Quand Microsoft s’intéresse au marché de l’internet des objets

Pour le moment l’internet des objets ressemble plus à un truc de bidouilleurs un peu allumés qu’à une révolution grand public. Proposer d’allumer sa lampe avec son smartphone au lieu de tendre le bras ce n’est pas la révolution que l’on attend de l’IoT. Mais le futur se profile différemment.

Le moment de basculement n’est pas encore là, il est même assez éloigné de nos foyers mais il viendra. Ce déclic aura lieu lorsque les appareils que vous aurez acheté seront plus nombreux à être connectés que ceux non connectés. Cela vous parait irréaliste pour le moment, mais un jour vous n’aurez pas le choix. Le rayon des lave linge n’aura plus de modèles non connectés ou il faudra choisir un truc trop entrée de gamme pour être honnête.

smart-coffee-maker

Des cafetières connectées…

Idem pour votre frigo, votre cafetière ou même votre four… Tout sera connecté. Non pas que cela soit indispensable mais entre l’effet de mode de l’internet des objets et les tarifs des solutions pour rendre ces objets connectés, il n’y aura guère de raisons de se priver de le faire.

Votre lave vaisselle ou votre micro-onde ont déjà une carte électronique un petit peu évoluée en interne, pas un truc génialissime mais probablement un petit composant  qui gère les quelques programmes intégrés pour réchauffer un gratin surgelé ou faire un lavage à chaud des assiettes qui s’en suivent.

Ce composant sera un jour ou l’autre remplacé par un autre, pas forcément plus cher, mais plus ouvert. Un truc qui saura réchauffer vos plats préférés, enregistrer le bon timing pour que cela ne soit pas brûlant mais juste chaud. Réaliser le lavage des flûtes en cristal de votre grand mère sans tout casser, baisser la consommation de votre frigo en adaptant sa consommation à vos usages. Bref, un jour vous aurez un univers complet d’appareils connectés chez vous, et ce jour là il faudra un système pour le piloter.

D’où la présence de grands noms autour de l’Internet des Objets en ce moment. Grands noms que l’on aurait eu du mal à imaginer ces dernières années se pencher d’aussi près sur cette technologie pour bidouilleurs au fond du garage. On aurait du mal à imaginer un grand groupe industriel mondial investir avec des types qui jouent du fer à souder pour leur proposer des solutions sur mesures. Ikea n’aide pas les pros de la scie sauteuse, Monsanto ne favorise pas trop les recettes d’engrais bio et Nestlé n’encourage pas franchement le retour du sandwich avec un peu de confiture pour le goûter.

Mais ces industriels là n’ont rien à gagner à venir faire la cour aux passionnés et amateurs. Au contraire d’un Microsoft qui sent poindre le basculement de l’Internet des Objets et qui a donc tout intérêt à placer ses biller pour venir y faire son trou.

Windows 10IoT

C’est donc tout à fait logique de voir apparaître un kit proposant une solution Windows 10 IoT pour Raspberry Pi 2 lancé avec Adafruit. La marque ne cherche pas franchement, ici, à faire un coup commercial et n’aura pas de retombées financières sur ce kit. Elle cherche à démontrer la pertinence de cette version de son système sur l’Internet des Objets, une manière de se placer dans le futur et dans la mémoire des bidouilleurs d’aujourd’hui. Afin qu’entre le temps du fer à souder d’aujourd’hui et l’éventail d’un choix de machines connectées chez le vendeur d’electro-ménager du coin, la présence d’un logo Windows soit devenu un gage de qualité et un vecteur d’achat chez le consommateur.

Windows 10IoT

Avec Adafruit, une des plus grosses compagnies de distribution (et de création) de solutions pour l’IoT aux US, Microsoft propose donc un kit sur mesure. Il s’agit d’une carte Raspberry Pi 2 non pas fournie avec Raspbian mais avec la version IoT de Windows 10.  La carte est livrée avec une ribambelle de capteurs, leds et accessoires destinés  à programmer des objets à partir de Windows 10 et donc dans l’écosystème de Microsoft.

Un robot piloté par Windows 10 IoT via une Raspberry Pi 2

Une documentation de prise en main permet également de faire les premiers montages de base, et d’autres plus complexes, histoire de prendre en main cet outil. L’ensemble est vendu 114.95$ ce qui n’est pas franchement donné au vu des composants proposés,

Cette démarche est intéressante, logique, calculée, commerciale, tout ce que vous voulez, mais intéressante. Elle montre que le monde des objets connectés ne sera plus réservé à une petite tranche de la population mais sera un jour la norme de notre quotidien. Elle montre aussi que Microsoft change et s’adapte à ce futur.

Il n’est pas évident que le futur s’intéresse à Microsoft dans la mesure que le voudrait ce dernier, d’autres acteurs sont sur les rangs et des communautés très actives sont déjà bien implantée. Mais Microsoft a pour lui un énorme savoir faire commercial et si on découvre ce type d’offre sur le marché do Do It Yourself, ce n’est, à n’en point douter, que la pointe d’un Iceberg qui se profile. Des partenariats directs avec divers acteurs du marché PC mais également dans les rangs des fabricants de ces futurs objets connectés sont probablement en cours de négociation.


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9 commentaires sur ce sujet.
  • 25 septembre 2015 - 12 h 11 min

    C’est n’importe quoi cet IoT Windows !! Que les bidouilles bidouillent avec le shell, moi j’ai passé l’âge, et je n’ai plus de temps à perdre avec ces âneries.

    Heureusement que je n’ai pas claqué 50€ dans une RPI2 (alors qu’il y a des tablettes chinoises à 70 euros sous Windows 10 qui font très bien l’affaire).

    Répondre
  • Cid
    25 septembre 2015 - 12 h 55 min

    @Sopilou:

    Une tablette doit pas etre facile à intégrer dans un objet connecté. Je suis pas sur que tu aies compris Windows IoT ?

    Répondre
  • 25 septembre 2015 - 13 h 08 min

    @Sopilou

    Bonjour, je ne pense pas que les acheteurs/utilisateurs de RPI trouveraient leur compte avec une tablette chinoise. C’est comme comparer une boite de LEGO et une voiture jouet déjà assemblée : pas mieux pas moins bien, juste completement différent…

    L’aspect création, réflexion et bidouille des RPI ne cible pas un remplacement de la praticité d’une tablette…

    JC

    Répondre
  • 25 septembre 2015 - 23 h 08 min

    Le principal intérêt me semble être le développement de soft qui seront prêts lorsque les objets seront industrialisés. Pas forcément des des soft directement utilisable, mais plutôt un éco-système avec des outils de développement.

    Ca me fait penser à tous mes collègues qui développent des applications sous windows pour les installer en production sur des serveurs linux. Ils rêvent d’installer leurs dev sur un système qu’ils maîtrisent.

    Répondre
  • 26 septembre 2015 - 7 h 35 min

    @Sopilou: troll spotted :-] mais tu as raison sur un point : quel bidouilleur digne de ce nom a envie de se faire suer avec un shell CMD voire PowerShell quand même un Dash fait mieux et un Bash à des années lumières en terme d’ergonomie simplicité

    @Pascal: ça existe des devs windows en CLI? :-P

    Répondre
  • 26 septembre 2015 - 9 h 25 min

    Bonjour a tous, je me permet d’intervenir car je fais partie de c’est bidouilleur.
    je suis autodidacte et j’aime çà! alors le faite que windows puis être « libre » et accessible je trouve çà sympas et aussi très malin de la part MS, car aujourd’hui a part un environnent linux pour faire de la domotic (via RPI) il n’y a pas beaucoup de choix. oui pour le moment çà reste très simple allumé une lampe faire un interface. mais si la sauce prend étant donné la ramification de windows dans le monde cela permettra a madame Michu grâce a un bidouilleur ou un développeur d’entrée chez elle les mains pleine de course un soir, et sa maison aura allumée la lumière augmenté le chauffage etc…

    bref, le dev se fait en C++, Python et node js.
    de plus les outils de dev son plus ou moins accessible et avec un peu de persévérance, (pour un novice) on arrive a faire des interactions.

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  • 26 septembre 2015 - 11 h 21 min

    @Chrysystem:

    Le problème de microsoft c’est qu’ils sont totalement absents du soft embarqué ou Linux rempli désormais la plupart des besoins car il a su s’adapter à tout via sa modularité: Du serveur au desktop en passant par les équipements télécom, du plus complexe (station de base téléphonie mobile) au plus simple (ton modem routeur ou autre switch manageable)… voire au temps réel pas trop dur ou il a piqué des pdm a des vxWorks et autres qui ont obligé des géants du secteur comme WindRiver a s’y mettre franchement depuis 7/8 ans histoire de ne pas se faire tailler des croupières par MontaVista.
    Tous les fondeurs assurent désormais le codage des briques de bases manquantes pour leurs cartes de développement, accélérant la mise en oeuvre de leur silicium chez les clients. Ceci car Linux est une boite blanche qui offrira toujours plus de facilités pour ce faire qu’une boite noire.
    Entre retard de plus de 10 ans à l’allumage et boite noire, je dirais que c’est perdu pour eux. La seule option serait de se raccrocher au train comme WindRiver a su le faire et de proposer leur distribution, avec reprise pour leur compte de WINE et autre pour assurer la transition pour leurs clients. Rien de ce qu’ils ont proposé pour essayer de combler leur handicap vs source ouvert (et cross-compilable sur toute architecture supportée par GCC) n’a pas eu le succès escompté: .NET en est un exemple, ou comment vouloir transformer un OS en machine à bytecode afin d’être « portable » avec des binaires compilés? Oui mais malgré les efforts, un handicap demeure vs une execution native (et perf et/ou en requis mémoire…) et dans un domaine ou on taille au plus juste histoire d’être compétitif niveau BOM et/ou moins consommer, ca ne peut pas fonctionner.
    Ajoutons la réticence de plus en plus généralisée au « supplier lock-in » des industriels, accentué par la crise de 2008 (la perspective de voir un Microsoft se casser un jour la gueule, après un SUN et autres, n’est plus exclu)… et on comprends pourquoi microsoft ne peut en l’état actuel sortir d’un marché desktop déclinant.

    Répondre
  • 26 septembre 2015 - 13 h 38 min

    @H2L29 : Je ne connais pas grand chose du vocabulaire informatique moderne (CLI ?). Je pensais à des dev php ou java.
    En général, c’est assez marrant de les voir pester contre les problèmes de droits et les noms de fichiers sensibles à la casse. Sans parler des difficultés à modifier un fichier avec vi.

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  • 27 septembre 2015 - 14 h 07 min

    Pierre, il ne faut pas avoir peur de l’IoT !
    Par ailleurs, XP Embedeed existe depuis longtemps et est bien répandu.

    J’ai déjà écrit quelque chose sur le sujet ici même.
    IoT est un terme MARKETING. Avant 2011, date de la création de ce terme, on parlait de réseaux de capteurs et d’actionneurs.

    Malgré tout l’IoT a un véritable fondement : celui du tout venant communicant avec le protocole IP. Par tout venant je ne veux pas parler seulement des PC desktop ou des PC sous forme de smartphone ou de tablette mais de tout objet incorporant un PC miniaturisé (ou au moins un microcontrôleur) et communicant.

    Ce que tu évoques Pierre avec l’allumage d’une ampoule ce n’est pas de l’IoT c’est de la télécommande simple. Et, effectivement, dans ce cas là, on peut se bouger le cul et aller l’allumer à la main.

    Mais lorsqu’on a quelques millions d’objets communicants répartis dans le monde entier c’est plus embêtant d’aller les interroger avec ses petits bras et de leur faire exécuter une action avec ses petites mains.

    Et l’IoT c’est bien cela : des millions de capteurs et d’actionneurs qui communiquent entre eux en s’appuyant sur IP (IPv6 plutôt dans ce cas).
    Finit les protocoles spécifiques (DNP3, Profibus, etc), place à des protos sur IPv6.
    On mesure alors mieux les enjeux : goulets d’étranglement et surtout la sécurité ! Comment sécuriser tout ce beau monde sachant que l’on a bien du mal à sécuriser un réseau purement IT.
    Et dans notre cas, à quelques euros le capteur ou l’actionneur ça va être difficile de justifier un firewall à 2000 boules !

    La révolution est donc là : des équipements de type PC qui ne valent que quelques euros et qui communiquent malgré tout sur IP.

    Alors bien entendu les analystes se sont engouffrés là-dedans en présentant l’IoT comme LA révolution des années 2010.
    Tu parles ! Quand on sait qu’on en fait depuis plus de 15 ans.
    J’ai déjà écrit tout le bien que je pensais de ces analystes qui n’ont d’autres raisons d’exister que de déplacer la responsabilité des chefs d’entreprise (qui peuvent ainsi justifier des investissements face à leurs actionnaires).
    Pour le reste tout le monde est un analyste.

    Il n’y a donc pas une entreprise sur cette planète qui n’envisage de faire quelque chose dans ce domaine.
    Intel a bien suivi les conseils des analystes et, plombé par ses déboires dans l’univers du mobile, s’est investi corps et bien dans ce domaine en faisant évoluer sa gamme vers le bas avec les Quarx et en copinant avec Arduino.
    Le résultat est l’Edison qui est un PC x86 plus puissant qu’un Raspberry tout en consommant moins, bien plus petit et tout en ayant un OpenCL utilisable !
    Intel s’évertue également à construire tout un écosystème autour de l’Edison notamment avec Grove de SeeedStudio.

    Microsoft tente donc de faire pareil mais Microsoft ne fait pas dans le hardware et n’a donc d’autre choix que de tenter de promouvoir son W10 dans ce domaine. Tandis que Intel n’a aucun problème à promouvoir un machin sous Linux (Edison tourne sous Linux).

    Pour conclure je dirai donc que pour toutes ces boites c’est toujours la même chose : toujours à la traine et tentant de rattraper leur éternel retard à coups de milliards.
    Globalement, elles n’ont pas l’agilité nécessaire pour suivre le mouvement et ne peuvent compter que sur des produits extrêmement rémunérateurs pour combler ce déficit.
    Ce qui signifie que le consommateur paye bien trop cher ces produits (qui incluent de facto une marge pour la publicité et pour éponger les déficits dans les autres branches de l’entreprise).

    Pas mal d’entreprises (Bouygues, ERdF, Vinci) tentent actuellement de suivre ce mouvement (éviter de se faire sortir de leur marché avec une technologie disruptive comme SigFox par exemple) en cocoonant des startups.
    Elles pensent alors maîtriser leur avenir ainsi.
    Cela rassure les actionnaires. Mais c’est, comme toujours, de l’hypocrisie car qui dit que l’innovation viendra justement de ces startups là ?

    Bref, les choses s’accélèrent et cela va devenir de plus en plus compliqué pour de grands groupes de rester dans le vent.

    C’est une bonne chose !

    db

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