage du Steam Deck serait compliqué.
Les pavés tactiles répondront à un impératif souvent oublié des machines à écrans tactiles de ce type et pourtant absolument indispensables pour certains usages. L’interface proposée par ces zones est totalement indépendante de toute position absolue comme celle que propose l’écran tactile ou les mini-joysticks de l’engin. Le mouvement que vous ferez sur ces zones ne sera pas interprété de la même manière suivant votre manipulation de celle-ci. Le mouvement mais également son amplitude et son accélération seront pris en compte. C’est très important car c’est ce qui différencie le joueur utilisant un clavier et une souris du joueur manipulant une manette classique dans un jeu de tir à la première personne, par exemple.
Lorsqu’un joueur sur manette démarre son action, il part d’un positionnement précis, le centre de l’image, et lance un mouvement de déplacement qui agira toujours de la même manière à l’écran. L’accélération sera la même, la vitesse sera identique et l’ordre sera toujours constant. Que l’on veuille faire un mouvement rapide pour se retourner sur 180° ou un léger déplacement sur le côté, la vitesse d’exécution répondra aux mêmes principes de base. L’accélération sera sans doute un peu plus rapide si on vient positionner son joystick en butée mais le système ne peut pas anticiper l’amplitude du mouvement à réaliser.
Sur les petits pavés tactiles par contre, on pourra effectuer une accélération différente à chaque mouvement et surtout répéter le geste si nécessaire pour le doubler ou le contrôler plus finement en fin de course. Mieux, le mouvement d’un côté à l’autre ne passe pas par la case « position centrale » du mini joystick. Il est pris en compte de manière indépendante du médium. Si il est nécessaire d’ajuster son positionnement rapidement, celui-ci est immédiatement traduit de l’interface au logiciel. Le choix de placer ces zones tactiles sous les joysticks a du sens puisque les pouces qui viendront les contrôler seront légèrement pliés au dessus de ces surfaces. Un positionnement qui offrira plus de maniabilité et de couverture à chaque trackpad. A noter que Valve annonce une latence réduite de plus de moitié sur ces trackpads par rapport à ceux des Steam Controller.
Cerise sur le gâteau, le Steam Deck est équipé d’un petit gyroscope 6 axes qui permettra un contrôle précis des mouvements les plus fins. Une nouvelle approche que je trouve particulièrement brillante. A la fin de votre geste au pavé tactile ou au mini-joystick, un ajustement de la position physique globale de l’appareil permettra de repositionner votre jeu. Cela peut être pratique pour viser, pour ajuster votre volant ou pour effectuer le petit geste nécessaire pour compléter une action. Cela demandera également probablement un temps d’adaptation mais le bénéfice peut être énorme en terme de jouabilité sur un appareil de ce type.
Le gros intérêt de l’ensemble de ces éléments est de construire une interface permettant de jouer aussi bien à un titre comme Civilisation qu’un autre comme Celeste. Un jeu de tir à la première personne, un jeu de course automobile, un simulateur de vol, un jeu de stratégie ou de gestion comme un Roguelite. Le doublement des commandes permet de profiter efficacement de l’entièreté du catalogue de Valve là où les simples contrôleurs de console habituels auraient condamnés la machine à faire l’impasse sur les spécificités du vrai catalogue PC.
[epq-quote align= »align-right »]Valve veut que vous puissiez jouer à tous vos jeux favoris avec le Steam Deck[/epq-quote]
C’est un point très important de l’offre, parce qu’elle n’a pas de concurrence sur cet aspect, Valve ne cherche pas à proposer un nouveau moyen de jouer à des jeux déjà disponibles sur Switch. Un choix suicidaire pourtant opéré par la totalité des constructeurs de ce type de machine. Valve veut que vous puissiez jouer à tous vos jeux favoris avec le Steam Deck et non pas une petite selection déjà adaptés au format console. Cela ne veut pas dire que l’expérience sera identique au monde PC classique mais que ce sera possible avec quelques ajustements.
A l’arrière de la machine, on retrouve quatre boutons programmables qui se positionneront sous les doigts du joueur. Sur la partie supérieure du Steam Deck, on découvre quatre gâchettes tactiles analogiques. Des éléments classiques d’un design de console qui permettront de piloter finement de nombreux titres. Les simulateurs profiteront à plein de ces intégrations, par exemple. Le reste de l’équipement est très habituel avec des boutons liés à l’interface proposée. On pourra rappeler le système SteamOS ou ouvrir un bouton de menu rapide avec des éléments placés sous les pavés tactiles. Des boutons contrôlant l’affichage ou les options sont également présents. Une paire d’enceintes stéréo ainsi qu’une prise jack audio 3.5 mm combinant sortie casque et entrée micro ainsi qu’un double micro sont intégrés au produit. Valve veut probablement que vous puissiez communiquer facilement avec d’autres joueurs depuis l’appareil. Pas de webcam, pas de clavier, pas de port USB Type-A pour brancher ne serait-ce qu’une souris. Cet objet n’est pas un PC.
Un design imposant qui a demandé des ajustements
Le Steam Deck propose un design assez intéressant et soigné qui positionne la solution sur une autre voie que les machines classiques des deux genres. Si l’engin est assez massif et lourd, il reste particulièrement adapté à sa mission. Le châssis mesure 29.8 cm de long pour 11.7 cm de haut et 4.9 cm d’épaisseur au niveau de ses poignées. C’est, à peu de chose près, le format d’une feuille A4 pliée en deux dans le sens de la longueur. Un encombrement assez imposant dans un format portable mais plutôt confortable en terme de jouabilité. Le poids de l’engin monte à 669 grammes, ce qui peut sembler assez lourd. Une Switch de Nintendo pèse moitié moins pour des dimensions beaucoup plus compactes2.
Cet encombrement peut faire peur, notamment pour ceux qui veulent une solution permettant de jouer n’importe où. On ne sortira pas un engin de cette taille dans les transports en commun ou dans une salle d’attente sans de légères appréhensions. Il ne sera pas aussi anodin de garder une solution de presque 700 grammes au fond d’un sac toute une journée. Il faut néanmoins conserver à l’esprit le format particulier de l’objet. Ce n’est pas une tablette ni même une manette, le dispositif est certes plus lourd mais il est aussi plus large. Sa prise en main avec ses poignées latérales sera différente de celle d’une Switch. L’engin sera plus confortable à manipuler. Il s’utilisera assis, probablement sur une table ou posé sur ses genoux. On le déplacera de pièce en pièce mais je doute qu’on l’utilise réellement dans la rue ou dans le bus.
L’autonomie globale de la solution ne poussera pas forcément non plus à un usage en réelle mobilité. Valve ne fait pas mystère de ce détail en indiquant un assez large éventail d’autonomie puisque la fiche technique du Steam Deck indique de 2 à 8 heures d’utilisation possible. Cela est probablement dû aux différences de ressources demandées par les titres disponibles sur PC et la consommation du processeur AMD. Passer de 4 à 15 watts de consommation n’a pas le même impact sur la batterie. On peut se demander alors ce qu’il sera réellement possible de faire pendant 8 heures ? Probablement pas grand chose de réellement ludique : de la vidéo, de l’audio mais pas franchement un jeu gourmand. On n’aura pas non plus le même impact sur une batterie avec un jeu indépendant en 2D peu gourmand en ressources et un titre Triple A usant et abusant de 3D, affichant des dizaines d’événements et proposant de nombreux effets graphiques. Un résultat identique sur les machines portables ultraportables qui, si elles peuvent afficher des jeux en 3D parfois gourmands, le font au détriment d’une autonomie sauvagement sabrée à un petit quart de l’expérience habituelle.
2 Heures de jeu 3D à la première personne, 4 heures de stratégie, 6 heures de jeu de gestion avec un titre bien optimisé et 8 heures de vidéo 720p ? Voilà le scénario probable du Steam Deck. La solution proposera une charge Power Delivery de 45 watts via un port USB Type-C, ce qui autorisera des aménagements en terme d’autonomie. Non seulement la recharge devrait être assez rapide mais on pourra utiliser des chargeurs compacts type GaN et des batteries externes Power Delivery pour augmenter de manière significative l’autonomie de l’engin.
Les vases communicants du hardware
Le Steam Deck reflète l’état des compétences actuelles en terme de miniaturisation et de mobilité. Il est impossible pour le moment de proposer un appareil de ce type avec un meilleur équipement et une aussi bonne autonomie. Des choix doivent être faits et Valve a construit une machine finalement très homogène pour cette année 2021. Si l’engin ne correspond pas à votre vision de ce que devrait être ce type de machine, il faut juste comprendre qu’il n’est pas possible de faire mieux actuellement.
Augmenter l’autonomie aurait un fort impact sur le poids, améliorer les performances aurait également un impact sur le poids mais aussi sur la chaleur et l’autonomie de l’appareil. Améliorer la définition de l’affichage diminuerait l’autonomie ainsi que les performances globales proposées. On aurait pu souhaiter un meilleur Wifi, un meilleur Bluetooth, deux ports jack pour regarder un film à deux sur l’écran 7″… Certains vont détester le format ou la configuration des boutons. Mais techniquement il n’est pas possible d’intégrer un Ryzen 7 ou un Core i7 sans ce type d’engin. Pas possible de proposer un circuit graphique haut de gamme dans une solution de ce format non plus. Si c’est ce que vous espériez, c’est de la science fiction3.
Ni un PC ni une console en réalité, une alternative intéressante et peut être un nouveau marché
Pour y avoir longuement réfléchi et avoir plusieurs fois changé d’avis, j’ai fini par conclure que le Steam Deck est finalement très cohérent dans son approche. Si le format sort de nos habitudes, il n’en est pas moins parfaitement viable. Trop gros pour jouer ? Je n’y crois pas finalement. Pour avoir imprimé à un format proche de son échelle originale un dessin de l’engin, il a fini par me convaincre.
Le Steam Deck se positionne bien dans des mains d’adulte. Les différents contrôleurs tombent parfaitement sous les doigts et le châssis vient se loger dans la paume pour porter efficacement le poids de la solution. L’épaisseur des poignées devrait également aider à maintenir le dispositif confortablement en main. Son poids sera clairement un des défauts de l’objet mais il ne sera probablement pas aussi impactant que dans une solution classique. Il ne faut pas comparer par exemple une tablette de cette diagonale qui aurait le même poids avec le Steam Deck, les deux ergonomies sont totalement différentes. Je suis déjà persuadé que le Steam Deck a plus une vocation mobile mais sédentaire qu’une console comme la Switch. On n’emmènera pas cet engin en déplacement avec la même facilité qu’une console. L’idée est plutôt de jouer du fond de son canapé. Cela correspond d’ailleurs très bien avec l’attention nécessaire à beaucoup de jeux PC. Jeux qui ont été pensés pour que l’utilisateur reste concentré, focalisé sur un ensemble de tâches assez complexes, aiguise des réflexes et des anticipe des évènements qui souffrent assez mal d’être perturbées sans cesse par l’environnement extérieur.
Cela colle également avec certains aspects de la minimachine comme la possibilité de streamer des contenus issus d’un autre PC et de se servir du Deck comme un affichage et un contrôleur via une liaison sans fil. Le module intégré est un Wifi5 associé à un Bluetooth 5.0. De quoi se connecter facilement et rapidement à tout type de réseau et piloter une solution Bluetooth de manette, de casque ou d’enceinte intégrée.
Une station d’accueil sera proposée par Valve pour accompagner le Deck. Celle ci permettra de positionner l’appareil debout tout en lui fournissant la connectique nécessaire à une utilisation plus proche du PC traditionnel. Valve a fait des choix assez simples avec, par exemple, un connecteur exploitant tout simplement la prise USB Type-C de la solution plutôt qu’une connexion via des ports propriétaires.
Une fois connectée, la station offrira trois ports USB Type-A avec un premier port en USB 3.1 et deux autres en USB 2.0. Un port Ethernet sera également disponible et bienvenu pour télécharger efficacement vos jeux et leurs mises à jour. Enfin, deux sorties vidéo seront possibles avec un HDMI 2.0 et un DisplayPort 1.4. Un port USB Type-C permettra de recharger votre Steam Deck pendant que vous l’utiliserez sur sa station d’accueil. Le tout tiendra dans un support de 11.7 cm de large pour 2.9 cm de haut et 5 cm de profondeur.
Il va sans dire que dans cette configuration, on retrouvera un objet beaucoup plus proche d’un PC que d’une console classique. Avec un clavier et une souris branchés sur la station, le Steam Deck offrira la possibilité de piloter un ou deux grands écrans de manière très traditionnelle. Un bon complément à l’objet puisqu’il pourra également permettre de jouer dans son salon, à ce que la machine propose ou via sa fonction de streaming, ou de se servir de l’engin pour profiter de contenus multimédia.
SteamOS 3.0 à bord
Grosse nuance par rapport aux concurrents sur ce créneau du PC format console, Valve fait le choix d’un système d’exploitation maison. Et c’est une très bonne chose. Pas de Windows dans l’engin. On est sur la solution Linux de Valve. Une distribution qui va être optimisée pour prendre en charge la totalité des éléments du dispositif à sa sortie et non pas un bricolage logiciel par dessus Windows et les jeux existant. La distribution offre en plus un catalogue de jeu très complet. Catalogue qui sera disponible en pressant une simple touche sur l’engin. L’intégration des achats sera sans doute optimisé au maximum pour permettre à Valve de faire de meilleures ventes et de mieux rentabiliser le dispositif.
Le gros intérêt de Steam OS est de pouvoir éviter de transformer la solution en usine à gaz. Valve veut probablement ne pas ennuyer le joueur avec des mises à jour intempestives et incontrôlables. Il faut dire que Microsoft force quelque peu la main de l’éditeur puisque Windows 11 a décidé de ne plus supporter ce type de diagonale. Cela évitera également que l’on achète une console à Valve pour lancer des jeux d’autres distributeurs. Un acheteur de Steam Deck ne choisira plus ses jeux chez d’autres distributeurs de licences. Evidemment, puisqu’il s’agit d’un coeur de PC, il est possible que l’on puisse finir par trouver un moyen d’installer d’autres systèmes et pourquoi pas un Windows sur la machine. A moins que, et c’est très possible, Valve ait décidé de protéger au maximum le BIOS de la console afin d’éviter ce genre de détournement. Valve a confirmé la possibilité d’installer librement le système de son choix.
Il faudra donc être attentif aux compatibilités des jeux qui ne tournent pas tous aujourd’hui sur Proton, le système développé par Valve pour SteamOS afin de lancer des titres issus du catalogue Windows. Ils sont nombreux, parmi les plus populaires, à ne pas pouvoir tourner encore aujourd’hui sur le Linux maison de la marque. Le lancement du Steam Deck sera peut être l’occasion de mieux collaborer pour Steam ? Proposer aux éditeurs des versions adaptées à ce nouveau format qui devrait capter beaucoup d’attention et pourrait être un bon moyen de mieux faire connaitre SteamOS .
Le recours à ce système Linux est également un bon moyen de « filtrer » les jeux. De les adapter du mieux possible au périphérique. Non seulement en prévoyant une solution de prise en main des différents boutons, contrôleurs et gâchettes. Mais en permettant également un dialogue avec les éditeurs pour qu’ils les prennent en charge lors de leur travaux de développement pour le système. Si la solution gagne en visibilité et en popularité, cela sera très bénéfique à Valve. Un dispositif de ce type peut clairement inciter des éditeurs à s’investir dans cette voie.
Cela permettra aussi de différencier la solution d’un PC traditionnel. Le Linux embarqué n’a pas vocation à accueillir « le petit utilitaire qui dépanne » qui finit toujours par débarquer sur une machine sous Windows. Un utilitaire qui en amène un autre, puis un troisième et qui finit par transformer la machine de jeux en un PC classique. Le choix de ce système assurera à l’engin de rester lié à sa vocation ludique. Sans jamais devenir un mauvais outil pour d’autres tâches. L’aspect communautaire est également important pour ce type de solution. Il sera possible de discuter avec d’autres joueurs ou de suivre l’actualité de ses jeux, des mises à jour ou des améliorations apportées à ses titres préférés.
Enfin, SteamOS offrira la possibilité de streamer des jeux depuis un PC sous Steam très facilement. Avec un gros PC performant et disposant d’un énorme stockage connecté sur le même réseau, on retrouvera l’entièreté de sa ludothèque entre les mains.
Opération séduction
Difficile de savoir exactement le prix de revient de cet engin pour une entité comme Valve mais je ne serais pas surpris que la version 64 Go eMMC rentre tout juste dans les clous question profitabilité. Les composants sur mesures, la R&D et l’assemblage des Steam Deck… Tout cela a un coût qui ne sera rentabilisé qu’à la longue. Si le système fonctionne commercialement parlant. Valve a besoin d’une version entrée de gamme pour étendre une base de joueurs utilisant son système tout en amortissant la production. Un bon moyen de faire levier ensuite sur les grands studios de développement pour s’intéresser à l’engin. Les modèles 256 et 512 Go sont sans doute plus rentables pour l’éditeur mais leurs ventes seront probablement moins importantes.
Le succès de l’objet est difficile à évaluer puisqu’il s’agit d’un nouveau type d’engin. Est-ce que le public attend vraiment un Steam Deck ? Je pense que beaucoup de joueurs PC apprécient le confort de leur dispositif classique. La souris, le clavier, un grand écran et une machine très performante. Retrouver ses jeux préférés en mobilité est pour beaucoup un fantasme mais je ne suis pas sûr que la majorité des joueurs s’y retrouvent. Est-ce qu’ils voudront quand même essayer ? C’est fort possible et c’est tout l’intérêt de la version à 419€. Elle est primordiale pour que Valve parvienne à établir une base de machines importante, base qui servira à pousser les créateurs de jeux à proposer des versions adaptées ou de nouveaux développements pensés pour cet engin. Amorcer la pompe d’un nouveau genre de dispositif.
Il est fort possible que la solution rencontre un joli succès et que la jouabilité soit au rendez-vous. Que les éditeurs, surtout les indépendants, sautent sur l’occasion et développent des titres prévus pour coller parfaitement aux caractéristiques et à l’ergonomie de l’objet. L’impact de cette proposition est compliqué à entrevoir. D’un côté, on a un objet que Valve va rendre accessible par rapport aux tarifs des produits concurrents, de l’autre on a une nouvelle case de produit qui n’existait pas encore.
Paradoxalement la situation actuelle du marché du jeu PC est peut être la meilleure pour Valve. Beaucoup de joueurs ont repoussé leurs investissements à un hypothétique futur. Préférant garder une carte graphique encore très correcte plutôt que de dépenser une fortune sur les nouvelles solutions sorties par les constructeurs ces derniers trimestres et vendues en ce moment à des prix exorbitants pour plein de facteurs. Peut être que les 419€ demandés par Valve leur bruleront les doigts et qu’ils voudront tenter l’aventure. Le choix d’un processeur AMD sur mesure et l’investissement dans ce format porté par une distribution maison à quelque chose de rassurant. Valve ne fait pas ces investissements importants sans une certaine vision de l’avenir, le Steam Deck essaye un nouveau marché mais cet essai devrait durer assez longtemps.
Notes :
- Avant de changer de nom face au probable courrier d’un avocat de Valve concernant l’utilisation du nom « Steam » pour un produit de ce type…
- 23.9 cm par 10.2 cm sur 13,9 mm pour 398 grammes avec ses manettes.
- Il y aurait une alternative possible, celle d’un format de ce type piloté par une puce ARM type Apple M1…
2,5€ par mois | 5€ par mois | 10€ par mois | Le montant de votre choix |
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Super article, le plus complet.
Pour moi, le Steam Deck sera quasiment une console faisant tourner des jeux pc, si on laisse la bestiole sous Steam Os.
Pour ceux qui embitionnent d’installer Windows, vous n’aurez qu’un simple pc portable avec une super manette intégrée.
Je fais ce petit distinguo car j’ai bon espoir qu’un certain nombre de jeux (passés et à venir) intégrerons une config optimisé pour le Steam Deck sous Steam Os via une API de Steam, et je suis convaincu que pour les différents émulateurs, ça sera pareil. On trouvera certainement des packages parfaitement adaptés au matériel, et plus précisément au couple du matériel et de Steam Os.
J’adore mon PC, mais faut reconnaître que ça devient rapidement un bordel, alors que le Steam OS restera plus propre, et plus constant.
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