L’idée est simple, faire pression sur les revendeurs pour les empêcher de baisser les prix des matériels de la marque. Si ils baissaient trop leurs tarifs, s’éloignaient des prix publics, les constructeurs faisaient les gros yeux et les conséquences pouvaient être graves.
De 2011 à 2014, Asus a ainsi empêché les revendeurs de baisser leurs marges pour conserver des prix élevés. L’idée pour les marques étant en général d’éviter un essoufflement rapide des catalogues de produits et maintenir une concurrence biaisée qui collerait au prix public.
Cette concurrence est surtout avantageuse pour les revendeurs les plus connus, quitte à acheter un matériel au même prix partout, l’utilisateur aura tendance à se tourner vers l’enseigne la plus rassurante et la plus célèbre. Un revendeur en ligne ou un revendeur de quartier voulant jouer sur d’autres aspects (prix ou services) aura plus de mal à séduire.
Pour avoir été revendeur à une époque lointaine et en prise directe avec des marques ou des grossistes jouant à ce jeu, les conséquences d’un refus d’obtempérer à un réalignement des tarifs avec le prix public des machines est souvent assez sauvage. De la disparition des lignes de crédit chez les grossistes jusqu’à la mise en liste noire par des marques refusant de livrer quoi que ce soit, ne pas respecter les règles énoncées tacitement peut s’avérer catastrophique. Quand on propose un catalogue de portables ou de PC et que du jour au lendemain celles-ci deviennent comme par magie totalement en rupture de stock, on fait face à un gros souci vis à vis de ses clients.
Mais cette stratégie de confinement à également joué un tour aux marques puisque face à ces soucis avec les grossistes et antennes locales de certaines d’entre elles, plusieurs revendeurs ont décidé de s’intéresser à l’importation de produits depuis toute l’Europe. Les frais générés par le transport de marchandises pouvant être rattrapés par du volume. Assez rapidement, les antennes locales européennes ont ainsi créé une concurrence entre elles au sein des mêmes marques.
Asus, comme les autres marques, a plaidé coupable et a ainsi vu son amende réduite de moitié mais c’est tout de même 63.5 millions d’euros que la firme taïwanaise devra débourser.
Est-ce une pratique qui est totalement terminée ? Je n’en sais rien, j’avoue que j’ai peu d’échos de pressions aussi violentes que ce que j’ai pu constater à mon époque en tant que revendeur. Il faut dire également que les constructeurs ont trouvé une parade magnifique pour éviter toute comparaison de tarifs trop problématique. Ils construisent des machines sur mesures et uniques pour chaque gros revendeur. Sur une même base de portable par exemple, un constructeur va proposer 5 variantes différentes à ses gros clients et une dernière variante qui sera commune à tous les autres via ses grossistes.
Les produits ont le même nom de code qui ne diffère au final que par quelques lettres et chiffres après un tiret. Ainsi un Ultrabook peut se voir décliner en 6 références différentes qu’un moteur de prix ne pourra pas comparer. Une manière d’empêcher la mise en concurrence des enseignes puisqu’elles ne proposent plus jamais les mêmes produits… à 50 Go de stockage près.
Plus d’infos sur le site de la Commission Européene
2,5€ par mois | 5€ par mois | 10€ par mois | Le montant de votre choix |
Le principe du revendeur, ce n’est pas d’acheter au fabriquant et ensuite de le revendre au prix qu’il veut ?
Exemple :
J’achete un PC à 500€ l’unité.
C’est mon problème si je le vend à 400€ et donc à perte…
Je vais un peu trop vite dans mon exemple, car j’ommets les lois européenne, la régulation des prix et je ne sais quoi d’autre encore.
Mais c’est pour essayer de comprendre le principe des revendeurs… ;)
@Myke: A perte c’est interdit hors période de soldes et uniquement pour des produits soldables.
Ça doit plus exister sinon Trump se fendrait d’un TWEET
Excellent article!
Bel article,
Très intéressant ces histoires de références différentes.
A bientôt
@Myke
Non ce n’est pas seulement ton problème si tu vends 400€ un produit avec un prix public de 500€. Car les consommateurs verront des enseignes plus chères que d’autres, ce qui nuira à leur image. Il est courant (dans certains secteurs ?) que le distributeur final impose à son grossiste une clause type « si vous vendez à d’autres distributeurs, ceux-ci doivent s’engager à ne pas vendre en-dessous de notre prix référence ».
Cela n’est guère étonnant, les marques de cette liste sont réputées pour vendre bien au dessus du prix du marché dans certains pays Européens notamment en France, de plus comment expliquer des écarts de 30 % parfois entre l’Allemagne et la France pour une même référence?
@Will:
Les consommateurs iront vers les marques restées moins chères car elles n’auront pas à payer pour leurs magouilles passées?
Ici, pour moi, rien à dire.
Il est amha beaucoup plus problématique d’imposer des réglementations sur les données personnelles qui pénalisent ceux qui y faisaient déjà très attention… en configurant leur navigateur pour rincer cookies et autres données de sites/mouchards à chaque fermeture… et qui se voient obligés de redonner leur consentement en permanence avec ce truc mal fichu. Sauf à regresser vs leur situation antérieure en reconfigurant pour laisser les mouchards faire.
Là, clairement, c’est juste con.
Pour les modèles dédiés à chaque enseigne, c’est comme les vendeurs de matelas. J’ai cherché pendant longtemps pour comparer (sur 2-3 ans quand même) : sur un même matelas d’une même grande marque, chaque enseigne avait le modèle sous un nom différent et la housse qui changeait vaguement. Ce matelas était à 40% de réduction toute l’année, même pendant les opérations spéciales literie (Juste la promo écrite en plus gros.) Donc la mention « remboursé si vous trouvez moins cher ailleurs » ne fonctionne pas.
Mais les vendeurs de matelas ne s’inquiètent pas de contrôles. Seul le client final est pris pour un con.
Bon j’suis finalement allé chez le suédois tant pis pour les marques françaises.
@Cid : effectivement acheter un matelas est une prise de tête incroyable à cause de ce système de référence propre au distributeur. Une usine fabrique environ 5 types de matelas différents, mais multiplié par le nombre de distributeurs, on se retrouve avec des dizaines de référence pour le même modèle. Donc cela devient illisible pour le consommateur. Seule solution pour être sûr de ce qu’on achète, essayer et acheter le matelas en boutique et le payer du coup le prix fort (malgré les -40% généralement de mise toute l’année). Il s’agit là d’un petit business bien huilé et bien français, donc peu de chance que l’UE légifère et sanctionne.
J’ai acheté il y a qq année un matelas EPEDA, payé le prix fort, même sérieusement négocié. J’ai racheté 2 ans après sur Internet exactement le même matelas, fabriqué dans la même usine, mais sans la marque EPEDA dessus. la moitié du prix..
Désolé pour le H.S., mais pas si H.S. que cela..
Au lieu d’emmerder les constructeurs pour 63 petits millions pour entrave à la concurrence, ils feraient mieux de s’attaquer à Microsoft, le Pape de l’illégalité ! Là y’a des milliards à récupérer, encore faut il avoir des c……
Je n’avais pas vu, près de 30 M€ d’amende pour PHILIPS, c’est tout autant remarquable que pour ASUS. Voilà bien un géant de l’electronique à proscrire, emblématique de l’ancien monde et apôtre, voir inventeur de l’obsolescence programmée.
Pour ma part, dans le cadre d’une entreprise je n’achète plus ASUS depuis des déboires sur un modèle. Freeze, plantage et même le changement de CM ne corrige pas 100% du problème. Idem avec mise à jour W10,mais là plutôt coté pilotes plutôt que matériel, SAV médiocre. Bref, je n’achète plus d’ASUS. Le rapport qualité prix semblait bon mais la qualité laisse à désirer pour le modèle que nous achetions et je n’ai pas envie de tester l’ensemble des modèles de la gamme. Je suis passé chez Lenovo, c’est le jour et la nuit, fonctionne bien, bon rapport qualité prix mais sans les problèmes logiciels ou hardware (on est sur du portable 13 pouces, 1.3kg pour situer les modèles) mais SAV à revoir, même l’enregistrement de leurs produits est laborieux.