Joshua Bird présente une imprimante 3D sur 4 axes qu’il a développé lui-même, un outil ingénieux par ce qu’il propose, mais également par les éléments mis en place pour le construire. Une recherche assez passionnante à découvrir.
Je ne doute pas une seule seconde que les plus brillants cerveaux des plus grands fabricants d’imprimantes 3D sur la planète ont déjà réfléchi à développer une imprimante 4 axes de ce genre. Mais voir un engin de ce type construit par un particulier parvient toujours à me fasciner. Cette nouvelle imprimante utilise un certain nombre de solutions très originales, mais surtout très élégantes, pour parvenir à ses fins.
Pour fonctionner sur 4 axes en impression 3D, il faut forcément sortir des sentiers battus. Des solutions existent déjà, mais elles sont souvent monstrueusement complexes ou limitées. Ici, c’est l’inverse qui est proposé. Le plateau qui accueille l’objet à imprimer est rond, comme sur les imprimantes de type Delta. Mais il tourne surtout sur lui-même grâce à un système de poulie piloté par un moteur pas à pas. Une manière à présenter directement à la tête d’impression l’endroit où déposer le filament sur cet axe en rotation.
La tête d’impression peut, quant à elle, se mouvoir horizontalement en faisant circuler une courroie avec deux moteurs fonctionnant dans des sens opposés. Le bras qui porte la tête est ainsi guidé sur un axe linéaire et amené vers l’avant ou vers l’arrière. Ce bras est lui-même porté par un double axe linéaire pour pouvoir monter ou descendre grâce à une classique tige avec un pas de vis tournant grâce à un autre moteur pas à pas.
Là où l’imprimante se distingue et montre toute l’ingéniosité du dispositif, c’est dans la possibilité qu’elle a de faire pivoter la tête d’impression sur un demi-cercle en actionnant les deux moteurs de courroie dans le même sens. À ce moment, c’est la buse d’impression, portée par un axe, qui bouge autour de celui-ci. Et non plus le bras en entier. On voit les deux mouvements de moteur en action à 0.37 de la vidéo. Cette économie de moyens pour parvenir à des mouvements complexes est à la fois merveilleusement intelligente et économe. La programmation des ordres d’impression s’en trouve facilitée avec quatre moteurs à piloter. L’engin évite de se complexifier et limite ainsi également le risque de pannes possibles.
La conjonction de cet ensemble de mouvements permet d’imprimer directement à l’horizontale et non plus uniquement avec une tête surplombant la zone ou déposer le matériau fondu. Une impression sur 4 axes qui permet de déposer de la matière sur des porte-à-faux de 90°. Sans avoir besoin de porter l’objet avec des supports. Ce qui évite de gâcher du filament et accélère d’autant le temps d’impression.
Le slicer, le logiciel qui pilote l’imprimante 3D en lui dictant l’ensemble des mouvements à coordonner pour réaliser chaque objet, a dû être adapté pour cette machine particulière. Permettant ainsi de prendre en compte les mouvements non-orthodoxes du dispositif. Ce logiciel va être proposé d’ici à quelques semaines en Open Source pour que chacun puisse l’améliorer ou le modifier.
L’espace disponible pour positionner des ventilateurs n’est pas assez important.
Parmi les éléments les plus étonnants dans la conception de cette imprimante 3D, une partie son système de refroidissement. Au sortir de la buse, le filament est rendu liquide afin qu’il se dépose facilement. Pour ne pas que ce dépôt de matériau ne coule et qu’il se fige directement là où il est censé être déposé, les imprimantes le refroidissent en utilisant un flux d’air projeté précisément. Sur cette imprimante, le recours à des ventilateurs et des guides qui amèneraient l’air à l’endroit voulu posent problème. Avec ses mouvements de rotation, la tête ne peut pas accepter d’épaisseur trop importante au-dessus et en dessous d’elle. Aussi le recours à une solution alternative a été trouvée. Une pompe d’aquarium posée loin de la tête envoie un flux d’air continue via un tube translucide. Ce dernier est canalisé pour souffler pile au sortir de la buse. Cela évite trop de poids à porter pour le bras, mais également les vibrations à gérer pour l’ensemble et permet de solidifier directement le matériau sans gêner les déplacements de la tête.
Une sonde positionnée à la même hauteur que la buse est exploitable en tournant simplement la tâte d’impression de 90°…
Ce premier prototype est encore jeune, très jeune. Certains « raccourcis » vont faire grincer des courroies les puristes. Comme l’absence de détection de fin de course pour certains moteurs. Les engins détectent juste qu’ils ne peuvent pas « forcer » plus loin et la partie logicielle en prend compte. Le recours à de petits interrupteurs de détection de fin de course pourraient largement améliorer le dispositif. Joshua n’est pas ingénieur mais « juste » un programmeur de talent. Limiter le nombre physique de câbles semble être une de ses préoccupations pour le moment.
Le résultat de cette production sur 4 axes est très impressionnant et Joshua indique que son design ne devrait pas couter plus que 300 ou 400$ à fabriquer pour un particulier. Probablement beaucoup moins si un industriel s’en empare et décide d’y travailler pour le proposer en série. Totalement Open Source, le projet est formidablement original et prometteur. L’élégance des solutions trouvées, la qualité des productions de ce prototype et l’incroyable nombre de problèmes logiciels et mécaniques qui ont été résolus ici pour parvenir à ce résultat m’a laissé bouche bée.
La fin de la vidéo est tout aussi extraordinaire que le début. Joshua est, comment dire, surprenant. Je vous encourage vraiment à regarder les dernières minutes de sa petite vidéo où il explique pourquoi il a dû mettre les bouchées doubles pour finir son montage sous Final Cut rapidement. Je pense qu’il n’est pas exagéré de dire qu’il est promis à un grand avenir dans la communauté DIY, dans l’Open Source et probablement dans quoi qu’il puisse entreprendre.
Son site, si vous êtes curieux, propose déjà un joli parcours : joshuabird.com
2,5€ par mois | 5€ par mois | 10€ par mois | Le montant de votre choix |
Merci pour ce bel article. C’est rafraîchissant pour le cerveau, surtout en ce moment ! Voir de telles compétences mises en œuvre est toujours incroyable. On voit bien, je trouve, à quelle vitesse des technologies de pointe se démocratisent pour les particuliers et cela ouvre un bel avenir aux bricoleurs en tout genre.
Le futur appartient à l’initiative individuelle j’en suis convaincu.
Et ce, pour une raison simple : seul l’individu est capable de sortir des sentiers battus.
Les autres suivent un mouvement et s’ils ne le suivent pas ils sont mis de côté voire discrédités.
Db
Je n’ai pas encore vu la vidéo mais je le ferai car je suis fan de ce type de montage/conception.
En revanche, j’ai du mal à voir la valeur ajoutée de ce 4ème axe pour pouvoir se passer de support lors d’une impression.
Plutôt que d’incliner la tête, il faudrait à mon avis plutôt chercher à incliner la pièce pour pouvoir être toujours en mesure de déposer le filament sur de la matière déjà imprimée, à l’instar de ce projet : https://www.lesimprimantes3d.fr/forum/topic/60447-limprimante-du-futur-est-une-voron/
Dernière chose, même si l’idée de déporter le système de ventilation est excellente, une pompe n’est normalement pas vraiment adaptée pour déplacer de l’air. Ce n’est pas très efficace et en général c’est mauvais de la faire tourner « à sec » pendant de longue période.
@PILEF : fan d’aquariophilie, mes pompes à air fonctionnent en continue depuis des années. Le moteur mobilise un diaphragme qui à l’aide d’une paire de valves compresse l’air et l’expulse.
@sylvaind: D’accord. j’avais en tête une pompe destinée à déplacer de l’eau, je n’avais pas pensé à la pompe qui servait à envoyer l’air dans l’aquarium.
Une imprimante delta, avec 6 glissières pilotées, donnerait un résultat intéressant.
@pilef: Cela a déjà été fait avec des bras robots du marché. On en voit d’ailleurs dans la vidéo. Le seul souci, c’est qu’on passe d’une imprimante entre 300 et 400€ à un bras robot qui coûte une fortune (plusieurs milliers de $) + une imprimante. Autres problématiques, l’encombrement du matériel par rapport à un modèle classique. Avec ces dispositifs, même les imprimantes Delta paraissent compactes. La Voron est intéressante également.
Néanmoins je pense que ce projet à beaucoup de potentiel.
@Pierre Lecourt: Le lien que j’ai posté présente un prototype qui s’appuie sur une Voron en rajoutant deux moteurs pas à pas pour faire tourner et incliner le plateau. Il n’y a pas de bras robot ;)
@pilef: C’est pour ça que je dis que c’est intéressant !
Le fait de potentiellement changer le sens des couches dans une pièce en fonction des forces qui lui seront appliquées laisse songeur.
Je vais jouer un peu les trouble-fête mais je fais court* et je me retire sur la pointe des pieds 😁
Le problème avec l’utilisation des coordonnées polaires, c’est la résolution qui varie. Au niveau du plateau, la résolution diminue quand on s’éloigne du centre. Ainsi, par exemple, avec un moteur pas-à-pas de 800 pas, un petit plateau de diamètre 170 mm, la résolution au bord (c’est à dire le déplacement minimal de la pièce en l’occurrence) est de:
(2πR) / nsteps = (170 * π) / 800 ~ 0.66 mm
Je n’y connais rien en imprimantes 3D mais la valeur paraît élevée pour une impression fine, non? Dans la vidéo, les séquences restent près du centre. Knowingly? Après un rapide coup d’oeil au site de ce jeune homme, je me demande si son mentor ne serait pas Zuckerberg et, au risque de surprendre, j’espère qu’il n’en est rien 😐
*raté, encore, sh*t 😀
Mmmm….devant tant de talent, je vais aller me recoucher…
@FreeThinker:
C’est vrai.
J’imagine qu’il serait possible d’ajouter un 5ème axe de quelques degrés au niveau de la tête pour compenser cette augmentation.
pas forcément un servomoteur mais pourquoi pas un système d’electro-aimant façon tête de lecteur de disque dur ?