Le rachat d’ARM par Nvidia semble bien avoir échoué

Rien d’officiel pour le moment mais Nvidia aurait renoncé au rachat d’ARM devant la difficulté de la tâche et la levée de nombreux barrages pour l’en empêcher.

Le rachat d’ARM par Nvidia n’aura donc pas lieu, si l’on en croit le New York Times. La volonté de la société américaine de s’offrir le concepteur des puces qui équipent des milliards de produits à travers le monde a fait peur, trop peur, pour que cela puisse finalement fonctionner.

Jensen Huang

Jensen Huang, PDG de Nvidia

Dès l’annonce de cette volonté de rachat en Septembre 2020, de nombreuses voix s’étaient élevées pour indiquer leur inquiétude face au poids que cette nouvelle entité aurait sur le marché. Les concurrents de Nvidia mais également les exploitants des solutions ARM ne voyaient pas d’un très bon oeil ce mouvement. Si SoftBank était vendeur, et si les 40 milliards promis par Nvidia auraient bien arrangé leurs affaires, la liste des entreprises pas vraiment enchantées de ce rachat était très, très longue. Trop longue pour que cela n’inquiète pas les régulateurs et en particulier la FTC qui menaçait de peser de tout son poids contre ce rachat. Un dernier coup qui a, semble t-il, été fatal pour ce rachat.

Une FTC concernée par les réclamations de nombreux clients d’ARM : et si Nvidia empêchait l’accès à certaines technologies pour certaines entreprises ? Augmentait les royalties pour certaines puces et la baissait pour d’autres ? La marque serait en mesure de manipuler efficacement le marché. Que pourrait faire un Apple qui vient de basculer sa production sur des solutions ARM si Nvidia décidait de modifier les royalties d’exploitation de ses puces dans le futur ?

Nvidia avait montré des synergies entre ses puces graphiques et ARM

Inutile de pousser plus loin l’aventure, chaque mois qui passe coûte probablement une coquette somme à Nvidia comme à Softbank en tractations et en conseils juridiques. Devant le refus catégorique du marché, il vaut sans doute mieux faire machine arrière. Microsoft, Apple, Google, Qualcomm, le nombre et la puissance des entreprises refusant ce rachat étant ce qu’il est, SoftBank n’a pas vraiment d’autres choix que de penser à une réintroduction en bourse d’ARM. Qui pour racheter ARM qu’un autre géant de la tech que Nvidia ? Personne ne voudrait investir autant sans avoir un moyen d’en faire un levier de développement par rapport à ses propres outils. Apple pourrait s’offrir ARM sans problème, Microsoft, Google ou Intel également. Mais la réaction du marché serait sans doute identique.

Softbank a racheté ARM en 2016 pour 31 milliards de dollars. Une opération qui s’était déroulée sans encombre au vu du caractère neutre de la société dans le secteur des semi conducteurs. Mais face à une société qui lui a couté cher et n’a pas permis de faire les retours sur investissement escomptés, face à une situation financière compliquée pour le Japonais, la présence d’ARM dans son portefeuille est devenue plus problématique. La solution semble donc être une ré-introduction en bourse pour ARM. Reste à savoir quand et dans quelles condition lancer cette opération ? La situation actuelle n’est pas idéale pour SoftBank. Les problèmes de pénurie et le marché compliqué par la pandémie ont sûrement incité le Japonais à choisir la solution Nvidia plutôt qu’une ouverture au « public » de l’entreprise ARM.

On attend désormais l’annonce officielle de Nvidia et d’ARM sur cet échec. Les deux entreprises s’en remettront sans aucun doute. Nvidia va probablement chercher une nouvelle manière de croitre et ARM va continuer ses développements en attendant son probable retour sur le marché boursier1

Mise à jour : Nvidia et SoftBank ont officialisé la fin de cette acquisition au travers d’un communiqué de presse.

Notes :

  1. Et je me demande ce qu’il va se passer si Nvidia, Apple ou autre devient alors actionnaire majoritaire ?

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14 commentaires sur ce sujet.
  • 8 février 2022 - 15 h 07 min

    Softbank est un géant de la tech, mais surtout le numéro 1 telecom du Japon (leurs forfaits sont hors de prix c’est abusé). Peut être un autre géant telecom, genre T mobile, Verizon, Orange (peut être pas) pourrait être intéressé.

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  • 8 février 2022 - 15 h 37 min

    Un truc que je comprends pas vraiment aujourd’hui .
    Tous les jours pendant la pandémie ,la TV et pas mal de MEDIA nous a dit et redit sur l’importance de faire travailler chez nous .
    Ce chez nous pouvant tout aussi bien etre la FRANCE que l’EUROPE en général .

    C’est bien de parler de retour a l’investissement dans les technologies nouvelles .
    ICI ,il y a une ENTREPRISE voir une ENTITÉ qui existe et personne ne semble en vouloir .

    Une industrie de MICROPROCESSEUR faisant du PRODUIT EUROPÉEN et là pas un sous de la BANQUE EUROPÉENNE dessus .

    AVEC QUOI faire voler un avion moderne ,avec quoi faire marché une machine a laver ,un ordinateur ,une télévision ou un téléphone .
    Les MICROPROCESSEURS sont partout ,une technologie ARM est disponible ,pour une fois un pays des bureaux de recherche en EUROPE .

    PAS UN PAYS ,pas de politique pour récupérer ce fleuron et le garder EUROPÉEN .

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  • 8 février 2022 - 18 h 11 min

    @ptitpaj:
    C’est une entreprise Britannique. Ce n’est pas une entreprise de l’UE.

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  • 8 février 2022 - 18 h 41 min

    Et ARM n’a pas d’usine. Ça ne permet donc pas vraiment de « relocaliser ».

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  • 8 février 2022 - 20 h 12 min

    Entreprise BRITANNIQUE ,cela s’achète aussi BMW et autres entreprises UE ont achetées des USINES ou des gens ayant du savoir faire en GRANDE BRETAGNE .

    Acheté par AIRBUS INDUSTRIE par exemple ,rien n’empêcherai ARM de garder ses bureaux de recherche en GRANDE BRETAGNE .

    C’est de recherche et d’application dont on a besoins ,après les processeurs pourraient par exemple etre fondus ailleurs FRANCE ou ITALIE par exemple car de telles usines existaient chez nous ,certaines n’on meme jamais été activées .

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  • 8 février 2022 - 20 h 52 min

    @ptitpaj: La pénurie de puce actuelle vient des fondeur de puce et de l’approvisionnement en matière première.

    Il y a 3 points a couvrir une puce « 100% » européenne :
    Une ISA : ARM, RISC-V, MIPS, X86, 68K, POWERPC etc …
    Un Concepteur de puce : NXP, STM, Apple, Mediatek, etc…
    Un fondeur : TSMC, SAMSUNG, SK Hynix, etc..

    Intel couvre les 3 secteurs et a du « partager » le x86 pour éviter un monopole.
    Arm possède l’architecture et propose des CPU prêt a l’intégration, libre aux concepteurs de les modifier et améliorer a leur gré puis de les faire produire par un fondeur si ils n’ont pas la capacité en interne ( Samsung conçoit et produit, Apple ne fait que la conception )

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  • 9 février 2022 - 14 h 31 min

    Sujet délicat
    Les 3 semi lourds d’Europe dans le domaine; ST Micro (qui a fut un temps fait du X86 pour cyrix, NXP (ex phillips semicon.) et infineon (ex siemens semicon), ont un peu fui le (ou été quasi éjecté du) marché du Microprocesseur (NXP, via l’ex freescale/motorola semi. y a encore un orteil), et à ma connaissance ne semblent pas pressés d’y retourner, trop heureux dans le marché très lucratif du microcontrôleur ARM spécialisé.( et de ce fait ne peuvent pas être de bons candidats pour le rachat d’ARM)
    Tous les trois ont encore une certaine activité fonderie mais à ma connaissance s’approvisionnent chez TSMSC dés qu’un process de gravure un peu fin est requis, et jusqu’à récemment leurs directoires étaient tous tentés par le pure fabless, à l’instar d’un nordic semi. ou de quelques autres, plus petits
    Les uns les autres ont bien mis des billes dans RiscV, mais ne semblent pas vouloir en faire grand chose, laissant SiFive défricher le domaine et tenter de résister aux mastodontes chinois, Alibaba, canaan, gigadevice et autre, partis, bien avant les Européens pour faire de RiscV le noyau de leur indépendance technologique
    Côté R&D, il y a bien, il me semble, le CEA qui a un pieds dans l’affaire, probablement via sa petite cohorte labos spécialisés de sociétés filles, mais il ne poind à l’horizon aucune vrai solution pour une production à grande échelle
    Racheter ARM… Vu sa valorisation, à moins que sur un coup de folie, le richissime fond souverain norvégien ne soit pris d’une fringale d’achat high tech, je doute que quiconque en Europe ne tente le coup

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  • 10 février 2022 - 15 h 21 min

    Comment se fait-il que personne en europe (pas même un état, BoJo réveillez-vous !) ne se propose pour un rachat ? On est stupides à ce point à Bruxelles ?

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  • 10 février 2022 - 15 h 41 min

    @Le Breton: Je doute qu’un état ait le feu vert des autorités de la concurrence. Les US, UK comme la Chine poseraient un veto immédiat.

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  • 10 février 2022 - 19 h 34 min

    @Pierre Lecourt: En fait, je n’ai pas été assez précis, je ne pense pas qu’un état doit racheter directement ARM mais peut-être inciter certains de ses industriels (STMicroelectronics pour la France et l’Italie par exemple) à le faire.

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  • Luc
    13 février 2022 - 19 h 40 min

    « … n’a pas permis de faire les retours sur investissement escomptés … »

    Je serais intéressé d’en savoir plus : je n’imagine pas que ARM puisse être déficitaire, alors, quelle est donc la marge que Softbank escomptait tirer de cette boîte ?

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  • 13 février 2022 - 20 h 06 min

    @Luc: Un achat-revente rapide je suppose.

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  • Luc
    14 février 2022 - 13 h 17 min

    C’est sur qu’achetée à 31Md en 2016 et valorisée à 40Md aujourd’hui, c’est une belle culbute.
    Certes, parfois les marchés sont irrationnels, mais quand même : la boîte doit dégager pas mal de ronds.

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  • 14 février 2022 - 14 h 03 min

    @Luc: Oui et Softbank a vraiment besoin d’argent en ce moment.

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