Project Athena : Ultrabook reboot

8 ans, il s’est écoulé huit années depuis qu’en Mai 2011 Intel faisait la présentation de son concept d’Ultrabooks. Au Computex 2019, le fondeur relance la machine avec un nouvel objectif baptisé Project Athena. La suite logique de ces huit années d’évolution.

Project Athena se présente exactement de la même façon en Mai 2019 qu’Intel présentait les Ultrabooks en Mai 2011. Une sorte de cahier des charges des bonnes pratiques à respecter de la part des constructeurs pour séduire le grand public à l’avenir. Si pour les ultrabook la recette a effectivement bien fonctionné, il est difficile de trouver aujourd’hui un portable qui n’ait pas été influencé par l’initiative d’Intel, il faut dire que peu de marques ont tenté d’y résister. Et les clients ont bien été obligés de suivre l’offre proposée.

Project Athena

Project Athena reprend les grandes lignes du concept d’ultrabook. En Mai 2011, face à des engins épais et lourds et surtout après avoir découvert les propositions d’Apple avec ses MacBook Air, le marché PC ne sait pas trop vers quoi se tourner. Intel arrive donc au Computex 2011 avec une gamme de puces Ivy Bridge gravée en 22 nanomètres qui permet de réduire énormément l’enveloppe des portables. Ajoutez à cela les premiers balbutiements de SSD et un gros travail de recherche et développement autour de solutions de refroidissement ultrafines et de batteries et vous avez le scénario de l’évolution des portables pendant les huit années suivantes.

En Mai 2019, Intel reprend la parole pour tracer une voie dans cette continuité. Pour la marque, le grand public veut des machines ultrafines et légères ou des solutions hybrides. Il faut donc tout faire pour satisfaire cette exigence.

Si les premières informations concernant Project Athena avaient filtré en début d’année, c’est seulement maintenant qu’Intel lève véritablement le voile sur ses véritables ambitions. Sur la recette à appliquer pour rentrer dans cette qualification. Quand les Ultrabooks définissaient des éléments techniques factuels  comme une certaines épaisseur de machine, un poids maximum ou des équipements précis, Project Athena se tourne plus vers des usages. Ce que doivent attendre les clients de ces machines, de leur expérience avec elles.

Project Athena

Intel définit ainsi des objectifs à atteindre pour ces engins comme une autonomie qui durera toute la journée, une sortie de veille instantanée ou des fonctions de connexion très complètes. A la différence des Ultrabooks, Intel ne demande pas de passer directement toutes ces étapes pour devenir un bon élève. Quand la marque exigeait immédiatement de tenir certains engagements techniques en 2011 avec, par exemple, une épaisseur ou un poids maximal, le nouveau concept vise des objectifs à atteindre que les marques pourront maîtriser au fur et à mesure de leur évolution.

En contrepartie, Intel indique que de nouveaux objectifs seront proposés. Une sorte de course de fond sans fin avec des étapes et une ligne d’arrivée que l’on déplace chaque année. 

Project Athena

Et les constructeurs semblent suivre le mouvement, ils auraient tort de ne pas le faire d’ailleurs. Intel reste leur premier fournisseur de puces portables et le gros de leurs ventes. Le marché Ultrabook a permis d’élever les marges générées par les machines et a retrouvé un certain attrait du public. Les grands du secteur comme HP, Lenovo, Acer, Asus, Dell, Samsung, Sharp ou Google semblent déjà au travail sur ces engins… Même si certains de ces objectifs semblent déjà dépassés. Des machines comme le dernier XPS 13 de Dell, certains Asus Zenbooks et bien d’autres solutions chez Acer ou HP proposent déjà ces fonctionnalités.

Pourquoi tant de remue ménage alors de la part du fondeur autour de ce projet ? Intel cherche à tirer la couverture vers lui et, peut être, à s’attribuer quelques mérites au travail de ses partenaires. Certes, le  fondeur travaille beaucoup en sous marin en proposant une aide technique inestimable dans le design et l’optimisation de nombreuses machines. Pas seulement au niveau des processeurs et composants embarqués mais dans la gestion de nombreux postes : Refroidissement, batterie, réseaux, les apports des équipes d’Intel permettent aux différents constructeurs de travailler et il semble logique que la marque veuille en tirer quelques fruits.

Project Athena

La recette Project Athena est donc là pour ça : Proposer des appareils « certifiés » par Intel respectant des KEI ou « Key Experience Indicators ». Une liste de composants indiquant que certains portables pourront faire partie du sérail et en laissant d’autres sur la touche. Par exemple ? Il faudra que votre machine dispose d’au moins 8 Go de mémoire vive et d’un stockage PCIe NVME de 256 Go pour faire partie du club. Autre détail évocateur, l’obligation de proposer au moins un Core i5 ou un Core i7 à son bord. Des éléments de design sont également définis. Les machines se devront d’être ultra fines, dans des diagonales de 12 à 15 pouces avec des bordures d’écran minimalistes et de définitions FullHD au minimum. Les écrans devront obligatoirement être tactiles, les claviers seront rétro éclairés et les pavés tactiles compatibles avec des gestes à plusieurs doigts1 seront également requis. 

Project Athena

Les engins devront passer plusieurs tests pour recevoir le précieux label : L’obligation, par exemple, de se réveiller d’une mise en veille en moins d’une seconde, d’offrir au moins 9 heures d’autonomie en usage réel, ce qui se traduira par 16 heures d’autonomie indiquées sur la fiche technique avec un test en lecture vidéo. Une recharge rapide d’au moins quatre heures d’usage avec 30 minutes de branchement secteur au maximum.

D’autres fonctionnalités sont avancées comme la prise en compte des ordres vocaux pour piloter son PC à la voix ou utiliser un assistant vocal, la prise en charge d’au moins un support biométrique avec un capteur d’empreintes ou une webcam infrarouge. La connectique est également poussée vers le haut avec la prise en charge obligatoire du Thunderbolt 3 et du WiFi6. Des composants sont suggérés mais n’entrent pas dans les obligations des constructeurs : Modem 4 ou 5G, Optane restent ainsi suggérés.

Project Athena

L’idée ici est simple, comme pour les ultrabooks, le fait de demander à un revendeur un portable « Project Athena » signifiera que l’acheteur se tournera automatiquement vers une solution Intel. Pas de puce ARM sur un Chromebook ou un portable Windows 10, pas de solutions fabriquée par AMD. Marketing Inside ? Oui, en bonne partie. Pour Intel, lorsque les utlrabooks sont sortis, la différence de capacités entre ses puces et celles d’AMD était trop au désavantage du second pour lui permettre d’intégrer efficacement des solutions de 2 cm d’épaisseur maximum. Aujourd’hui AMD a rattrapé ce retard et ARM n’a aucun problème avec la dissipation de ses SoC, Project Athena relève donc la barre plus haut et permet à Intel de créer un label « AOC » des bons portables du futur. 

Mieux encore pour Intel, la combinaison de plusieurs des éléments mis en avant est clairement à son avantage. Ses puces Ice Lake qui embarquent un Wifi6 et une base de gestion Thunderbolt 3 en font des solutions de choix pour intégrer Project Athena. Avec ces puces, Intel mâche en bonne partie le travail d’intégration des constructeurs. Je ne doute d’ailleurs pas une seule seconde de la partie immergée de l’Iceberg de cette annonce : Des documents techniques complets, des cartes mères prêtes à l’emploi et des designs de référence ont du quitter les labos de la marque en direction de ceux de ses partenaires.

Project Athena

Un grand absent de ces recommandations ? Microsoft et Windows. Project Athena ne veut pas dire machine sous Windows. Google est sur les rangs pour proposer des machines de ce type sous Core i5 ou i7 sous ChromeOS. Microsoft ayant fait des infidélités à Intel avec ARM et Qualcomm, le fondeur tient ici sa vengeance et un bien beau retour de bâton2.

Si un vendeur ne veut pas se fatiguer à expliquer trop de trucs à son client, il partira sur une définition globale de Project Athena qui lui permettra de sélectionner ensuite quelques références précises. Même chose pour un « expert » en « informatique » qui voudra se débarrasser d’un voisin de bureau qui le tanne pour un conseil d’achat. Un vague « prend un Project Athena » sera suffisant pour l’aiguiller rapidement.

Il ne manque plus qu’une campagne de publicité pour mettre en avant les avantages de la solution. Elle ne semble pas encore sur les rails mais les puces Ice Lake ne sont pas non plus encore vraiment disponibles en masse. Intel a donc le temps de peaufiner une campagne de publicité massive pour faire connaitre son objectif auprès du grand public mais avec un autre nom. Project Athena est un nom de code, le marketing d’Intel va surement trouver une jolie formule comme Centrino en 2003 ou Ultrabook en 2011.

 

Notes :

  1. Compatibles avec les Gestures de Microsoft mais sans le dire.
  2. Manquerait plus qu’ils s’intéressent à Linux…

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12 commentaires sur ce sujet.
  • 5 juin 2019 - 17 h 34 min

    a new crash ?

    Répondre
  • 5 juin 2019 - 17 h 51 min

    « Je ne doute d’ailleurs pas une seule seconde de la partie immergée de l’Iceberg de cette annonce : Des documents techniques complets, des cartes mères prêtes à l’emploi et des designs de référence ont du quitter les labos de la marque en direction de ceux de ses partenaires. »

    Dans l’ensemble, avec Intel, c’est de toutes manières ainsi que cela fonctionne. A un détail près: Les documentes techniques sont en réalité bâclés (pour parler vrai: de la m….) et ce qui fait que cela fonctionne, c’est que le reste est en effet du prémâché (dont il vaut mieux ne pas trop s’éloigner).

    Répondre
  • 5 juin 2019 - 20 h 24 min

    Je trouve une fois de plus les contraintes techniques imposées de diagonale d’écran, de type tactiles, et de finesse ridicules. On pousse encore les constructeurs vers une centralisation des modèles. Je suis pas du tout intéressé par les portables de 7 pouces ou de 17 pouces, mais je trouve que chacun doit pouvoir trouver midi à sa porte.
    Ce n’est soit disant qu’un label, normalement facultatif pour garantir la qualité d’un produit, mais venant d’Intel on sait à la fin ce que ça veut dire concrètement sur les rayons de magasin.

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  • 5 juin 2019 - 23 h 36 min

    @prog-amateur: oui, c’est trop définitif comme contraintes. Pourquoi un écran obligaoirement tactile ? ça veut dire brillant, ça veut dire plus d’emploi de matériaux (terres rares) pour un usage pas toujours justifié. C’est un peu dommage ce côté pousse au crime encore en 2019+. Certes, ce n’est pas obligatoire, mais si on n’en mety pas un, les autres critères facultatifs le deviennent moins.

    C’est mieux qu’avant, quand même. Mais je ne pense pas acheter un de ces trucs.

    Au fait, y a-t-il un critère fanless ? Car ça ce serait vraiment un critère voulu par les clients ! Mais avec de core i5 au minimum, je ne pense pas. Pas encore. Peut-être dans quelques années si la formule a du succès.

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  • 5 juin 2019 - 23 h 50 min

    Tout à fait d’accord avec Pro-amateur. Cela explique aussi la perte de vitesse du marché des PC qui a du mal a se renouveler. Personnellement je regrette la disparition des lecteurs CD dans les portables et les ordinateurs en général.
    Laisser la place à des marchés de niche c’est donner place à la création, l’innovation comme le Yoga de Lenovo mais aussi à la nostalgie des années 80 où le standard PC développé par IBM/Microsoft ne s’était pas encore imposé. Une époque où des fondeurs de cpu comme Cytrix,Motorola et autres trouvaient une place dans les machines.

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  • 6 juin 2019 - 1 h 20 min

    De Blogeee à Minimachines en passant par d’autres sites, j’ai longtemps cherché une machine idéale dans l’esprit de départ netbook mais assorti de progrès techniques qui m’intéressent. Et récemment, j’ai acquis une Surface Go. Une machine état neuf en occasion, soit la version 8 Go 128 Go SSD avec clavier et souris pour le prix de la version 4 Go 64 Go EMMC nue (sans clavier, sans souris). C’est une bonne machine des temps modernes pour qui veut de la mobilité compacte comme moi. J’y ajouterais un stylet pour parfaire l’ensemble et pouvoir prendre des notes à la volée.

    Dans son équipement, il y a des points forts dont certains sont parfois dans la charte de ce projet Athena :

    – Ecran tactile
    – 8 Go de RAM
    – 128 Go de SSD (la moitié de la nouvelle norme AOC d’Intel)
    – Un Pentium Gold pour un usage fanless avec un bon compromis rendement / puissance
    – Ecran superbe (température des couleurs et delta parfaits)
    – Son stéréo de bonne qualité (HP frontaux)
    – Caméra et webcam de qualité supérieure
    – Clavier rétro-éclairé (grande qualité de la frappe et excellent trackpad large)
    – Stylets actifs compatibles
    – USB-C (que j’utilise entre autre pour connecter un moniteur externe (déport de bureau ou bureau étendu sur un écran 15’6 ultra-léger Asus)
    – Double alimentation, par port propriétaire magnétique (chargeur fourni) et USB-C
    – Système de pied multi-inclinaison intégré au design de la tablette, et extrêmement pratique
    – Slot pour carte micro-SD
    – Belle image, bon son
    – Transmission de flux audio-vidéo sans fil Miracast (et efficace avec ma clé Chromecast)
    – Haute qualité de finition
    – Légère et compacte pour être embarquée au quotidien
    – 5 à 7 heures d’autonomie moyenne sur les 9 revendiquées (peu mieux faire donc)

    Outre les usages bureautiques courants, le web et le multimédia de base, je fais du travail photo non raw avec Paint.net, gratuit (Nik Collection powered), qui est plus adapté aux petites surfaces d’écran qu’un Photoshop. Et je pratique le montage vidéo avec la version gratuite de Davinci Resolve, logiciel pro. Ce qui veut-dire que – de temps à autres – je maquette avec des rushs proxies (convertis de 4K en HD plus basique et plus adaptée à la puissance de la bête), ou je fais du montage occasionnel sur des rushs en natif sur des formats légers.

    La même machine au prix fort, je ne l’aurais pas prise. Par ailleurs, j’aurais presque pu opter pour un iPad, et la version d’iOS présentée lundi par Apple à plein d’ajouts qui sont autant d’atouts qui font évoluer leur tablette dans le bon sens. Mais il n’ont réussi à s’ouvrir à la souris qu’en clic genre doigt virtuel. Donc sans les possibilités de sélection qu’offre ce type de pointeur en situation d’usage avec clavier séparé. Une demi-mesure qui la rend – pour moi – moins fréquentable que la Surface Go ou autre machine compacte comparable pour oeuvrer sous Word ou Excel.

    Alors, cette Surface Go, c’est un peu comme le Graal après des années de quête. Elle fut présentée sur Minimachines, mais je crois jamais testée. Et comme la quête du Graal est toujours comme une marche en avant jamais satisfaite, une version 2 avec beaucoup plus d’autonomie et une prise USB-C supplémentaire, puis 3 avec un écran pliable sont des parts de rêve qu’il faut savoir alimenter.

    Comme tous les engins ultra-compacts, elle a le défaut de ne pas être évolutive, ce que je lui pardonne pour l’avoir trouvée à moitié prix ou presque. Sur ce sujet de l’évolutivité, le Projet Athena est d’ailleurs fort discret, muet même. Quid de pouvoir faire évoluer RAM et SSD pour sortir de l’ornière “Prêt à jeter” ?

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  • 6 juin 2019 - 8 h 33 min
  • 6 juin 2019 - 8 h 34 min

    Au final, cette nouvelle appellation Intel signifie plus de co-financement pour le marketing et moins de chances laissés aux produits qui s’en écarteront…dommage !

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  • 6 juin 2019 - 18 h 08 min

    Je vais dans le meme sens que @chouette Mâ-Mâ concernant la surface go: dans ma quête de la mini-machine parfaite, je suis partie du MSI Wind à la Yoga Book sans oublier quelques aventures malheureuse avec des Acer Timeline ou un Ipad. Et tout cela pour finir avec une surface Go (en 128 Go)

    A ce jour c’est vraiment ce que je connais de plus proche de la minimachine parfaite ! Je m’en sert depuis 6 mois et franchement, je n’ai rien à lui reprocher ou à regretter (peut etre une 2eme prise USB-C …) et je crois qu’une telle sensation d’avoir trouvé la machine qui répond vraiment à mon besoin ne m’était pas arrivé depuis très longtemps.

    Bref, message à ceux qui estime qu’Athéna ne va pas dans le sens de la minimachine que vous souhaitez : envisager la Go…

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  • 7 juin 2019 - 11 h 29 min

    j avoue aussi un petit faible pour la surface go par rapport a ce que j ai connu.
    Perso les deux machines pour coder, lire quelques photos films qui m’ont le plus fait plaisir niveau ciblage sont la survface go et l’acer swift 1 avec le N5000 et son ecran ips a 350 euros.
    Prix, relative qualité et usage sont bien ciblés sur ces deux bestioles.
    Et aucune ne respecte vraiment la charte intel qui aurait forcé un prix plus important pour le même usage par exemple.
    Et pour les pc de jeux, n’en parlons pas :-)

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  • 16 janvier 2020 - 17 h 49 min

    […] C’est à peu prêt tout ce qu’il y a eu d’annoncé pour ce format. En fait Intel ne cherche pas spécialement a communiquer dessus, la marque sème de petits cailloux blancs qui mènent tous jusqu’au Tiger Lake. Sa future architecture processeur. Quelque peu chahutés par AMD et ses processeurs Ryzen, le fondeur joue sur un autre aspect de son offre en positionnant ses futures puces comme des couteaux suisse de fonctionnalités. Connectivité améliorée avec un Wifi6 intégré par défaut dès aujourd’hui, fonctions annexes mises en avant comme la présence d’un Thunderbolt 4 qui devrait être un standard sur toutes les machines Tiger Lake, la présence de solution graphiques Intel Xe et bien entendu la construction de solutions comme Project Athena. […]

  • 3 septembre 2020 - 18 h 26 min

    […] Project Athena, on s’en souvient, c’est un aiguillage mis en place par Intel pour influer sur le fonctionnement des […]

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