Parrallels : la solution pour porter les applications Windows sur ChromeOs

Une des intentions de Google pour le futur de ses Chromebooks est de les ouvrir aux applications Windows. Pour y parvenir le développeur a une stratégie en tête, elle passe par Parallels.

Google a planifié un support des applications Windows sur ses Chromebooks depuis longtemps. Cette perspective explique a elle seule une bonne partie de l’évolution des machines ces derniers mois et pourquoi certains constructeurs se sont mis a faire enfler les capacités de calcul de leurs engins, leur mémoire vive et leur stockage. 

Acer Chromebook Spin 713

Cette réaction de Google s’explique assez simplement, les Chromebooks rencontrent un succès croissant en entreprise et de plus plus  en plus de grande structures font appel au système pour leurs équipes. Mais certaines résistent à cette arrivée à cause de leurs investissements passés dans des outils développés pour Windows.  Que ce soit à cause de la conception – souvent fort coûteuse – d’un outil sur-mesures pour répondre à un besoin industriel ou à l’implication et la formation des équipes dans un logiciel commercial, certaines structures ne sont pas prêtes a faire l’impasse sur ces outils développés sous Windows.

L’idée de faire appel à Parallels pour pouvoir utiliser des applications Windows sous ChromeOS est donc très logiquement née dans l’esprit de Google. Avec une volonté d’étanchéité très claire. L’usage d’un outil Windows dans un Chromebook sera possible mais ne sera clairement pas encouragé. L’idée est de pouvoir lancer un programme dans l’univers ChromeOS mais pas de vivre sous Windows. 

L’image donnée par Cyrus Mistry, chef produit pour ChromeOS est assez amusante. Pour lui, tous les propriétaires de système audio-vidéo dernier cri, avec Dolby Atmos et compagnie, veulent régulièrement pouvoir lire une vieille VHS introuvable ailleurs. Pouvoir leur donner cette possibilité est importante pour Google. L’idée est de pouvoir lire cette vieille vidéo au besoin mais surement pas d’en faire leur quotidien. Evidemment ce sont les applications Windows qui sont comparées aux vieilles cassettes vidéo…

Acer Chromebook Spin 713

Cette option ne sera pas grand public mais liée à des offres d’entreprises et devra être pilotée par des administrateurs qui pourront activer ou non cette option en choisissant quels programmes pourront être lancés. Votre PME emploie un logiciel de calibration machine développé sur mesures sous Windows, vous voulez passer à ChromeOS. Vous pourrez en incluant votre logiciel dans les exceptions prises en charge par vos Chromebooks.

La manière dont Parrallels Desktop va prendre en charge Windows pour commencer est intéressante. Le système va démarrer une session complète de Windows en parrallèle de ChromeOS et du système de gestion d’Android. Les différents programmes seront donc lancés sous le système le plus adapté de manière transparente.
Mais le futur de cette évolution sera différent, l’idée sera de pouvoir exécuter uniquement l’application dont vous avez besoin. A la manière de MacOS qui permet de lancer des applications Windows de manière transparente grâce à la fonction Coherence de Parallels.

Pour le moment aucune date n’a été fixée, aucun prix non plus et on se doute qu’il s’agira d’un cas par cas pour déterminer le tarif de cette option. Uniquement disponible pour les entreprises, ce ne sera pas un ajout que l’on pourra télécharger en plus des fonctions habituelles mais bien un outil professionnel a prendre en compte au sein d’une flotte d’appareils. Il faudra également pouvoir le prendre en charge et donc compter sur des Chromebooks modernes et puissants. Inutile de compter sur des machines sous processeurs ARM, il vous faudra un processeur x86, typiquement un Core i5 ou i7 avec au moins 16 Go de mémoire vive. Voilà ce qui explique en grande partie la montée en puissance de nombreuses références de Chromebooks ces derniers mois.

Google a également pensé a proposer des fonctions de double boot pour ses machines, que l’utilisateur puisse choisir des démarrer au besoin ChromeOS ou Windows. Mais cette option se heurte a un élément capital pour ce type de machine : la politique interne de Google au sujet de la sécurité sur les Chromebooks. Google ne veut pas que les fonctions de base de l’engin soient moins bien sécurisées pour laisser une porte d’entrée à Windows : Le BIOS, le firmware des machines, toute la séquence de boot souvent critique et analysée par le système pour s’assurer qu’aucune intrusion n’a lieu dans chaque machine. Le système peut également se servir d’une image miroir sécurisée du système si la sécurité a été attaquée. Ce point est primordial car c’est un des grands argument qui ont fait de ChromeOS le système choisi par de nombreuses structures professionnelles et éducatives. 

L’idée est donc de proposer le meilleur des deux mondes. A la fois de la sécurité et de la rapidité avec un outil simple d’emploi mais également la possibilité d’utiliser un logiciel Windows qui n’existe pas sous ChromeOS. En attendant que, très logiquement, ces applications soient développées pour devenir compatibles nativement avec ChromeOS.

Microsoft a également des idées pour venir contrecarrer les plans de Google. L’éditeur va préparer ses propres solutions d’applications dans les nuages avec, pour lui aussi, une visée particulière pour les entreprises.

Windows 10X se rapproche pour beaucoup à la philosophie de ChromeOS. Le système lancera ses applications traditionnelles dans des containers étanches pour éviter tout risque de sécurité tout en permettant l’emploi d’applications en ligne. Pensé au départ pour des machines double écran, cette nouvelle version de Windows a finalement été ouverte à tous les portables et devrait arriver en 2021. Microsoft pourra donc employer ses applications classiques mais proposera ses propres « web apps » de son côté également .

Acer Chromebook Spin 713

Les deux sociétés proposant au final la même finalité mais dans une vision différente. Microsoft s’appuie sur son énorme catalogue d’applications classiques et s’ouvre vers un usage dans le Cloud. Google est orienté naturellement dans les nuages et proposera d’utiliser des applications Windows avec parcimonie. Le tout étant évidemment réservé pour ce dernier à un monde d’entreprise pour qui la sécurité est le premier défi et une ligne de dépense importante à l’année.

Parrallels permettra sans doute a Google de faire taire cette critique récurrente sur les outils manquants de ChromeOS. Elle permettra également de passer outre la remarque classique des investissements passés d’une entreprise. Dépenser des centaines de milliers d’euros en développement, année a près année, pour un logiciel maison sous Windows ne donne pas envie de passer à ChromeOS si il n’est pas exploitable dessus. 

Reste a savoir une chose, si ces évolutions modifient largement le paysage matériel des Chromebooks en poussant leurs caractéristiques et leur tarifs vers le haut, que va t-il rester au grand public ? Une bonne partie des particuliers achetant un Chromebook fait ce choix pour la simplicité de l’usage des machines mais aussi pour leur tarif souvent attractif. Si le parc entier évolue à la hausse, alors qu’ils n’auront pas le droit aux fonctions Windows de Parallels, comment le grand public va réagir ? Est-ce que les constructeurs vont proposer une gamme plus large de machines ? C’est la voie choisie par Acer qui propose d’un côté un engin sous SoC ARM pour le grand public et un autre sous Core i7 pour les entreprises. 

Source : TheVerge


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16 commentaires sur ce sujet.
  • 3 août 2020 - 14 h 03 min

    C’est clairement un constat d’échec, google obligé de laisser tourner les applis windows sur son système… Pareil pour apple faisant tourner windows. S’ils avaient chacun des applis bureautiques et métier convaincantes ils au auraient pu s’en passer.

    Après avec la sortie de windowsX et de windows lite, je ne sais pas comment vont être rebattues les cartes.

    Sans doute encore beaucoup de machines laissées sur la touche et des tonnes de déchets électroniques.

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  • 3 août 2020 - 14 h 03 min

    quel est l’avantage : la plupart des app Windows (UWP) les plus populaires sont déjà dispo ss APK (Office!) ???

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  • 3 août 2020 - 14 h 20 min

    @Raph: C’est expliqué dans le billet. Tu es une grande entreprises ayant développé pour 2 millions d’euros un logiciel pour piloter ton métier, tu ne peux pas tirer un trait sur cet investissement et donc tu zappes d’office cette option ChromeOS.

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  • 3 août 2020 - 16 h 30 min

    @Pierre Lecourt:
    C’est sans doute la motivation de Google mais dans la pratique quelle entreprise va se risquer à ce genre d’acrobaties? C’est casse gueule (en cas de problème, 2 interlocuteurs se renvoyant la balle à prévoir au lieu d’un qui sera bien obligé de s’y coller ; suivi logiciel de Google dans le temps) et aucun avantage financier à attendre sur le matériel. S’ajoutera sans doute le pire: Des utilisateurs aux habitudes bousculées.

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  • 3 août 2020 - 16 h 58 min

    Microsoft laisserait passer ce genre d’initiative ? Je ne parle pas du dual boot mais le fait de lancer des applications issues de son système directement via ChromeOS.

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  • 3 août 2020 - 17 h 06 min

    @yann: C’est un autre débat et il va y avoir du boulot a mener de la part des commerciaux oui :D

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  • 3 août 2020 - 18 h 39 min

    Hello. Moi je suis curieux de savoir comment se gère la license Windows, ça ne risque pas de couter cher à Google ce double OS

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  • 3 août 2020 - 20 h 08 min

    Déjà testé vite fait crossover pour chrome Os ça peut marcher pour des petites applis

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  • 3 août 2020 - 22 h 43 min

    Déjà quel société va s’emmerder avec du Google

    La plupart des admins ont leurs habitudes sous Windows qui d’ailleurs pour de la gestion de parc et très bon
    Quitte à passer sous Linux, autant allez sous debian ou centos
    Mais pas Google avec des applis en html5 c’est ingérable pour deux raisons
    La première c’est du cainri donc exit les données confidentielles
    La seconde, la gestion de parc avec cette os doit être inexistante
    Aussi comme d’autres l’ont dit, les habitudes des utilisateurs et l’investissement de la société, on en fait quoi

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  • 4 août 2020 - 8 h 54 min

    Le lancement initial d’une VM parallels « en parallèle » peut s’expliquer parce que c’est le fonctionnement natif de leur produit, à la base prévu pour lancer un bureau du système guest dans lequel on lance les applications. C’est fonctionnellement proche d’un VMware, avec une intégration au système host mieux travaillée. Cela nécessitera beaucoup de modifications par rapport à ce fonctionnement natif pour pouvoir lancer des vrais light process, avec de gros investissements stratégiques (il y-a-t-il un intérêt convergent pour eux ?). Reste que comme toute émulation, ce n’est pas une solution très satisfaisante pour une application métier, si elle a été développée dans des techniques récentes, la DSI de l’entreprise aurait beaucoup d’avantages à envisager sérieusement la migration applicative, surtout si cette application est basée sur des langage à pseudo-codes actuels comme c’est la majorité des cas (java, etc ..).
    Au final je suis d’accord avec l’idée que c’est tout juste intéressant pour un argument marketing appuyant une décision d’un top management peu au fait des implications techniques, mais non pérenne à terme dans ce cadre d’usage, l’application non migrable serait rapidement écartée.

    On peut envisager d’autres usages mais cela dépend aussi fortement des performances sur le matériel, il ne faudrait pas que les lecteurs se bercent d’illusions sur la capacité à lancer des jeux ou des applications gourmandes sur leur chromeOS, la réserve est de mise avec toute émulation système.

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  • moi
    4 août 2020 - 17 h 33 min

    @Leclerc:

    …Decathlon, Renault; etc, pas pour tout le parc et toutes leurs applis, mais quand même…
    Les admins, techs et applis Windows coutent cher, il est possible de gérer un parc de Chromebook, que tu fais remplacer en live par Mme Michu : elle se connecte, la config auto et les WebApps font le reste…Exit les déploiments d’images, les bckp/restau, les techs sur site…Gestion façon MDM : un device, un user, point….
    Les données chez les ricains ? Le patriot act ? Dès qu’on fait une transaction en $, on est soumis au droit ricain….(même si tu achètes un trombonne en payant en $ sur lbc)….la plupart des Européens, pour ne citer qu’eux ont un smartphone, avec de la techno ricaine dessus…Alors de la à croire encore aux habitudes, les actionnaires ont vite choisi…..

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  • 4 août 2020 - 20 h 43 min

    Pour le grand public maintenant il ne faut pas se leurrer non plus, sur Windows beaucoup n’utilisent qu’une poignée de logiciels dorénavant.
    Chez nous un seul : le navigateur , même les lecteur audio/vidéos genre VLC on utilise plus. Et je pense que c’est ainsi pour l’utilisateur lambda, avec parfois quelques app complémentaires comme une suite bureautique ou un logiciel de création.

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  • 5 août 2020 - 13 h 44 min

    @moi
    Sauf que les entreprises européennes raisonnent de plus en plus stratégie de guerre économique (surtout suite à l’affaire Alstom).
    Donc, non, beaucoup, se passer de MS ce n’est pas pour se marier avec Google.

    @Mezz
    Il y a encore beaucoup d’applications métiers (ie: middle ware) qui sont en prod sans possibilité d’utiliser de clients légers.

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  • 7 août 2020 - 3 h 37 min

    @Le Breton: Pouquoi Microsoft devrait prendre la mouche si Chrome Os lance des application de son « univers » alors que dans le même temps il ne se gène pas d’intégrer le shell du monde Linux dans Windows10 ?

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  • 7 août 2020 - 3 h 43 min

    @prog-amateur: Quelle licence ?
    Parrallels est l’équivalent de wine sous linux.

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  • 12 août 2020 - 21 h 36 min

    Qui se soucie de Chrome OS?
    Pas moi.

    96,8%* des acheteurs de Chrome Books pensaient acheter un PC sous Windows. Ils devraient contacter la DGCCRF.

    *: sachant que 87.3% des statistiques sont fausses.

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