Mediatek n’est pas un petit acteur du monde ARM. Si la marque n’a pas les faveurs du grand public Européen et Américain, si la marque n’est pas ornée d’une aura positive comme peut l’être Qualcomm, elle a conquis de très belles parts de marché au fil des ans pour devenir en 2020 le premier fournisseur mondial de SoC de smartphones. Avec 20% du marché en Amérique du nord, 25% en Europe et plus de 40% en Asie. La marque se porte bien.
Ces chiffres sont énormes et pourtant la marque souffre d’un certain déficit d’image. Cette réussite s’explique d’abord par une approche très large de son offre, incluant des puces pour toutes les gammes du segment smartphone. Du modèle entrée de gamme jusqu’à des versions beaucoup plus musclées à destination des solutions les plus exigeantes.
La différence entre Qualcomm et Mediatek aujourd’hui tient surtout à la réputation des deux entités, réputation peut être méritée, c’est un autre débat, mais réputation qui fait que les grandes marques de smartphones vont intégrer un Snapdragon de Qualcomm dans leurs modèles haut de gamme et communiquer dessus. Et intégrer des Mediatek dans leurs modèles en dessous et ne rien dire de particulier à leur sujet.
Comment se démarquer ? Gagner encore des parts de marché sur ce secteur ou toute la couverture est tirée par Qualcomm ? La réponse se trouve peut être dans le Mediatek Dimensity 9000. Un SoC ARM qui accumule les bons points techniques et qui débarquera début 2022 sur le marché de la téléphonie mobile.
Pour attirer l’attention, le Dimensity 9000 n’a pas fait dans la dentelle, la puce embarque non seulement des technologies haut de gamme mais peut se vanter d’être la première puce à employer certaines d’entre elles. Et Mediatek a réuni ici beaucoup de point-clés qui volent la vedette à Qualcomm.
Cela commence par l’emploi d’une gravure 4 nanomètres proposée TSMC. Une finesse de gravure qui ne sert pas forcément à grand chose mais dont sont friands les communicants de tous bords. Ces chiffres de gravure frappent les esprits et les constructeurs de smartphones adorent les mettre en avant sur leurs nouveaux modèles. Le SoC va néanmoins profiter de cette finesse pour intégrer des éléments intéressants avec en premier lieu l’emploi d’une architecture ARMv9. Une première du genre.
Le Dimensity 9000 comprendra 8 coeurs, un premier coeur ARM Cortex-x2 cadencé à 3.02 GHz, trois coeurs Cortex-A710 à 2.85 Ghz et quatre coeurs ARM Cortex-A510 à 1.80 GHz. Le résultat de cette combinaison big-bigs-LITTLE serait une augmentation de 35% des performances par rapport à la génération actuelle de SoC mobiles tels que les Snapdragon 888 de Qualcomm.
La partie graphique sera confiée à un ARM Mali-G710MP10 qui prendra en charge 2D, 3D, vidéo Ultra Haute définition et même des fonctions de Raytracing logiciel. L’ensemble pourra accueillir des solutions mémoire LPDDR5 à 3200 MHz et LPDDR5x à 3750 MHz pour des transferts encore plus performants.
Le tout étant également moins gourmand en ressources et promettant donc une meilleurs autonomie dans tous les usages.
Mais le Dimensity 9000 ne s’arrêtera pas à ces performances classiques, des éléments qui seront à la portée de toutes les licences ARM tôt ou tard. Mediatek met les petits plats dans les grands avec des développements sur mesures. On retrouvera ainsi un circuit dédié aux calculs d’Intelligence Artificielle composé de 4+2 coeurs. La marque fait beaucoup de promesses à ce sujet avec une augmentation annoncée de 400% par rapport à la génération actuelle en terme de performances. De quoi dépasser les solutions haut de gamme comme le Pixel 6 sur ce terrain de l’AI embarquée.
Autre gros poste mis en avant, d’exceptionnelles capacités de gestion de données en terme de photo avec un ISP qui pourra encaisser un flux de 9 Gigapixels par seconde. De quoi laisser aux constructeurs de la souplesse dans la composition de leur bouquet photo. En théorie, la solution employée peut gérer jusqu’à 320 mégapixels. Ce qui permettra de découper plusieurs capteurs pouvant aller jusqu’à un triple 32 mégapixels. La vidéo pourra être enregistrée en 8K à 30 images par seconde ou en 4K à 120 images par seconde. Les meilleures pouces actuelles sont limitées à un flux situé sous les 3 Gigapixels par seconde. Le SoC pourra afficher en FHD+ à 180 Hz et en WQHD+ jusqu’à 144 Hz et décoder des vidéos en 8K à 60 images par seconde.
C’est sur le poste 5G que le Mediatek aura plus de mal à convaincre avec une puce qui n’aura pas accès à une compatibilité mmWave. Mediatek préférant une solution plus orientée vers l’autonomie avec des technologies que la marque développe sous les nom de 5G Power Saving. C’est un choix important puisque certains opérateurs, notamment outre Atlantique, considèrent ce poste comme essentiel pour leur développement futur. Mediatek a probablement pris en considération son implantation géographique pour se décider sur ce poste et considéré la faiblesse du réseau mmWave même aux US pour le moment. La puce permettra de générer néanmoins une bande passante puissante à 300 MHz avec des transferts pouvant atteindre 7 Gbps, ce qui devrait suffire à la majorité des usages 5G… On retrouvera bien entendu du Wifi6 et 6E et du Bluetooth 5.3 et bien entendu la ribambelle de prises en charge satellitaires nécessaires à toutes les géolocalisations. Le SoC sera également compatible avec les réseaux 4G-LTE plus classiques.
Le curriculum du SoC est donc très intéressant et préfigure de ce que le marché smartphone proposera en 2022. Mais ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus dans cette annonce. Car, en aparté de cette présentation, Mediatek confirme sa volonté de venir se positionner sur le marché PC dès 2023… C’est à dire en concurrence directe avec l’annonce de Qualcomm sur ce segment
Avoir un nouvel acteur sur ce marché du PC sous SoC ARM est une excellente nouvelle. Après qu’Apple ait montré la voie avec ses M1 et toutes leurs variantes, après que Qualcomm ait annoncé vouloir leur faire concurrence, l’arrivée de Mediatek ne peut que être bénéfique sur un marché qui ne gagne jamais à manquer de concurrence. Pour 2023, la marque veut donc être dans la course et se positionner sur ce segment prometteur de PC sous Windows ARM.
A en juger par les annonces faite sur le Dimensity 9000, il y a des chances que cela soit bénéfique. Reste à savoir si la débauche de performances et de services annoncés sera à la hauteur des développements concurrents. Mediatek et Qualcomm sont en effet dans un même étau. Avec d’un côté un Apple qui a montré avec ses puces M1 Pro et M1 Max qu’il avait encore beaucoup de possibilités de développement pour le futur. Et un duo AMD et Intel qui ne comptent pas non plus se laisser marcher sur les pieds.
Le problème étant toujours le même pour ces puces ARM sous Windows. L’homogénéité des solutions proposées n’est pas à la hauteur de celles proposées par Apple d’un côté et le monde x86 dans l’écosystème Windows de l’autre.
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Sympa a lire mais pas évident a comprendre .
C’est sur que j’ai plus l’habitude de comparer via l’utilisation du moteur de recherche de Google ,genre recherche : MEDIATECK 8163 vs SNAPDRAGON 660 .
Le prix et la définition de l’écran fait aussi le choix de mes produits ,aussi pas mal de Mediatek dans mes appareils .
Le truc ,manque a ce jour un bon article sur les processeur ARM ,exemple architecture A53 ou A55 qui devient vite du Chinois ,alors que la finesse de gravure est facile a comprendre .
IDEM quand ,il s’agit de GPU intégré au SOC ,Mali *** ou Power VR voir les GPU de Snapdragon ,pas mal de charabia ou l’on se perd .
BREF c’est plus facile de comparer une Gamme de PC que de comparez un Tablette voir un Smartphone .
« Car en aparté de cette présentation Mediatek confirme sa volonté de venir se positionner sur le marché PC dès 2023… »
Bonjour, ça me fait quand même réfléchir. On a une succession de slides concernant l’univers smartphones/tablettes, et cette phrase, en aparté et non illustrée, avec pour date 2023 (en informatique, tout est possible d’ici-là, y compris un abandon de projet).
Du coup, la question que je me pose est est-ce une campagne de communication face à la concurrence, ou bien est-ce qu’il existe un véritable projet en route ?
@prog-amateur: Bonne question et pas de réponse :)
Et quelles sont leur réelles possibilités de le produire en masse et de combler les besoins en puce du moment ?
Yeah, curieux de voir ce que ça donnera sur PC lorsque ça sortira. Car rivaliser avec les meilleurs Snapdragons (actuels) ne suffira pas, ces CPU étant encore trop lents pour une expérience confortable, sous Windows tout du moins (en natif c’est déjà bof, mais l’émulation x86 est risible).
Il faudrait que ces nouveaux CPU explosent littéralement les anciens en terme de perfs, mais chez ARM (comme chez x86 e nfait) nous sommes habitués à des évolutions assez classiques, c’est à dire timides, et 30% (ou même 50%) de perfs en plus ça ne rendra pas un PC Windows ARM utilisable, ça reste trop lent.
Il n’y a que Apple qui a accompli un bel exploit avec ses M1, mais Apple se réservant toujours ses propres puces, elles n’entrent pas directement en concurrence avec celles de Qualcomm etc. La concurrence se fait sur l’ensemble des machines finales, hélas, et donc pour les PC Windows ARM la concurrence se fera encore entre des puces lentes et d’autres un peu moins lentes.
Enfin, toujours sur les PC (et tablettes) Windows, je me demande si ces futures puces x86 – par ex l’archi AlderLake – très prometteuses ne rendront pas ARM complètement inutile. L’intérêt d’ARM sur PC ces dernières années, c’était bien l’autonomie (pour le prix, on a toujours eu les Atom). Si les archi x86 nouvelles génération arrivent enfin à être au niveau question efficacité énergétique, ARM ne fera jamais sa percée sur Windows.
Je regarde ces promesses des fabricant ARM vers le monde du PC toujours d’un oeil circonspect.
Linux supporte parfaitement ARM64, ils pourraient faire un malheur pour des laptops et mini stations de travail sous Linux avec leur annonces répétées de débauche de puissance… Et pourtant rien.
Tout est fermé de la part de ces fabricants, verrouillé, cadenassé. Il faut toujours passer par des années de retro-ingénérie et/ou des solutions bancales pour avoir quelque chose d’à peine fonctionnel.
Ils préfèrent aller se casser les dents sur du Windows alors que Microsoft est incapable d’y répondre.
@Tof: +1, même si l’arrivée du Steam deck pourrait rebattre les cartes : il est basé sur un Linux « masqué » et deviendra une référence pour les utilisateurs Gamers.
Mais pas les entreprises, qui sont les plus gros utilisateurs de PC… et elles sont TRES frileuses (à raison souvent).
@Baervar: A raison par expérience surtout ^^.
Je ne demande pas qu’ils commercialisent des PC Mediatek ou Qualcomm directement sous Linux mais qu’ils fournissent les pilotes pour que l’on puisse le faire.
Qu’ont-ils à perdre ?
@mr_pyer: Ce ne sont pas leurs IP, elles sont à ARM.
Mediatek n’a pas donné le nombre de transitors de son SOC,
Dimensity 9000, afin qu’on puisse réellement le comparer
au M1 et aux autres SOC existants !
Alors que c’est un facteur très important…
afin de comparer ce qui est comparable ou pas !
Merci @Pierre Lecourt pour cette news :)
Pour ce qui est de la 5G, vu les débits possible annoncés, j’aurais tendance à dire : bah c’est déjà pas mal, non ? Après, s’il s’agit d’attaquer le marché pro de la 5G avec en vue l’infrastructure même de la 5G, ce ne serait peut être pas la même chose … ?
Mais au global, waow, quand on voit le chemin parcouru depuis l’avènement des premiers mobiles tactiles puis de la 3G…
@Baervar & @Pierre Lecourt: Pour les entreprises, c’est surtout que nombre de softs « métier » ne sont disponibles que sous MS Windows. Sans parler des pilotes de certains matériels (Cartes graphiques) disponibles uniquement pour cet OS … À titre personnel, j’ai du passer sous MS Windows à cause de ça (la CAO dans une machine virtuelle ça n’est pas génial).
Pour MediaTek, je suis très circonspect avec cette annonce de venir ndas le monde des PC. Mes dernières expériences sur smartphone m’ont vraiment refroidies : super matériel mais aucun suivi logiciel. En gros les mises à jours majeures étaient bloquées à cause du manque de support du SoC. J’espère que cette tendance de sortir des nouvelles gammes tous les 6 mois en abandonnant la gamme précédente ne s’étendra pas au monde PC.
C’est déjà quelque chose que j’avais regretté lorsque les distributions GNU/Linux ont emboité le pas à Ubuntu en sortant une version tous les 6 mois « quoiqu’il arrive ». J’ai vu des versions sortir avec un noyau en « RC » pour tenir ce calendrier…
Enjoy !
@Tof: https://www.cnx-software.com/2021/11/23/phytium-d2000-armv8-mini-pc-runs-linux-supports-gaming-with-box64-emulator/
https://www.journaldugeek.com/2021/11/23/apple-windows-11-arm-pourrait-bientot-fonctionner-sur-les-mac-m1/