Huami Corporation est une société beaucoup moins connue que son partenaire Xiaomi pour qui elle fabrique de nombreux produits comme les bracelets Mi Band. Vendus à des dizaines de millions d’exemplaires, ces produits se distinguent par leur approche très pragmatique du marché. Les deux sociétés ont tissé de nombreux liens et ont mis la main à la pâte pour développer des solutions en commun. Parmi ces éléments, un gros travail de Recherche et Développement autour des objets connectés et la création du nouveau SoC Huangshan 2S.
C’est Huami qui le présente, la marque va intégrer le SoC Huangshan 2S dans ses futures productions. Bracelets et montres connectés des marques Amazfit et Zepp seront équipés de cette nouvelle génération de puces, accompagnés par le nouveau système d’exploitation ZeppOS. Et cela pour les prochaines années à venir.
Particularité de cette puce, il s’agit d’une solution RISC-V, développée en interne. Gros avantage pour le constructeur qui dispose de plus de 100 millions de produits actifs sur le marché ? Sa production ne demande absolument aucune royaltie. Au contraire des solutions ARM, les SoC RISC-V sont exempts de tout versement de royalties liées aux ventes ou à la production. Avec une solution ARM classique, il faut payer des royalties en fonction de ses ventes même si on est le développeur de la puce. Avec RISC-V ce n’est pas le cas, et on comprend l’intérêt de ce type de déploiement pour une société comme Huami qui propose des solutions vendues à des prix très bas. Dès que la recherche et développement de la puce est terminée, l’amortissement de celle-ci débute immédiatement. Au bout de quelques millions d’unités vendues, le Huangshan 2S n’impactera donc le prix de chaque produit que par son coût de fabrication. Autre avantage important pour la firme ? RISC-V est totalement indépendant de la politique commerciale Américaine et ne pourra donc pas subir d’éventuelles restrictions commerciales des US.
Le SoC promet de jolies choses techniquement. La R&D du produit a débuté en 2015 et en 2018 Huami a investi dans SiFive pour l’aider à développer l’ensemble des puces RISC-V qui équipent déjà ses montres et bracelets. Les Huangshan 1 et Huangshan 2 sont au cour de la stratégie de Huami depuis 2019. La sortie du modèle 2S déjà en production de masse en 2021 ne fait que confirmer, et optimiser, cet engagement.
Le Huangshan 2S est un double coeur Risc-V, le premier de son genre sur le marché du tech à porter. Il est annoncé comme 18% plus rapide que son prédécesseur mais également 56% moins gourmand en énergie. En veille, le nouveau venu est 93% moins énergivore que le Huangshan 2. Il dispose également d’un circuit graphique annoncé comme 62% plus rapide que le modèle actuel. Enfin, un module d’IA évolué a été ajouté au système. Il a été entrainé pour reconnaitre différents facteurs de santé. La solution peut ainsi détecter une anomalie cardiaque jusqu’à 26 fois plus rapidement qu’en passant par une solution purement logicielle.
Le passage vers cette génération de puces ne devrait cependant pas changer la donne techniquement parlant. Huami n’a pas cherché par le passé à proposer des montres connectées avec des fonctions extravagantes ni des bracelets trop gadgets. Le gros de son marché se trouve plutôt dans une recherche d’un excellent rapport qualité prix que l’on retrouve dans ses diverses productions : les montres Amazfit et les solutions Zepp, tout comme les Mi Band de Xiaomi, se positionnent ainsi avec un excellent rapport qualité prix tout en permettant de construire des solutions fiables avec une grande autonomie. Cela devrait durer dans le futur avec un marché primaire qui est situé en Chine et qui ne veut pas forcément investir une fortune dans ce type de produit. Il est toutefois fort possible que la marque continue sa progression sur des versions plus haut de gamme, à l’instar de la Zepp Z par exemple, qui n’hésite plus à se positionner face aux concurrentes de grandes marques.
Il est donc probable que l’évolution en terme d’affichage ou de performances de calcul brut ne change pas les habitudes de la marque. L’arrivée de ZeppOS va probablement profiter des capacités graphiques de la nouvelle puce pour proposer un habillage plus abouti, des animations et peut être un meilleur rafraichissement. Tout en conservant une excellente autonomie.
Zepp OS est beaucoup moins lourd que ses concurrents
C’est surtout au niveau de la santé, chose qui préoccupe beaucoup le marché mondial désormais, que Huami pourrait tirer son épingle du jeu. Avec ZeppOS et les capacités d’IA du Huangshan 2S, il va être possible de mesurer de nombreux éléments grâce aux capteurs embarqués. Une détection de la pression sanguine devrait également être au menu de certains dispositifs de la marque. On peut imaginer ce genre de chose déployée dans un Mi Band 7 de Xiaomi également. Tout cela permettrait de mieux détecter des anomalies cardiaques, des problèmes d’oxygénation du sang et de faire des relevés de températures. Une aide précieuse pour détecter l’apparition d’infections mais également à mesurer et surveiller les séquelles d’un COVID. Un avantage d’autant plus intéressant que l’IA en question pourrait être entrainée par des millions de dispositifs pour donner des résultats très performants.
Difficile de savoir si les autres entités en rapport avec Huami et Xiaomi comme l’excellente petite marque Haylou, vont profiter des avancées proposées par ces nouvelles solutions. D’un côté, cela aurait du sens puisque cela aiderait à amortir la R&D de la puce RISC-V. D’un autre côté, Huami doit conserver l’exclusivité de certains avantages pour ses propres produits afin de continuer à proposer des choses originales sur ce marché.
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Très intéressant ! Si un module IA a pu être ajouté au processeur RISC-V, et ceci sans royalties, ça va changer tout l’avenir des produits électroniques !
De plus, ici, il s’agit d’une première puisque c’est un processeur double-coeur RISC-V, c’est incroyable !
L’avenir de l’électronique et de l’informatique sera-t’il encore du côté de ARM ?…
@Sopilou: Quand les processeurs double ont commencer à arriver sur le marché, certains processeurs simple coeurs restaient plus performants.
La quantité de coeurs ne fait pas la puissance après c’était une époque (2010) où on commencait à peine à comprendre comment utiliser idéalement la puissance de plusieurs coeurs, ça doit y jouer aussi.
@Le Breton:
ça dépend pour quoi faire en multitache les multicoeur ont toujours été plus performant pour peu que l’os soit capable de distribuer 2 threads.
Moi ce qui m’inquiète, ce ne sont pas forcément l’IA dans ces smart watchs (à la rigueur, une notification pour alerter, etc. pourquoi pas) mais plutôt les applications smartphones qui sont couplées avec, la plupart du temps en relation avec des serveurs, surtout avec les données de santé dont beaucoup de sociétés semblent en être très friandes.
Oui, les données de santé sont très recherchées par pas mal de monde (assurrance, pharma,…) .
C’est une des raison pour laquelle je n’ai pas de montre connectée : je crains les IMPACTS à moyen terme de ce magnifique système de pistage !