Vaunt, c’est une technologie de lunette connectée. Une technologie qui dispose de la magie suffisante pour qu’elle fonctionne vraiment, contrairement à celle déployée par le passé par d’autres marques. Cette magie, c’est la transparence.
Les lunettes connectées telles qu’on les connait aujourd’hui ce sont surtout celles de Google, à savoir des objets immédiatement identifiables. On peut même dire que Google a conçu ses lunettes pour qu’elles soient reconnues et portent sa marque et son travail d’innovation. Une sorte de marqueur social et technologique qui permet au porteur de faire valoir sa classe de geek ultra connecté1.
L’Intel Vaunt prend en compte la condition de l’objet lunette et lui ajoute une fonction connectée. C’est le point de départ de sa réflexion. Cette technologie est compatible avec tous les formats classiques de cet outil indispensable à la vision de centaine de millions (de milliards ?) de personnes. Vaunt est également avec les différentes optiques qui correspondent à leurs besoins.
Vaunt est plus qu’un objet comme le sont les Google Glass, c’est une plateforme. Une nouvelle façon de faire des lunettes. Un moyen de leur rajouter une interface et non pas une signature de marque en particulier.
Vaunt est invisible
Le gros point fort de cette technologie c’est qu’elle ne se voit pas. Un porteur de ces lunettes ne provoquera pas de questions particulières, il ne créera pas l’événement et ne subira pas de remarques. Ses lunettes ressembleront aux modèles d’optiques que l’on peut trouver en magasin actuellement. Mais, à la différence de ces dernières, elles embarquent une vraie technologie d’affichage tête haute. Quand l’utilisateur les porte, il peut voir s’afficher des informations par dessus son champ de vision. Son oeil droit bénéficie d’un affichage directement au travers de son verre.
Alors, évidemment, face à une paire de Google Glass qui embarque tout l’attirail de communication cher au moteur de recherche, c’est beaucoup moins riche : Pas de camera, pas de haut parleur ni de boutons. Rien de tout ça mais, en échange, on affiche une paire de lunettes avec un aspect beaucoup moins voyant.
Les Vaunt pèsent autant que des lunettes classiques, une cinquantaine de grammes. Pourtant, elles embarquent une batterie, un processeur, un module Bluetooth et le système de projection d’écran. L’ensemble est une réalisation sur mesures d’Intel. Pas un amas de technologies existantes mais une conception créée pour cet objectif précis.
Le fonctionnement est assez complexe, on parle d’optique et ce n’est jamais très simple. Vaunt emploie un projecteur laser de très faible puissance qui dessine une image de 400 x 150 pixels directement sur l’optique. Cette image est pensée pour que votre oeil puisse la voir en réflexion au travers du verre et s’affiche comme si elle flottait à quelques mètres de vous. Votre cerveau la prend en compte comme étant plus loin que le verre que vous portez sur le nez, comme un hologramme porté dans l’espace situé dans votre champ de vision.
L’image ainsi projetée sur la surface du verre est peinte par un laser rouge, il ne s’agit donc pas de reproduire des images mais du texte. Typiquement des notifications ou des informations basiques. Les Vaunt se connecteront à votre smartphone pour afficher directement près de votre oeil les éléments habituels : SMS, entêtes de mails, alertes, listes de courses, chronomètre, alarme ou navigation.
Quand je parle d’invisibilité, cela vaut également pour la vision au travers des lunettes. L’affichage se fait de manière assez subtile. En usage normal, on regarde au travers des lunettes comme si de rien n’était. Rien ne s’affiche à l’écran. Mais lorsqu’un message arrive, il est d’abord signalé par votre smartphone qui vibrera ou émettra un son comme à son habitude. La lumière du laser rouge sera également visible en bas à droite de votre champ de vision mais sans se superposer à son ensemble. Si vous êtes en train de lire ou de discuter avec quelqu’un, votre vision ne sera pas gênée par l’arrivée d’un SMS par dessus votre œil. Il faudra jeter un regard vers le texte pour pouvoir le lire.
Pouvoir ignorer ses notifications est un vrai luxe et, à mon sens, un point indispensable pour ce genre de technologie. C’est à l’utilisateur de décider quand il va s’intéresser à l’objet et non pas l’objet qui dicte le tempo à l’utilisateur. Le fait de ne pas avoir de gène dans son champ de vision à la moindre notification, de maintenir la fonction de base des lunettes donc, est probablement l’élément le plus important du dispositif.
Ces choix ont de multiples incidences sur l’usage de Vaunt, à commencer par proposer une bonne autonomie. Le mélange laser-Bluetooth permet de proposer dans 50 grammes de lunettes une autonomie de 18 heures. Soit une bonne journée d’usage avant de devoir les recharger. Vaunt se contente d’être un affichage, les informations en provenance de votre smartphone sont projetées par la lumière du laser via la synchronisation Bluetooth. Le processeur interne exécute le travail de formatage des données vers le laser. Il n’y a pas de capture de données par les lunettes : Pas de géolocalisation ou autre. Pas de capture d’images ni de transmission sonore. Intel est parti du principe que c’est au smartphone de prendre ces éléments en charge.
Il y aura, à terme, une transmission d’ordre vocaux des lunettes vers le smartphone par l’implémentation d’un microphone. Une technologie qui ne demande pas spécialement de ressources et qui utilisera le Bluetooth pour communiquer. Ce genre de technologie prendra en charge les assistants vocaux classique et les Vaunt ne seront là, encore, que dans un rôle d’interface.
Cela permettra surtout plus d’interactions avec l’affichage. On pourra, par exemple, demander vers où aller sans sortir son smartphone, relever ses emails ou s’informer sur un sujet précis en restant les mains libres. En attendant, Vaunt s’utilise en effectuant des mouvements de tête. Un gyroscope est intégré et prend en compte vos actions pour naviguer entre les notifications. Un coup d’oeil pour lire, un mouvement de tête vers la droite pour passer à une autre info et vers la gauche pour la chasser de l’affichage.
A qui s’adresse Vaunt ?
Difficile de répondre à cette question aujourd’hui. On n’a aucune idée du détail de la commercialisation de ce produit dans le futur. Intel nous a habitué à concevoir des produits qui ne sont finalement pas disponibles sur le marché. Cependant, la marque veut ouvrir un programme de tests aux développeurs pour qu’ils puissent prendre la mesure du procédé et en développer des usages. Un kit de développement sera donc lancé cette année auprès de ceux désireux de travailler avec Vaunt. Cela débouchera peut être par une commercialisation du procédé à terme.
A vrai dire, j’y crois plus que pour les Google Glass tout simplement parce que Vaunt ne demande pas de technologie particulière et ne vise pas les mêmes objectifs. Intel peut vendre sa technologie sous forme de modules prêts à l’intégration2 aux fabricants de lunettes déjà implantés. Ces derniers pourront alors intégrer Vaunt dans leur gammes comme ils le font pour des technologies de verre ou de grandes marques de mode. On pourrait aller chez l’opticien du coin et, en plus de prendre des verres fins ou progressifs, opter pour une technologie Vaunt.
Le procédé d’implémentation est plus simple que le Glass. Il ne demande pas une certification quelconque. Il suffit de concevoir une branche de lunettes qui embarque les éléments fournis par Intel pour que tout fonctionne. Pas besoin de porter un système d’exploitation ou de développer des applications spécifiques. Google Glass aurait pu marcher au travers de marques comme a fonctionné Google Wear dans les montres connectées. Mais c’est à chaque fois un gros investissement pour les marques et autant de canaux de distribution à imaginer. On a du mal à concevoir que l’on aille chez Darty pour acheter des lunettes, et les opticiens n’ont aucun intérêt à proposer une marque tierce sur laquelle leur marge sera minimale en magasin plutôt que leurs propres modèles. Avec Vaunt, il est possible pour Intel de toucher un large public en signant un simple contrat de distribution avec les acteurs déjà en place.
Un écran de plus ?
Mon premier réflexe à la vue de ces lunettes a été de me demander comment les gens allaient pouvoir avoir encore des interactions sociales avec ce genre d’affichage permanent sur le nez. Puis, en y réfléchissant un peu, je me suis dit que ce n’était pas un nouvel appareil mais simplement un nouvel élément permettant l’interaction entre un appareil existant et l’utilisateur. Et au final, je me demande si cela ne sera pas bénéfique en terme de relations sociales.
Certes, il y aura surement des moments où on verra notre interlocuteur regarder bizarrement de côté si il souhaite lire une notification. Mais c’est peut être moins pire que ces gens qui font semblant de vous écouter alors que leur smartphone n’arrête pas de vibrer et qu’ils n’ont alors plus qu’une seule idée en tête… Celle de lire les messages reçus. Fussent-ils de pauvres spams inopportuns.
Ce que j’imagine de très positif par contre, c’est d’éviter le plongeon quasi systématique que provoque l’écran du smartphone. Si les lunettes donnent l’information nécessaire délivrée par une notification. Elles ne font que cela. Au contraire du smartphone qui pousse très souvent à une recherche d’informations supplémentaires. Combien d’entre nous sortons notre téléphone de notre poche pour lire une simple notification et nous apercevons, dix minutes plus tard, que nous nous sommes laissés entraîner dans un trou noir : La notification nous a poussé à la lecture de quelques emails, de réseaux sociaux et parfois même dans quelques recherches supplémentaires.
Le fait de ne pas imposer d’interactions superflues permettra donc de prendre en compte les notifications importantes, Intel insiste sur la possibilité de trier celles-ci de manière fine et pertinente au travers d’une application dédiée. Mais les lunettes ne pousseront pas à consommer inutilement des informations moins cruciales et par la même occasion ne vous feront pas pencher la tête vers votre écran de smartphones des heures durant. Au final, l’affichage tête haute trié avec soin est peut être une meilleure solution que de devoir faire le tri en permanence entre les informations importantes et les notifications inutiles que vous propose sans cesse votre smartphone.
Source et images : TheVerge.
Notes :
2,5€ par mois | 5€ par mois | 10€ par mois | Le montant de votre choix |
« Combien d’entre nous sortons notre téléphone de notre poche pour lire une simple notification et nous apercevons dix minutes plus tard que nous nus sommes laissés entraîner dans un trou noir »
Oui enfin c’est le créneau des montres connectées, c’est d’ailleurs la principale utilisation que j’ai. Un SMS ? Je tourne le poignet, je lis le SMS et 90% du temps je ne réponds pas immédiatement (parce que c’est pas urgent). Temps pris, 3 secondes, au lieu de 20 ou 30 (parce que à sortir le téléphone, en général, on répond :) ).
Whhaaaa Pierre, merci pour l’article !
Toute l’Asie étant myope (pour cause de smartphone), le marché potentiel est hénaurme ;)
Quand à moi, me déplaçant essentiellement en vélo (j’utilise parfois mes pieds, surtout « indoor »…) et étant porteur de lunettes, je rêve depuis très longtemps d’un machin qui va afficher quelques infos sur un verre (de lunettes). J’aimerai bien qu’un jour le rêve devienne réalité…
S’ ils arrivent à faire un truc clipsable sur n’importe quelles lunettes, c’est le jackpot. Surtout pour le bac, :)
Hello, j’ai une question : Intel dit qu’il n’y a qu’un afficheur et rien d’autre. Le téléphone et Vaunt sont connectés en Bluetooth.
Ceci dit, y a-t-il une application cliente à installer sur son smartphone qui envoie ces données vers le dispositif Vaunt ? Parce que si c’est le cas, les données sont alors à disposition d’Intel.
En tout cas, la prouesse technique est géniale. Mais je ne les achèterais pas, non pas que pour cette méfiance à l’égard d’Intel, mais pour toutes ces ondes laser/Bluetooth, etc.
@prog-amateur: Je manquais d’info pour travailler ce point : La proximité Bluetooth/cerveau… On verra plus tard.
Pour les infos, ben c’est comme pour les montres connectées et autres appareils du genre. Cela passe forcément par une application qui émet les données vers le destinataire.
@Pierre Lecourt: Merci beaucoup pour tes retours !
C’est forcément du Bluetooth « Low Energy » (BLE) à faible portée, donc rien à voir a priori avec un Wifi d’intérieur un peu costaud, et encore moins un mobile collé à l’oreille… Même les grosses oreillettes BT (pas LE) que tout le monde portait il y a quelques années devaient rayonner plus :-)
Une appli notif-vaunt qui permet de sélectionner les notifications voulues … En fonction de son mode profil (extérieur, silence…conduite) waouh il y a de la place pour des usages réellement fonctionnels
Ça me paraît être un produit très bien ciblé, réellement pratique avec pas mal d’usages potentiels. Curieux de voir comment ça va se développer.
Sur un autre forum, ils étaient nombreux à se questions sur le laser projeté sur les yeux.
Des risques de macula dès 30 ans ?
Par ailleurs, quand on pense aux millions de gens qui n’ont pas accès à de simples paires de lunettes, cet nième bricolage « homme nouveau » me laisse dubitatif.
Et je laisse de coté les nombreux va nu pieds.
J’imagine déjà les nombreux inconscients lire leurs messages alors qu’ils conduisent. Et encore plus difficile de les choper qu’avec un smartphone.
Mais je reste toujours impressionné par ces technologies.
Une technologie qui dispose de la magie suffisante pour qu’elle fonctionne vraiment, contrairement à celle déployée par le passé par d’autres marques
Ce produit est à mon sens idéal pour faire une présentation commerciale sans devoir mémoriser un grand nombre d’informations pas toujours utiles.
Je pense notamment à la trame que l’on doit préparer en parallèle d’un PowerPoint pour expliquer/argumenter un service ou une solution auprès d’un client.
Ce type de produit permettrait de gagner un temps considérable en projetant du texte que l’on a écrit au préalable.
[…] La présentation impromptue du projet Superlight par The Verge accrédite cette thèse. Le site US avait été invité dans les locaux où les lunettes ont été inventées. Cette invitation n’avait pas le parfum policé des présentations assurées par le service de presse de la marque. Le travail de la branche était largement mis en avant en détail avec un gros accent sur la faisabilité technique du projet mais la visibilité du fondeur était tout juste en filigrane. Intel avait probablement déjà en main la prise de courant pour débrancher totalement Vaunt. Les personnes en charge de ce projet ont peut être trouvé là un moyen de poursuivre leur travail. Faire connaitre les lunettes et intéresser un industriel capable de venir sonner à la porte d’Intel le jour ou l’annonce de la fermeture du New Devices Group ? […]