Loongson veut développer sa propre architecture processeur

Loongson est un fabricant chinois de processeurs qui s’était jusque là intéressé à l’architecture MIPS. La marque se tourne désormais vers un choix surprenant, sa propre architecture processeur.

Loongson n’a pas froid aux yeux, la marque a décidé de prendre le taureau par les cornes et face au déclin de la solution MIPS, elle a mis en place une double stratégie. La première est à la fois logique et classique, il s’agit de passer de MIPS à RISC-V. La seconde est plus culottée, la marque a décidé de développer sa propre architecture ISA.

2021-04-23 15_34_46
Si le choix d’un développement x86 était évidemment compliqué à imaginer, la société aurait pu se tourner vers ARM comme beaucoup d’autres fabricants. Loongson a choisi une alternative d’avenir avec RISC-V mais parie également sur le développement d’une nouvelle architecture baptisée LoongArch. Il s’agit d’une solution totalement nouvelle, une ISA (pour Instruction Set Architecture) développée en inter et, à priori, pour les besoins de la marque uniquement.

Cette décision est, bien entendu, à lire autant technologiquement que diplomatiquement. A l’heure où l’administration Américaine juge indispensable de rapatrier une partie de la production de processeurs localement, en mettant l’accent sur les technologies Made In USA avec Intel et AMD, le fabricant Chinois veut montrer son indépendance avec une architecture nationale. Un élément qui fait partie d’un plan plus global de la Chine visant à être technologiquement capable d’indépendance vis à vis des brevets étrangers d’ici 2025…

Les mésaventures de sociétés comme Huawei qui s’est retrouvée sans possibilités de se développer à cause de décisions Américaines a sans doute motivé le gouvernement Chinois à pousser vers des alternatives aux solutions indépendantes. En cas de succès, LoongArch pourrait équiper les solutions Chinoises sans avoir à craindre la moindre représaille.

2021-04-23 15_36_24

Reste que développer sa propre architecture n’est pas facile. Il faut naviguer entre les solutions maison et les brevets des autres. Trouver des moyens de proposer des SoC performants et peu gourmands en énergie. Et surtout, surtout, proposer quelque chose de suffisamment intéressant pour créer une communauté. Il faut que Loongson motive suffisamment de développeurs pour se pencher sur son jeu d’instruction pour qu’un écosystème en naisse. Il faut également que des fabricants s’intéressent à cette solution pour l’intégrer dans leurs appareils. On imagine mal une technologie de ce type se déployer pour et uniquement pour un seul acteur du marché. A moins d’une architecture totalement géniale et tellement performante qu’elle écraserait toute la concurrence, personne ne s’intéressera à LoongArch sans de solides débouchés. Le gouvernement Chinois peut, comme il l’a fait par le passé, proposer une aide et assurer une certaine rentabilité au projet. Mais cela n’aurait alors qu’un impact très local.

Premiers résultats de ce travail, deux processeurs. Le SoC Loongson 3A5000 qui est un quadruple coeur pour PC de bureau classique prévu pour ce « début d’année » 2021. Et le Loongson 3C5000 qui emploie 16 coeurs et vise les serveurs avec une disponibilité d’ici la fin de l’année. Ces puces semblent garder une certaine compatibilité avec l’architecture MIPS64. Entre cette possibilité et le développement de solutions RISC-V, la société pourra donc compter sur des solutions de repli en cas d’insuccès.

Source : Tom’s Hardware


Soutenez Minimachines avec un don mensuel : C'est la solution la plus souple et la plus intéressante pour moi. Vous pouvez participer via un abonnement mensuel en cliquant sur un lien ci dessous.
2,5€ par mois 5€ par mois 10€ par mois Le montant de votre choix

Gérez votre abonnement

22 commentaires sur ce sujet.
  • 23 avril 2021 - 16 h 16 min

    Bonjour et merci beaucoup pour ce suivi de technologies peu connues !

    Répondre
  • 23 avril 2021 - 17 h 07 min

    L’Union Européenne devrait peut-être prendre ce train en marche et s’associer dans une joint-venture avec des sociétés de différents états de l’UE et cette boite chinoise. Ceci afin non pas de rejeter la production étasunienne mais de s’assurer une seconde source (stratégique) avec au moins une usine de production dans l’UE… Et aussi essayer d’associer les Russes.

    Répondre
  • 23 avril 2021 - 17 h 41 min

    Et pourquoi pas, beaucoup de marques ont leur archi risc maison, exploitée (Arm, power, mips, sparc, AURIX, Risc-V, coldfire …) en dormance/ obsolètes (Pa-Risk, MC88xxx, AMD29K…)
    Leurs designers ne sont pas plus cons que d’autres, et à forces de décliner les ISA & IP des voisins, ils allaient bien finir par faire la leur (à priori « influencée » par le MIPS sur lequel la chine à eu un temps la main).
    Et vu que ça fait une bonne décennie et demi que ça bosse sur LE processeur national chez les différents fondeurs & designer fabless locaux, depuis le Fameux « Dragon », ça devait bien arriver un jour
    Le truc qui me gène c’est que comme d’habitude, quid de l’europe? de la France, de l’allemagne? Nib, que dalle, comme d’hab
    A si on va faire des proc serveur/IA sur base ARM et Risc V… autrement dit on va faire du Lego comme tout le monde

    Répondre
  • 23 avril 2021 - 17 h 45 min

    @JeanM64: Les Russes ont Elbrus qui a résisté au marasme des années 90 et poursuit son petit bonhomme de chemin depuis 20 ans…
    Je croyais qu’intel les avait phagocyté, mais non, à priori

    Répondre
  • 23 avril 2021 - 19 h 06 min

    Avec toutes ces technologies oubliées des années 1980 a 2000 ;il y a des chances qu’en mixant le meilleur de chacune ce fabricant sorte un truc valable .

    Nous avons en Europe ,au Japon ,en Russie pris le train technologie x86 de chez INTEL & AMD .

    La technologie du POWER PC a pas réussi sur PC mais a été utilisé avec succès sur console GAMECUBE ,Wii ,X-360 et PS-3 .
    Je pense que si un fabricant de compatible MAC sous Power PC avait sortie un de ceux ci compatible avec le système AMIGA ,il y avait un marché pour lui .

    Graver une puce c’est relativement facile pour de nombreux fondeurs chinois .
    Si l’on compare l’évolution des CPU ,elle est progressive a la finesse de gravure et au baisse des voltages de ces CPU .

    Les GPU plutot minable sur nos premier PC qui se voyait battu par les puces de l »AMIGA sont passés dans la meme période de minable a excellent .
    Les GPU ont plus de transistors finement gravés que nos processeurs .

    Pas besoins pour les chinois d’avoir un Intel i20 ou un Ryzen 10 dans les machines qu’ils utiliseront dans quatre ou cinq ans .
    Loin d’etre idiots ,les chinois sont capable d’utiliser un OS fait maison capable d’optimiser au maximum des processeurs moins performant que le dernier CPU MADE IN USA .

    En URSS et dans les pays de l’EST ,la course a l’informatique a réussi et a maintenue ces pays a un niveau technologique assez avancé .
    Si l’URSS a put se maintenir dans une course INFORMATIQUE pendant la guerre froide ,la CHINE avec plus de moyens financier et humain peut certainement pas finir a la dernière place .

    Répondre
  • 23 avril 2021 - 19 h 09 min

    @JeanM64: L’Europe est sous pavillon Américain depuis belle lurette (a voir, le docu Arté https://vimeo.com/134308032 qui explique, entre autre, comment cette banque a infiltré les hautes sphères de l’Europe pour le compte des US), et est également soumise a la Chine, maintenant que nous avons bien délocalisé toute notre industrie la bas.
    Je me prend a rêver que l’Europe avance dans ce domaine, mais comment? Toujours pas d’Europe sociale ou fiscale, une Europe complètement divisée et gangrenée de lobbys étrangés (Tous ce merdier au niveau des vaccins covid en donne un parfait exemple)
    La France n’est qu’un tout petit pays qui s’enfonce de plus en plus, même l’Allemagne ne peut pas grand chose, toute seule.
    La majeur partie des pays de l’EU (administration, gouvernement, etc…) sont dépendants de Microsoft et son OS , autant dire que sur le software, on n’est toujours pas indépendant, alors, pour le hardware….
    Tiens, un autre exemple qui viens a l’esprit, notre ministre de l’économie qui refile gracieusement les données financières de 500 000 entreprises françaises a Amazon pour les aider a passer au numérique…bah, LOL.

    Répondre
  • 23 avril 2021 - 20 h 57 min

    @ptitpaj:
    Petite remarque : les premiers circuit graphiques PC n’étaient pas des processeurs mais plutôt des circuits logiques dédiés fournissant une couche d’abstraction entre la mémoire d’une part et la mémoire video (GART, etc…) Il en va de même pour les AGA & co, on était encore très loin des premières chaines de traitement des texture, les premiers Asic traitant des polygones étant encore la prérogative des stations de travail
    Quand au fameux genie de l’amiga, ça se résume, sauf erreur de ma part à un mécanisme « type frame buffer » innovant à l’époque mais qu’à ma connaissance les mécanismes type DRI de X.org/wayland voir même Direct X ont dépassé depuis des lustres.
    Si aros évolue encore (et j’avoue que j’ai un doute) c’est de manière confidentielle, et même haiku, héritier d’un BeOS, bien plus intéressant et récent, à du mal à maturer
    Quand à l’électro-encéphalogramme pas totalement plat côté amigaos, ce n’est pas grace au parasitage vampirique d’amiga inc qui encaisse les tunes et fait de la merde
    Tout ça pour dire que personne ne peut reprocher la nostalgie de ce bon vieil amiga, mais ce n’est clairement plus une archi d’avenir

    Répondre
  • 23 avril 2021 - 22 h 12 min

    @Madwill:
    Héhé oui, mais ce n’est pas politiquement correct de dire qu’on est sous tutelle américaine. Cf l’armée française qui utilise microsoft, l’Europe (ou plus exactement l’UE qui est +ou – le pendant civil de l’OTAN) qui n’a pas de système d’exploitation valable, qui se fait manger ARM par les Américains etc.

    Répondre
  • 23 avril 2021 - 22 h 22 min

    @Bastien B.: Rien n’empêcherait un européen d’acheter une licence x86/x86-64 à Intel (je suppose qu’AMD n’en possède pas la propriété) et de partir de son côté ensuite pour le développement sur cette base (comme AMD l’a fait quoi) mais il faudrait bien 10 ans avant qu’une solution viable voit le jour.

    Répondre
  • 24 avril 2021 - 11 h 12 min

    Que j’adore ce type de news.
    J’espère vraiment que leur investissement dans une nouvelle architecture processeur aboutira à un excellent résultat.

    Je revis les années 90 😍🤩

    Répondre
  • SGT
    24 avril 2021 - 13 h 22 min

    Effectivement on peut rêver que l’Europe en fasse autant et se constitue une indépendance numérique vu que tout se joue désormais entre grandes puissances et que nos états font figure de nains.

    L’Europe est sous pavillon américain parce qu’il y a eu deux guerres majeures sur son sol et que cela a rendu la plupart des pays européens exsangues tant économiquement que démographiquement. On va donc pas en vouloir aux américains d’avoir habilement profité de cette situation dramatique via leur plan Marshall à double visage, avec en plus leur obsession à l’époque de l’URSS. Et d’avoir ainsi noyauté le continent.

    On aurait pu croire que la crise du Covid aurait rendu les dirigeants européens plus intelligents mais, certes la critique est facile, force est de constater leur mollesse dans le domaine des nouvelles technologies. Les allemands ont laissé partir Kuka et pourquoi pas un jour au train où vont les choses ASML. Soyons positifs avec une petite lueur d’espoir, des gens comme Thierry Breton qui ne sont pas des apparatchiks carriéristes et qui au moins ont une vraie expérience industrielle de haut niveau.

    Répondre
  • sgt
    24 avril 2021 - 13 h 27 min

    * les néerlandais avec ASML

    Répondre
  • 24 avril 2021 - 14 h 22 min

    @gérardo: A bien y réfléchir, si je reste persuadé qu’au niveau européen c’est cuit pour les raisons que j’ai évoqué, la France a quand même une petite carte a jouer sur développement de procs, sur un secteur bien particulier dans le quel elle est très bien placée et qui est…l’armement, du moins, je pense qu’elle n’a pas le choix, ce serait con un missile qui nous revient en pleine poire a cause d’une « backdoor » implantée dans un processeur… (je dis ça mais je n’y connais rien a ce niveau la, juste une pensée ;) )

    @SGT: Pour ma part, je n’en veux pas aux US, c’est juste un constat et puis pour suivre régulièrement ce qui se passe au parlement Européen, c’est la honte absolue, 10 fois plus de lobbyistes que de députés, qui distribuent des lois pré-redigées pour qu’il n’y ai plus qu’a les voter…et ça passe tranquillou

    Répondre
  • 25 avril 2021 - 13 h 09 min

    @Le Breton:
    Non le pb n’est pas de prendre une licence chez d’autres, Infineon, Nxp et ST ont déjà une licence ARM qu’ils rentabilisent. Et le x86 est un marché de duopole, ou le 3e ne fait jamais long feu (Cyrix, transmeta) Le seul moyen d’y rentrer c’est d’avoir un produit tueur et à minima la capacité d’éjecter le second.
    Nan le vrai problème en Europe, et plus encore en France qu’en Allemagne, ou il existe encore une « contre culture technologique » parfois un peu passéiste (c’est essentiellement là que survivent des marchés niche amiga/atari..) c’est qu’on a trop vite et non sans une certaine délectation de faignasse (les Américains conçoivent, les chinois produisent, nous contentons nous de profiter, notre rayonnement est ailleurs) tourné la page de l’excellence scientifique et industrielle
    Par exemple ST est l’un des fondateurs de la fondation RiscV, et pourtant il ne semble pas savoir quoi en foutre…
    Le CEA a accouché de quantité de brevets (LCD), techno (le SOI de chez SOITec) et certaines de ses pépinière conçoivent même des CPU, mais leur diffusion est ultra confidentielle et ce qui reste de l’industrie française n’en fait pas gd chose
    @sgt:

    Oui ben le jour ou ça se produit c’est la fin des haricots, surtout si ça part en chine, parce que là même TSMC peut mettre la clé sous la porte

    Répondre
  • 25 avril 2021 - 19 h 35 min

    @Le Breton: Il fut un temps où Thomson fabriquait des microprocesseurs type Motorola 68020-68040, nous avions des sites de production et les compétences.
    Par contre faire un x86-ter un EMP, c’est-à-dire un AMD-bis ne présente aucun intérêt et pas d’innovation… Par contre faire un mix entre les techno existantes d’Intel-AMD et d’IBM (les Power des mainframes) avec une orientation IA et surtout ne pas s’inspirer du bus d’entrées-sorties Intel mais revenir au bus de Sun qui était beaucoup plus performant. Pour cela, il faut un budget non pas national mais au moins européen.
    Avoir des usines en Europe pour produire des composants spécifiques (blindage, résistance thermique, etc.) en petites ou moyennes séries et en Asie ou Afrique pour la prod grand public de masse.

    Répondre
  • 30 avril 2021 - 13 h 25 min

    Les chinois ont 20 ans de retard, les machines permettant de graver des CPU < que 10 nm sont fabriquées par l'occident. Il n'y aura pas de compétition entre les CPUs chinois et les CPUs occidentaux, le retard est trop grand. Par contre, pour une dictature contrôler la fabrication et les OS des particuliers de A à Z est très intéressant surtout si on couple cela à une norme TCP/IP maison avec une centralisation extrême des connections réseaux.
    Si la Chine avait uniquement voulu se séparer de joug occidental elle aurait pu utiliser des architectures CPU ouvertes styles RISC et des OS ouverts style Linux/BSD mais cela n'est pas le cas.

    En résumé un CPU chinois, pour le gouvernement chinois qui ne sera jamais au niveau des CPU occidentaux (x86, ARM).

    Répondre
  • 30 avril 2021 - 14 h 23 min

    @Etienne: Le retard cela se rattrape, il suffit d’injecter suffisamment d’argent dedans. Le mot « jamais » est a proscrire quand on parle d’informatique.

    Je me souviens d’un temps lointain ou on disait qu’Apple ne rattraperait jamais le monde IBM PC. Un temps moins lointain où on disait qu’ARM n’avait aucune chance. Un temps très proche où on disait qu’AMD ne rattraperait jamais Intel…

    Je ne parle pas de ce processeur en particulier mais d’informatique en général. Il vaut mieux éviter de dire jamais, à moins de vouloir passer pour un… expert.

    Répondre
  • 30 avril 2021 - 15 h 23 min

    @Etienne
    le M1 d’Apple est fabriqué en ASIE, chez le taïwanais TSMC.
    Comme dit Pierre, c’est juste une question d’argent pour investissement dans des chaînes de production.
    Et puis, je ne suis pas sûr que les processeurs embarqués dans l’info-média des voiture nécessite ce type de finesse < 10nm.
    Il y a quantité d'appareils ou un processeur peu gourmand en watt sera intéressant pour des fonctions plus simples.
    Rien que les Skylake d'INTEL en 14nm peuvent faire "pas mal" de choses…

    Répondre
  • 30 avril 2021 - 16 h 35 min

    @rapht: TSMC dépend de technologies fabriquées par ASML qui est basée au Pays-Bas. Comme tout le monde dans ce business.

    Le truc en info c’est qu’il y a des ruptures techno et que ces ruptures peuvent balayer d’un coup tous les principes connus. Demain une techno peut totalement changer la donne en quelques années.

    Répondre
  • 2 mai 2021 - 8 h 21 min

    @Pierre Lecourt: @Pierre Lecourt: Oui bien sûr le retard peut se rattraper surtout si le progrès ralenti. Mon propos est que la Chine cherche le contrôle plus que la suprématie.

    Répondre
  • 2 mai 2021 - 16 h 55 min

    @Etienne: Pas plus que les autres superpuissances… Mais en moins voilé je pense.

    Répondre
  • 11 mai 2021 - 10 h 13 min

    […] le gouvernement Chinois. Unity OS est compatible avec ARM mais également avec les plateformes de Loongson ou de Zhaoxin également clairement poussées par les autorités […]

  • LAISSER UN COMMENTAIRE

    *

    *