Quand le Wall Street Journal, toujours très bien informé et source de scoops sur le secteur financier des sociétés high-tech depuis tant d’années, titre que Intel s’intéresserait de près à un achat de Broadcom si ce dernier rachetait Qualcomm, la planète qui gravite autour du silicium retient son souffle. Et Intel aura beau quelques heures plus tard ne pas confirmer cette information. Tous les acteurs en place vont continuer à rester en apnée pour un moment.
Si on prend les poissons de cette histoire un par un, c’est une vraie apnée digne du grand bleu, le premier c’est NXP : Pas une toute petite sardine avalée par un barracuda dix fois plus gros que lui comme dans l’image populaire du gros poisson qui avale un petit. Qualcomm a acheté NXP pour la coquette somme de 47 milliards de dollars. Au passage, NXP ayant acheté Freescale en 2015 pour plus de 11 milliards de dollars, le bagage de la marque était déjà assez joli. Depuis quelques mois c’est Broadcom qui rencontre Qualcomm régulièrement avec un seul objectif : en faire l’acquisition. Le prédateur n’est, là encore, pas plus gros que la proie mais si Broadcom parvenait à ses fins, il deviendrait effectivement, mécaniquement, énorme.
Alors, quand le WSJ indique qu’Intel étudierait un plan lui permettant d’acquérir Broadcom et cela depuis la fin de l’année 2017. C’est évidemment un coup de tonnerre dans ce milieu particulier. Ce mouvement n’interviendrait qu’en cas d’acquisition réussie de Qualcomm. Intel deviendrait alors ainsi maître de Broadcom, de Qualcomm, de NXP et de Freescale. Un mastodonte incontournable du secteur.
Cette information autour du rachat de Broadcom pourrait permettre à ce dernier d’intensifier l’action de rachat de Qualcomm en proposant les dollars manquant pour que celui-ci se laisse séduire. Ou, mettre tout l’échafaudage difficilement construit par Broadcom ces derniers mois à plat par peur d’un refus des autorités américaines.
Il est évident qu’Intel est intéressé par Broadcom, ce qui ne veut pas forcément dire qu’il veut l’acheter. Intel a d’ailleurs contourné cette information dans la foulée, en précisant vouloir se concentrer sur ses dernières acquisitions. Je suppose que le WSJ ne sort pas ce scoop de son chapeau. Le journaliste a du en entendre parler grâce à une source interne d’Intel et un tel scénario a dû être envisagé. Une chose est sure, le rapprochement de Broadcom et de Qualcomm n’est pas un bon signe pour Intel car Broadcom est proche d’Apple et avec les puces de Qualcomm dans son portefeuille, Intel pourrait s’inquiéter d’un nouveau rapprochement entre les entités. Intel est présent dans les iPhone au travers de ses puces modem, si Apple changeait de fusil d’épaule et passait du côté de Broadcom-Qualcomm ce serait un gros manque à gagner pour la marque.
L’émergence de ce nouveau mastodonte serait un concurrent très sérieux pour Intel, on comprend cette inquiétude alors que la marque s’est totalement retirée du marché mobile et reste sur un secteur principal PC qui a bien du mal à rester en croissance. Intel a beau se diversifier à tout va, son secteur phare est aujourd’hui bien mal en point face à celui d’ARM. Un rachat de Broadcom est peut être une scénario envisageable pour retrouver son lustre passé, une acquisition difficile et très coûteuse mais qui catapulterait à nouveau Intel à la première place des fabricants de semi-conducteurs. Place détenue aujourd’hui par Samsung. Intel mise également énormément sur la 5G où il compte bien s’imposer dans le trio de tête des solutions mondiales. Un pari que semble vouloir faire également Qualcomm. On imagine que le rapprochement des deux trusterait évidemment la première place en ne laissant que des miettes aux autres concurrents.
On peut voir cette fuite d’informations du journal comme un avertissement très clair d’Intel au reste du marché. La marque ne restera pas les bras croisés en cas de rapprochement Broadcom et Qualcomm. L’échiquier tel qu’il se présente aujourd’hui convient à Intel mais si il venait à être bouleversé la donne pourrait changer.
“Intel a réalisé d’importantes acquisitions au cours des 30 derniers mois et nous nous concentrons sur l’intégration de celles-ci afin d’assurer leur réussite pour nos clients et nos actionnaires“ a déclaré la marque. Ce n’est pas un oui mais ce n’est pas un non. Si Intel a acheté ces dernières années deux sociétés importantes avec Altera en 2015 et MobileEye en 2017, son appétit pourrait s’accroître en cas de danger.
Pour le moment, rien n’est fait entre Broadcom et Qualcomm. L’échiquier est bloqué parce que si l’acquéreur est généreux avec un offre à 117 milliards de dollars, il ne l’est pas encore assez au goût des actionnaires de Qualcomm. Mais même si l’offre parvenait à sceller un accord, cela ne voudrait pas dire que les autorités de régulation Américaines donneraient leur accord. Cette opération serait énorme et l’OPA pourrait être bloquée par les autorités jugeant mal un tel rapprochement pour des questions de concurrence. Les secteurs de Broadcom et de Qualcomm étant très proches. A l’inverse, un rachat de Broadcom par Intel serait probablement possible, Intel s’étant retiré des secteurs de ce dernier…
Le PDG de Broadcom Hock E. Tan en opération séduction à la maison blanche.
Broadcom se donne pour l’heure beaucoup de mal pour séduire ces autorités. Son premier mouvement a été d’annoncer un changement de siège pour son quartier général Singapourien qui retournerait aux US. La marque a également annoncé au congrès Américain la création d’un fond de 1.5 milliards de dollars pour permettre la formation d’ingénieurs aux US. Un probable système de bourse lui permettant de repérer les esprits les plus brillants et, en leur offrant les frais de leurs études, de les enrôler dans son organigramme. Elle s’est également empressée de rassurer la défense Américaine en précisant que les secrets les mieux gardés de Qualcomm ne seraient jamais divulgués à d’autres états. Sur tous ces points, le renom d’Intel et son patriotisme historique pourraient marquer des points.
Rien n’est fait mais tout le monde retient quand même son souffle.
La maison Blanche donne un coup d’arrêt au rachat de Qualcomm par Broadcom
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[…] ACTU Intel intéressé par Broadcom lui même acquéreur de Qualcomm ? […]
bah… tout c’est c’est loin de nous…