Non, Grosbill n’est pas en dépôt de bilan

Atterré de voir les papiers sortir ces derniers jours sur Gosbill et son supposé dépôt de bilan. Le terme même de dépôt de bilan est impropre. Le bon terme devrait être cessation de paiement et il décrit fort mal la situation actuelle du commerçant.

Un bilan, cela se dépose au tribunal de commerce quand on en publie un, le bon terme serait une déclaration de cessation de paiement et ce n’est  pas tout à fait le problème actuel de Grosbill. Pour résumer brièvement les épisodes précédents, le commerçant a été cédé par Auchan à Mutares qui a essayé d’en faire ce qu’il sait faire de mieux : à savoir une usine pour générer de l’argent pour ses propres actionnaires. Après avoir saigné à blanc Pixmania avant de revendre une coquille vide à Vente du Diable, Mutares a tenté de faire la même chose à Grosbill. Ce dernier ne s’est pas laissé faire mais en perdant l’appui d’Auchan qui avait décidé des ouvertures physiques d’une envergure mal maîtrisée et face à une concurrence féroce, le site perdait alors beaucoup d’argent.

En Août 2017, Mutares ayant compris qu’ils n’allaient pas pouvoir refaire le même tour de passe passe de Pixamnia à Grosbill, le groupe Allemand accepte la proposition d’un des cofondateurs de Grosbill pour reprendre la boite. Fin Juin 2017, le commerçant entre donc dans une procédure de sauvegarde planifiée et Mutares jette l’éponge. Ils avaient pu faire face au tribunal de commerce en expliquant vouloir sauver Pixmania tout en pompant ses caisses sans injecter un centime dedans, retrouver le tribunal pour la même opération avec Grosbill aurait sûrement été plus délicat.

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Luc Boccon-Gibod revient donc aux commandes en Juin dernier, il était de fait à la tête du fonctionnement du site depuis des années mais il devient alors réellement responsable de la marque après avoir injecté ses fonds propres. Les réflexes de bases sont évidents : Fermeture des boutiques ouvertes par Auchan qui n’ont jamais été bénéficiaires et concentration sur les boutiques historiques du groupe. On passe de neuf points de vente partout en France à trois en région Parisienne.

Cette procédure de sauvegarde est maintenant arrivée à un point assez compliqué à gérer. La société n’est pas en cessation de paiement, il lui reste du cash, beaucoup de cash, des centaines de milliers d’euros. Elle paye et a toujours payé ses fournisseurs qui ont joué le jeu de la reprise et aident Grosbill à acheter avec des grilles tarifaires avantageuses1. et livre ses clients. Si l’équilibre du groupe n’y est pas, c’est que la situation est difficile. Luc Boccon-Gibod est toujours aux commandes, il a injecté de ses fonds propres et verse un salaire à 37 personnes. Cela représente une somme importante à assumer chaque mois. En ajoutant les divers frais de fonctionnement du groupe, la marque ne gagne pas d’argent. 

Quels choix sont disponibles pour poursuivre cette aventure ? Le co-fondateur va devoir s’adosser à un nouvel investisseur pour parvenir à surmonter ce dernier cap d’un retour à l’équilibre et aux bénéfices. Proposé par les deux administrateurs judiciaires qui aident Grosbill depuis Juin 2017, une solution de rapprochement avec un nouvel acteur est donc envisagée. Elle est en réalité en négociation depuis des mois et hier, 24 Octobre 2018, quatre sociétés2 ont répondu à l’appel. Pour le moment, ces sociétés ont présenté un plan de reprise de Grosbill basique, un plan qui devra s’étoffer dans les semaines qui viennent et proposer des chiffres plus fins. Ces quatre là ont juste indiqué qu’ils étaient intéressés par le site. Et pour Luc Boccon-Gibod, les quatre ont un intérêt même si certains sont évidemment plus satisfaisants que d’autres. Ces offres vont maintenant être examinées et négociées pour trouver la solution la plus efficace mais aussi la plus viable pour les 37 salariés du groupe.

Est-ce que cela veut dire que Grosbill est en « dépôt de bilan » ? Non seulement le terme est faux mais il est mortifère car le pire qui puisse arriver pour le moment à la marque, c’est ce genre de « publicité ». L’image que l’on se fait de ces termes est un rideau fermé et des salariés sur le carreau. Le genre d’image qui va freiner la reprise de la boite et risque l’emploi des salariés du groupe. Personne n’irait acheter un matériel chez un revendeur en « dépôt de bilan »… 

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Depuis un an, les administrateurs judiciaires ont pu voir l’évolution et le retour à un quasi équilibre pour Grosbill qui était bien plus mal en point en Juin 2017. Cela dans une période compliquée sur le marché informatique : Hausse du prix de la mémoire vive, problèmes de disponibilité sur les processeurs qui affectent les prix des composants, des machines assemblées et même des machine portables. Concurrence féroce d’autres magasins et montée en puissance de concurrents comme LDLC qui s’est offert Materiel.net, des rapprochements Fnac-Darty ou Carrefour-RueDucommerce

Depuis un an, Luc Boccon-Gibod et toute l’équipe de Grosbill n’ont pas tourné leurs pouces en espérant une éclaircie. Les boutiques de Paris, de Colombes et de  Thiais ont redoublé d’efforts. Le site s’est modernisé, des services de livraison ultra rapides se sont ouverts et des solutions originales ont été mises en place avec la bénédiction des deux administrateurs judiciaires : Une offre de décapsulage de processeur, un programme privilège, des ateliers de réparation et très récemment un système de recyclage. Point commun de toutes ces offres, elles sont très liées aux compétences locales des boutiques et évitent ainsi une comparaison avec les géants du commerce électronique comme Amazon.

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La solution de recyclage est, par exemple, très intéressante. Grosbill propose de reprendre votre vieille carte mère pour l’achat d’une nouvelle, votre vieux portable servira lui aussi à financer en partie l’achat d’un nouveau modèle. Une façon intelligente de faire passer la pilule d’un nouvel investissement. Derrière ces reprises, Grosbill compte sur ses équipes pour tester et vérifier les matériels repris et les réinjecte dans un circuit d’occasion visible en magasin et sur le site. Garantis 6 mois ou un an avec une option supplémentaire, ces composants retrouvent alors une seconde vie. Une offre intelligente qui séduit les clients à la recherche de bonnes affaires comme ceux qui veulent réinvestir dans un matériel neuf. Et ça marche, cette offre de recyclage séduit.

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Qu’est ce que veut trouver Grosbill avec ce nouvel investisseur ? 

Du temps. Essentiellement. La situation actuelle est délicate pour tout le monde dans le secteur mais encore plus pour une société comme Grosbill. Pour vous  donner une idée, quand aujourd’hui vous demandez certains processeurs à votre fournisseur, il faut en commander 100 pour finalement en recevoir… 10. En attendant vous devez en payer 100 d’avance et vous faire rembourser ensuite. Pas un souci quand vous pouvez travailler avec une grosse ligne de crédit, impossible quand vous êtes sous la surveillance d’une administration judiciaire. Cela rend les choses compliquées à gérer. Autre souci, l’envergure d’un Grosbill d’aujourd’hui n’est plus celle d’un Grosbill associé à Auchan. Le duo de l’époque cherchait à séduire par le prix en faisant des achats massifs avec des marges minimales… Une combinaison qui ne pouvait pas fonctionner dans la durée et qui a mené Grosbill à une quasi faillite.

En un an, Grosbill a largement remonté la pente sur un marché en mauvais état.  Sa direction pense qu’avec quelques trimestres supplémentaires, la société pourrait renouer avec les bénéfices. Pour les administrateurs judiciaires comme pour Luc Boccon-Gibod, la situation est sereine. Les quatre acteurs qui ont proposé d’investir dans la société pourraient changer la donne rapidement. En s’associant avec une autre entreprise du secteur, Grosbill bénéficierait de meilleurs tarifs et pourrait parvenir à améliorer ses achats. Ce qui lui offrirait une meilleure attractivité.

Prochaine étape, les négociations entre tous les protagonistes de cette histoire, c’est la suite logique de l’aventure relancée il y a un an par l’équipe de Grosbill. Les administrateurs judiciaires vont décider de la meilleure piste à suivre pour faire durer cette aventure et une décision devrait être prise fin Novembre lorsqu’un plan sera présenté au tribunal de commerce. Un timing qui permettrait à Grosbill de profiter à plein d’une étape importante : Les ventes de fin d’année. 

Alors Grobill en dépôt de bilan ? En cessation de paiement ? Pas vraiment. La marque poursuit son travail de relance et ne risque pas de fermer ses portes ni son site de si tôt. 

Grosbill change de mains pour renaître de ses cendres

Notes :

  1. Les grossistes ont logiquement besoin de plusieurs revendeurs pour vivre. Sans concurrence dans la distribution, un grossiste doit accepter les offres de ses clients. Si un revendeur vend plus qu’un grossiste, il devient rapidement lui même le grossiste…
  2. Le nom de ces sociétés n’a pas été communiqué.

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22 commentaires sur ce sujet.
  • 26 octobre 2018 - 18 h 30 min

    Article très intéressant, merci Pierre. J’avais compris l’inverse sur un site de news peut-être que j’ai mal interprété, ou que l’info y était erronée. C’est bon de savoir que Grobill ne ferme finalement pas.

    Y a un détail que j’aimerais éclaircir, quand tu dis « quand aujourd’hui vous demandez certains processeurs à votre fournisseur, il faut en commander 100 pour finalement en recevoir… 10. »

    Que peut-il advenir des 90 autres processeurs ? Merci

    Répondre
  • 26 octobre 2018 - 18 h 46 min

    @prog-amateur: Certaines puces sont en rupture chroniques en ce moment. Quand tu es grossiste t’essayes de faire plaisir à tous tes clients mais en adaptant tes livraisons. Alors si tu as 100 pièces en stock et 10 clients ben tu vas essayer de livrer suivant leur carnets de commandes habituels. Genre un gros qui te demande 100 pièces tu lui en file 10, un qui t’en demande 20 tu lui en livre 2. Et un dernier qui te demande 3 pièces ne reçoit rien… Les « 90 autres » n’existent tout simplement pas.

    Répondre
  • 26 octobre 2018 - 19 h 04 min

    Le terme exact pour la société Grosbill est le redressement judiciaire depuis le 02/10/2018. À ne pas confondre effectivement avec la liquidation judiciaire qui signifie la cessation d’activité.

    Bonne chance à eux et aux salariés, je suis passé par là récemment pour ma part.

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  • 26 octobre 2018 - 19 h 26 min

    Une bonne nouvelle, merci Pierre pour ces éclaircissements.

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  • 26 octobre 2018 - 21 h 23 min

    Sans vouloir faire le rabat joie gros bill vient de déposer le bilan. L’entreprise était jusqu’à présent en procédure de sauvegarde mais depuis le début du mois elle est en redressement judiciaire qui est synonyme de cessation de paiement (autrement dit en « dépôt de bilan »)

    https://www.societe.com/societe/grosbill-420437311.html

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  • 26 octobre 2018 - 21 h 27 min

    Merci Pierre pour l’article.
    Merci pour les éclaircissements.

    Répondre
  • 26 octobre 2018 - 22 h 12 min

    @wanou: Tu as pas du lire le billet. D’abord le terme dépôt de bilan est impropre.

    Définition de Wikipedia qui est très correcte ma foi :
    « Le redressement judiciaire est une procédure collective de droit français dans laquelle sont placés un commerçant, une profession libérale ou une entreprise lorsqu’ils sont en cessation de paiements et tant qu’un redressement de l’activité est envisageable. À défaut, s’ouvre la liquidation judiciaire. »

    Confondre liquidation et redressement est une erreur. La liquidation c’est un jeté d’éponge, le redressement c’est la recherche d’une porte de sortie. Les gens confondent dépôt de bilan et redressement mais ce n’est pas du tout pareil.

    Il faut comprendre ce que cela signifie. En accord avec les administrateurs judiciaires, la société cherche a prendre appui avec une société externe pour remettre sa structure dans le bon sens. Lui donner plus de temps pour revenir a l’équilibre.

    Est-ce qu’elle a cessé de livrer ses clients ? Non.
    Est-ce qu’elle a cessé de payer ses créanciers ? Non.

    Elle a une dette envers l’état principalement pour de la TVA et des charges. Grosbill cherche a négocier cette dette pour sauvegarder la boite et ses emplois. A la reprise il y avait 135 salariés et énormément de TVA sur des produits vendus avec des marges ridicules. L’épurement de cette dette en passant de 135 salariés à 37 est une tâche ardue.

    Que permet le redressement : Encore une fois Wikipedia :
    « Article 1er de la loi du 25 janvier 1985 : « Il est institué une procédure de redressement judiciaire destinée à permettre la sauvegarde de l’entreprise, le maintien de l’activité et de l’emploi et l’apurement du passif. Le redressement judiciaire est assuré selon un plan arrêté par décision de justice à l’issue d’une période d’observation. Ce plan prévoit, soit la continuation de l’entreprise, soit sa cession.» »

    Le point a bien saisir est « apurement du passif » : Aucune société ne va reprendre les dettes de charges de Grosbill, ça n’aurait pas de sens. Mais si on peu nettoyer ce passif, la boite va rapidement reprendre des couleurs. Et c’est ce qui est visé par le duo administrateurs – direction de Grosbill.

    4 sociétés ont répondu à l’appel des administrateurs et de l’actuel directeur de Grosbill pour reprendre la structure. Le bon moyen de faire ce changement est de placer la société en redressement judiciaire. Pourquoi ? Parce que cela permet de faire en sorte que la société qui viendrait épauler Grosbill ne reprenne que ses actifs et donc « gomme » sa dette envers l’état. C’est une transition technique donc.

    C’est manifestement ce scénario qui est envisagé pour sauvegarder la société et ses salariés. Il va falloir choisir le meilleur partenaire d’ici Novembre pour présenter un plan au juge. Ce dernier aura alors trois choix :

    1 : Liquider.
    2 : Accepter.
    3 : Négocier un meilleur plan…

    Dire que Grosbill est en liquidation ou en dépôt de bilan – pour peu que cela veuille dire réellement quelque chose tellement ce terme est impropre – n’a donc aucun sens. C’est comme si on disait que tu étais ruiné parce que tu n’a pas la monnaie pour acheter ta baguette alors que ton porte monnaie bien garni est dans le manteau de quelqu’un de ta famille…

    Répondre
  • 26 octobre 2018 - 22 h 51 min

    J’en bouffe à longueur de journée alors je sais malheureusement ce que c’est.

    Et aujourd’hui le synonyme de redressement judiciaire c’est bien dépôt de bilan. L’entreprise dépose son bilan dans les mains du tribunal de commerce pour statuer sur son sort.

    Le synonyme de la liquidation judiciaire c’est la faillite et effectivement on y est pas encore.

    Répondre
  • 26 octobre 2018 - 23 h 02 min

    @wanou: Non mais dépôt de bilan ça ne veut plus rien dire aujourd’hui.

    Les gens ont dans la tête « Dépôt de bilan » = « Liquidation » et c’est très dangereux pour une boite comme Grosbill vu sa situation.

    Le redressement est très différent et ici il s’opère de manière concertée.

    Répondre
  • 27 octobre 2018 - 0 h 08 min

    Merci pour ces précisions, je suis très intéressé par ce cas Grobill (en espérant bien sûr que leurs affaires reprennent, je veux pas passer pour un expérimentateur glauque).

    Juste pour être sûr d’avoir bien compris, une société devrait investir dans Grobill pour l’aider à gommer ses dettes. Est-ce que :
    1. le statut même de redressement judiciaire permet d’annuler les dettes de Grobill envers l’Etat ?
    2. ou bien l’investisseur en rachetant une part de Grobill viendrait payer cette dette ?
    3. ou enfin l’investisseur ne viendrait qu’aider Grobill à améliorer sa situation sachant que Grobill n’a pas le droit de toucher à l’argent investi pour rembourser ses dettes (et alors il devrait le faire qu’avec les bénéfices gagnés éventuellement plus tard) ?

    Merci pour ton retour, c’est de l’économie mais ta façon de vulgariser m’est très utile pour comprendre ce milieu qui m’est un peu étranger.

    Répondre
  • 27 octobre 2018 - 1 h 33 min

    @prog-amateur: En fait c’est de la négociation. Le juge dois trancher en fonction des plans présentés par la direction de Grosbill et ses administrateurs judiciaires.

    Ces plans vont proposer plus ou moins de choses en faveur de cette dette et le juge choisira entre les différentes options. Il peut considérer que le jeu n’en vaut pas la chandelle et donc fermer le robinet en décidant la liquidation. Mais avec cette méthode il laisse sur le carreau 37 salariés et perds une boite qui pourrait rapporter de l’argent à l’état.

    Il peut décider de gommer la dette et alors 100% de l’investissement irait a renflouer Grosbill pour l’aider a renouer avec les bénéfices. Préservant ainsi les salariés et la structure. Oublier les dettes passées pour miser sur le futur.

    Enfin il peut faire quelque chose à moitié entre les deux : Demander au repreneur de s’engager a payer une partie de la dette par exemple et en gommer une autre partie.

    Tout cela les administrateurs judiciaires le devinent, c’est leur boulot de sentir quel plan a le plus de chances de fonctionner. Ils vont travailler avec les sociétés intéressées pour établir une formule qui va fonctionner le mieux possible.

    Il n’ y a rien d’automatique, le redressement n’est pas une gomme magique qui va systématiquement effacer les dettes de la marque. Mais entre « je récupère des clopinettes pour l’état, je colle au chômage 37 personnes et je n’ai aucune chance de faire fructifier une boite avec plusieurs millions de CA par an » et « J’efface une partie de l’ardoise mais je maintiens des emplois et j’ai des chances de voir cette boite a nouveau participer à l’économie globale » il y a un chemin qui semble plus sage que l’autre.
    certains redressement sont de pures formalités de forme qui suivent très rapidement la liquidation, quand il n’y a plus d’espoirs ce n’est pas la peine de faire durer. On débranche. Quand on est sur un cas comme Grosbill qui semble retrouver un fonctionnement viable… Il faut plus de temps.

    Techniquement le redressement a été publié le 2 Octobre avec une date de dépôt de candidatures de reprise au 24 Octobre. Mais la négociation entre Grosbill et ses administrateurs judiciaires et certains des repreneurs est en cours depuis plus de 6 mois en réalité. Si au 24 il y a eu 4 offres de reprises c’est que le commerçant est jugé intéressant. Maintenant il appartient à la direction et aux administrateurs judiciaires de faire le bilan de ces offres.

    Reprendre Grosbill c’est rajouter 30 millions de CA à son propre chiffre et apporter des solutions au site qui permettraient de le sortir de l’ornière plus facilement. Est-ce que cela vaut le coup de prendre un risque financier ? De combien ? Est-ce que cela n’est pas viable au final ? Cela va dépendre de la volonté du repreneur et de celle du juge. Il faut trouver la bonne équation.

    Si l’actuel PDG de Grosbill a pu reprendre le site à Mutares c’est grâce à la procédure de sauvegarde. Elle, comme ce redressement, sont avant tout des outils techniques et des outils de négociation. Pas un couperet qui tombe d’un coup sur la marque comme si elle ne l’avait pas vu venir.

    Ce qui est horrible ici c’est de lire « Grosbill est en dépôt de bilan » à la une de journaux grand public. C’est comme donner un couteau dans le dos des 37 salariés du groupe*… Techniquement le terme est impropre et cela fait vibrer un sentiment d’échec et de rideau tiré sur la boutique. C’est sur que cela doit faire plus de clics au final et attirer les lecteurs mais je trouve le procédé dégueulasse. Je suis pas sûr que les journalistes qui titrent ça seraient ravis de se pointer à la banque pour négocier un crédit avec une pancarte au dessus de la tête montrant les pertes accumulées de leur employeur.

    *Je précise que j’en connais pas des salariés du groupe, j’ai interviewé le PDG au téléphone mais je n’ai pas d’intérêts dans le groupe. Je sais juste que l’on a besoin d’avoir des enseignes concurrentes sur le marché.

    Répondre
  • 27 octobre 2018 - 3 h 18 min

    Pour compléter ce que dit pierre, ce que l’on appelait dépôt de bilan est en fait la déclaration de cessation de paiement qui oblige à déposer le bilan en cours dans les 45 jours auprès du greffe du tribunal. Celui ci saisi étudie l’état comptable et financier de la société pour trancher entre une liquidation judiciaire (procédure pour tout vendre et payer les créanciers ce qui n’est pas le cas ici) et un redressement judiciaire (qui permet de laisser une chance à l’entreprise de redémarrer, notre cas ici). Voili voilou

    Répondre
  • 27 octobre 2018 - 19 h 34 min

    Et Pierre il va travailler pour Grosbill ?

    Répondre
  • 27 octobre 2018 - 20 h 34 min

    @JamesBraun: « il a » (si j’ai bonne mémoire) …
    Merci pour ce billet où l’on ressent toute l’envie de défendre cette société d’un Bad buzz.
    Perso j’avais zappé qu’auchant avais revendu.

    Répondre
  • 27 octobre 2018 - 21 h 50 min

    @JamesBraun: Non. Mais j’ai fait le même métier et je suis doué d’empathie.

    @youri_1er: Mauvaise mémoire. J’ai été concurrent de Grosbill, deux fois dans deux entités différentes.

    Répondre
  • 28 octobre 2018 - 0 h 18 min
  • 29 octobre 2018 - 16 h 02 min

    @Pierre Lecourt: @nidzo: Merci à vous, c’est très limpide désormais !
    Le nombre de clic est devenu, à l’image de l’audience TV, un objectif pour lequel certains seraient prêts à dire/faire n’importe quoi pour le maximiser.

    Répondre
  • 7 novembre 2018 - 18 h 52 min

    @wanou:

    Non, clairement pas, la différence entre le redressement judiciaire et la liquidation judiciaire est que dans un cas, on poursuit l’activité, dans l’autre, on la liquide.

    Liquidation judiciaire = > cessation des paiements => terme commun pour le dépôt de bilan.
    Redressement judiciaire => poursuite de l’activité sous surveillance du TdCom.

    Répondre
  • 7 novembre 2018 - 19 h 02 min

    La dette de Grosbill envers l’Etat (et souvent envers l’URSSAF, aussi) n’est et ne sera pas annulée. Elle pourra cependant être étalée voire (il me semble) reportée. Ce n’est pas gratuit, mais c’est tout de même un point important.

    Obligatoirement, les dettes sociales et fiscales font parties de la reprise. Les autres créanciers, c’est autre chose.

    Art L631-1 CCom : « (…) La procédure de redressement judiciaire est destinée à permettre la poursuite de l’activité de l’entreprise, le maintien de l’emploi et l’apurement du passif. Elle donne lieu à un plan arrêté par jugement à l’issue d’une période d’observation (…) »

    Répondre
  • 7 novembre 2018 - 19 h 07 min

    Art L641-1 CCom « (…) La procédure de liquidation judiciaire est destinée à mettre fin à l’activité de l’entreprise ou à réaliser le patrimoine du débiteur par une cession globale ou séparée de ses droits et de ses biens. »

    La différence est claire pourtant.

    Répondre
  • 7 novembre 2018 - 19 h 36 min

    En fait la mauvaise nouvelle est que Grosbill passe de la sauvegarde (pas de cessation des paiements, mais difficultés insurmontables) au RJ (cessation des paiements établie). Maintenant, une sauvegarde ouverte tardivement, c’est déjà un RJ déguisé. Tout est relatif. On ne pourra tout de même pas le reprocher à l’actuel président, il passe en sauvegarde moins d’un mois après sa nomination.

    La bonne nouvelle est qu’il ne sont pas directement en LJ. Il y a donc encore de l’espoir.

    Répondre
  • 19 décembre 2018 - 14 h 12 min

    […] a passé quelques mois dans de fortes turbulences et si en Octobre dernier beaucoup de sites statuaient sur son dépôt de bilan, c’est bien un autre scénario qui s’est finalement déroulé. La société était […]

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