Volterra : quand Microsoft propose un MiniPC ARM aux développeurs

Le MiniPC Microsoft Volterra embarquera un SoC ARM signé Qualcomm, il permettra de développer des applications pour Windows.

Volterra est un moyen pour Microsoft de pousser les développeurs à s’intéresser à l’écosystème ARM pour Windows. Chose que l’éditeur cherche à faire depuis Windows RT et qui n’a pas franc succès pour le moment. C’est pourtant un élément indispensable pour la stratégie de l’éditeur.

Présenté comme un MiniPC classique, l’engin proposera un port vidéo MiniDisplayPort, une sortie Ethernet, 3 USB Type-C et deux USB Type-C. Ils proposeront un fonctionnement en rack puisqu’on pourra additionner les performances de plusieurs de ces engins facilement en les liant les uns aux autres. A l’intérieur, on retrouvera un slot M.2 2280 non détaillé et un système de ventilation actif. Le châssis de ces minimachines particulières sera réalisé en plastique recyclé issu de collectes dans les océans. Leur disponibilité est annoncée pour cette année.

Volterra : toujours l’œuf avant la poule.

Avec Volterra Microsoft fait une tentative de poule. La marque veut que les applications naissent de celles-ci comme des œufs. C’est toujours le même problème pour Microsoft. Comment motiver des développeurs à travailler des outils sous Windows nativement portés sous ARM quand l’écosystème ARM est vide. Il n’y a pas ou très peu d’offres de PC ARM sous Windows 10. Ce qui rend difficile le développement d’applications dédiées. Volterra apportera donc une solution sur ce créneau, sans toutefois proposer de solution pour la commercialisation des dites applications. Les développeurs n’ont toujours aucun intérêt à porter leurs développement sous Windows ARM. Tout simplement parce qu’il n’y a pas d’acheteurs.

La sortie l’année dernière d’un premier kit de développement sous Snapdragon par Microsoft n’a d’ailleurs pas changé la donne. Il était abordable et des développeurs en ont commandé mais… on n’a pas vu de résultat probant en terme de catalogue d’applications ARM pour Windows. A vrai dire, je suppose que les boites qui ont commandé cette version étaient des sociétés qui ont été commanditées par des professionnels pour développer des applications sur mesures. Pas des gens cherchant à développer des applications pour un grand public qui n’existe toujours pas.

Sur Volterra, le MiniPC embarquera des fonctions d’Intelligence Artificielle profitant du SDK de Qualcomm. Est-ce que cela va changer la donne ? Je n’en suis pas sûr. Les personnes voulant rester sous Windows préféreront sans doute toujours une solution Intel ou AMD bien plus performante et compatible avec des foules d’outils variés plutôt que de compter sur la mauvaise émulation x86 de Microsoft. Ceux qui seraient prêts à basculer vers ARM réfléchiront peut être à deux fois en regardant du côté de MacOS et des puces ARM d’Apple qui ont déjà fait largement leurs preuves avec des fonctions câblées à faire baver de jalousie Microsoft. Les autres pourront se pencher du côté des Chromebooks qui embarquent parfois des solutions ARM bien maitrisées.

Le plus impressionnant reste sans doute de voir à quel point Microsoft s’accroche à cette idée. Volterra signe également l’arrivée d’outils de développement complets avec Visual Studio, VSCode, Visual C++, .NET, Windows Terminal ainsi que des compatibilités avec les solutions Linux et Android poussées par Microsoft sous Windows désormais.

Et dire qu’il suffirait que Microsoft se décide à proposer un système indépendant, sans rétrocompatibilité forcée avec les applications Windows classiques, pour que ce type de solution gagne enfin en intérêt.


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9 commentaires sur ce sujet.
  • JLE
    25 mai 2022 - 19 h 32 min

    Peut être faudrait-il d’abord avoir des CPU ARM (non Apple) performants. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, même les plus gros Snapdragon (ou ceux rebadgés Microsoft et légèrement surcadencés, les fameux SQ1 etc).

    Car même si l’émulation x86 était efficace, les CPU sur le marché restent de véritables veaux. C’est lent, trop lent.

    Je pense sincèrement que Windows ARM a raison de garder la compatibilité x86. Apple le fait bien, et ça rend grandement service, mais chez Apple :
    – 1/ l’émulation x86 est vraiment efficace, suffisamment pour ne pas être trop perceptible
    – 2/ ses CPU sont performants.
    Tant que ces deux deux points feront défaut chez MS, Windows pour ARM restera associé à des machines bas de gamme trop chères, ce qui constitue évidemment un véritable repoussoir pour bcp de monde.
    Après tout, pour le prix d’un PC/Tablette ARM Windows poussif, tu peux acheter un très bon modèle x86. Pourquoi qqun irait-il prendre du ARM ?

    Répondre
  • 25 mai 2022 - 19 h 56 min

    Je rejoins l’Idée que MICROSOFT a tord de porter un OS WINDOWS en partie par émulation x86 .
    IL ME SEMBLE QUE C’EST L’ÉMULATION x86 QUI EST A LA BASE DES LIMITES DES POWER MAC A L’EPOQUE .

    APPLE a COMPRIS LA LEÇON ,il est passer sur INTEL tout en travaillant sa future Solution sous ARM .

    LA RÉUSSITE DE LA TRANSITION M1 CHEZ APPLE est certainement ce choix d’un processeur MADE IN APPLE .

    AUSSI ,je suis assez déçut que MICROSOFT ne soit pas capable de disposer d’une ÉQUIVALENCE AU M1 de la part de SNAPDRAGON .

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  • 25 mai 2022 - 20 h 36 min

    A quand un OS mobile arm qui porterait un autre nom que Windows pour MS?
    Un truc tout neuf qui pourrait créer l’événement.
    Qui attirerait la curiosité du monde plutot que de le rebuter comme a chaque version d’un Windows dit « ARM ».
    Ma fois, ils doivent avoir leurs raisons…

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  • 25 mai 2022 - 22 h 18 min

    @Pierre

    Microsoft a sorti un OS ARM dédié à ARM comme iOS est dédié aux CPU Axxx et ne peut faire tourner des applications MacOS : il s’appelait Windows RT

    Je pense que la décision d’appeler cet OS « windows » était la pire erreur possible, mais j’imagine que Microsoft avait voulu capitaliser sur la notoriété du mot « Windows » pour susciter de l’intérêt, voire des ventes

    Sauf que le résultat s’est avéré catastrophique : tout le monde, de l’utilisateur lambda qui n’y connait rien à rien à l’expert éprouvé et reconnu qui a chanté les louanges d’iOS sur iPad et de sa non-compatibilité avec MacOS, tous ont relevé « mais on ne peut pas faire tourner les applications Windows »

    Et cela a tué direct la tablette, et Microsoft s’est résolu à sortir un PC sous Windows x86 déguisé en tablette, une hérésie, c’était la Surface Pro

    Un bon #fail comme Microsoft sait les faire

    @ptitpaj

    Quand Apple est passé sur Intel, ils étaient LOIN de travailler sur leur propres CPU ARM. C’est arrivé 20 ans après…

    La réussite de la transition chez Apple n’est pas que le fait d’avoir fait leur CPU en interne. Il y a 3 cases à cocher pour réussir une telle transition, et Apple les a toutes cochées :
    – proposer un CPU plus performant que la concurrence. C’est le cas du M1, ce n’est pas celui des CPU que l’on trouve dans les PC sous ARM depuis 2017, et encore aujourd’hui on y est pas… pas gagné donc
    – ne pas faire cohabiter ARM et x86. Chez Apple c’est simple, comme il n’y a QUE Apple qui fait des Macs, ils imposent le ARM sans aucune possibilité d’avoir du x86 en alternative, donc si tu veux acheter un Mac, tu es obligé d’acheter un Mac ARM
    – proposer une émulation x86 crédible. Ici encore Rosetta 2 est salué de partout comme un « miracle », alors que l’émulateur x86 sous Windows ARM est … une vaste blague (instable, pas de drivers portés, pas de 64bits, etc la liste est longue)
    – proposer des logiciels optimisés. Et là c’est le coup de grace. Dans l’environnement Mac, comme toutes les machines sous passées sous ARM, l’affaire est simple si on est développeur de logiciel/éditeur : soit on s’adapte, soit on laisse son business à la concurrence. Il n’a donc pas fallu 2 ans pour que l’ensemble des applications soient portés sous ARM sur Mac, un véritable succès. Sous Windows c’est l’inverse, et les nombreux articles de Pierre décrivent bien la situation : personne ne se bouge le cul tant qu’il n’y a pas de ventes, et personne n’achète tant qu’il n’y a pas de logiciels portés. Le serpent se mord la queue

    Et dans tout ça, Intel ne va pas se laisser bouffer le marché par du CPU ARM, et Intel est puissant, TRES puissant

    Bref les PC sous ARM on y est pas, et de mon point de vue, c’est pas gagné, pas gagné du tout

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  • 25 mai 2022 - 22 h 31 min

    Disons que la retro compatibilité est dans l’ADN de Microsoft depuis sa création. Des vieux outils que j’ai écris il y a des lustres fonctionnent toujours sous W11. Depuis tout ce temps Apple a changé 3 ou 4 fois d’infrastructure condamnant les machines au rebus et les utilisateurs à réinventer la roue.

    Pour moi chacune de ces sociétés à un type particulier de client et Microsoft ne serait peut être pas bien inspiré d’abandonner les siens en route.

    souvenez-vous de la Xbox qui fut au départ un échec commercial et puis de nos jours une des deux consoles les mieux cotées. Ms a le temps et les ressources, alors..

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  • 25 mai 2022 - 23 h 05 min

    @Pierre : Désolé mais je crains qu’il n’y ai une faute de frappe :
    « 3 USB Type-*C* et deux USB Type-C » ne serait pas plutôt
    « 3 USB Type-*A* et deux USB Type-C »

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  • 26 mai 2022 - 12 h 56 min

    Tiens tout le monde semlble avoir oublié Windows CE.
    Microsoft n’a que deux choix: l’émulation ou Linux.
    Y a qu’a voir ce que box86 permet déjà sur un Linux Arm, alors avec des pilotes fermés ça irait encore plus loin

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  • 26 mai 2022 - 14 h 59 min

    @Pierre
    Pour moi, le succès DES transitions de CPU Apple tient avant tout dans Xcode, leur environnement de développement. Pour caricaturer, quand on développe avec lui, créer un programme pour un autre CPU consiste à cocher pour quelle plateforme on développe, et c’est à peu près tout si on ne sort pas des API fournies par Apple.
    L’émulation n’est là que pour que les anciens programmes ou pour ceux qui sortent des clous des API.

    Je n’ai pas d’info là-dessus, mais je pense que Microsoft fait exactement l’inverse en mettant en avant l’émulation pour que les développeurs ne doivent pas redévelopper complètement leurs applis pour les porter sur Windows ARM.

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  • 26 mai 2022 - 17 h 10 min

    On sait faire des procs x86 très efficients aujourd’hui, ARM sur Windows (Apple est passé en ARM sur Mac pour des raisons d’autonomie et de facilités financières plus que par conviction idéologique de ce que doit être la technologie informatique de demain) n’a aucun sens aujourd’hui.

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