La bataille qui se prépare autour des objets connectés pousse le marché à une énorme consolidation des plus gros acteurs du marché. Intel vient de sortir une jolie somme d’argent et ce rachat d’Altera est son plus gros investissement jamais réalisé pour racheter un concurrent.
Même si son nom ne vous est pas forcément familier, Altera n’est pas un petit acteur mais un des gros poisson du marché des fabricants de composants actuel. Un des plus gros fabriquant de puces FPGA, des puces programmables après avoir été embarquées. Une technologie qui permet entre autres un déploiement in situ de plusieurs puces qui prendront connaissance de leurs tâches après s’être identifiées au préalable comme le suggérait il y a peu la solution de Huawei avec LiteOS.
Intel pourrait doc proposer des processeurs reconfigurables à la volée ce qui, couplé à de belles capacités de calcul, pourrait apporter des fonctions intéressantes sur plusieurs points : Des modems 4G qui s’adapteraient aux fréquences et aux normes de chaque pays mais qui seraient un produit unique au sortir de l’usine. Des codecs de décompression materiel capable d’évoluer, des objets connectés capables de muter après leur installation.
Un FPGA optique signé Altera
Si Intel rachète Altera c’est pour profiter de son expérience, de son savoir faire et de ses brevets dans 2 domaines. Celui de la conception de puces pour serveurs qui viendront épauler le savoir faire d’Intel sur ce marché mais également le marché des objets connectés dont Altera est un spécialiste. Donnant ainsi un nouvel élan à la marque et lui assurant une énorme base de travail, de clients et de revenus potentiels.
Avec Altera, Intel est désormais mieux équipé pour lutter contre ARM sur ce marché spécifique mais vient également se positionner contre un nouveau géant après que Avago technologie aie avalé Broadcom la semaine dernière pour plus de 37 milliards de dollars. Intel va pouvoir déployer des technologies nouvelles au travers de ses futures générations de processeurs mais également améliorer les productions de la marque pour leur offrir les technologies de son propre monde. Un rachat à suivre.
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Bon, désolé, mais, c’est n’importe quoi.
– Altera ne fabrique pas de puces (« fabless »). En fait, certains Altera haut de gamme sont déjà fabriqués par Intel, ce qui alimente les rumeurs de rachat depuis plus d’un an.
– Altera n’était pas vraiment un concurrent d’Intel.
– Intel n’a pas besoin d’une quelconque expertise d’Altera dans les serveurs (qui n’en a aucune).
– Les ‘objets connectés’ sont un fourre-tout (mon grille-pain est connecté au 22OV, ça compte ?), mais, souvent on trouve des microcontrôleur à très bas coût, ce qui exclut plutôt les FPGAs, plutôt destinés (pour simplifier) à des petites séries. Donc pas vraiment d’Alteras, plutôt des ST, TI, NXP, Freescale… Evidemment, il y a toutes sortes d’applications, et il y a certainement des clients pour des puces x86 avec un bout de FPGA pour customiser.
– A propos des codecs, on va plutôt dans le sens inverse : De plus en plus de structures en dur qui consomment moins qu’un processeur quant elles fonctionnent, et qui sont totalement à l’arrêt le reste du temps (« dark silicon »). C’est particulièrement le cas dans la téléphonie : Le processeur est pratiquement en sommeil pendant l’affichage d’une vidéo.
Mon explication, plus prosaique, est que Intel doit occuper ses usines, a beaucoup de cash, et les FPGAs sont des composants avec une marge plutôt élevée et qui s’adaptent bien, grâce à leur structure répétitive, aux essais des nouvelles générations de semiconducteurs (Xilinx et Alteras se sont par le passé vantés d’être les premiers en 40nm, 90nm…). C’est aussi un moyen d’écouler des puces au tailles indécentes (avec le prix qui va avec), un peu comme les processeurs graphiques.
Un fabricant de FPGA n’entre absolument pas en concurrence avec un pourvoyeur de licences de coeurs synthétisables comme ARM. A la limite, pour des versions simples l’un pourrait servir de support à l’autre mais un µP en logique programmable est si peu efficace qu’en général, si on trouve des µP intégrés dans certains FPGA, c’est sous forme gravée (Xilinx intègre des coeurs PowerPC un peu simples/anciens par exemple).
L’intérêt pour Intel est selon moi ailleurs: Intégrer de la logique programmable directement dans ses SoC afin d’espérer revenir vers les marchés embarqué/télécom mais ce ne sera pas facile car ils traînent un jeu d’instruction bordélique qui a toujours été évité par ces industries.
Il faut voir que les pionniers du FPGA ont bouffé aussi le marché du CPLD qui les rejoint de plus en plus niveau complexité, le distingo entre les familles tenant plus (et encore) au fait qu’un FPGA doit voir son bitsream downloadé après démarrage tandis qu’un CPLD intègre une flash qui lui permet d’être utilisable dès la montée d’alim, par exemple pour gérer toute la séquence de démarrage (gestion du séquencement des différentes alim et reset) d’un processeur, de ses périphériques et au delà d’une carte. Là encore, intégrer cela sur un SoC simplifierait les design.
Sinon, comme dit par ailleurs, dans un monde ou Intel perds des pdm très liées au PC, occuper ses fab avec un concept souple d’usage mais qui occupe toujours plus de silicium par rapport a du gravé dans le silicium (ASIC…).
Et sans doute un peu des trois!
En réalité, c’est un peu le contraire de la philo ARM qui propose des coeurs à implémenter au milieu de sa logique proprio. Là c’est plutôt
[…] Intel a d’ailleurs eu le même raisonnement en 2015 en s’offrant Altera pour 16.7 millia… afin d’intégrer exactement le même secteur. […]