Coronavirus Times : L’impression 3D et le DIY au secours des malades

Alors que pour beaucoup l’impression 3D chez les particuliers n’est qu’un gadget pour geek ne sachant pas quoi faire de ses week-end, les événements récents liés à l’épidémie de Coronavirus semblent montrer toutes les possibilités de cette technologie.

En Chine, au Japon, en Italie, en Espagne et en France, les histoires mêlant impression 3D et Coronavirus se multiplient. Des particuliers, de simples particuliers, comme des entreprises et des fablabs viennent en aide à leurs voisins, leur famille et, plus rarement, aux malades et aux hôpitaux avec ces fameuses imprimantes 3D qui pour beaucoup n’avaient aucun intérêt.

poignée de porte impression 3D

Dès les premiers jours de l’épidémie, l’impression 3D a commencé à proposer des solutions face aux problèmes liés à l’épidémie de Coronavirus Covid-19. La plupart du temps, les gens ont commencé à produire des supports pour fabriquer des masques de fortune. De simples clips plus pratiques que les solutions de base, que l’on pouvait changer facilement. Mais très vite des solutions de plus en plus évoluées sont apparues.

De nombreuses personnes ont réfléchi à la fabrication de respirateurs maison, des solutions simples et efficaces utilisant les matériels existants déjà dans les hôpitaux mais ne coûtant pas plusieurs dizaines de milliers d’euro pièces. En adaptant des masques et des solutions manuelles avec des solutions développées maison, des machines efficaces ont pu être mises en place. Il suffit de suivre la page Facebook Open Source COVID19 Medical Supplies pour comprendre le génie de certains pour adapter des matériels non utilisés par manque de moyens mécaniques. dans beaucoup de pays en voie de développement, les respirateurs manuels sont adaptés à des solutions mécanisées de cette manière.Open Source COVID19

J’ai pu lire une histoire édifiante à ce sujet. Un paysan Indien atteint d’une maladie qui le paralysait peu à peu. Au bout de quelques jours, il n’arrivait plus à respirer tout seul. Dans son hôpital de province, aucun respirateur artificiel n’était disponible. Seule solution locale, un petit dispositif manuel où l’on presse une sorte de gros ballon transparent pour qu’il pousse de l’air vers un masque posé sur le nez et la bouche du patient. Le genre d’objets que l’on voit dans les séries médicales posés sur le visage des gens sur les brancards… Un objet qui ne coûte pas très cher. Problème, il faut quelqu’un pour le manipuler. L’homme a pu compter sur sa famille et ainsi sa femme et son frère se sont relayés à son chevet jour et nuit pour appuyer sur le respirateur manuel, 15 fois par minute, jour et nuit pendant…. 18 jours. Ce qui lui a permis de rester en vie. Assez pour ne plus avoir besoin d’une aide respiratoire et sortir de l’hôpital sur ses deux jambes.

Respirateur artificiel DIY

Cette aventure a lancé l’idée de construire des systèmes de respirateurs adaptés à ces outils manuels en 2010 au MIT. Et cela a abouti au dispositif que vous voyez juste ci dessus en image. L’idée étant de proposer un matériel simple, efficace et employant des produits disponibles partout à des prix abordables. Le souci actuel étant de grande ampleur et « ponctuel », le dispositif du MIT n’est cependant pas envisageable. Il faut des solutions rapides à développer avec les moyens du bord et non pas un appareil « low cost » à installer là où les appareils les plus chers ne sont pas disponibles. 

Avec l’épidémie de coronavirus, cette idée est donc relancée avec des tonnes d’exemples de développement maison autour de cette idée de « faire simple ». Un recours à la lowtech pour pallier le manque de matériel très haut de gamme disponible dans les hôpitaux. 

Open Source COVID19 Medical Supplies COVID19 Open Source COVID19 Medical Supplies

Avec du materiel de CNC classiques, des moteurs, tiges filetées, roulements et autres, largement disponibles en 2020 grâce au marché de l’impression 3D, des logiciels de conception 3D qui se sont démocratisés et des solutions microcontrôleur abordables, des dizaines de projets ont ainsi pu voir le jour. L’objectif étant de développer au final un respirateur Open Source, simple, efficace et abordable. Qu’un particulier pourrait construire lui même en cas de besoin pour aider un malade ou pour donner à des hôpitaux pour faire face à une épidémie. Des produits qui ne seront probablement jamais certifiés par nos systèmes de santé en temps normal mais qui pourraient sauver des vies dès aujourd’hui. Les hôpitaux d’une partie de notre pays étant déjà face au problème d’un choix à faire entre les patients faute d’un manque de ces respirateurs et de places.

valves FDM

A gauche l’original, à droite une des premières valves imprimées avec du PLA

L’histoire de ces sociétés Italiennes qui ont réussi à modéliser et imprimer des valves pour un hôpital de Brescia en Lombardie, une région particulièrement touchée par le COVID-19, a directement permis de sauver des vies. Ces valves font partie du système des respirateurs artificiels et doivent être régulièrement changées. Problème, le fournisseur a prévenu l’hôpital qu’il n’arriverait pas à livrer de nouvelles valves dans les temps et une rupture de ces simples objets en plastique allait rendre inopérants les respirateurs hors de prix.

valves SLS

Impression 3D de valves par un industriel

L’hôpital s’est tourné vers des fablabs et une petite société italienne a décidé d’aller directement à l’hôpital avec une petite imprimante 3D. Pour modéliser l’objet et le tester sur place. Une première production a été lancée avec quelques pièces et a permis de sauver immédiatement des vies. La production s’est ensuite tournée vers un solution d’impression industrielle pour produire ces valves en quantité. Suffisamment pour pallier au problème de livraison.

maj

Mise à jour de la mise à jour ! 19/03/2020

Nouveau rebondissement dans cette affaire de valve imprimée en 3D. L’entreprise mise en cause nie avoir menacé de procès l’entreprise Italienne désireuse de faire des copies de ses valves. Elle aurait simplement refusé de leur envoyer les plans de ses valves pour des raisons légales.

Un article de Business Insider affirmait pourtant que Massimo Temporelli, qui avait recruté l’équipe en charge du design de cette valve pour pallier au problème de rupture de stock avait subit des menaces de procès.
Jointe par The Verge, une des deux personnes ayant discuté avec un contact dans l’entreprise explique qu’il n’en est rien. La marque aurait bien refusé de donner les plans, expliquant son incapacité à le faire pour des raisons légales mais l’échange se serait arrêté là. Aucune menace de procès aurait été faite.
Autre information importante, le chiffre avancé pour le prix de la valve serait bien démesuré et sans rapport avec le prix réellement facturé aux hôpitaux par la société. La facture ne serait de quelques euros ce qui semble bien plus plausible pour un petit morceau de plastique.

Comment expliquer cette information erronée ? Peut être parce que le compte rendu de la conversation entre les personnes cherchant a fabriquer des valves « maison » dans l’urgence et al société s’est terminée par une notification sur le fait que la copie de ces valves brevetée était bien illégale. Et que le groupe qui a décidé de les fabriquer quand même a conclut que le risque d’un procès devait être pris par rapport à la situation des patients malades dépendant de la production de ces valves.

A l’issue de cette crise, aucun procès devrait être intenté envers les personnes ayant ainsi subvenu aux besoin des hôpitaux Italiens. Evidemment, si un industriel décidait de copier en masse ces éléments spécifiques, sans raison ou nécessité impérieuse, il serait quand à lui poursuivi.

valve (l'autre)

Mise à jour 18/03/2020 : J’apprend ce soir que les créateurs Italiens de ces valves ont été menacés de poursuites par le fabricant quand ils l’ont contacté pour récupérer les plans. Fabricant qui ne voyait pas d’un très bon oeil le fait que ces produits étaient répliqués pour une somme dérisoire alors que lui même les vend pour une somme astronomique. Certains médias parlent de 11000$ pièce ce qui me parait totalement grotesque et extravagant pour ce genre de produit. Cela n’a semble t-il découragé personne et devant ce cas de force majeure, les impressions ont bien été réalisées.

Mais c’est là un vrai problème de société. Doit t-on laisser ce genre de développements à des sociétés privées qui, par soucis de rentabilité, préfèrent tenter de dissuader des gens de sauver des vies en les menaçant de procès alors qu’ils ne sont pas en mesure de fournir les produits indispensables à l’usage de leur matériel ?

Ne serait-ce pas utile que les hôpitaux et autres services d’urgence disposent de solutions Open-Source ? Que tout le monde puisse dépanner tout le monde en cas de besoin ponctuel dans un pays ? Que sauver une vie ne coûte pas des milliers d’euros de materiel quand ce materiel ne devrait coûter que quelques piécettes ? Que l’on manque de personnel d’un côté, de masques en quantité de l’autre, de lits… tout simplement parce que notre argent part dans des consommables hors de prix ?

Chez les particuliers, ce sont les masques qui ont sans doute le plus d’importance. L’impression 3D a permis de concevoir des modèles simples comme des masques sophistiqués, des solutions qui ne correspondaient pas aux besoins des malades déjà contaminés mais parfaits pour des personnes ayant besoin de sortir et de se protéger. Des solutions adaptées pour des vendeurs de produits de première nécessité n’ayant reçu aucun matériel pour se protéger. Boulangers, épiciers et autres personnels en supermarchés mais aussi facteurs, livreurs, éboueurs…  Ces solutions existent désormais partout et notamment sur Thingiverse, site où on peut les télécharger gratuitement.

Coronavirus  Flu Reusable Emergency Respiratory Mask

Un des premiers produits que j’ai pu croiser est ce masque proposé par dbeck sur Thingiverse. Une solution simple et rapide à imprimer qui vient coincer un tissu dans deux feuilles de plastique. Une super idée avec un petit défaut, il faut une imprimante capable d’imprimer en grand format pour l’exploiter. Il sera possible néanmoins de réduite la taille de l’objet dans votre slicer pour l’adapter à un enfant.

Flexible Mask Valvy
On trouve également des solutions haut de gamme comme ce masque à imprimer en plusieurs pièces directement sur du tissu proposé par Jczfirz sur Thingiverse. Une solution complexe mais réutilisable qui nécessite certes du temps de préparation mais qui propose l’utilisation de filtres assez évolués. 

Ce dispositif est complet mais complexe, si il ne nécessite qu’une imprimante 3D de 200 mm de côté, il demande également du materiel annexe comme un décapeur thermique par exemple. 

Coronavirus COVID-19

Il existe également des « pinces » pour plier du tissu et l’accrocher avec es élastiques. Là encore, c’est simple à imprimer et compatible avec tout type de format d’imprimante. Ce modèle est signé par Fernderam07 encore sur Thingiverse. Il en existe beaucoup d’autres sur le site.

Air Mask with two filters

Un projet particulièrement intéressant à suivre est le projet Open Mask qui en est à sa version 4.0. Disponible là encore sur Thingiverse, ce dispositif est en perpétuelle évolution sur le site openmask.altervista.org.

Open Source COVID19 Medical Supplies

Des systèmes de protection pour les yeux et le visage nécessaires aux personnels hospitaliers sont également développés. Des systèmes simples qui, imprimés en 3D, permettent de fixer une feuille de plastique transparente devant votre visage. On en trouve par exemple sur cette page de Prusa Printers ou chez Grabcad.

Des tutos pour fabriquer vos propres masques à partir de tissus adaptés et de guides imprimés en 3D sont également proposés. Comme celui-ci, très complet, découvert sur un site japonais qui permet de fabriquer son propre masque étape par étape.

Stéthoscope 3Dpoignéegel

Un stéthoscope prévu pour une impression 3D est également disponible gratuitement en suivant ce lien. Il existe des dizaines d’autres produits qui vont du système pour accrocher son masque sans le passer derrière ses oreilles aux équipements pour manipuler des poignées sans les toucher avec les mains en passant par des supports pour bouteilles de gel hydro alcoolique à placer de manière stratégique.

Le recours à l’impression 3D et au Do It Yourself trouve ici un écho formidable. Un particulier disposant d’une simple imprimante peut facilement proposer des solutions efficaces pour ses amis, ses voisins, sa famille. Il est possible d’imprimer un lot de masques en quelques jours et de les envoyer par la poste sans sortir de chez vous grâce au ramassage des colis proposé par le service postal.

Ce n’est pas parfait, ce n’est pas l’idéal mais ces outils peuvent peut être sauver des vies et limiter la propagation de la pandémie. Ce genre de geste, avec la garde des enfants des personnels hospitaliers, le respect des consignes de confinement et une attitude raisonnable face au virus sont indispensables pour limiter l’impact du virus. La réflexion sur notre système de santé, ce que l’on a fait de notre hôpital et pourquoi dans certaines régions, on est déjà à choisir les patients que l’on va sauver et ceux que l’on va laisser mourir devra avoir lieu plus tard.


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61 commentaires sur ce sujet.
  • 29 mars 2020 - 16 h 05 min

    Je ne suis vraiment pas d’accord pour amoindrir l’importance des masques, et les mensonges qui en ont découlé (ça ne sert à rien, on ne sait pas s’en servir, etc.. ça fait d’ailleurs bien rire ma compagne chinoise). On peut dire ce que l’on veut, même si elle peut être ‘manu portée’ la transmission se fait par voie respiratoire, est donc le premier réflexe est de porter un masque, avant tous les autres gestes barrières.
    Dans une situation idéale, l’obligation du port du masque pour tout le monde et partout aurait clairement été la mesure la plus efficace dans un premier temps pour limiter la propagation , et limiter autant que possible la durée d’un confinement général qui met les pays genoux à terre.
    C’est Evidemment d’abord un problème culturel. Dans bon nombres de pays d’Asie le port du masque est entré dans les mœurs et donc déjà distribué d’une façon beaucoup plus globale. Que cela soit dans les supérettes, dans les pharmacies, dans les hôpitaux ou à la maison à côté de sa boite de paracétamol, ils sont déjà partout en nombre est amoindri de ce fait l’effet pénurie en cas de crise.

    Les atermoiements du gouvernement concernant les masques est leur grosse erreur. Mais il va forcément y avoir des comptes à rendre en fin de crise.
    Paradoxalement, il me semble qu’ils ont fait une confiance trop aveugle aux rapports d’experts, alors que le rôle d’un politique est justement d’extrapoler et d’avoir une vision plus globale.
    Lorsqu’on rembobine, ces mêmes spécialistes étaient quand les premiers à qualifier ce Covid 19 de ‘grippette’ (alors que c’est en rien comparable à une grippe saisonnière) avec des symptômes bénins et à juger une distribution de masques à grande échelle peu efficace. C’est sans doute vrai lorsque que l’on regarde le virus au travers de son microscope, mais les effets sur la société sont sans doute plus complexes qu’un raport de laboratoire.
    D’autant que notre président a martelé qu’il s’agissait d’une situation de guerre. En temps de guerre, on n’y met les moyens en réquisitionnant par exemple les outils de production. Et on me fera pas croire que des morceaux de tissus avec élastiques sont plus complexes à sortir d’usine que des chars d’assauts.
    Et le problème n’est pas forcément l’absence de stock (même si cela pourrait être une excuse toute trouvée pour se dédouaner). Avec le décalage de plusieurs semaines entre la propagation exponentielle en Chine et les premiers cas en France, il y avait surement moyen d’augmenter drastiquement la cadence de production de masques, et en ordonnant par exemple au plus tôt aux entreprises textile de soutenir l’effort en ré orientant leur production à cet effet.
    Ceci dit, on voit que la France ne fait pas exception au sein de l’Europe. La coordination de l’Europe de la santé, notamment en période de crise sanitaire, sera sans doute également à revoir. .

    Répondre
  • 29 mars 2020 - 16 h 19 min

    Merci Pierre pour cet article très intéressant. Cette crise sanitaire permet de voir l’intérêt des nouvelles technologies comme l’impression 3D pour palier à des problèmes ponctuels mais également promouvoir ou plutôt faciliter l’innovation.

    Aurais-tu un bon guide d’achat à conseiller pour bien choisir son imprimante 3D ?

    Répondre
  • 29 mars 2020 - 17 h 18 min

    @Yacoubaa: Bah du coup, je ne vois pas le désaccord sur le fond…
    « Les gestes barrière ne s’apprennent pas comme cela du jour au lendemain. Dire le contraire est au mieux stupide au pire très malhonnête intellectuellement. Oui les gestes barrières doivent s’accompagner de tout un environnement comportemental personnel mais aussi sociétal. » Hygiène de la population mais j’aurais peut être du rajouter « culturelle » (pas de bises ou poignées de main a tout va) et respect d’autrui.

    « Oui, nous les latins (Français, Italiens et Espagnols) qui ont toujours autant de mal à nous discipliner…
    Arrêtons de rejeter la potentielle faute sur nos seuls gouvernants : nous n’avons jamais intégré de manière globale les gestes barrière malgré les campagnes annuelles de sensibilisation, nous pensant plus forts face aux maladies… On voit malheureusement le résultat. » Discipline et j’ajouterais alors, humilité toujours culturelle de la population coréenne.

    « Interrogeons-nous plutôt sur l’incapacité de notre haute fonction publique à envisager la nécessité de se fournir / produire en nombre les tests (au-delà de la simple production des masques) » Anticipation et réactivité du gouvernement Coréen, après tout, gouverner, c’est prévoir, non?

    Donc oui, tout ça est aussi la résultante d’une différence culturelle.

    Pour défendre un peu le citoyen Français , il faut dire que depuis le début, gouvernants, scientifiques et journalistes ont tout dit et son contraire, pour le coup, difficile de s’y retrouver pour le pauvre lambda…

    On ne refera pas le film, tachons juste d’en tirer les leçons et de les appliquer, les comptes aurons bien le temps de se régler une fois les choses calmées.

    Répondre
  • 29 mars 2020 - 20 h 07 min

    @Mezz:

    Je réponds rapidement.

    1 – La communication gouvernementale est catastrophique. Coucou Manu, Sibeth, Jérome Salomon et cie qui ont détruit dans l’oeuf ou détruisent encore pour certains à grands coups de pieds le peu de communication discernée et sérieuse des quelques scientifiques n’ayant que faire d’alimenter une tambouille égotique, vaniteuse ou politique (allô Dr Raoult…)

    2 – La communication d’une bonne partie des vulgarisateurs scientifiques TV est catastrophique. Coucou M Cymès et cie… Résultat : la population a retenu dans un premier temps que le Covid = gripette.
    Qu’on le veuille ou non, cette affirmation est vraie… et fausse à la fois. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il n’a pas été assez explicité -au moment de cette comparaison- la différence entre la contagiosité et la virulence (capacité à déclencher des cas graves et in fine à mettre HS un système de santé).

    Après, certains de ces saltimbanques TV et politiques ne faisaient vraisemblablement même pas la différence dans leurs têtes au moment de leurs premières communications.

    Plus on avance dans le temps (au niveau mondial) et plus il est confirmé que du point de vue statistique, ce virus reste et restera dans la fenêtre de tir de la grippe saisonnière quand bien même la France aura été plongée dans la politique spectacle. C’est un fait et cela n’a rien à voir avec une analyse dans un microscope ou que sais-je. Au-delà, les effets sur la société n’ont pas à être pris en compte par les scientiques. Ce n’est pas leur travail. c’est le travail de la haute fonction publique et des dirigeants élus (de les prévoir, les anticiper mais aussi et surtout de les limiter…) Après si ces derniers écoutent le courant scientifique qui vont dans leur sens… C’est encore autre chose. S’ils avaient écouté les spécialistes sur le front des premiers clusters dès fin Janvier et non des guignols chevelus jugeant de loin…

    Après, si on lit la situation avec le prisme de l’humain, chaque virus est une catastrophe dès qu’il y a des morts. La grippe saisonnière fait 900 morts en moyenne par semaine en France avec un R0 quasi identique au Covid19. L’appareil médiatique fait un décompte tous les jours ? Non, tout le monde s’en bat les reins alors qu’au final cela fait entre 8 et 13000 morts français par an… Chiffre qui pourrait là aussi être abaissé avec des gestes barrière et un peu de sérieux de tout à chacun…

    3 – Pour la production de masques : La Corée s’est retrouvée à être vite dépassée alors qu’elle était préparée depuis plusieurs années (y compris au niveau de son outil productif) et nous bandes de génies, on y serait arrivé comme celà en partant d’aussi loin… Je sais qu’impossible n’est pas Français mais faut arrêter de prendre les vessies pour des lanternes. Soyons sérieux 2s… La racine du fiasco est beaucoup plus ancienne et ne peut être limitée au seul manque de réactivité, d’anticipation des dirigeants actuels.

    4 – Mettre en parallèle la production de chars d’assault et des masques… // Réorienter le tissu productif textile en France… Humm, je t’invite à t’interesser aux rapports de l’Insee (mais pas que) sur le sujet. Tu comprendras assez vite que le tissu productif textile fr n’aurait pas pu juguler des tels besoins. Dépendance et sous-traitance extérieure…

    5 – La coordination n’aurait pas du seulement être européenne. Elle aurait dû être mondiale et ce dès Janvier au travers d’instances comme l’OMC, l’OMS, le G7, le G20, le FMI, l’OCDE… afin d’envisager l’ensemble des enjeux… Mais cela n’a pas été fait !

    Répondre
  • 29 mars 2020 - 20 h 12 min

    @Madwill: Le désaccord est principalement avec Mezz. Je rejoins complètement ton message.

    Répondre
  • 29 mars 2020 - 21 h 17 min

    @Yacoubaa

    Le problème est que les spécialistes pensaient eux même à une gripette aux symptômes bénins , d’ou le manque d’anticipation du gouvernement sans doute trop académique qui s’appuyait entierement sur leurs rapports d’experts.

    Tout ce que j’écris là (principalement concernant les masques, la minimisation initiale des risques, et le drame des EPHAD) n’est pas en fonction de l’évolution du COVID19 mais je le disais déjà en janvier lors de son émergence en Chine.

    Une grippe est une infection redondante et saisonnière, dont les chiffres sont approximatifs (déduction à partir de la surmortalité hivernale), auquel il existe traitement et vaccin, et dont il n’y a aucune mesure restrictive particulière.Il suffit d’imaginer ce qu’il serait advenu sans aucun confinement, comme pour la grippe…. donc en rien comparable, et il ne faut pas uniquement se baser sur contagiosité/virulence. Mais il y a deux mois, j’étais a peu près le seul dans mon entourage (ou sur tous mes réseaux sociaux) à ne pas considérer ce coronavirus comme une grippette, à alerter sur la situation des ephad, ou pour dire que les masques ‘ne servaient pas à rien’.

    Concernant la production d’urgence des masques je ne dis rien d’autre que ce que fait le gouvernement à l’heure actuelle, mais il aurait fallu le faire dès qu’on avait conscience du risque épidémique en janvier. C’est notre président lui-même qui martelait à nombre reprises que nous étions en guerre… et oui un morceau de tissu est plus facile à sortir en masse que du matériel militaire. Et d’ailleurs, le 1er ministre à hier annoncé la ré orientation d’usines textiles (et de papier il me semble) vers la production de masque, donc oui c’était évidemment possible. Donc la question pertinente sera de savoir QUAND ont été prises les premières mesures visant à s’approvisionner suffisamment en masques.

    J’ai de forts ancrage autant en Chine (ma copine est chinoise) qu’en Corée (ma soeur y travaille et j’y est beaucoup de connaissance). Il y a eut de nombreuses ruptures locales, mais en aucun cas de pénurie générale comme en Europe.

    Ceci dit je ne suis ni adepte du complot ni un partisan politique à vouloir faire porter le chapeau à tous nos représentants politiques ou experts scientifiques. Pour moi il y a surtout eu de terribles erreurs d’appréciations (et donc d’anticipation), face à un mal qui était inédit en Europe et pas en Asie, pays donc mieux préparés.

    Répondre
  • 30 mars 2020 - 0 h 59 min

    De quels spécialistes tu parles ? On ne doit pas avoir les mêmes en tête. Pour ma part, tous ceux dont j’ai suivi le travail – il est vrai en dehors des médias de masse – au front depuis le départ disaient la chose suivante : 80% de cas bénins 20% de cas complexes. Dans ces 20% : 15% gérables à l’hosto mais sans réà et 5% de cas graves avec réa et longue durée d’hospi embolisant l’hosto. Avec mort ds 1% des cas.

    Que sait-on aujourd’hui concrètement du niveau de la consultation par l’Etat entre Janvier et début Mars ???? Pour l’heure, on n’en sait rien en fait donc dire que l’Etat a été induit en erreur par des rapports d’experts…

    Ce qui est factuel (et connu à ce jour) : le conseil scientifique sur lequel se base la stratégie actuelle du gouvernement n’a été constitué que début Mars (vers le 12 Mars si mes souvenirs sont bons). C’est clairement tardif. Cela pose beaucoup de questions sur le cadrage antérieur mais c’est factuel.

    Il ne faut donc pas confondre tous les pinpins sortis par chaque boutique médiatique pour brandir une caution scientifique et les personnes consultées par l’Etat. Rien ne nous dit que le courant était le même et rien ne nous dit en l’état actuel non plus que les personnes consultées avant la construction du CS n’ont pas alerté le gouvernement et que ce dernier a préféré entendre les paroles de pipoteurs. Quand on voit ce qui a été fait de l’alerte d’Agnès Buzin (qui n’a pas refait l’histoire à son bénéfice – plusieurs sources confirment les démarches décrites)…

    Pour l’heure encore une fois, cette épidémie n’est pas sorti des normes grippales classiques pour la période. Contagiosité peu ou prou équivalente. La virulence elle pose un vrai problème à certaines zones de la structure hospitalière. Ce qui va faire principalement varier le nombre de morts, c’est la capacité ou non de notre système à gérer l’afflux de patients graves (dont on connaît peu ou prou les taux mais qui n’est pas en phase avec la capacité d’accueil de la réa fr). En cela le confinement (et son respect) va jouer un rôle prépondérant.

    Pour les masques encore une fois, il est inutile de véhiculer l’idée selon laquelle cela aurait pu être possible d’équiper un max de personnes de la population générale. Même en s’y prenant en Janvier, ce n’était pas possible au nombre de masques à utiliser par jour pour une pop générale comme la nôtre.

    Par contre une action réalisée dès Janvier aurait permis d’équiper les populations à risque de comorbidité, les prof de santé, de sécurité, les services publics, les salariés en contact avec un nombre important de personnes et ce dès le début… mais aussi de se procurer les réactifs servant de base aux tests PCR indispensables à la gestion.

    L’utilisation de la terminologie guerrière est d’un ridicule… Quand on sait le positionnement tenu par le PdR lors des ses précédentes allocutions invitant la population à maintenir une vie normale… Cela suffit à ramener la portée de l’utilisation de cette terminologie au niveau 0 de la communication. Tentative de rattrapage débile pour mobiliser une France fracturée par des mois de destruction méthodique du pacte Social. Rien de plus.

    Donc repartir de cela pour dire que la production de masques était « plus facile à sortir en masse que du matériel militaire »… On s’est mis à produire en masse des armes en cette même période… au détriment de la production potentielle de masques ??? Non, donc la mise en parallèle est nulle et non avenue hormis pour appuyer ule caractère débile de cette communication.

    Au-delà crois-tu sincèrement que les lignes de production de matériel militaire (par exemple des canons César) peuvent servir à produire des masques ? Donc stop avec cet argument ne visant qu’à rebondir sur de la comm de merde et aucunement sur ce « que FAIT le gouvernement à l’heure actuelle ». « Dire n’est pas faire ».

    Je confirme pour l’absence de pénuries en Corée. Comme je l’ai indiqué auparavant cette non pénurie est liée à un plan tracé après la crise du MERS en 2015. Pour autant, la production n’a quand même pas suivi malgré la mobilisation de l’appareil productif national dans ce sens comme tu appelais semble-t-il de tes voeux en France. Cela aurait permis d’équiper des cibles prioritaires pas d’équiper tout le monde. Et de toutes les façons cela n’avait encore une fois aucun intérêt avec des populations non rompues aux gestes barrières de fond (et à l’hygiène…).

    Comme tu le précise toi aussi, aucune aptitude de mon côté pour les théories du complot et aucun esprit partisan (aucun lien avec une obédience politique). Je te rejoins totalement sur les erreurs terribles d’appréciation et d’anticipation, pas sur l’identification / localisation de ces erreurs.

    Fin de l’échange pour ma part (que je reconnais avoir participé à lancer), considérant que le lieu n’est pas des plus adaptés mais principalement parce que télétravail reprenant dès demain.

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  • 30 mars 2020 - 15 h 09 min

    Nous avons des accords et désaccords certains c’est comme ça, surtout en démocratie .
    Je ne vais pas non plus écrire d’autres pavés , bon télétravail/ chômage technique à tous ; )

    Répondre
  • 2 avril 2020 - 15 h 04 min

    […] Minimachines.net // Coronavirus Times : L’impression 3D et le DIY au secours des malades […]

  • 27 avril 2020 - 13 h 25 min

    @ Yacoubaa

    Bon, au final il se passe maintenant ce que je disais le mois dernier içi (ou avant ailleurs). On voit bien que le port du masque apparaît maintenant comme une nécessité.
    Donc comme j’expliquais le blocage n’était ni industriel ni technique (donc oui, ce n’est qu’un morceau de papier/tissu), mais uniquement une prise de concience qui n’était pas encore fait.

    Tu affirmais (entre autre..) il y a un mois : «  » » Tu comprendras assez vite que le tissu productif textile fr n’aurait pas pu juguler des tels besoins. Dépendance et sous-traitance extérieure… «  » »

    Je t’invite à regardé le nombre de masque fabriqué aujourd’hui (quelque soit la qualité) , effort de production produit en quelques semaine seulement.

    Répondre
  • 25 janvier 2021 - 12 h 14 min

    […] dans cette histoire, est intéressant. On savait déjà que les “makers” étaient capables de se mobiliser du mieux qu’il…. Le nombre de simples particuliers ayant décidé d’imprimer des milliers de visières de […]

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