Une « machine à laver » cryogénique pour recycler nos déchets électroniques ?

En utilisant de l’azote liquide et un système de billes d’acier, des chercheurs pulvérisent des déchets électroniques afin de les rendre plus facilement recyclables. Une bonne idée pour recycler les millions de tonnes de matériels informatiques que nous jetons chaque année.

La plupart du temps , quand on pense au recyclage de déchets électroniques contenant du plastique, on pense à un système permettant de les réchauffer afin de les recycler dans d’autres objets. Une transformation rendue possible par les propriétés inhérentes de ces matériaux qui supportent assez bien, pour certains d’entre eux, d’être employés ainsi.

Le problème vient de la séparation du plastique qu’il sera possible de réchauffer des autres plastiques qui n’en sont pas capables. Outre le fait qu’ils sont mélangés ensemble dans la plupart de nos déchets électroniques, ils sont de surcroît multipliés à l’infini par des petites pièces qu’il est impossible de séparer mécaniquement. Il faut faire alors appel à une main d’oeuvre humaine. Main d’oeuvre qui coûterait une fortune et rendrait le recyclage impossible à financer sans une taxation énorme des produits. Nous avons donc eu la bonne et absolument indécente idée d’exporter nos déchets vers des pays du tiers monde pour que leur population, hommes, femmes et enfants, puissent faire ce travail misérable et dangereux tout en polluant leur territoire à notre place.

Le no man’s land qu’est devenu Agbogbloshie au Ghana est le symbole de notre « traitement » des déchets électroniques dans toute leur horreur. Outre que l’exportation de nos déchets vers ce lieu est totalement illégal, le circuit économique qui le gère se moque pas mal des conséquences de ce trafic sur les populations locales. Le fait que la tâche des enfants sur place se résume à transporter et brûler des plastiques dangereux en vrac pour en récupérer le métal n’est, semble t-il, pas un problème pour les autorités locales ni pour les nôtres.

Minimachines.net

Dans une simple souris, des dizaines de composants et de matériaux différents

Mais il existe désormais une nouvelle voie pour recycler ces déchets particulièrement complexes a gérer. Celle du froid. La Rice university vient de publier une étude montrant comment, grâce à une sorte de machine à laver cryogénique, elle parvient à séparer plastique et métal sans rejets nocifs et avec une transformation quasiment complète du produit source.

Minimachines.net

La solution actuellement le plus couramment utilisée ? Tout brûler pour récupérer quelques gramme de métal.

L’idée est de plonger des composants électroniques en vrac dans une cuve que l’on remplit ensuite d’azote liquide afin de les amener à une température extrêmement basse de -119°C. Des billes d’acier  sont ensuite intégrées et la machine est mise en marche pour que les balles broient tous les composants gelés. Le résultat est une très fine poudre homogène. Des particules de 20 à 100 nanomètres contenant tous les matériaux introduits : Métaux, oxydes et polymères. Contrairement au systèmes qui réchauffent les produits qui ont tendance a mélanger les éléments, le fait de les refroidir les gardent séparés. Il ne reste ensuite qu’à trier le tout grâce à des bains qui sépareront les différents éléments. Les produits lourds couleront et seront ensuite séparés par des systèmes classiques (tri par poids, magnétisme).

Minimachines.net

A gauche un morceau de plastique classique, à droite une pièce moulée avec la poudre de recyclage

Les plastiques, quant à eux, pourront être injectés en vrac dans des formats de recyclages classiques. Mélangés à des polymères, ils viennent compléter la matière principale dans différentes proportions : palettes, boites et équipement variés.

La solution ne produit quasiment aucun déchet et permet ainsi un traitement mécanique industriel de composants entiers. Mettez une souris ou un portable, au préalable débarrassés de leurs batteries et métaux dangereux, et vous obtiendrez des éléments séparés de plastique, de métal et d’oxydes. Une nouvelle voie de recyclage particulièrement adaptée aux déchets électroniques toujours en cours de développement qui pourrait être une excellente nouvelle pour la planète et ses populations.

Source: Rice University via Newatlas


Soutenez Minimachines avec un don mensuel : C'est la solution la plus souple et la plus intéressante pour moi. Vous pouvez participer via un abonnement mensuel en cliquant sur un lien ci dessous.
2,5€ par mois 5€ par mois 10€ par mois Le montant de votre choix

Gérez votre abonnement

7 commentaires sur ce sujet.
  • 22 mars 2017 - 13 h 46 min

    Heu… il doit s’agir d’Azote liquide (~ -195°C) et pas d’hydrogène liquide…plus froid, mais beaucoup plus cher et difficile à produire et conserver. Par ailleurs, en français on dit « azote liquide », et pas nitrogen liquide (les anglais disent liquid nitrogen).
    Sinon, Merci Pierre pour cette très intéressante nouvelle qui me rappelle comment dans les labos (biochimie) nous broyons des tissus (animaux, végétaux, humains) avec de l’azote liquide de la même manière.
    Enfin, j’espère un début de solution pour ce scandale du retraitement des déchets D3E..

    Répondre
  • 22 mars 2017 - 13 h 56 min

    Heu… comme l’a si bien dit wul31, la traduction de nitrogen c’est azote. Donc il s’agit d’azote liquide qui n’est absolument pas dangereux à part le risque de brûlure par le froid, contrairement à l’hydrogène dont la manipulation est sensible…
    Sinon très intéressant comme article :)

    Répondre
  • 22 mars 2017 - 16 h 36 min

    @Tiviev: L’azote, bien que se soit un gaz inerte, est quand même très dangereux à l’échelle industrielle car il peut s’accumuler dans certaine zone et on peut y mourir par anoxie. Il suffit de deux inspirations pour perdre connaissance et rester sur le carreau. Donc ce n’est pas si anodin que ça en à l’air.

    Répondre
  • Cid
    22 mars 2017 - 17 h 21 min

    Pas de risque de polution ou avec l’utilisation massive d’azote liquide ? Comment l’obtient on ?
    A voir le bilan entre l’utilisation de ce produit et le recyclage obtenu. Un mal pour un bien quoi…

    Voilà, Pierre, maintenant tu sais quoi faire de tes netbooks :D

    Répondre
  • 22 mars 2017 - 19 h 01 min

    L’azote compose 78% de l’air que l’on respire. Pour le risque de pollution, il ne doit pas y avoir grand chose à craindre.

    Répondre
  • 22 mars 2017 - 19 h 12 min

    @Cid: L’Azote n’est probablement pas « perdu » pendant l’utilisation, j’imagine que cela se fait sous pression.

    Répondre
  • 23 mars 2017 - 21 h 24 min

    C’est de l’azote liquide exactement c’est aussi ce qui est marqué dans le texte en aucun cas on nous parle d’hydrogène liquide

    Répondre
  • LAISSER UN COMMENTAIRE

    *

    *