Intel tacle la tactique Tick-Tock

Tick-Tock. C’est la stratégie d’Intel en terme de développement de processeur ces dernières années. Il faut comprendre par là une évolution en deux temps des puces de la marque. D’abord on lance un processeur avec un nouveau procédé lithographique et une finesse accrue de gravure en nanomètres, c’est le Tick. Ensuite on l’optimise, c’est le Tock.

Et ce Tick-Tock semble en pause pour le moment chez Intel. Certains diront que c’est une stratégie commerciale face à l’absence de concurrence. Il est vrai qu’AMD n’étant pas au mieux de sa forme, les raisons de développer des puces plus rapides ou plus fines ne sont pas forcément à l’ordre du jour chez le fondeur. Mais les raisons véritables peuvent être un peu plus vastes.

Intel Tick-Tock

Un processeur c’est assez compliqué en fait

32 nm, 22 nm, 14 nm… le futur d’Intel c’était de nous parler du 10 nanomètres. Une course vers le plus en plus petit pour la gravure de ses processeurs. C’était parce que c’est officiel, la prochaine génération de processeurs après Skylake, restera en 14 nanomètres. Les Kaby Lake, c’est leur nom de code, seront donc la troisième génération de processeurs en 14 nanos, brisant la routine habituelle du Tick-Tock pour la transformer en Tick-Tock-Tock…

L’idée est de ne plus se contenter d’un nouveau procédé de gravure plus fin puis d’une amélioration de l’architecture de la puce mais de créer une troisième étape qui sera l’optimisation de celle-ci. Kaby Lake sera donc une version optimisée de Skylake.

Il y a probablement tout un tas de bonnes raisons à cela, d’abord financières pour Intel. Construire une unité de gravure en 14 nanomètres a déjà coûté une petite fortune et remettre le couvert pour passer en 10 nanos afin d’avoir la production suffisante pour des puces à l’échelle mondiale ne doit pas réjouir la marque sur un marché en décroissance.

Ensuite parce que techniquement, comment dire, c’est pas facile non plus. On a tendance à croire que c’est juste une question d’ajustement et le marketing d’Intel nous a d’ailleurs encouragé dans cette voie d’une confiance dans un progrès que rien n’arrête. Tick-Tock, c’était très bien trouvé. Mais la physique se moque un peu de la rhétorique commerciale et du haut de leur nuage, dans l’Olympe des principes qui font la mécanique de l’univers, l’énergie et la matière rigolent doucement en nous voyant nous activer autour de la finesse de gravure de morceaux de silicium.

Intel Tick-Tock

Le passage à Skylake et au 14 nanomètres n’a pas forcément eu les effets escomptés en terme de dissipation par exemple. Les puces affichent un TDP moins important que la génération précédente mais sans pour autant offrir spécialement plus de performances. Plus fin, les coeurs sont plus petits et paradoxalement présentent une surface plus difficile à dissiper. Passer au 10 nanomètres sans l’optimiser au maximum, c’est amplifier ce phénomène et ce serait peut être revenir en arrière d’un point de vue transfert thermique.

Intel Tick-Tock

Le Tick-Tock est donc en pause, après tout ce n’est qu’une recette publicitaire de la part d’Intel. Cela aurait pu être Pim-Pam ou Pif-Pouf ou rien du tout. Ce n’est pas très grave tant que les puces continuent à évoluer dans le bon sens : Moins de consommation, moins de chauffe et toujours de bonnes performances. Le but du jeu, et ce que j’attends personnellement du futur, ce n’est pas que mon PC fasse Tick ou qu’il fasse Tock. C’est que justement il ne fasse plus du tout de bruit et que je le voie le moins possible. Et ce pari là est presque en passe d’être gagné.


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6 commentaires sur ce sujet.
  • 24 mars 2016 - 16 h 40 min

    J’adore la dernière image.

    avant : process (tick) puis architecture (tock)
    mainteannt : process puis architecture puis optimisation

    Il faut donc comprendre que les processeurs actuels ne sont pas optimisés ? :D
    J’ai de plus en plus un problème avec le marketing =).

    Répondre
  • Alu
    24 mars 2016 - 21 h 43 min

    Pour moi c’est une très bonne nouvelle, mais pas pour les même raisons.

    Car en vérité, c’est une aveu d’échec. On commence à arriver au bout de la logique qui est à l’origine des améliorations de performance incroyables que l’on a depuis le début de la micro informatique.

    Le gros des gains en performance des CPU se fait bien en baissant la finesse de gravure.

    L’arrivée à un palier va avoir pas mal de conséquences:

    1) Stabilisation de l’augmentation des demandes de ressources des software pour s’adapter à un parc qui stagne.
    2) Concurrence plus importante dans le secteur (tous les acteurs proposeront, à terme, des solutions similaires)

    Au final c’est plutôt bon pour le consommateur dans le sens ou les puces deviendront de plus en plus comme l’électroménager: un frigo on le change pas tout les 2,3 ni même 5 ans…

    Par contre,pour la course à la performance et la course aux perf/watt…on commence à arriver au bout de la logique…avec du silicium en tout cas…

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  • 24 mars 2016 - 21 h 55 min

    pour moi il s’agit juste de gagner en rentabilité alors que le marché PC recule, les optimisations c’est du flan on change a peine ce qu’il faut pour renommer toute la gamme (méthode nvidia)et remonter les prix. s’ils veulent retrouver de la marge, qu’ils passent aux wafers 450mm qu’ils ont repoussé de 10 ans

    Répondre
  • 25 mars 2016 - 0 h 03 min

    L’âge d’or de la microélectronique est terminé, les gains ne sont plus que de quelques % par an.

    Il y a eu la réduction des finesses de gravure. C’était déjà depuis longtemps un gros enfumage parce que il y a plusieurs longueurs caractéristiques, des longueurs de grilles aux différentes couches de métallisation, et des règles de conception différentes entre Intel et les fondeurs TSMC, GloFo ou Samsung. Marquer « 10nm » ou « 22nm » est déjà beaucoup du marketing.

    Il y a eu aussi plein d’évolutions dans les microarchitectures : Superscalaire, Out Of Order, Spéculation, multi-threading, multicore, SIMD. Maintenant on est un peu à court d’idées, à part faire des accélérateurs dédiés qui consomment un peu moins que le processeur principal pour décoder la vidéo ou le cryptage, ou faire des unités multimédia super-larges (AVX-512 bits, etc.). C’est l’ère du « dark sillicon » : On ne peut plus faire tout tourner en même temps sur la puce à cause de la dissipation trop importante.

    Même abandonner x86 au profit des ARMs ou autre chose ne peut espérer faire gagner que moins de 20% (en perfo ou en conso), au doigt mouillé.

    Il reste les semiconducteurs exotiques, de l’AsGa ou GaN aux nanotubes de poils de mouches, mais c’est tellement loin, les investissements tellement gigantesques pour des résultats incertains…

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  • 22 juillet 2016 - 10 h 40 min
  • 27 avril 2018 - 22 h 47 min

    […] Demie surprise, cette absence du calendrier laissera l’opportunité à Intel de lancer une nouvelle gamme de puces 14 nanomètres supplémentaire, baptisée « Whiskey Lake » à destination du grand public. La fameuse théorie d’un développement sur deux années consécutives avec un changement de technologie sur la première, le « Tick ». Avec l’introduction d’une nouvelle technologie de coeur puis puis le raffinement de cette technologie l’année suivante en diminuant la finesse de gravure sur le « Tock » a été abandonnée par Intel en 2016. […]

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