La Raspberry Pi, l’Arduino et l’Open Source bientôt aux assises

Imaginez un robot piloté par une petite carte Raspberry Pi avec l’aide d’un logiciel Open Source capable de capturer tous les petits détails d’une scène de crime, de les enregistrer pour pouvoir ensuite les restituer aux jurés lors d’un procès sous la forme d’un voyage en réalité virtuelle. C’est ce que développe Mehzeb Chowdhury, un chercheur spécialisé dans la recherche criminelle à l’université de Durham en Angleterre.

« Le souci avec les méthodes de reconstruction de scènes de crime c’est que cela implique en général des photographies, des dessins à la main et dans de rares cas, des vidéos. » déclare Chowdhury. « Des experts arrivent à partir de tout cela à produire des scènes en 3D en combinant ces diagrammes et photographies. Ce n’est pas la réalité qui est transmise aux jurés mais une traduction de celle-ci. »

Raspberry Pi 3

Et l’expert d’expliquer que les avocats des deux parties le savent pertinemment et peuvent appuyer une thèse qui les arrange ou, au contraire, démonter celle de leur adversaire en  se basant sur des éléments qui ne sont pas la réalité exacte. Les jurés sont perturbés et souvent insatisfaits qu’on leur demande de juger un cas à partir d’un matériel de sonde ou de troisième main.

Minimachines

La solution à ce problème ? Un petit robot développé par l’université de Durham et qui utilise un système d’imagerie lui permettant de capturer des images vidéo des images à 360° en haute définition. L’engin inspiré de systèmes robotiques de la NASA est capable de parcourir une scène de crime de manière autonome et d’en faire une copie fidèle.

Minimachines

Le robot est construit à partir de plusieurs modules commerciaux classiques : Une carte Arduino et une carte Raspberry Pi gèrent la partie système et le contrôle de l’engin. L’ensemble du code nécessaire pour le faire fonctionner est Open-Source, bref la solution est particulièrement accessible et ne devrait pas coûter une fortune à reproduire. L’ensemble des données est enregistrée de manière à pouvoir être restituée ensuite sous la forme d’un format compatible avec un système de réalité virtuelle. Permettant ainsi aux jurés de se balader dans la scène de crime. Pas besoin de casque hyper onéreux pour plonger dans la preuve, un simple système Cardboard de Google suffit.

VR

La solution est donc tout à fait abordable, le robot ne coûte probablement pas une fortune à construire, il pourrait être fabriqué en série pour réduire encore plus ce coût. Le côté logiciel est gratuit et se peaufinera avec le temps puisqu’il est libre et ouvert aux développements externes. Enfin, un simple smartphone et un accessoire en carton suffisent pour qu’un jury puisse bien prendre en compte de la réalité d’une scène de crime. Le chercheur estime le prix de revient de l’ensemble à  moins de 400$. Il faudra ajouter également le temps passé par un expert à traiter les vidéos pour en faire des scènes de crime exploitables en VR.

Mais cela sans commune mesure avec les solutions déjà employées par les experts aujourd’hui. A savoir la création d’un univers en exploitant un moteur de jeu vidéo à partir d’un système de capture 3D de la scène. Non seulement cela coûte cher à capturer et à produire mais il faut en plus disposer de machines conséquentes et de casques virtuels pour les lire.

Le fait de baisser le prix d’une telle preuve est évidemment positif pour la justice qui pourra éviter les approximations d’un mauvais témoignage involontaire. Le robot est par nature objectif et ce qu’il capture est la réalité du terrain tel qu’un spectateur pourrait l’observer. Le fait de pouvoir se balader dans la scène permet de dépasser le point de vue d’un photographe qui peut oublier un détail ou ne présenter qu’une partie de l’information volontairement ou involontairement. Le robot enregistrera la scène et la retransmettra telle quelle aux jurés et aux force de police même des années après que les événements aient eu lieu.

Quand on l’interroge sur l’arrivée de tels systèmes dans un procès, Chowdhury semble optimiste. Cela pourrait être plus rapide qu’on ne le pense. Encore au stade de prototype il faut que le robot soit déployé et testé sur le terrain. L’université travaille avec la police en Angleterre et aux USA pour peaufiner le robot. Plus de 50 département de police locaux ont transmis des données à l’université et  au chercheur. Ce dernier indique d’ailleurs que l’ensemble de cette recherche est faite sur ses fonds propres, lui travaillant comme le veut la tradition tout seul dans son garage avec son propre matériel. Le développement sera terminé dans les prochains mois mais le déploiement se fera selon l’aide qu’il pourra recevoir.

Je suis sur  qu’il pourrait recevoir de l’aide et des fonds, simplement en déployant cette technologie vers d’autres usages pour financer son projet. Avec un robot de ce type, il serait possible de faire visiter virtuellement une maison à un futur acheteur, montrer comment est la chambre double d’un hôtel par rapport à la chambre simple ou créer des visites virtuelles de lieux mythiques ou de musées en 3D. Autant de clients potentiels qui permettront de construire de vrais petits experts robotiques capables d’aider la justice.

Source : Adafruit


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5 commentaires sur ce sujet.
  • 6 septembre 2016 - 12 h 33 min

    Bonjour,
    « on leur demande de juger un cas à partir d’un matériel de sonde ou de troisième main »
    Je pense que c’est seconde main

    Répondre
  • Cid
    6 septembre 2016 - 12 h 37 min

    C’est marrant hier je regardais un épisode de NCIS LA, et dedans ils scannaient une scene en 3d pour la reproduire avec une… imprimante 3D. Et je me suis dit, pourquoi qu’ils le font pas avec un masque ? Ben l’episode doit avoir 2 ans c’était la mode des imprimantes 3d. Le même aujourdhui ils auraient porté un masque :)

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  • 6 septembre 2016 - 14 h 29 min

    Ca se fait déjà en réalité comme la série « les experts  » depuis quelques années aux USA mais ce sont des boites d’enquêteurs privés .Ca coûte extrêmement cher et ils traitent les affaires au compte gouttes .
    Y a déjà eu des reportages sur la tnt ou canalsat sur ce sujet .

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  • 6 septembre 2016 - 14 h 36 min

    En attendant le premier crime commis via un robot piloté par une petite carte Raspberry Pi à l’aide d’un logiciel Open Source ?

    Répondre
  • 7 septembre 2016 - 9 h 55 min

    Des applications potentielles en industrie par exemple … restituer en 3D/VR des images de zones peu accessibles dans les sites industriels pour des opérateurs/experts utilisant des lunettes VR connectés. Telédiagnostic par exemple

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