Gamin, je lisais Science & vie, mes gamins liront Epsiloon. Science & Vie est un ancêtre, le titre fêtes ses 108 ans cette année, et a bercé l’enfance de nombreuses personnes. C’était une valeur sûre, un magazine que l’on pouvait prendre les yeux fermés et trouver intéressant de bout en bout sur des sujets que l’on ne connaissait pas comme sur des éléments que l’on maitrisait. Du travail de journaliste spécialisé mâché mot à mot pour rendre des problèmes complexes plus digestes sans être ni bête ni creux. C’était le magazine que j’achetais sur le quai de la gare avant de partir en voyage, le truc que je cherchais sur la table basse du dentiste en attendant mon tour sur le fauteuil.
Et puis Science & vie est mort. Pas d’une belle mort puisqu’il est en mort cérébrale encore aujourd’hui. A force de rachats, de propriétaire en propriétaire, le magazine a perdu de vue son objectif premier : informer. Etre témoin de l’actualité scientifique et guider sereinement, détaché des passions et des débats inutiles, sur les principes fondamentaux qui règlent notre univers. Ce n’est pas la faute des équipes, c’est la pulsion menée par les propriétaires. Tout patron de presse sait qu’aujourd’hui il est plus facile de transformer des fausses informations en or que de fabriquer de l’or avec des enquêtes et des moyens. De moins en moins rigoureux, de moins en moins contrôlé, de moins en moins scientifique… Les équipes de journalistes de Science & Vie se sont fait doubler petit à petit par des gens ayant comme objectif la rentabilité au mépris de leurs engagements historiques.
Faire réfléchir au lieu de divertir à tout prix. Confronter les avis aux arguments scientifiques, comprendre ceux-ci et les rendre intelligibles. Susciter l’envie de découvrir la science sans avoir l’impression de la subir. Se raconter des histories qui fassent rêver sans pour autant sortir d’une hypothèse rigoureuse et étayée. Gagner sa vie en faisant un travail sérieux plutôt qu’en vendant des fake news et du clic…
Plutôt que de mal dormir la nuit, une bonne partie de l’équipe a préféré démissionner pour ne pas survivre à bord de ce magazine-zombie. Et c’est ce même groupe de journalistes qui lance aujourd’hui Epsiloon. Une nouvelle version de Science & Vie renouant avec sa promesse initiale. Et comme lancer un nouveau journal coute des sous, surtout avec toute une équipe derrière, Epsiloon cherche des moyens de financement. Cela passe au travers d’une campagne de financement sur Ulule. Campagne qui a déjà bien fonctionné, preuve que le public français est attaché à un vrai magazine de science.
Vous pouvez donc les aider, simplement avec un don, une contribution libre. Mais vous pouvez également vous abonner pour 6 mois (28€), 1 an (50€) ou 2 ans (95€). Si vous êtes actuellement abonné à Science & Vie et que vous apprenez qu’il s’agit désormais d’une coquille vide sans relecture scientifique, vous pouvez mettre un terme à votre abonnement et basculer sur Epsiloon. Si vous gérez une bibliothèque, une médiathèque ou un service d’informations au sein d’une entreprise avec un droit de regards sur les abonnements mensuels, vous pouvez également faire votre part. Enfin, vous pouvez offrir un abonnement au magazine à quelqu’un et je pense aux adolescents qui ont beaucoup de tri à faire désormais entre vraies informations et fake news en ligne.
Un fac-similé du N°1 de Science & vie réimprimé en 1975 par le mensuel
Si aucune de ces formules ne vous attire, ce que je peux comprendre car tout bon scientifique aime juger sur pièces, je ne peux que vous conseiller d’acheter les premiers numéros d’Epsiloon à leur sortie. Histoire de vous faire un véritable avis sur la revue. Histoire également de dévaliser les rayons des marchands de journaux et donner du poids à la rédaction pour le futur. J’espère vraiment que les marques les aideront à exister car il me semble plus pertinent aujourd’hui de pérenniser un magasine de science plutôt que de financer une « opéspé » débile sur un réseau social.
Longue vie à Epsiloon et bon courage pour ces mois décisifs à toute l’équipe.
2,5€ par mois | 5€ par mois | 10€ par mois | Le montant de votre choix |
Ah, quelle séquence nostalgie… moi aussi j’ai été un ado accro à S&V, et le suis resté jusque dans ma vie adulte… jusqu’à ce que j’assiste, sidéré, à la descente aux enfers du contenu éditorial :-(
Ils ont bien du courage, les créateurs d’Epsiloon, et je m’en vais bien sûr leur donner leur chance !
Ça faisait longtemps que je ne m’était abonné à du papier… c’est fait.
Sait-on quand va paraître le premier numéro ?
@fpp: juin suivant la vidéo du site. Comme toi je suis un très ancien lecteur de science et Vie j’ai toujours les derniers numéros sous le coude mais je n’arrive pas à rentrer dedans… Je ne savais pas pourquoi…par contre la nouvelle maquette….un peu trop psychologie mag ou mcDo mag . Je vais participer car j’aime bien les belles histoires !
@fpp juin 2020!
Il fallait bien-sûr lire 2021…
Le numéro 1 sortira en juin 2021.
Pris 6 mois, en plus la livraison pour la Belgique n’est que de 4 euros (pour 6 mois).
Ah, Science et Vie ! Des heures de lectures pour moi, des vieux numéros des années 50/60/70 dans le grenier de mes grands-parents à mes propres abonnements dans les années 90 (science et vie Junior depuis le premier numéro, puis science et vie)…
Ca fait un moment que j’ai laissé tomber, mais ça me fait toujours un pincement au cœur quand je tombe sur ces infos sur leur situation actuelle.
Je jetterai un coup d’œil approfondi à Epsiloon dès que possible.
Merci Pierre pour cette info intéressante et enthousiasmante, je ne suis pas sûr que je serais tombé dessus dans mes autres fréquentations du net :-) !
Abonné aussi, Sciences & vie était effectivement un journal très intéressant (qui a donné naissance entre autres à SVM puis SVM Mac)
c’est bien que des gens rebondissent sur le gachis monumental perpétré par Mondadori
Merci Pierre
Pareil que les autres commentaires.
J’ai déserté Science & vie il y a quelques années déjà…
Je vais guetter le n° 1 d’Epsiloon..
Merci.
Merci pour cette nouvelle. S&V a également bercé ma jeunesse, pas seulement pour exposer des concepts assez théoriques: Je me rappelles leurs montages électroniques reproduits/modifiés avant de reprendre et (tenter de) comprendre les programmes d’Hebdogiciel… Je commencerait par faire un tout en librairie, eux aussi ont besoin de vivre et la poste me fait louper de plus en plus souvent mon hebdomadaire satirique paraissant le mercredi. Le seul abonnement de presse écrite qu’il me reste avec le fana de l’aviation.
Pas grand chose à voir avec les minimachines, mais c’est aussi ça qu’on aime. Un prise de position sincère pour le bien commun.
Je vais soutenir.
Merci !
Et Hop, abonnement effectué !
Merci à Pierre pour l’info.
Merci Pierre pour l’information.
Reworld media a été le fossoyeur de Science et vie.
J’ai fait passer le mot autour de moi de ne plus l’acheter, alors que pour beaucoup il restait une référence de la vulgarisation scientifique. Je vais maintenant être plus constructif et inciter les gens à lire « Epsiloon ».
Avec la fusion des rédactions de « La recherche » et « Science & Avenir », et ce qu’est devenu Science & Vie, la presse scientifique française est au plus mal.
+1. Confer les nombreuses enquêtes sur reworld media (https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2021/04/14/reworld-media-ou-la-vision-d-une-presse-sans-journalistes_6076675_3236.html, https://www.liberation.fr/france/2019/09/20/reworld-le-but-est-de-virer-le-plus-de-journalistes-possible_1752679/ ..etc.), ca fait froid dans le dos :-(
@Jo: Oui pas grand chose à voir mais au vu du contenu actuel du web et de la presse d’info, avoir un magazine scientifique a donner en pâture à nos cerveaux fatigués me parait suffisamment pertinent pour passer outre ma ligne édito. Et au vu des commentaires, j’ai bien fait !
Une des infos les plus utiles de ce site génial, bravo, j’attends la sortie en kiosque avec impatience !
Merci Pierre, pour ce partage sur Epsiloon. J’aurais bien aimé qu’ils aient une version dématérialisée, plus pratique aujourd’hui pour mes usages, lectures et conservations d’articles, mais bon, allons-y !
Merci pour l’info… Cependant, je regarde leur vidéo d’appel à financement, et déjà des erreurs (si on est gentil, on va dire approximation) digne des pires pigistes des pures players à pub du web avec une forme type communication plutôt que fond de réflexions et de nuances :
1- 8 millions de km/h pour une galaxie : facepalm ! Non! La vitesse d’un objet dans l’univers n’a de sens que par rapport à un référentiel. si notre système solaire et/ou galaxie s’éloigne de la notre en sens oppposée, ce n’est pas la même histoire que si elle a une trajectoire dans la même direction…
2- « une IA qui a crée un génome humain qui appartient à personne ». Kamoulox ? Ils ont cherché à cocher toutes les cases des mots-clés à la mode dans les films à sensation ? Pour rappel, si on prend un seul être humain, et que l’on considère 20 000 gènes (pas sites/paires de bases hein! ce qui pousserait ce nombre à des valeurs incalculables), celui-ci peut donner théoriquement 2^20000 descendants différents (pour rappel on estime à 10^72 le nombre d’atomes dans l’univers). Ils ont génotypé toute la planète et tous nos ancêtres ? Ou bien ils sont juste en train de nous parler qu’un script qui tire au hasard des A, C, G & T aux sites variables (snp) du génome humains (soit une boucle, un random et une sortie texte) -sérieux?
3- « conteurs de science » : voila l’erreur formulée. Nan ! Les sciences ne sont pas un conte, ni du marketing, ni de la comm’, comme ces gens semblent le penser. Ce n’est pas « une histoire », c’est du sérieux, du démocratique, des vies concrètes, des conséquences lourdes, de la sueur de chercheurs, étudiants et techniciens, la covid nous le montre encore.
Dans un temps où les savoirs scientifiques et la démarche scientifique (platon, bayes, kuhn, feyerabend, etc.) fuient notre société à une vitesse effarante (chez les politiques, le grand public, dans l’économie…) en une seule génération, faire un Nième magazine de « communication » marketé plutôt que de sciences est une faute !
Les instituts de recherche eux-mêmes remplacent des postes de scientifiques par des « communicants » qui racontent n’importe quoi (twitter et ses raccourcis et son ambiance aidant, le besoin de sensationnel aussi pour obtenir des crédits de recherche et l’attention des médias pour briller à la cour du ministère). Il faut aider à arrêter cela, aider à distinguer « histoire » de « sciences », « hypothèses » et « interprétations » de « faits », « paradigmes » de « théories », etc.
Désolé de ne pas aller dans le sens de votre nostalgie, et de ces journalistes caricaturaux (dans un entre soi-manifeste qui sent les couloirs des communicants parisiens des directions des instituts de recherche qui se vident petits à petits de scientifiques et sont remplacés par des « gestionnaires » ou des « communicants » n’ayant jamais mis les pieds dans des labos ou mené une démarche scientifique de A à Z, avides des sensationnalistes et de publicité pour des raisons de pouvoirs, plutôt que la sueur des labos partout sur le territoire et en outre-mers, la modération des propos et la distinction des nuances et des faits).
Point positif : Epsiloon est un meilleur titre que de se réclamer des Sciences et de la Vie pour raconter n’importe quoi (souvenir des titres à sensation fallacieux, de discours de lobbys contre les consensus scientifiques, …bref, ils ont participé à l’effondrement de la culture scientifique dans notre pays ces 20 dernières années, au profit d’une culture de la comm’, du marqueting, de la starification des melons de la science et des lobbys, de l’économie contre la recherche des faits, etc. *chui repartit pour un tour, tellement ça me saoule XD*)
@Pierre Lecourt:
Oui, t’as parfaitement bien fait!
C’est vrai que tu sorts de ta ligne éditoriale, mais ton public est friand des news scientifiques et technologiques en général. Le commentaires en attestent.
Je me suis aussi retrouvé dans ta phrase: « achéter S&V à la gare -aéroport dans mon cas- pour lire en voyage ».
Séquence nostalgie…
Je compte l’acheter et probablement m’y aboner.
Merci!
Merci pour la news.
+1 pour la séquence nostalgie.
Il y a une 20aine d’années, j’ai été abonné.
Puis j’ai décroché, je ne sais plus trop pourquoi, mais il me semble que j’avais du mal à comprendre les articles, soit trop pointus, soit, je ne sais pas, moins accessibles. Ou je suis devenu plus bête.
A présent, je suis abonné à Science & Avenir, qui a effectivement fusionné avec La Recherche, qui était particulièrement pointue sur ses articles. Excellent.
RIP S&V, et longue vie à Epsiloon – espérons le, mais je ne vais pas me désabonner de S&A-LR.
Merci de l’article et je me suis abonné pour 6 mois par curiosité. C’est aussi un soutien bien sûr mais leur objectif de 1500 précommandes est pulvérisé avec déjà 15000 engagements.
Merci pour cette info Pierre.
Cependant, comme Geppeto35 plus haut, je serais assez méfiant et je demande avant à voir…
En effet, à mon sens, il y a déjà très longtemps que s&v a marqué le pas (bien 20 ans) et n’a plus rien à voir avec le magazine de qualité des 70/80.
Une mention aussi pour la « version » microinfo SVM et son alterego l’Ordinateur Individuel, qui étaient de réelles références dans le temps…
Je pense que le phénomène que tu décris Pierre (courses à l’info, fèqueniouzes…) est malheureusement général à toute la presse magazine.
P.S. étonné de voir aussi dans les commentaires que S&A a fusionné avec la Recherche ?!
A l’époque c’était 2 très bons mags (avec Pour la Science) mais avec des objectifs éditoriaux éloignés : s&a était vraiment vulgarisateur (type s&v mais un poil au dessus) et la Recherche était vraiment très pointu (il y a 20 ou 30 ans je parle).
Je plains les jeunes…
D’accord avec @geppetto35
Le niveau de Sciences et Vie partait déjà dans une direction douteuse avant le rachat par les requins de la comm.
Cela dit ils méritent une chance, ne serait-ce que pour ajouter un peu de poids face à toute être connue qui abonde en ligne et qui abrutit nos jeunes.
Tu as fait ta part avec cet article, comme le colibris, à nous de faire la nôtre en espérant ne pas être déçus.
* un peu de poids face à toute cette connerie qui abonde en ligne et qui abrutit nos jeunes.
J’étais très déçu de voir le naufrage de S&V. Fin Mars quand la majeure partie de la rédaction est partie, je me suis dit qu’il devrait faire une campagne de financement participatif pour un nouveau magazine et que bcp de monde les suivraient. Je suis heureux que mon voeu se soit exaucé.
Dès que j’ai entendu la news sur Europe 1 je me suis abonné direct.
Par contre j’ai une question sur le fonctionnement de Ulule. Quelle est la différence entre prévente et contribution ?
@Geppeto35: Il s’agit bien de vulgarisation, et même si j’entends comme toi des approximations un peu surprenantes, les auteurs mis en avant sont tous des scientifiques, je pense donc qu’ils font ces approximations parce qu’ils pensent que cela sert leur propos, et non pas par incompétence. Moi aussi « raconter la science » est une expression qui me dérange, mais lorsqu’elle s’adresse au très grand public je peux la comprendre, on essaye de donner du sens. Le propos est forcément un peu marketting quand on essaye de lancer un produit. Et si tout cela te gêne, c’est sans doute que tu n’es pas la cible, et plus consommateur des publications sources, dont il faut bien comprendre qu’elles sont illisibles pour le public potentiel de ce magazine. Moi j’adorais les infographies de science et vie, je trouvais enfant des idées dans les petits programmes simples qu’il proposaient (et montages électroniques), et je jetterais un oeil à ce travail, en acceptant de soupirer de temps en temps. Il aurait été pertinent de proposer un format électronique, j’ai de plus en plus de mal à acheter des revues « jetables », aillant déjà des piles considérables d’anciens magazines qui finissent au gré de leur dégradation par se faire recycler. Je préfère réserver le papier aux ouvrages de référence (qui forment des piles plus durables, mais des piles quand même :p ).
C’est une bonne nouvelle même si depuis quelques années déjà la presse souffre de la concurrence du web. Science et vie fut pourtant un bon magazine alors espérons qu’Epsiloon sera beaucoup mieux dans la vulgarisation scientifique concernant aussi bien l’IA que le réchauffement climatique que certains ou encore les nanatechnologies et les low-tech dont on parle malheureusement très peu.
@Aurélien Terrassier: Je suppose que les « nanatechnologies » sont une erreur de frappe mais j’avoue que j’ai souri.
Merci Pierre pour l’info, grâce à toi ça fait un abonnement de plus. 😉
Oui c’est en effet une erreur de frappe désolé. Pas facile pour ma part la saisie sur smartphone. Je voulais dire nanotechnologies évidemment.
Très heureuse nouvelle.
Bon, je déteste faire ça, mais je remonte un peu ce post pour faire de la « pub » à un site perso de vulgarisation très bien foutu : https://www.gurumed.org .
Je n’y ai aucun intérêt, ce n’est pas moi qui le gère, je le suis juste régulièrement et c’est le seul autre site avec celui de Minimachines auquel je contribue via tipeee.
Il fait un chouette boulot de vulgarisation et a besoin de soutien financier (https://www.gurumed.org/2021/06/25/gurumeditation-bientt-en-pause-pour-son-appel-aux-dons-le-guru-a-besoin-de-vous/ ).
Si vous en avez la possibilité, n’hésitez pas à lire et à contribuer