Juste après la conclusion du contrat entre Intel et le gouvernement US, Pat Gelsinger démissionne. Le patron de la marque depuis quatre ans n’a pas caché ses efforts pour tenter de redresser la barre d’un navire en pleine inertie.
Admiré par certain, détesté par d’autres Pat Gelsinger s’est attaqué à de nombreux problèmes rencontrés par un Intel à la dérive. En ce début décembre 2024, quatre ans après avoir pris les rennes de la société, il abandonne son poste. Ce sont deux personnes qui viendront le remplacer pour le moment : Michelle Johnston Holthaus et David Zinsner. Intel va chercher activement un nouveau patron.
Gelsinger a connu quatre ans de travaux ininterrompus avec de multiples chantiers à gérer. Tenter de retrouver la faveur du public et des pros au travers de nouvelles innovations, changer d’état d’esprit en tant que fondeur, tenter de retrouver la voie du succès en termes d’architecture face à son rival AMD aujourd’hui au mieux de sa forme, lutter contre l’arrivée d’ARM sur son secteur et rebattre les cartes de son outil industriel. Par ailleurs, c’est également lui qui a pris la décision de licencier des milliers d’employés un peu partout dans ses succursales, entre 15 et 18 000 personnes qui seront parties avec un parachute probablement beaucoup moins rutilant que celui de leur patron. Une méthode classique destinée à retrouver un bilan comptable plus vert que rouge à moyen terme.
Un des plus gros chantiers d’Intel ces quatre dernières années aura sans doute été la volonté d’ouverture de ses usines à d’autres marques d’un côté et le choix de passer par TSMC, un concurrent, pour une partie de sa propre production de l’autre. Des mouvements encore totalement impensables chez Intel il y a seulement dix ans. Gelsinger savait pertinemment qu’il ne verrait jamais les fruits de ses choix stratégiques, avec un siège hautement éjectable et un délai très long des conséquences de ses décisions. Il semblait impossible qu’Intel soit en mesure de lui offrir tous les fruits de ses choix présents. Entre l’investissement de base et la mise en production des nouvelles usines du fondeur, une demie décennie au moins est encore à attendre.
Beaucoup de projets ont été abandonnés ces quatre dernières années. Les NUC par exemple, alors que ces engins étaient une division rentable pour Intel. Les solutions Optane ont également été oubliées et les capacités du groupe ont été concentrées pour reprendre un rythme de développement rapide. La partie graphique a également été remise en chantier avec des cartes ARC qui devraient être renouvelées par de nouveaux modèles d’ici à quelques heures maintenant. Je pensais pour ma part que Gelsinger allait rester jusqu’au lancement de la technologie de gravure 18A et de son ouverture à d’autres marques. La conclusion du contrat avec le gouvernement Biden de son CHIPS Act aura sans doute été le coup de grâce porté à l’énergie du bonhomme. D’autres postes plus tranquilles et tout aussi rémunérateurs lui sont probablement accessibles.
Reste qu’Intel doit continuer à tenir la barre le temps de se remettre. Beaucoup « d’investisseurs » ne veulent pas de développement à long terme et cherchent plutôt des dividendes immédiats. Leur titre d’investisseur est d’ailleurs assez mal trouvé, s’ils investissent dans l’action de la société, ce n’est pas pour construire quelque chose, mais bien pour avoir un retour sur investissement. Si cela doit passer par une vente à la découpe et/ou la destruction d’Intel, peu importe du moment que cela est rémunérateur sur le court terme. Ainsi beaucoup analysent le passage du dernier PDG d’Intel comme un échec en se focalisant uniquement sur son cours de bourse sans comprendre que ce genre de société ne se mesure pas avec la même vision que celle d’un trader. Si Intel n’avait pas réagi comme cela a été fait depuis quatre ans, je ne suis pas sûr que la marque ne serait pas déjà une coquille vide. En n’investissant pas dans des nouveaux projets, en cédant au contraire à l’abandon de ses spécificités en mettant en vente ses usines, je suis presque sûr qu’un géant comme Intel aurait pu se transformer en un Kodak ou en un Blackberry en quelques années seulement.
C’est peut-être avec l’assurance que ce scénario catastrophe ne verra pas le jour que le PDG a décidé de quitter la barre du navire. Laissant pas mal d’amertume chez les salariés abandonnés en cours de route mais en proposant également un possible avenir Intel.
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trop tard j’ai déjà un entretien demain et justement à la même heure que l’annonce battleimage… sont entrain de réflé_chier à qui sera maintenu ?
pour revenir à PAT ! je lui préfère très largement lisa SU the best woomen
@Tadenos : Reflechis bien.. PDG d’Intel c’est pas le job le plus facile en ce moment ;)
@Pierre : Merci de l’info. Juste un truc que je ne comprend pas bien: pourquoi tu dis que la signature du contrat du Chip Acts aura été le coup de grace ? A priori je prenais plutot ca comme une bonne nouvelle pour Intel non ?
@Jean: Pour Intel oui, c’est une bonne nouvelle. Et Gelsinger a porté ce dossier de toutes ses capacités.
C’est pour cela que j’écris « La conclusion du contrat avec le gouvernement Biden de son CHIPS Act aura sans doute été le coup de grâce porté à l’énergie du bonhomme. »
Je suppose qu’il doit avoir pas mal d’ennemis chez Intel et chez les actionnaires. Cela doit être épuisant de faire ce travail. Si j’avais son âge et ses moyens, je partirais prendre une retraite bien méritée loin de ce chaos que doit être une entreprise comme Intel. Quand tu dois penser à 5 ans l’avenir de l’entreprise tout en gérant le passé et en décidant au présent, tu fatigues vite.
Le contrat avec le gouvernement Biden ne sera pas honoré par l’administration Trump. Et Intel s’est occupé des actionnaires et jamais des employés, la position d’Intel aujourd’hui est logique.
Merci « @bob » , pour cette analyse pleine de finesse.
Outre le fait que je ne suis pas versé dans l’art divinatoire, j’avoue ne pas tout comprendre de votre message.
D’abord ici Biden et Trump font exactement la même politique qui est un mouvement classique de la vision protectrice US. On pose des taxes sur les imports d’un côté et on aide les entreprises US de l’autre. Trump, comme Biden, ont mis en place ce type d’aides. Trump a poursuivi certaines initiatives dans ce sens d’Obama, Biden a poursuivi certaines politiques protectionnistes de Trump. Les Républicains et Démocrates arrivent e général à s’ entendre pour voter ces éléments-là du budget. Je ne vois pas pourquoi Trump, chantre du protectionnisme US puisque c’est littéralement un des slogan de ses campagnes, arrêterait le protectionnisme US pour un des fleuron de la technologie US dont l’armée US est hyper dépendante ?
Ensuite, j’ai du mal à voir la logique de la fin de ce décidément très intéressant commentaire : dans « Et Intel s’est occupé des actionnaires et jamais des employés, la position d’Intel aujourd’hui est logique. »
Cherchez-vous à dire que parce que Intel s’est occupé d’Intel alors Intel à une position compréhensible ? Ce qui, avouons-le n’a pas beaucoup de sens ? Ou alors que Gelsinger s’est occupé d’Intel et pas des employés alors Intel vire logiquement Gelsinger ? Ce qui en aurait peut petre un peu plus ?
Je dis aurait parce que si Intel était super content de Gelsinger alors peut-être qu’ils le garderaient ? Enfin, je ne sais pas, cela me parait logique. Les employés ne décident pas vraiment qui les dirige au pays de l’Oncle Sam non ?
Enfin, pour le moment Gelsinger part à la retraite, après avoir conclu un contrat qui engage le gouvernement US à verser 8 milliards de dollars à son employeur et avoir convaincu les actionnaires d’injecter 100 milliards de dollars dans de nouvelles usines. C’est pas mal comme moment pour partir. Surtout si au passage, il a réussi à relancer l’innovation dans une boite moribonde bloquée sur de vieilles architectures et en finesse de gravure de 14 nano quand la concurrence était déjà en 10 ou 7 nano.
Je comprends parfaitement l’amertume des 15 000 personnes laissées sur le carreau, mais si on regarde un peu autour de nous, combien de boites connaissez-vous qui se sont débarrassé de leur patron pour avoir viré des employés ? Personnellement, je n’ai pas l’impression que ce soit jugé comme une mauvaise chose dans la société capitaliste dans laquelle nous vivons. Au contraire, c’est un bon moyen d’avoir une énorme enveloppe de bonus.
https://rendementbourse.com/intc-intel-corporation/finances
Le chiffre d’affaire de intel va passer sous les 50 milliards et le résultat net probablement à – 5 milliards. Du jamais vue !
Les investissements n’expliquent pas le problème de vente opérationnel depuis 4 ans.
Ils achètent quoi les entreprises ?
C’est l’employé à la maison qui utilise son matèriel ?
@Luc: Je n’ai pas compris.