Activision Blizzard retire son catalogue de l’offre GeForce Now

C’est le début d’un bras de fer intéressant à suivre, l’éditeur Activision Blizzard a décidé de retirer purement et simplement son catalogue de jeux de l’offre GeForce Now, une petite semaine seulement après sa mise en service publique.

Cela fait des années que Activision Blizzard est partenaire de Nvidia pour le développement et le beta test de GeForce Now. Des années de travail en partenariat avec une optimisation main dans la main des titres de l’éditeur pour qu’ils tournent en streaming sur cette solution. Pourtant, une semaine après l’ouverture commerciale officielle du service, le catalogue complet en est retiré.

Blizzard

En clair, cela veut dire que si vous avez acheté un jeu signé Activision Blizzard, vous ne pourrez pas le faire tourner en streaming sur l’offre GeForce Now. Le service sera techniquement capable de le faire tourner, ce n’est pas un problème technique, mais le jeu ne sera pas reconnu par le système et ne voudra pas  se lancer en streaming. Nvidia précise qu’actuellement une liste de 1500 jeux compatibles avec le système fonctionnent mais, pour des raisons de droits des titres comme Starcraft 2, Overwatch ou Call of Duty, ne seront plus exécutables au travers de cette plateforme.

Tout cela ressemble franchement au début d’un bras de fer entre l’éditeur et Nvidia au sujet du fonctionnement de ce service ou peut être un moyen pour Activision Blizzard de faire valoir certains points. Je ne pense pas qu’il y ait de volonté financière puisque, pour rappel, l’utilisation de GeForce Now ne dispense pas de payer une licence de chaque jeu. Qu’un titre comme World of Warcraft soit acheté en boutique physique ou en ligne sur Battle.net, il faudra bien l’acheter pour y jouer sur le système de Nvidia. Les royalties seront donc versées à l’éditeur quoi qu’il advienne.

En privant Nvidia de ses titres, Activision Blizzard perd donc en pratique des clients potentiels. Des gens qui comptent sur une solution GeForce Now pour lancer de temps en temps une partie au gré des sorties de DLC par exemple. Une fois la licence vendue, on pourrait penser que les développeurs se fichent un peu de savoir comment le joueur va jouer.

Google Stadia

Mais en ce moment les éditeurs ont une carte à jouer auprès d’autres instances que Nvidia. Avec les lancements des services Google Stadia et l’arrivée prochaine du xCloud de Microsoft. Avec la montée des offres comme l’Epic Game Store en concurrent de Steam… Les éditeurs ont peut être compris qu’ils étaient en position de force dans ce nouveau schéma de distribution de jeux. De quoi renégocier les parts des distributeurs, de quoi proposer des exclusivités à un service en échange de plus de retombées, de visibilité ou de partenariats.

Reste à savoir ce qu’en pensera le public… Car ce genre d’annonce pourrait tout simplement saborder les ambitions des services de streaming de jeu. Imaginez que vous ayez souscrit un mois à GeForce Now pour rejouer à World of Warcraft par exemple. Si, sans prévenir, le titre disparaît de l’offre, quelle sera votre regard sur ce type de service ? Exactement le même que sur celui d’un site comme Netflix ou Amazon Prime Video qui fait sauter une série de son catalogue alors que vous étiez en train de la suivre. Beaucoup restent tout de même accrochés à leur abonnement à un service comme Netflix car le contenu est énorme… Mais également parce que l’habitude a été prise d’utiliser ce genre de solution.

manettes

Mais si l’industrie démarre l’offre de streaming de jeu avec une valse d’éditeurs et la disparition pure et simple de catalogues complets de jeux… pas sûr que les clients potentiels y voient un très bon signe. Non seulement pour le GeForce Now de Nvidia, mais également pour tous les autres services de ce type. Personne n’a envie de s’abonner à trois ou quatre services de ce genre pour être sûr de pouvoir jouer à tous ses jeux. Le public veut des engagements, pouvoir avoir confiance en ces offres. Qui va prendre l’option Google Stadia si le Microsoft xCloud peut financer une exclusivité du jour au lendemain ? Qui fera confiance à ce xCloud si Nvidia assure une distribution de catalogue avec ses ventes de cartes graphiques ?

Le risque le plus évident est que cette guerre fasse plus de victimes que de gagnants… en brisant net tout début de confiance dans ces services. 

 


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16 commentaires sur ce sujet.
  • 13 février 2020 - 11 h 57 min

    une affaire de gros sous encore : le 28 janvier blizzard activision a conclu un partenariat avec google pour la diffusion de ces jeux. Tu m’etonne qu’ils ont retiré leurs jeux de gfn, comme ca faudra les racheter sur stadia

    Répondre
  • Alu
    13 février 2020 - 12 h 47 min

    @Haruhi:
    C’est top pour les gens qui ont commencé un jeu Activision/Blizzard juste avant que la collection soit retirée du catalogue…

    Avec le physique la seule fois ou ça peut t’arriver c’est qu’on t’a voler ton jeu…ça fait réfléchir quand même…

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  • 13 février 2020 - 13 h 22 min

    Hello tout le monde. C’est exactement le sentiment que j’avais relevé sur le précédent article sur GeForce Now (j’avais zappé ce risque mais ça rejoint l’idée). Pas qu’en j’en veuille précisément à Nvidia ou au streaming, il s’agit du concept de dématérialisation du jeu vidéo qui pose des risques, parfois majeurs comme celui-ci.

    On parle d’un jeu acheté sur une plateforme avec la promesse d’y jouer d’une certaine manière, puis à J+1 : fini.

    Je me rappelle des anciennes consoles : soit l’éditeur fournissait en exclusivité une console, soit il portait son titre sur plusieurs, mais une fois que c’était fait, ça marchait. On peut même le revendre physiquement des années plus tard en étant sûr que techniquement ça marche encore. On détient notre bien.

    Aujourd’hui, entre la valse des éditeurs dans les différentes plates-formes, le statut flou des jeux d’occasions, certains DLC, le jeu qui n’est plus entre nos mains, on a l’impression de prendre son gamepad (ou clavier-souris) sans aucune garantie de pouvoir jouer.

    L’idée d’un streaming local (self-host) me parait plus fiable quoique la dématérialisation du jeu est toujours là. Je suis pas contre la dématérialisation, mais contre ses dérives, et les intérêts des entreprises privées ne coïncident pas toujours avec ceux de leurs clients finaux.

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  • 13 février 2020 - 13 h 31 min

    Bah nvidia a mis de gros bâtons dans les roues de Shadow pour les empe her de concurrencer ler gfn, sachant que Shadow a l’air bien plus au point techniquement.
    Les coups bas volent vu l’ampleur du marché à venir.
    A+

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  • 13 février 2020 - 14 h 09 min

    @prog-amateur: « On parle d’un jeu acheté sur une plateforme avec la promesse d’y jouer d’une certaine manière, puis à J+1 : fini. »

    Pas tout à fait. Le jeu peut être acheté sur d’autres plateformes. Nvidia propose un moyen de jouer. Tu peux très bien acheter ton jeu en magasin et y jouer sur GeForce Now.

    @Dang: Nvidia est partenaire de Blade, les Data Center de Blmade sont équipés de puces Nvidia pour la techno Shadow. C’est quoi les bâtons dans les roues que Nvidia a mis à Shadow ?

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  • 13 février 2020 - 14 h 17 min

    ils veulent juste un % du forfait payant.
    acheter le jeux ce n’est pas suffisant.
    Monsieur kotick ne pouvait pas laisser passer cette opportunitée.

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  • 13 février 2020 - 15 h 07 min

    @shok: Ce que je vois c’est qu’il laisse passer l’opportunité que des joueurs occasionnels achètent des titres Blizzard ou, s’ils les ont déjà achetés, les DLC associés et les futurs titres de cet éditeur …

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  • 13 février 2020 - 15 h 35 min

    Je ne suis pas joueur mais je très intéressant de voir, dans a plus ou moins long terme, ce que donnera ce modèle économique du streaming sur l’industrie du jeux vidéo, quel sort attend les éditeurs et développeurs…j’espère pour eux qu’ils s’en sortiront mieux que les maisons de disques et surtout, les artistes….

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  • 13 février 2020 - 19 h 48 min

    La question que je me pose c’est est-ce que un éditeur de jeux vidéo peut faire le même coup a Shadow ?
    Pour un jeu en ligne, ils leurs suffiraient de bloquer les serveurs shadow.

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  • 13 février 2020 - 20 h 26 min

    @Najbox:

    Je ne jamais essayé shadow mais il ne me semble pas vu que c’est vraiment du cloud computing et qu’au final on utilise un windows basique et non un ‘shadow now’.

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  • 13 février 2020 - 21 h 52 min

    Extrait de mon commentaire du précédent billet sur GFN : surtout que la multiplication des stores n’arrange pas vraiment les choses. Nvidia devra conclure des accords avec chaque store et risque de se retrouver bloquer par certains.

    Bah ça n’a pas traîner !!

    Clairement ce service me fait penser à Molotov qui doit gérer les accords avec les différentes chaînes.

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  • 14 février 2020 - 1 h 57 min

    @Pierre Lecourt: c’est moins pire effectivement. Ceci dit, pour ceux ayant fait confiance à Nvidia et Activision-Blizzard depuis le catalogue Geforce Now, on est d’accord qu’il ne peuvent plus bénéficier du streaming ? Si oui, alors je trouve ça cruel.

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  • 19 février 2020 - 14 h 12 min

    @Najbox: intéressant car c’est déjà le cas ! Il y a de nombreux jeux en ligne ou mode OnLine qui considère le cloud gaming comme du cheat et te ban pour ca

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  • 11 septembre 2020 - 12 h 34 min

    […] GeForce Now est désormais totalement abouti, la marche a été longue depuis GRID en 2013, la marque a travaillé très longtemps  en beta et de nombreux soubresauts ont émaillé la commercialisation de son offre. On se souvient des studios qui ne voulaient pas que leurs jeux, pourtant payés par les joueurs, soient accessibles sur le service et qui demandaient leur retrait du catalogue. […]

  • 15 juillet 2021 - 16 h 41 min

    […] le lancement de la phase commerciale de l’offre a été émaillée par des incompréhensions de certains éditeurs qui avaient décidé de ne plus accorder à Nvidia l’accès à leur catalogue, le temps […]

  • 21 octobre 2021 - 19 h 31 min

    […] avec certains éditeurs au moment de la sortie de la phase bêta de l’offre en février 2020. Activision Blizzard qui ne voulait plus être au catalogue de Nvidia alors. Avec des arguments assez difficiles a suivre de leur part d’ailleurs. […]

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