Elbrus-8SV : le processeur Russe fin prêt pour son marché intérieur

Le processeur Elbrus-8SV est conçu et développé en Russie. Il est censé apporter de l’indépendance au pays.

La Russie, comme la Chine, cherche à gagner en indépendance par rapport aux productions Etasuniennes. La guerre Russo-Ukrainienne ne se passant pas tout à fait comme prévu pour le Kremlin, la question d’une indépendance technologique pour le pays se fait de plus en plus criante.

Le Moscow Center of SPARC Technologies ou MCST développe depuis des années des processeurs destinés à son marché intérieur. Le Elbrus-8SV est sa dernière création. Il s’agit d’un processeur comportant huit coeurs à 1.5 GHz et gravé en 28 nanomètres. Avec 2 Mo de cache par coeur pour un total de 16 Mo de mémoire L3 et une prise en charge de la DDR4-2400 ECC, la solution est beaucoup plus adaptée aux usages du quotidien que son prédécesseur limité en DDR3-1600. Rien de véritablement impressionnant par rapport aux productions actuelles d’AMD ou Intel mais une puce capable de développer-couché jusqu’à 576 GFLOPS tout de même.

Une chaine Youtube Russe s’est emparé du Elbrus-8SV pour le tester de manière… étrange. Pendant presque deux heures, la vidéo met en scène des usages qui n’ont rien à voir avec l’objectif  du processeur. Savoir si la puce est capable de piloter Elder Scrolls III est intéressant mais ce n’est pas du tout l’objectif des autorités Russes avec ce processeur. Pour le futur, le MCST prévoit un développement de sa gamme avec un Elbrus-16C plus performant encore. Avec 16 coeurs cadencés à 2 GHz, il serait 160% plus puissant que le Elbrus-8SV. Seul souci pour la Russie, ce nouveau venu devrait être gravé en 16 nanomètres et le pays n’a toujours aucune indépendance sur ce segment.

Le Elbrus-8SV n’a pas pour vocation de venir se positionner sur le marché grand public mais va plutôt chercher à devenir l’équipement par défaut des autorités du pays. De ses administrations et des secteurs importants de son infrastructure. Son objectif n’est pas de balancer du pixel plus rapidement qu’un Ryzen ou un Core. C’est de s’assurer une indépendance face aux solutions venant des USA. Outre les risques de portes dérobées pour une éventuelle écoute des données du pays, la problématique actuelle des Russes et de s’assurer de disposer d’une technologie efficace pour faire tourner le pays en cas d’embargo américain sur ses importations.

Imaginer que l’objectif des Russes sur ce segment est la compétition avec les solutions Intel ou AMD d’un point de vue performance est assez ridicule. Les joueurs Russes ont parfaitement le loisir d’importer, en direct ou via des voies détournées, des processeurs Intel et AMD, des cartes graphiques haut de gamme, pour leur matériel de jeu. Par contre, se rendre compte que le gouvernement Russe a désormais, avec un système Linux sur mesures (Elbrus OS 7.1 sous Linux 5.4) comme système d’exploitation, un outil totalement indépendant des USA est assez important. Le processeur Elbrus-8SV est certes incapable de faire tourner les derniers jeux à la mode mais il peut piloter un hôpital, une centrale électrique, un système ferroviaire et autres infrastructures importantes sans aucun problème. Est t-il capable de faire fonctionner un matériel militaire moderne ? La réponse est plus contrastée car on ne connait ni sa consommation ni toutes ses capacités techniques. Mais il semble bien difficile de proposer avec ce type de technologie les possibilités offertes par les solutions concurrentes. Le recours à des puces modernes est un impératif dans les équipements actuels. Une munition rodeuse par exemple a besoin de fonctions d’IA spécialisées et ne doit pas consommer beaucoup d’énergie pour ne pas impacter son autonomie. Les véhicules engagés sur le terrain sont bardés de capteurs et de composants nécessitant de très fortes capacités d’analyse et de calcul. Les avions de chasses sont de véritables serveurs volants et pour tous ces éléments les solutions Elbrus-8SV sont bien incapable de rivaliser avec les développements concurrents. Que ce soit le fruit des travaux d’AMD ou Intel mais également des multiples solutions ARM proposées par les différents prestataires des armées Américaines ou Européennes.

Si la vidéo met en scène le processeur avec une carte graphique Radeon RX580 pour tester des jeux 3D, son principal objectif reste clairement de proposer une indépendance technologique au pays. Contrairement à la France et aux autres pays d’Europe, les Russes ont théoriquement un processeur et un système d’exploitation suffisamment robustes pour une autosuffisance technologique sur ce segment. La seule et importante limitation du Kremlin est que la Russie est toujours incapable de fabriquer ses propres processeurs et doit donc recourir à des fabricants externes. Ici c’est TSMC à Taïwan qui pourrait graver en 28 nanos le processeur. Un « léger » détail qui pourrait couper l’herbe sous le pied de toute indépendance technologique.

Aujourd’hui, Taiwan n’a plus le droit d’exporter vers la Russie des puces allant au delà des 25 MHz. Autrement dit, il n’y a personne pour fabriquer ces Elbrus. On imagine mal les US relâcher la pression sur le pays en ce moment. Aujourd’hui comme dans le futur il n’y a pas a douter que les rares graveurs capables de mener à bien ces tâches préfèreront conserver de bonnes relations diplomatiques avec le Pentagone plutôt que de plaire au Kremlin.

Source : TomsHardware


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47 commentaires sur ce sujet.
  • 1 février 2023 - 13 h 41 min

    Bonjour Pierre,

    Est-ce que les Chinois ne pourraient pas graver les processeurs russes ?
    J’ai retrouvé un de tes articles sur le processeur Longsoon (https://www.minimachines.net/actu/loongson-3a5000-107714), et apparemment ils étaient déjà capables de graver en 14nm il y a un an…
    C’est un des rares pays capables de graver des processeurs qui ne craint (sans doute) pas trop un différent avec les Etats-Unis sur ce point.

    A moins qu’ils soient déjà assez occupés avec leur propre production, ou que les Russes soient tellement préoccupés par l’absence de porte dérobée qu’il ne leur fasse pas confiance…

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  • Alu
    1 février 2023 - 13 h 42 min

    Je crois qu’il y a des fondeurs en Russie et Bielorussie.

    Par contre d’après ce que j’avais entendu dire ils ont 15 à 20 ans de retard en terme de finesse de gravure…

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  • 1 février 2023 - 13 h 47 min

    @McBerd: Longsoon est fabless, ils font graver par TSMC et subissent en ce moment des embargos assez lourds. Le gouvernement Chinois a limité en fin d’année toute exportation des processeur Longsoon en dehors du pays pour le moment.

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  • 1 février 2023 - 13 h 52 min

    Enfin un article vraiment interessant sur le sujet, merci Pierre.
    Le reste des médias se contente de reprendre en coeur les mêmes arguments que tu démontes. A vouloir faire du Russe bashing, il passent juste pour des idiots.

    Bref, encore merci :O)

    Répondre
  • 1 février 2023 - 13 h 57 min

    @McBerd: Ça fait longtemps que les chinois maîtrisent le 14. Là ils sont en train de tâtonner 7.
    Mais toute la croissance chinoise est tiré par leurs exportations, alors ils n’ont pas intérêt à se fâcher avec l’occident, leur principale client, alors que le marché russe pèses si peu dans leur comptes…

    Les Russes essaient de s’approvisionner tant bien que mal sur le marché gris, mais ils récupèrent du coup des puces rebutés, rebadgé, ou des contrefaçons peu ou pas testé, avec des taux de défaut atteignant paraît-il les 40%. C’est juste énorme. Du coup ils doivent normalement tout retester et requalifier eux même, mais ils n’ont pas forcément les compétences nécessaires…

    Répondre
  • 1 février 2023 - 13 h 57 min

    la russie pourrait faire graver en chine, ou le 10nm est acessible…

    sinon des investissementon été annoncé pour construire des équipements en messure des faire du 7nm, alors que la recherche a débuté il y a bien longtemps

    je verrais bien une alliance avec la chine pour accélérer le tout

    https://min.news/en/world/f4ef001773ca36859954312e039ec7f9.html

    Répondre
  • 1 février 2023 - 14 h 11 min
  • 1 février 2023 - 14 h 16 min

    @Robert Gagnon: Je ne connais pas le site Min.news mais l’article que tu pointes est bourré de parti pris et de contre vérités. Dire que la technologie de gravure développée par la Russie « serait » déjà plus évoluée que celle de ASML me semble pour le moins douteux.

    Pour le moment rien ne nous démontre que la Russie ait la moindre capacité de gravure autonome sérieuse. Et aucun papier scientifique ne semble apporter le moindre indice dans ce sens.

    Dire que leur technologie, avec un investissement de 7 millions d’euros, serait devant les usines qui coutent des milliards de dollars chez Intel, GF ou TSMC, serait plus performante me parait assez tordu.

    Quand a indiquer que le point fort de la Russie est dans son personnel, c’est là encore une vision assez « propagandiste ». Les cerveaux Russes fuient la Russie où ils sont peu payés et peu considérés. La Chine, les US et plein d’autres pays les accueillent volontiers avec d’énormes salaires, d’excellentes conditions de travail et des capacités de recherche. Ils ont même le droit d’avoir des brevets à leur nom…

    L’article conclut que rien de probant n’a été proposé jusqu’à maintenant, vu la situation Russe en terme de sanctions et la fuite massive des cerveaux qui s’est accentuée avec la guerre en Ukraine, je ne parierais pas sur autre chose qu’une pile de rapports écris avec des lunettes roses pour séduire une chaine de commandement et continuer a recevoir des subsides.

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  • 1 février 2023 - 14 h 19 min

    Et les puces européennes, on en parle ?!

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  • 1 février 2023 - 14 h 31 min

    Le gouvernement chinois a investit tout son poids et des dizaines de milliards pour de la gravure de pointe, et ont bénéficié de nombreuses taupes chez TSMC, et pourtant ils se sont pendant très longtemps cassé les dents pour passer sous le 10.
    Là ils seraient en train de maîtriser le 7nm, mais on ne sait pas vraiment si c’est un effet d’annonce avec des taux de déchets énormes, ou si ils en sont réellement au stade industriel.
    https://www.01net.com/actualites/smic-permet-a-la-chine-de-graver-des-puces-en-7-nm-avec-une-technique-a-l-ancienne-2056333.html

    Mais alors, que la Russie y arrive un jour, laissez-moi rire….

    Répondre
  • 1 février 2023 - 15 h 21 min

    @TiTi: Des dizaines de milliards pour accoucher d’un SMIC…

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  • 1 février 2023 - 15 h 33 min

    @Nielda71: la bonne blague ! 😂 En Europe, on n’est même pas capable de produire des voitures électriques autonomes (du niveau de Tesla), alors des processeurs ?!! 😂

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  • 1 février 2023 - 15 h 38 min

    Je pense que l’info n’est pas nouvelle… Ca fait de nombreuses années que la Russie voulait fabriquer ses propres processeurs (pour éviter les backdoors et failles des processeurs américains).

    Pour l’OS (Linux), c’est pareil, la Russie n’est pas seule, la Chine l’a faite aussi il y a longtemps avec ChinaOS (pour épurer l’OS de toute faille et de système d’espionnage).

    Ma vraie question, c’est : quand utilisera-t’on l’IA (intelligence artificielle) pour construire de a à z un OS ultra-sécurisé ? Parce que ce qu’on a tous sur nos ordis et smartphones (Windows, Mac, Linux, iOS, Android) sont des passoires visiblement.

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  • 1 février 2023 - 15 h 55 min

    @Pierre Lecourt: Bin oui, ça fait parti des grands plans quinquennaux du gouvernement chinois pour assurer leur indépendance occidentale. Le précédent était de 150 milliards, l’actuel serait de 47. Et ils étaient paraît-il assez frustrer de ne pas arriver aux résultats escomptés malgré les sommes folles injectés.
    Bon, depuis ils ont finalement réussi à annoncer leur 7, alors ils doivent être content.
    Voir ici et rechercher « Les ambitions d’indépendance chinoises » pour arriver directement au chapitre consacré.
    https://www.frenchweb.fr/le-plan-semi-conducteurs-europeen-tient-il-la-route/417915

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  • 1 février 2023 - 16 h 05 min

    Étonnant que l’on parle aujourd’hui de ce 8SV (qui doit dater) car dans la presse russe ON parlait (déjà l’an dernier) d’un 16 cores ! le «Эльбрус-16С»

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  • 1 février 2023 - 16 h 09 min

    @Pierre Lecourt:
    Vu les velléités chinoises sur Taïwan et comme on ne leur donnera pas des bombes H pour que le coût d’une « opération spéciale » chinoise ne soit rendu directement inacceptable, probable que la stratégie indirecte de leur faire sentir combien il serait coûteux pour eux (même si pas que!) de voir tout le secteur fonderie silicium de Taïwan détruit va durer un peu!

    Mais au final, l’effet pour les chinois risque de se limiter à reculer pour mieux sauter (sur Taïwan) plus tard tandis qu’une Russie en train de perdre les cerveaux qu’il lui restait avec son « opération fatale », et alors que ses productions matérielles récentes (vu les datecode) disséquées à la faveur de ses pertes en Ukraine démontraient déjà 1 à 2 décennies de retard, ne sera pas en capacité de gagner son autonomie là dessus. Ce qui arrange au fond bien les chinois qui voient un puissant voisin se suicider en direct.

    En attendant, Europe/USA essayent de courir plus vite que la Chine pour remonter en capacité (voir compétence en Europe) avant que Taïwan ne subisse un sort à la criméenne. Pas certain qu’on sera de nôtre côté de l’atlantique prêts à temps.

    Répondre
  • 1 février 2023 - 16 h 14 min

    @TiTi: La solution pour les russes, un transfert en Russie plus ou moins « sous le manteau » du matos nécessaire pour la gravure de processeur moderne accompagner d’ingénieurs Chinois ou taiwanais grassement payer pour former leurs homologues russes.
    Ne me dites pas que c’est de la SF car par le passé la Russie a utilisé ce stratagème de transfert de technologie dans d’autres secteurs d’activités, horlogerie, armement, véhicules.

    Répondre
  • 1 février 2023 - 16 h 33 min

    @Laurent:
    Déjà ce n’est pas la Russie mais la Fédération de Russie et c’était l’URSS.
    En suite il y a au Japon un service de l’état qui traduit toutes les comptes-rendus et publications scientifiques étrangères et les diffuse à toutes leurs entreprises qui sont susceptible d’être intéressées. En fait c’est de la veille technologique étatisée (une bonne manière de justifier l’impôt sur les entreprises… ce n’est pas vraiment notre cas!)
    Les Étasuniens, eux ont un meilleur truc : c’est tous ces comptes-rendus, rapports et publications doivent être traduites en yankee pour faire partie du club ! Ça facilite l’espionnage, non ?
    @yann:
    «En attendant, Europe/USA essayent de courir plus vite que…» jusqu’au moment où une entreprise européenne commencera à faire de l’ombre à un équivalent étasunien et il se passera ce qui se passe avec Huawei !
    Mais vous avez bien compris je me méfie de l’¿AMI? de Washington.

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  • 1 février 2023 - 16 h 40 min

    « The Elbrus-8S and -SV processors support binary compatibility with Intel x86 and x86-64 processors via runtime binary translation »

    Voilà qui explique pour les jeux ! En attendant ils ont la possibilité d’avoir des CM multi-CPU ->

    « The processor’s architecture allows support of up to 32 processors on a single server motherboard » (enfin… La version précédente, mais j’imagine que la nouvelle aussi.

    La version de Linux qu’ils utilisent est compilée spécifiquement pour l’archi propriétaire.

    Vrai que plus que des tests de jeux, j’aurai préféré voir une utilisation multi-CPU sur Linux.

    Répondre
  • 1 février 2023 - 16 h 45 min

    @JeanM64: On a peu de retours de ces puces, la vidéo date d’il y a 10 jours et explique donc cet intérêt. Quand au Elbrus-16 il est indiqué dans le billet qu’il n’est pas encore disponible.

    @david: Oui la compatibilité x86 fonctionne à la manière d’un Transmeta Crusoé ce qui limite évidemment les performances.

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  • 1 février 2023 - 16 h 46 min

    @Laurent: Difficile tout de même de planquer une machine ASML « sous le manteau ». Et il ne s’agit pas de machines où on signe le chèque et puis adieux, « j’en fais ce que je veux avec ». Il doit y avoir des contrat de maintenance H24 avec. Je parierai même qu’il doit y avoir des techniciens ASML à demeure, chez TSMC, prêt à intervenir à la moindre panne, dont chaque minutes d’arrêt doit coûter des millions… Et ASML n’est qu’un tout petit maillon de la chaine, il doit y avoir des tas d’acteurs et de sous-traitants, tous dépendant les un des autres. ASML lui-même n’est pas indépendant, et dépend de recherche et d’éléments effectué par d’autres, aux USA, en Europe et en Asie. Ça me semblerait difficile d’imaginer de cacher qu’une machine de pointe serait actuellement en fonctionnement en Russie. Mais on peut tout imaginer…
    Faire transiter des puces toutes faites occidentales, en douce, en revanche semble plus facile. On a d’ailleurs démasqué plusieurs filières récemment.

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  • 1 février 2023 - 17 h 48 min

    @Pierre Lecourt:

    je ne dis pas le contraire, mais ça fait un moment que les russes s’y prépare, ils sont habitué au sanction…

    malheureusement trop de propagande de tous les côté

    ca veut dire quoi les cerveau fuie? dans une compagnie, tu as une minime quantité de génie… difficilement remplacable… qui pour avoir oeuvré dans 2 entreprises qui en avait avec de très gros salaire comparé les autre « bonb »

    comme la chine, les sanctions ne font que les pays développent leur propre outils, la chine a l’avantage de sa très grand population

    je m’en fait pas trop pour eux.. la chine risque d’avancer beaucoup plus rapidement que la russie

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  • 1 février 2023 - 17 h 53 min

    @JeanM64:
    La fédération de Russie a déjà subi quelques hoquets de satellites de la Sainte (et surtout, jusque là, Crainte) Russie depuis 1 an au vu de difficultés (euphémisme) qui ont déjà visiblement suffit à raviver quelques idées d’émancipation.

    Inutile de dire que si la Russie achève le plantage en cours, loin de nous refaire l’URSS, il n’y aura plus de fédération! Quand on voit que même l’emblématique Oural a déménagé sa production de side-cars afin d’échapper aux sanctions qui l’empêchaient de produire pour gagner un satellite (Kazakhstan), on comprends qu’il n’y a pas que l’occident qui profite du suicide russe et que la volonté de ne pas couler avec eux va finir en ruptures!

    L’Europe a quand même, face aux USA, quelques arguments sur le sujet en plus de son simple poids économique. En premier lieu ASML évoqué par ailleurs.

    Répondre
  • 1 février 2023 - 17 h 55 min
  • 1 février 2023 - 17 h 59 min
  • 1 février 2023 - 18 h 16 min

    @Pierre : face aux réactions dans le chat, je pense qu’il faudrait préciser aux lecteurs les finalités du programme d’autonomisation de la production de puces en Fédération de Russie : elle est destinée non pas a proposer des solutions pour le marché de la grande consommation (type smartphones) qui nécessitent des technologies de gravure fine, mais avant tout à l’armement et au secteur de l’automobile.

    Répondre
  • PM
    1 février 2023 - 18 h 16 min

    Cela apparaît en filigrane: la Chine n’a aucun intérêt à aider la Russie. Rappel Chine 21.6 TUSD, la Russie 2.1… Et ce n’est pas près de s’arranger. La seule « monnaie d’échange » de la Russie, c’est le pétrole et le gaz. Mais les infrastructures entre les 2 pays sont … à venir. De plus, la « Route de la soie » évite soigneusement les troublions. Chez lequels, certains ont des capacités très « spéciales » en informatique… Donc, hormis les discours (très diplomate, Pierre), les russes vont rester avec leurs prototypes. Et si c’était le seul domaine…

    Répondre
  • 1 février 2023 - 18 h 17 min

    PS : + l’aérospatial

    Répondre
  • 1 février 2023 - 18 h 20 min

    @Raph: Ben c’est clairement dit dans le billet non ?

    @Robert Gagnon: Et si le MCST dit que le Elbrus-64 est prêt et qu’il bat à plate couture les plus puissants CPU d’Intel, AMD et ARM mais qu’ils ne peuvent pas le produire on est aussi censés les croire sur parole ?

    @Robert Gagnon: Oui le sous titre est évocateur : « Russian institute plans to build 7nm-capable scanner that beats ASML’s analogue in several years. »

    « L’institut Russe travaillerait sur la construction d’un scanner capable de graver en 7nm plus performant que ASML dans le futur. »

    Ce n’est pas de l’information, c’est un horoscope.

    Répondre
  • 1 février 2023 - 18 h 28 min

    @Robert Gagnon: Les cerveaux fuient cela veut dire que les gens ayant un fort potentiel sont courtisés par d’autres états, qu’on leur dresse un pont d’or et qu’ils sont invités a acquérir une autre citoyenneté. Les états unis sont des spécialistes de cela depuis longtemps, bien avant la guerre en Ukraine. Ils sont de grands importateurs de cerveaux. Il suffit de faire une conf call avec un géant de la tech US pour comprendre. On se retrouve face à des ingénieurs Coréens, des Japonais, des Chinois, des Indiens, des Russes, des Anglais, des Français… Et un staff d’encadrement Américain.

    Entre un salaire minable en Russie et un pouvoir d’achat compliqué si tu ne fais pas partie d’un cercle fermé et un excellent salaire en Californie avec des possibilités d’avoir une vie agréable, les cerveaux Russes font souvent le choix de l’exil. Cet cela d’autant plus facilement que… rien ne les en empêche.

    Répondre
  • 1 février 2023 - 19 h 17 min

    @Pierre Lecourt:

    L’heure est au travail à distance…

    dans mon équipe de 10 personnes.. 2 viennes du canada… le reste sont éparpillé sur la planète… dont 1 d’origine tchèque… mais est au comore depuis des lustres

    encore mieux pour le coût de la vie…. si j’aurais pas d’enfant je ferais pareil… le lien est de moins en moins important

    Répondre
  • 1 février 2023 - 19 h 38 min

    @Robert Gagnon: Euh oui mais ce n’est pas le sujet. Pour avoir rencontré des journalistes, développeurs et ingénieurs Russes dans la tech depuis un bon moment (mais aussi des Ukrainiens, Polonais et autres pays de ce secteur géographique européen), on ne leur demande pas de juste faire coucou devant une webcam de temps en temps et de travailler en remote. Les cerveaux sont importés, avec parfois leur famille complète et la société qui les embauche veille à leur confort en plus de leur salaire.

    C’est bien plus sûr pour un GAFAM ou une entreprise High-Tech que de garder un employé qui devra travailler sur du code sensible dans un pays comme la Russie.

    Qu’ils soient Indiens, Coréens ou Russes c’est la même technique. Ils sont embauchés, déménagent de l’autre côté de la planète et travaillent alors pour une entreprise qui les bichonnent. Les cerveaux un tout petit peu moins brillants sont embauchés avec un permis de travail qui correspond à leur poste et leur famille reste au pays. Il suffit de voir les photos de Musk dans les locaux de Twitter après les vagues de licenciements pour comprendre qui reste attaché à son job là bas. Les femmes sont parties. Les employés américains ont quasiment tous disparu. Il reste que ceux pour qui les conditions « Hardcore » imposées par Twitter sont acceptables parce que leur refus signifierait la fin de leur VISA et donc le retour au pays avec leur ancien salaire et leur ancien niveau de vie.

    Répondre
  • 1 février 2023 - 19 h 49 min

    @yann: « Pas certain qu’on sera de nôtre côté de l’atlantique prêts à temps. » => +1 , j’en ai peur …

    Répondre
  • 2 février 2023 - 3 h 34 min

    @Robert Gagnon:
    Robert nous sommes maintenant en 7nm.
    Et oui la Russie peut se fournir facilement en CPU en Chine : ils sont voisin et aliés.

    Répondre
  • 2 février 2023 - 9 h 33 min

    Merci Pierre de ce billet clair, sans parti pris et merci aux lecteurs pour les commentaires dépassionnés dans l’ensemble.

    Ce qui me navre c’est qu’en Europe (UE) on en est encore à dépenser des milliards pour faire mumuse avec des FPGA… Gros retard et ça ne va pas s’arranger.
    Je ne parle même pas de la France, pour qui la fuite des cerveaux n’est pas un soucis, puisqu’il n’y en a plus ^^

    Répondre
  • 2 février 2023 - 9 h 59 min

    Il fut un temps où on fabriquait des processeurs en France, non ? Chez Thomson ou Bull ou à la Sagem ou un truc comme ça.

    Répondre
  • 2 février 2023 - 10 h 12 min

    @Greg: Tout ça c’est fini :-(
    Thomson n’est plus qu’un fantôme (encore quelques activités sérieuses, mais sinon ce n’est plus qu’une marque « coque vide »), Bull a été racheté par Atos lui même en grande difficulté…
    Reste SagemCom qui survit grâce à l’intégration des box opérateurs.

    Répondre
  • 2 février 2023 - 11 h 05 min

    @Pierre : Merci (encore une fois) pour cet article et les commentaires tout aussi instructifs qu’il a apporté.

    Répondre
  • 2 février 2023 - 13 h 15 min

    Les européens aussi auraient intérêt à un peu de souveraineté et d’indépendance dans le domaine des processeurs.

    Répondre
  • 2 février 2023 - 15 h 22 min

    @Greg:
    Thomson CSF==> Technicolar (Elctronique Audio/Video/Grand Public)
    Thomson SGS==> ST Micro. ce qu’il reste de Fab en europe, si il en reste encore (A crolle speut être), fait autant que je sachedans le vieux process et modèles rentables (ex: STM32FXXX). Les trucs fins, c’est sous traité
    SAGEM (Hors Sagemcom)=> SAFRAN. Non Safran n’a pas de capacité « fonderie »

    Répondre
  • 2 février 2023 - 16 h 23 min

    @Bastien: rien à voir avec les procos mais il y avait aussi une branche Thomson Networks mais je les ai perdu de vue il y a quelques années, je sais pas si ça existe toujours.
    Quel gâchis…

    Répondre
  • 2 février 2023 - 16 h 36 min

    Oui, STMicro, en France et en Italie. Que je sache, c’est eux les leaders en terme de gravure made in Europe, avec du 28nm maison, et du 22 sous-traiter chez Global Foundries à Dresde. Mais attention, c’est du FD-SOI, une techno de gravure bien différente des techniques habituelles de gravures, employé par Intel ou TSMC par exemple. Il y a encore beaucoup de recherches là-dedans, car il me semble que personne au monde ne soit déjà parvenu à pérenniser quelque chose sous les 20, en FD-SOI. Et la France (STMicro, SOITEC, etc…) est plutôt en pointe, sur cette gravure spécifique.
    D’ailleurs ils ont annoncé une grande alliance avec Global Foudries l’an passé, pour une nouvelle usine à Crolles, dans le cadre du grand plan pour les semi-conducteurs européens.
    https://www.usinenouvelle.com/article/stmicroelectronics-et-globalfoundries-vont-creer-une-megafab-commune-de-puces-en-france.N2024802

    L’autre gros fondeur européen, c’est l’allemand Infineon, mais il me semble qu’ils font surtout de l’électronique de puissance. Et il y a aussi le néerlandais NXP (issue de Philips?), mais je crois qu’il est fabless. Ils ont tous les 3 plus ou moins le même chiffre d’affaires, et sont tous dans le top 15 mondiale (mais il n’y a pas si longtemps, certains dont STM étaient encore dans le top 10, donc ça baisse…)

    Et en-dehors des acteurs purement européens, il y a aussi les boîtes étrangères implanté en Europe. On peut cité GF en Allemagne, avec son 14nm, ou Intel en Irlande, pour du 7 ou du 4 je sais plus. Et ils prévois d’ouvrir d’autres site prochainement (gravure en Allemagne, R&D en France et packaging en Italie, si je dis pas de bêtise).
    Et TSMC lorgnerait aussi sur l’Allemagne, pour s’implanter en Europe.
    Bref, c’est surtout l’Allemagne qui raffle tout en matière de semi-conducteur, et pour l’industrie en général. D’ailleurs même pour l’alliance GF-STM, ça s’est joué in extrémiste. Et l’Allemagne avait tenté un recourt il me semble.

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  • 2 février 2023 - 17 h 51 min

    @TiTi: La Dernière fois que j’ai entendu parler du Silicium sur isolant c’ets il y a une vingtaine d’années quand SOItec et consort commençaient à l’industrialiser (avantage: limite les effets de fuite et de laisons P/N parasites via le substrat, si ma mémoire est bonne) N’ayant pas exercé de près dans le domaine, je ne savais pas que ST en avait fait usage

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  • 2 février 2023 - 17 h 57 min

    @TiTi:
    Infineon (ex siemens semicon) est oroienté puissance, mais a aussi du petit uC, de méméoire
    Pour NXP (ex Philips semicon, mais qui a bouloté Freescale, ex motorola semicon), j’ai connu du temps de philips une Usine sur Caen, mais je ne sais plus quel type de circuit elle Fabricait, et il me smeble qu’elle a du fermer.

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  • 2 février 2023 - 19 h 41 min
  • 3 février 2023 - 14 h 02 min

    @Sopilou:

    Ah bon ?!?

    Donc Mercedes n’est pas européen, et sa bagnole élec qui vient d’être certifiée autonome niveau 3 aux USA, la première au monde à obtenir cette certification quel que soit le pays, qu’aucune Tesla n’a décrochée à ce jour, n’existe pas ?!?

    Ensuite, China OS n’est pas tant fait pour virer des « backdoors » hypothétiques d’un GNU/Linux, mais plutôt pour le bourrer de backdoors et autres saloperies wormesque espionnant chaque citoyen l’utilisant, pour le plaisir de ci-gît l’pig.

    Sinon pour ta « vraie » question, alors d’une part une « IA », c’est fait par des humains, et d’autre part, elle ne « réfléchis » pas, et fait donc ce qu’on lui dit de faire, avec les paramètres qu’on lui donne.
    Du coup, un OS fait par une IA, sera le reflet de la volonté des gens derrière cette IA, et en Chine, ça voudrait dire encore plus de contrôle de la population à toutes les lignes de code…

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  • 3 février 2023 - 15 h 57 min

    @Keneda: en Chine ou n’importe où un OS fait par une IA ce serait plus de contrôle, etc.

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