AMD confirme l’achat de Xilinx pour 35 milliards de dollars

Avec les data center en ligne de mire, le rachat de Xilinx par AMD justifie de casser sa tirelire. C’est du moins le point de vue de la marque qui vise à augmenter sa présence sur ce segment.

35 milliards de dollars, c’est la somme que devra débourser AMD pour finaliser le rachat de Xilinx. Fruit d’une intense négociation, les deux sociétés ont finalement trouvé un terrain d’entente. Un terrain tapissé de billets verts ? Pas vraiment, la tractation devrait se solder d’ici la fin 2021 par un échange d’actions.

Xilinx

Pourquoi acheter Xilinx ? 

Xilinx est une société spécialisée sur un secteur où AMD n’est pas spécialement très présent. Si on connait les puces Radeon et Ryzen et autres Threadripper sur différents marché PC et serveur, si on sait que les puces de la marque sont employées sur le segment console, AMD est beaucoup moins présent dans les data centers et autres salles serveur du monde entier. C’est justement la grande spécialité de Xilinx qui conçoit des FPGA ou des Field-Programmable Gate Arrays. 

A la différence des puces x86 classiques qui sont pensées pour être capable de mener à bien de nombreuses solutions, ces FPGA sont capables de calculer de manière hyper spécialisée. Mais, autre différence très importante, là où un processeur de PC standard ne varie pas dans le temps, ces FPGA peuvent être déployés et reprogrammés à la volée pour exécuter ces tâches spécialisées. Ils sont non seulement hyper pointus mais on peut orienter leur spécialité vers différents secteurs.

Une solution Xilinx, intégrée massivement dans une salle serveur, va pouvoir être reconfigurée pour se mettre à compresser de la vidéo de manière hyper pointue et efficace. Puis, quand le besoin s’en fera sentir, elle se reconfigurera pour travailler à la compression de données. Enfin, parce qu’il s’agit d’un moment important de l’année pour du eCommerce, elles basculeront dans un mode de chiffrement de données. Tout cela avec le même matériel et le même serveur.
FPGA

Outre cette possibilité de répondre au mieux aux différents besoins de chaque moment, la solution Xilinx pourra proposer le meilleure rendement possible pour chaque Watt dépensé et, évidemment, la solution pourra s’adapter de manière précise aux différents scénarios demandés. Cela veut dire que si vous avez 1000 Xilinx FPGA dans la même salle, vous pouvez en avoir 30% qui traiteront de la vidéo, 60% pour le chiffrement de données et le reste qui travailleront encore à d’autres tâches. Ces pourcentages pouvant évoluer au gré des besoins.

Ces puces sont massivement employées dans les data-centers mais sont également présentes dans d’autres secteurs stratégiques comme les réseaux de télécommunication ainsi que dans de nombreuses industries. Des secteurs où AMD n’est pour le moment pas vraiment présent, ou pas assez. Cela justifie t-il ces 35 milliards ? Oui si on considère le potentiel de croissance lié à cette manoeuvre.

Intel a d’ailleurs eu le même raisonnement en 2015 en s’offrant Altera pour 16.7 milliards de dollars afin d’intégrer exactement le même secteur.

Lisa SU

AMD et Xilinx, de futures synergies ?

AMD absorbera Xilinx tout en continuant de développer les deux entités en parallèle. Les équipes d’ingénieurs pourront travailler ensemble et partager leurs différents savoir-faire. On imagine que des éléments de complémentarité pourront être bénéfiques aux deux entités. Les ingénieurs des deux firmes vont avoir du grain de silicium à moudre pendant les prochains mois. 

La PDG d’AMD se félicite, en attendant, de cette fusion, on aurait mal imaginé l’inverse, qui va permettre de faire des économies grâce aux synergies générées par les deux entités. Les 13000 ingénieurs du nouveau groupe vont pouvoir travailler ensemble.

Reste que ce genre de rapprochement peut également mal se passer ou ne pas porter tous les fruits espérés. Il faudra être attentif aux retombées de ce mouvement décidé par AMD. Si la marque n’a pas beaucoup de choix pour progresser sur ce segment particulier qu’une option d’achat de ce type, ce type de mouvement peut avoir un écho inférieur à ce que l’on imagine. Si tel est le cas, comme Intel avec Altera, les fruits pourraient être plus amers que prévus. Intel avait promis monts et merveilles à Altera lors de cette acquisition. Des puces FPGA gravées en 7 nanomètres dès 2020. A moins que le fondeur n’ait un sapin de Noël très bien garni, on n’en verra pas la trace cette année…

La facture est tout de même diablement salée et si Xilinx n’est pas aussi juteux qu’espéré, elle laissera des traces dans l’historique des décisions d’AMD. Un dilemme d’autant plus grand que ne pas acquérir Xilinx pourrait également être la plus grosse erreur de la direction de la marque…


Soutenez Minimachines avec un don mensuel : C'est la solution la plus souple et la plus intéressante pour moi. Vous pouvez participer via un abonnement mensuel en cliquant sur un lien ci dessous.
2,5€ par mois 5€ par mois 10€ par mois Le montant de votre choix

Gérez votre abonnement

8 commentaires sur ce sujet.
  • 30 octobre 2020 - 17 h 03 min

    Nvidia à mis la main sur ARM, AMD ne pouvait pas être en reste. Mais j’ai l’impression que le Caméléon a fait une meilleure affaire…

    Répondre
  • 30 octobre 2020 - 17 h 45 min

    @sidero: ARM c’est autre chose oui.

    Répondre
  • 30 octobre 2020 - 20 h 22 min

    Très intéressant !
    Investissement différent de nVidia en effet, et si je ne me trompe pas Intel avait investi dans la DRAM cette année.

    On commence à voir là où ils placent leurs billes.

    Répondre
  • 30 octobre 2020 - 22 h 43 min

    Autant l’achat d’Altera par Intel avait le prétexte d’utiliser les usines Intel pour fabriquer des FPGAs, et être moins dépendant des x86, autant les synergies entre AMD, qui n’a plus d’usine, et Xilinx, sont assez douteuses.

    Mettre un x86 et un FPGA sur la même puce tient au masochisme, et rien n’empêche aujourd’hui de brancher un Xilinx à un proc. AMD avec du PCI Express de dernière génération.

    AMD avait de l’argent à dépenser, mais Xilinx,…

    Répondre
  • 31 octobre 2020 - 9 h 05 min

    35 milliards c’est effectivement une coquette somme !
    D’autant, qu’AMD est une société régulièrement déficitaire… même si les choses semblent aller mieux ces derniers temps.
    Acheter une société d’un autre secteur est peut-être la partie facile, si on a l’argent.
    Le plus dur c’est la suite : continuer à développer les 2 entités séparément ou pas, développer des synergies… Au moins sur ce point, AMD a l’expérience d’un rachat et d’une fusion plutôt réussie avec ATI

    Répondre
  • 31 octobre 2020 - 11 h 39 min

    Et on centralise toujours plus réduire le nombre d’acteur et se retrouver en situation très dangereuse, nous citoyens. Plus les multinational créé de mono / duo pole et plus ils ont de pouvoir sur toute la société.

    Répondre
  • 31 octobre 2020 - 23 h 56 min

    Merci, j’apprécie le pourquoi du rachat expliqué clairement, ce ne sont pas tous les articles du net qui prennent le temps de détailler ce type de rachats

    Répondre
  • 1 novembre 2020 - 20 h 55 min

    Techniquement les x86 sont tout à fait capable de mener à bien toutes les tâches décrites dans l’article, et ce de manière souvent très performante. Simplement, l’avantage d’un FPGA est de faire en sorte qu’une puce effectue l’une de ces tâches et s’y cantonne exclusivement, en obtenant en contrepartie des performances assez monstrueuses et donc un rapport Q/P bien plus élevé que les solutions x86 ou ARM classiques ;)

    Répondre
  • LAISSER UN COMMENTAIRE

    *

    *