Intel et ARM s’associent pour graver des puces ARM dans les usines Intel

Après une restructuration grinçante chez Intel, après le rachat d’ARM par SoftBank pour 31 milliards de dollars, voici le premier coup de poker de cette nouvelle donne. Intel et ARM s’associent et signent un accord permettant de graver des puces ARM dans les usines d’Intel. Une manière de tourner la page du marché mobile intelligente et rentable pour le père du x86 et une nouvelle donne dans l’univers du mobile.

Intel et ARM qui s’associent. Voilà une annonce qui aurait pu être interprété comme un signe de démence si elle avait été prononcée il y a de cela quelques années. Après avoir investi des milliards de dollars dans ses propres puces pour le marché mobile, Intel a définitivement tourné la page au profit d’ARM qui règne désormais en maître incontesté du segment. N’étant plus réellement en concurrence, les deux entités ont décidé de se tendre la main et finalisent un accord.

Intel Custom Foundry

Des clients d’ARM vont pouvoir graver leurs puces chez Intel. Voilà une nouvelle intéressante. Une décision stratégique très pertinente pour toutes les parties.

Pour Intel, cela permet de gagner de l’argent grâce au succès d’ARM. Chaque puce gravée par une entreprise tierce comme TSMC ou GlobalFoundries (l’ex usine d’AMD), c’est une puce qui échappe totalement à Intel. Graver un processeur ARM pour un tiers, même si cela ne rapporte évidemment pas autant que graver une de ses propres puces, c’est tout de même un bon moyen de gagner quelques sous. D’autant que sur le marché, Intel n’a pas encore de concurrent. C’est le seul opérateur ayant promis la capacité de graver en 10 nanomètres pour la fin de l’année 2017. Ce luxe peut être monnayé assez cher tant que la concurrence ne s’est pas mise à niveau.

Intel Custom Foundry

Intel Custom Foundry prendra en charge ces opérations

Intel et ARM qui travaillent main dans la main, c’est également un bon moyen de rentabiliser les très chères implantations d’usines de gravure de la marque. Laisser une usine en jachère faute de puces à graver est très coûteux, optimiser sa production en ayant un calendrier plein est forcément une bonne affaire.

Du côté d’ARM, les retombées sont également très positives. D’abord, cela va permettre d’accélérer ses développements. Imaginer des architectures en 10 nanomètres sans avoir de fondeur capable de les produire est un vrai problème. Avec Intel comme allié, cette limitation technique sera rapidement du passé. C’est également un moyen de profiter des connaissances d’Intel en la matière.

Intel Custom Foundry

Mais c’est aussi une solution qui change la donne dans le paysage des fondeurs mondiaux. TSMC et GlobalFoundries se partageaient jusqu’alors les grandes lignes du marché. Il existe d’autres fondeurs mais dont les capacités ne sont pas forcément au niveau d’Intel : Dongbu, UMC, Silterra, Samsung et NEC proposent des solutions de gravure.

Face à eux, de nombreux clients qui attendaient leur tour et négociaient difficilement les tarifs de leurs services. Avec un troisième gros fondeur disponible, capable de faire mieux qu’eux à terme question gravure, la négociation va probablement changer. Non seulement le calendrier de gravure ne sera plus forcément bouché pour une production rapide mais en plus Intel est un réel concurrent des deux autres, ce qui devrait largement modifier les prix et les habitudes de leurs clients. Pourquoi ne pas demander à Intel combien coûtera la production d’une puce quand on a l’habitude de poser la question aux deux autres ?

Pour ARM, c’est également l’assurance d’une production plus vaste et plus fluide et la société vit sur les royalties des puces produites sur son architecture. Plus il se produit de SoC, plus ARM rentabilise ses architectures. Avec plus de fondeurs, plus de concurrence, la marque a moyen d’augmenter sa rentabilité.

Intel Custom Foundry

La licence Artisan Physical IP qui permet à Intel de graver de l’ARM.

LG semble déjà s’intéresser à l’offre pour produire ses propres puces ARM en 10 nanomètres, d’autres devraient suivre. Et la liste est longue, très longue : Apple, Samsung, Qualcomm, Huawei, Mediatek, Marvell et tant d’autres qui pourraient se pencher sur cette offre. Autant de puces qui rapporteront de l’argent à Intel et à ARM. L’avantage de la solution proposée par Intel étant de pouvoir proposer des cœurs maisons comme le font Nvidia, Apple, ou Qualcomm en 10 nanomètres avec des circuits graphiques ARM Mali pou PowerVR par exemple. Une solution permettant de créer des hybrides très performants et innovants, sans comparaison possible avec les puces reprenant uniquement les designs « prêt à porter » d’ARM.

Et après ? On peut imaginer un après. L’acquisition par Intel d’une license ARMv8 lui permettant à son tour de concevoir et proposer ses propres puces ARM 64 bits ne parait plus si abracadabrant que cela. Si Intel n’est plus concurrent d’ARM avec la fin de ses puces x86 mobiles, on peut imaginer un jour une solution ARM signée Intel. Laquelle pourrait venir faire concurrence aux autres acteurs de ce marché juteux où la marque a échoué frontalement. Après tout, si on ne pouvait pas dire qu’Intel et ARM allaient s’associer il y a quelques années sans passer pour un dingue, alors on peut imaginer l’étape suivante. Celle d’un Intel qui propose ses propres puces ARM pour tenter l’aventure mobile par une porte dérobée.

Source : ARM


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17 commentaires sur ce sujet.
  • 17 août 2016 - 19 h 09 min

    moi ce que je verrai bien effectivement c’est faisable un intel proposant pour lui ou d’autres grands une puce full hybride
    BIG.little
    atom x86 pour le BIG
    arm basse conso pour le little
    le tout en 10nm

    dans un surface phone qui devient un vrai pc sur secteur, ou une tablette hyperautonome et puissante à la foi.

    le rêve

    Répondre
  • 17 août 2016 - 19 h 18 min

    @traygor: Ce serait surtout un cauchemar a programmer ton truc :D

    Répondre
  • 17 août 2016 - 20 h 37 min

    Ça serait peut être l’occasion pour Intel de proposer un ARM avec un circuit graphique Intel, donc un SoC exploitable complètement sous Linux.
    Ça ferait la nique aux autres nazes qui se bornent à utiliser des puces graphiques fermées !

    Répondre
  • 17 août 2016 - 20 h 51 min

    +1000 @aiRVB !

    Répondre
  • 17 août 2016 - 21 h 03 min

    Je ne suis pas sur de l’analyse de l’annonce.

    Je vois plutôt un tournant dans la potlitique d’ARM de ne pas produire de Proc/SOC. Ce n’est pas à ARM de négocie l’accès aux usines de gravure d’intel au boite ayant acheter ses licences …

    Si rockchip veut produire ses SOC chez Intel : il appelle Intel ;).

    Je comprends ainsi qu’ARM va enfin proposer des SOC : ce qui reviendrait a concurrencer les boites qui leur versent des royalties ! Plutot surprenant.

    Ne serait-ce pas plutot une volonté d’ARM de faire des SOC complets pour des boites fabless et R&Dless ? genre Openhour a besoin d’un soc spécifique que personne ne propose, il passe par ARM qui va lui faire sur cahier des charges et les faire fondre par intel.

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  • 17 août 2016 - 21 h 10 min

    @pierre

    Sans doute
    Ou pas

    Android tourne bien sur arm et X86…

    Et win10 mobile avec son continium ne pourrait il pas passer de l’un à l’autre?

    Mais bon c’était surtout pour rire.

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  • 17 août 2016 - 22 h 04 min

    Ah, mais c’est le retour du Xscale, l’ARM by Intel. 2002-2006, revendu à Marvell.

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  • 17 août 2016 - 22 h 19 min

    @Paulin ARBOUX

    Il y a plusieurs licences et façons d’intégrer un processeur ARM.
    Soit on compile une espèce de code source (Verilog ou autre) et on laisse faire la machine.
    Soit on compile puis on optimise à la main la façon dont le processeur est gravé sur la puce : On organise les blocs, les chemins de données, les mémoires, etc.

    Historiquement, Intel a toujours fonctionné en « circuit fermé », avec des règles de design différentes des fondeurs commerciaux traditionnels (TSMC, GloFo, Samsung…) qui partagent aussi entre eux la R&D (c’est aussi pour cela que c’est difficile de comparer les nanomètres entre Intel et les autres). Le « 10nm » n’est qu’une caractéristique parmi de nombreuses autres.

    Le deal entre ARM et Intel est que Intel va optimiser les designs d’ARM pour leurs usines.

    Il reste que la transformation d’Intel en fondeur n’est pas simple pour une entreprise qui faisait tout traditionnellement en interne avec des méthodes différentes du reste de l’industrie.

    Il faut remplir les usines à tout prix, et des projets de nouvelles usines ont été abandonnés, mais c’est difficile de passer d’un modèle où les processeurs sont vendus à prix d’or (recouvert de platine incrusté de diamants) à un modèle concurrentiel.

    Répondre
  • 18 août 2016 - 11 h 05 min

    @TREZA:

    Merci pour l’explication.

    J’en déduis qu’ARM se rapproche d’Intel pour qu’ARM redesign (/adapte) ses CPU/GPU à la méthode de gravure d’Intel.

    ARM pourrait ainsi fournir des SOC type gravable pour les fondeurs (TSMC, samsung, …) ainsi qu’une version gravable par Intel.

    ARM bénéficierait de la comp’ d’Intel et ce dernier gagnerai un potentiel de client fort important tout en n’ayant à traiter uniquement avec un interlocuteur : nul besoin de faire le même travail pour rockchip puis allwinner puis …

    Répondre
  • 18 août 2016 - 13 h 59 min

    En espérant qu’Intel n’ajoute pas son petit backdoor « maison » comme découvert il y a quelques mois par certains experts…

    Répondre
  • yan
    18 août 2016 - 14 h 50 min

    @aka_mgr:
    J’allais le dire: C’est pas si nouveau pour Intel, qui avait le StrongArm (même si à la base c’était suite au rachat de la partie semi de Digital Equipment, un nom que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître!). Sinon, depuis le rachat de LSI ils ont également depuis des SoC basé ARM: Les AXM, SoCs à destination de l’infra telecom… mais qui ont connu un développement laborieux (aucune expérience dans le domaine contrairement à un Freescale devenu NXP ou autre Cavium: Ils ont chié la partie interconnect).
    Mais bon, se méfier des coups de billard à 3 bandes avec eux: Tout ce qu’a fait Intel avec ARM, c’est les planter!
    Ici, détruire la valeur des fondeurs concurrents par exemple…

    Répondre
  • 18 août 2016 - 15 h 49 min

    oui la fin m’étonne… car Intel a et a toujours eut, une licence ARM, ce n’est pas nouveau ni secret (ni exploité :D ).

    sinon, la valse actuel est usante de toujours aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs !
    (ATI : TSMC=>GF / Apple : Samsung=>TSMC / Intel qui s’ouvre…)

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  • 18 août 2016 - 15 h 54 min

    @Augure: Intel n’a jamais eu de licence ARMv8 et sortir aujourd’hui une puce Intel ARM 32 bits aurait peu d’intérêt non ?

    Répondre
  • 22 août 2016 - 6 h 27 min

    Ce que je remarque, c’est que ARM a été racheté par Softbank, banque japonaise, il y a peu.
    Un fleuron de la technologie européenne vient donc de tomber sous le contrôle de banques qui impriment des billets à grande vitesse.

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  • 22 août 2016 - 9 h 07 min

    Il me semble normal qu’INTEL rentabilise ses usines restantes .

    ARM ou x86 ,je pense qu’une gravure de puce ARM en 20 ou 22 coûte pas grand chose par rapport a la réalisation d’une gravure en 14 sur du x86 .

    INTEL peut de ce faire sortir plus de puces et même a pas cher gagner de l’argent en rentabilisant un ou des usines qu’il aurait autrement fermée(s) .

    A une époque AMD donnait une durée de 5 ans maximum pour une chaîne de montage et de 15 ans pour une usine entière .

    C’est sur que si INTEL est capable de réaliser une puce ARM intégrant la totale: a savoir GPU puissant ainsi que Wifi ,bluetooth et SATA son avenir est plus qu’assurer .

    Répondre
  • 26 août 2016 - 21 h 36 min

    @popo :

    softbank n’a d’une banque que le mot bank.
    c’est surtout un opérateur mobile au japon, un autre aux usa et 30% d’alibaba.

    Répondre
  • 20 septembre 2016 - 10 h 36 min

    […] pour Intel est d’acheter une licence ARMv8 pour produire lui même des puces sur ce secteur. On sait que la marque va le faire dans ses usines pour des tiers mais l’idée de fabriquer des SoC ARM au logo d’Intel a probablement déjà traversé […]

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