Picofly : hacker sa Nintendo Switch pour 10$ avec un RP2040

Picofly est un hack materiel pour Nintendo Switch basé sur un microcontrôleur RP2040 de la fondation Raspberry Pi.

Comme toutes les communautés de hackers, celle des « consoleux » s’est intéressée aux produits de la fondation Raspberry Pi. Picofly est le résultat d’une quête assez longue, celle qui consiste à pouvoir transformer sa console Nintendo Switch de manière à installer tout type de programmes dessus. Picofly n’est rien d’autre qu’un code injecté sur un composant Raspberry Pi RP2040 de base avant d’être soudé à la carte mère.

Le monde console adore les Raspberry Pi. Parce que les cartes de la fondation ont servi énormément au développement de solutions retrogaming. Mais si ces solutions ont permis de redonner des heures de jeux à des titres anciens, des hackers ont également travaillé d’arrache pied pour profiter des fonctionnalités offertes par certains de ces produits pour modifier des consoles plus récentes. Le résultat de ce travail est Picofly (ou parfois Pikofly), un simple RP2040 adapté aux besoins de cet usage assez particulier.

Il existe déjà des composants de ce type sur le marché, des petits circuits qui doivent se greffer sur la carte mère de la Switch afin de contourner les protections du système posées par Nintendo. Problème, ce sont des produits très particuliers et développés uniquement dans ce but. Ils utilisent des FPGA, des sortes de processeurs reprogrammables qui sont souvent assez onéreux. Ils ne sont pas très bien vus de l’industrie et leur production comme leur distribution passe par des marchés plus ou moins souterrains, complexes, qui en augmentent les coûts. On en trouve en général autour des 80 à 100€ en France aujourd’hui et il n’y a pas si longtemps ils étaient autour des 150€…

La RP2040-Zero de Waveshare

A la différence de Picofly qui utilise un matériel qui a pignon sur rue, le RP2040 sert à mille choses différentes et la solution employée ici est rien d’autre qu’une RP2040 Zero. Un produit à moins de 10€ que l’on retrouve dans toutes les bonnes crémeries parce qu’il a plein d’usages pour du prototypage ou autre. C’est un véritable couteau suisse technique qui a pour utilité de pouvoir se greffer facilement à différents projets. Ici la différence vient de ce que le hack est lié à l’injection logicielle par tout un chacun dans le RP2040 d’un programme qui le transforme en Picofly.

Le principe de fonctionnement est toutefois le même : profiter d’une faille du système de la Nintendo Switch pour la mettre en défaut et ainsi autoriser l’exploitation de divers hacks qui vont conduire à l’installation des éléments de votre choix sur la console normalement protégée. Les éléments techniques sont disponibles en magasin et désormais des firmwares commencent à circuler pour programmer les puces RP2040. Picofly est donc désormais techniquement tout à fait exploitable.

Comme tous les hacks matériels, cela demandera des compétences techniques pour être employé. Il s’agit de programmer la puce d’abord – ce qui n’est pas sorcier – mais surtout de souder celle-ci sur la console derrière. Ce qui demande un certain doigté et parfois du matériel particulier : un bon fer à souder d’électronicien par exemple.

Outre l’ouverture de la console sans casse, la connexion des différents ports de la carte mère vers la RP2040 Zero n’est pas des plus faciles. Certaines pistes sont difficiles à atteindre et il faudra éviter de court-circuiter l’ensemble. La vidéo ci-dessus vous donnera un bon aperçu de la difficulté de ce hack. D’un point de vue matériel, cela reste très accessible avec une carte RP2040 Zero qui coute 5-6€ a laquelle Il faut ajouter 3 résistances et un MOSFET pour un total, fil compris, qui revient à moins de 10€ dans le pire des cas. Il faudra également modifier la petite carte waveshare pour l’affiner afin qu’elle entre dans le boitier de la Switch : le port USB sera à dessouder ainsi que les deux boutons de contrôle. Il faudra donc la programmer avant toute opération.

Picofly est encore en cours de développement et pour le moment seuls les plus téméraires ou les développeurs en herbe se frottent à la modification de leurs consoles. Néanmoins c’est un premier pas très intéressant pour ce marché particulier. Il va permettre de développer plus de systèmes dédiés à la console, de lui apporter des solutions Linux et Android et plein d’autres choses encore. Evidemment il y a une dimension piratage qui entre en jeu même si certains des développeurs des firmwares de Picofly n’ont pas voulu ouvrir cette voie.

Je ne doute pas une seule seconde que des Picofly « commerciales » vont succéder au versions Do-It-Yourself. On devrait rapidement voir fleurir des cartes avec RP2040 et des câbles soudés en usine prêtes à l’emploi sur ce segment.

Source : Wololo.net et Merci à Gaëtan pour l’info


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7 commentaires sur ce sujet.
  • Xo7
    22 mars 2023 - 13 h 36 min

    bon courage – j’ai déjà renoncé a ressouder un micro port USB par manque de précision – alors là……

    Répondre
  • Dom
    22 mars 2023 - 15 h 38 min

    Très intéressant. Le problème c’est que pour souder dans la Switch il faut un fer à souder avec une pointe épaisse comme une aiguille, un microscope, et la précision d’un robot… :\

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  • 22 mars 2023 - 16 h 49 min

    Les sources du FW ne sont visiblement pas publiées, mais ce serait intéressant de savoir si le PIO du RP2040 et ses machines d’état programmables, combiné à du soft, sont le critère de choix qui a permis de faire ce hack sans FPGA. Pas vu l’info à lire en diagonale les liens.

    Répondre
  • 23 mars 2023 - 6 h 03 min

    j’imagine gros comme une maison une sorte de nappe clip souple adaptateur. dans le meilleur des cas on soude pas, on clips juste sur la console et on soude cette nappe au rpi.on a programmé avant et on a retiré ce qui depasse avant bien sur…..

    j’imagine bien cette puce utilisée aussi pour faire de modchips pour les autres consoles anciennes…..

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  • 23 mars 2023 - 10 h 32 min

    @stephane b: Quand tu vois les soudures réalisées, l’idée d’un clipsage, surtout sur une solution mobile, parait peu réaliste malheureusement.

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  • 23 mars 2023 - 14 h 05 min

    compatible uniquement sur les lite et OLED(pour le moment ;) Il faut pas forcément avoir un fer à souder super précis mais plutôt un modèle qui est réglable en puissance et du bon étain + une graisse de contact. Après ça se fait bien :D

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  • 24 mars 2023 - 11 h 08 min

    Il faut un bon coup de main, en plus du matos qui va bien. C’est pas trivial non plus.
    (pour les yeux, il y a des loupes ^^).

    Il est vrai qu’avec les puissances embarquées dans ces petits SOC et les circuits logiques de soutien qui vont autour, plus trop besoin de passer par des FPGA (qui revient à prendre une arme nucléaire pour tuer une moche).
    Je sais plus à combien roule le Pico, mais vu le nombre de Mhz ça peut faire bagotter les circuits à haute vitesse.

    Je vois surtout l’ouverture à plein d’idées pour modder les consoles plus anciennes, et qui elles supporteraient plus facilement l’usage de pinces à chip ou de support DIL intermédiaire.
    Ou tout simplement de belles réalisations pour continuer à faire vivre les vieilles consoles : des cartouches actives (le pico émule directement une ROM), des adaptateurs pour disquettes obsolètes, …
    En solution opensource, facile à faire/maintenir, sans passer par des solutions dédiées, chères, obscures et le plus souvent plus maintenues.

    Et surtout, surtout, éviter de prendre une Pi ou autre grosse SBC pour juste faire bagotter 3 leds …

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