Compal Jupiter II : Le premier assistant vocal noname

George Orwell a commandé un trampoline. Se retourner dans sa tombe ne lui suffit plus tant les annonces d’assistants vocaux se suivent et préparent un avenir d’écoute généralisée. Le Compal Jupiter II est le premier assistant vocal noname. Et ça fait un peu peur.

Compal, vous connaissez peut être sans le vouloir, c’est un énorme fabricant de matériel informatique qui ne vend rien sous son nom mais qui fabrique pour les principales marques de PC : Dell,  HP, toshiba . On connait bien Foxconn car il est sous les feux des projecteurs parce qu’il fabrique pour Apple, Compal c’est un autre de ces géants Taïwanais qui fabrique en ODM.

Compal Jupiter II

Et le Compal Jupiter II qui vient d’échouer sur les rivages de la FCC est un nouveau produit de la marque. il ne sera pas vendu par Compal mais probablement par d’autres. Le fabricant le fait certifier aux US et a probablement également prévu une même certification en Europe afin de séduire plus facilement ses futurs clients. Ces derniers peuvent être n’importe qui, un fournisseur d’accès, une marque connue de PC ou de Hifi, n’importe quel constructeur qui a le volume nécessaire pour commander son propre design de l’engin? Choix de matières ou de plastiques, finitions et design original d’un moule. On peut très bien imaginer qu’un SFR, un Orange, en France fasse appel à ce Compal Jupiter II tout comme une marque comme Archos ou un acteur de la grande distribution en fasse un objet à ses armes.

Compal Jupiter II

 

Mais le Compal Jupiter II qu’est-ce que c’est ? Il s’agit d’un nouvel assistant vocal qui, contrairement aux solution d’Amazon et Google, met en avant surtout son matériel embarqué plutôt que son logiciel pour le moment. Et pour cause, il est livré avec une plateforme Ostro Linux mais pourra sans aucun doute s’appuyer sur les ressources proposées par Amazon et Google pour fournir un service d’assistance vocal. Autrement dit, c’est une machine nue qui pourra accepter l’emploi du système de son choix. Alexa avec Amazon ou Google Home.

Compal Jupiter IICompal Jupiter II

Pour piloter ces services, le Compal Jupiter II déploie un matériel qui, sur le papier, semble convaincant : Pas moins de huit microphones, autant que le produit d’Amazon, pour capter les ordres vocaux à distance et une paire d’enceintes composée d’un Woofer de 10 watts et un Tweeter de 5 watts pour restituer une voix synthétique.

Compal Jupiter II

Le tout est  intégré dans un cylindre décoré d’une LED circulaire qui propose sur sa partie haute une webcam de 2 mégapixels avec vision de nuit infrarouge et une ouverture de 130°. On suppose que l’objet peut assez facilement se transformer en outil de vidéo communication ou en camera de surveillance. Le Compal Jupiter II communique grâce à un module Wifi 802.11AC et dispose également du Bluetooth 4.2 et des supports Zigbee et Z-Wave pour des connexions domotiques.

Compal Jupiter II

Le tout est piloté par une solution Intel Atom X5-E8000 associée à 2 Go de mémoire vive DDR3L évolutive jusqu’à 8 Go et de 8 à 16 Go de stockage eMMC.

Compal Jupiter II

La marque a également ajouté une belle panoplie de capteurs variés sur l’appareil : Un capteur de luminosité, un élément pour mesurer la qualité de l’air, un capteur d’humidité et enfin une mesure de la température sont présents.

Compal Jupiter II

Une connectique basique est intégrée au dos de l’engin avec un USB, un MicroUSB et un lecteur de cartes MicroSD. Probablement pour enregistrer des séquences ou images capturées avec la webcam.

Compal Jupiter II

Evidemment, aucun détail sur le prix de l’engin ou sur le reste de ses capacités mais son apparition laisse pensif : Si n’importe quelle société peut désormais créer un assistant vocal en utilisant les bases proposées par Amazon et google, elle peut également ajouter ce qu’elle veut au niveau de la collecte des données pour son propre compte. On peut donc imaginer des services supplémentaires mais également autant de dérives. D’autant que si Amazon et google ont une belle équipe de chercheurs et développeurs autour de leurs projets d’assistants vocaux, Compal ne sera pas dan la même logique. Si un trou de sécurité est présent dans ses engins, si on peut accéder à sa webcam ou à son micro par exemple, je doute que le travail de sécurisation de l’engin soit fait de manière aussi efficace par la marque qui vendra l’objet sous son nom que par les géants d’Internet sus-cités.

Minimachines.net

1984 de Michael Radford issu du livre de Georges Orwell

Ces petits engins posent déjà des problèmes quant à la confidentialité des données qu’ils captent, il est, par exemple, impossible de lancer un Google home sans accorder à l’appareil l’accès complet à votre historique de navigation. Mais le développement de solutions moins contrôlées encore, probablement vendues moins chères avec l’idée de fournir des services derrière, c’est encore plus inquiétant.

Source : Liliputing


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16 commentaires sur ce sujet.
  • 17 mai 2017 - 13 h 14 min

    ce hardware est un doux rêve pour moi s’il pouvait être vendu en version retail pour les bidouilleurs qui voudraient se concocter leur propre solution software dessus. Une sorte de ‘super shield’ au dessus d’un raspberry qui apporte le support zwave, l’array de micros performante pour la reco vocale (très difficile à trouver en dehors du détournement des kinects), etc…

    Après, je suis moyennement d’accord avec le ton Orwelien de l’article: il ne faut pas confondre l’outil et l’utilisation qui en est faite: rien n’oblige une boite qui voudrait adopter cette solution à proposer quelque chose ‘dans le cloud’ et/ou attentatoire à la vie privée.

    C’est un peu comme un couteau: il peut aussi bien servir à couper des légumes qu’à assassiner quelqu’un. Et dans le cas de la deuxième option, ce n’est pas le couteau qui est à blâmer, mais bien son usager.

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  • 17 mai 2017 - 13 h 45 min

    @brazomyna: Bah le truc c’est que le couteau, tu sais à quoi t’attendre. Logiquement tu le colle dans un tiroir et il sert pour ce qu’il a servir. Bien sûr n’importe qui peut prendre le couteau et commettre des actes horribles avec mais c’est a peu près vrai pour tout.

    La seule (grosse) différence entre ce produit et un couteau c’est quel e couteau n’a pas une adresse IP et n’est pas relié au réseau. De sorte que si un malandrin arrive a trouver une faille sur le dispositif il peut également pénétrer dans l’intimité de milliers d’autres. comme cela s’est vu avec les cameras wifi, les routeurs et tant d’autres trucs connectés qui sont vendus en ODM.

    Le risque ici c’est que l’on file une API ayant un énorme potentiel d’intrusion, c’est à dire l’écoute permanente de TOUT bruit émis dans un rayon de plusieurs mètres et qu’on le colle en ligne. Associé à cela une petite webcam sympathique. Et que derrière cette API il est possible de développer n’importe quoi. réagit à des mots clefs par exemple, déclencher un enregistrement, les compter, les noter, les horodater, les signaler. Bref placer un micro espion chez soi avec la possibilité de se faire pirater.

    Encore une fois, Amazon peut très bien régler un problème d’intrusion en déployant une mise à jour raidement, google également. mais qui a fait ces mises à jour chez les vendeurs de camera IP pour le grand public ? Pas grand monde. Des milliers de dispositifs aujourd’hui sont de vraies passoires malgré le fait que le problème ait été largement identifié. Si ce genre de faille arrivait avec ce type d’outil où le développement logiciel est laissé au bon soin d’un SFR ou d’un Carrefour, je ne suis pas sur que le suivi serait réactif. Je suis même persuadé du contraire.

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  • 17 mai 2017 - 14 h 30 min

    Fondamentalement je suis pour ce type d’engin tant que le traitement a lieu sous ma coupe : mes serveurs.
    Db

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  • 17 mai 2017 - 15 h 07 min

    « Ces petits engins posent déjà des problèmes quand à la confidentialité des données.. »
    -> quant à :)

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  • Wrl
    17 mai 2017 - 15 h 10 min

    Tu peux disposer du matériel et l’utiliser en local. Pas du tout obligé de passer par le cloud.
    La reconnaissance vocale propre a Microsoft est déjà plutôt bonne (voir le projet SARAH).

    J’utilise personnellement une enceinte Creative AXX SBX10 (on peut utiliser un Kinect pareil) couplée a un serveur domotique sous Windows (via SARAH + Domoticz). Ça fait le taff et ce n’est pas relié a une entité quelconque (Amazon, Google, ou autre).

    Si le matériel est vendu brut tel quel dans le commerce, ca peut etre une très très bonne chose.

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  • 17 mai 2017 - 17 h 38 min

    @Pierre Lecourt:

    Envoyer sa voix dans le cloud, Amazon ou un autre, c’est juste indéfendable niveau vie privé/sécu. Et ca continue de fonctionner quand son FAI a un problème en prime.

    Je préfère mille fois un truc qui a les ressources pour tout faire en local. Certes, il faut se sortir un peu les doigts du c.. pour le configurer, mais la perspective d’en faire un assistant vocal/caméra/box domotique z-wave, franchement si hardwarement c’est certes intégré mais du standard avec tout reconnu sous Linux, moi je trouve cette proposition fort intéressante.

    C’est certes pas la clientèle de ceux qui ne savent que flashouiller un Q-QR code, mais le trucs minimalistes vendus fort cher qui innondent l’IoT avec tout le cerveau dans le cloud, perso c’est niet: C’est juste le pire danger pour sa vie privée… et comme 50% des boites qui se ruent sur ce marché naissant mettront la clef sous la porte dans les 2-3 ans qui viennent, l’hébergement non renouvelé ça sera remplissez une poubelle.

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  • to
    17 mai 2017 - 17 h 48 min

    Il est fort probable qu’une communaute open source se developpe autour de ce genre de produit et fournisse un stantard style Kodi pour les media centers. Le dernier raspi magazine sort d »ailleurs avec un kit pour fabriquer ce genre de device et le programmer.

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  • 17 mai 2017 - 17 h 58 min

    @yann: Je ne critique pas le produit en tant que tel, je sais pertinemment qu’il ne sera pas distribué sous la forme « nue » sans le passage bien par une marque quelconque qui va le verrouiller au maximum. ce qui me dérange bien c’est qu’il s’appuiera probablement sur Alexa ou google Home et qu’il rajoutera a n’en pas douter une couche supplémentaire d’observation tout en étant vendu sous une marque plus proche de nous. voire livré avec une box ADSL/fibre par défaut.

    Après si je détaille le matos interne c’est bien parce qu’il est intéressant. Mais je pense qu’on pourrait réfléchir à des kits micro/audio nous même et les adapter à nos besoins.

    @to: Oui. https://www.minimachines.net/actu/aiy-projects-voice-kit-50615

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  • 17 mai 2017 - 18 h 18 min

    @Wrl: Héhé, tout pareil.

    Je viens justement de recevoir aujourd’hui mon « BoLv Z83II Mini PC Intel Atom x5-Z8350 » (cf. amazon) ; et j’ai acheté un kinect d’occasion + l’adaptateur USB la semaine dernière (j’ai longtemps hésité avec le SBX20).

    bref, ce soir je vais pouvoir m’amuser avec Sarah, et essayer de relier tout ça à ma domotique :-)

    Si tu as un retour d’xp et/ou des conseils, je suis preneur.

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  • 17 mai 2017 - 18 h 22 min

    @Pierre Lecourt: Je pense qu’on est globalement d’accord ;

    je suis moi aussi dans l’idée que ce sont des choses qui ne doivent jamais sortir de la sphère privée, et c’est pas pour rien que je disais que « ce hardware est un doux rêve pour moi S’IL POUVAIT ETRE VENDU EN VERSION RETAIL POUR LES BIDOUILLEURS » ; sous-entendu en dehors de toute offre cloudesque.

    Je suis également d’accord pour dire que le produit Compal se destine à des boites qui voudront justement proposer du « cloudesque », et pas une simple boite qui peut fonctionner en local.

    Après, je voulais juste apporter un peu de nuance vis à vis de l’article pour rappeler que le problème n’est pas le fait d’avoir un assistant vocal chez soi, mais bien d’avoir un assitant vocal OUVERT AU NET ET REPOSANT SUR LE CLOUD chez soi.

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  • Wrl
    17 mai 2017 - 20 h 24 min

    @brazomyna:
    lool.
    Ça fait près d’un an que je suis sur cette alternative, j’ai eu des pb avec la V4 de Sarah mais aucun avec la v3 (que je te conseillerais). Pour avoir testé domoticz, homeassistant, openhab (windows, linux, docker et VM Linux), je suis resté sur du domoticz windows (pour faire une seule machine sarah/domoticz) Ca marche plutot bien.
    Ça serait a refaire, je pense quand même que je ferais plutôt un Raspberry Pi3 avec razberry pour un petit Jeedom et un autre Raspberry avec Yana-Server (qui n’évolue plus trop non plus :( ) pour le contrôle type SARAH.
    Jeedom = simple a mettre en place et très puissant, mais certains plugins sont payant.
    Domoticz = tu fais ce que tu veux, mais faut programmer un peu en lua pour tirer parti au maximum de Domoticz (blockly est trop limitatif a mon gout, bien qu’il fasse des trucs tres bien)
    Conseil fais des sauvegardes régulierement parce qu’on a tendance a tout cassé desfois et quand tu passe des jours a configurer ca fait chier de recommencer XD.

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  • 17 mai 2017 - 23 h 12 min

    @Wrl: désolé pour le (gros) HS vis à vis de la news, mais merci beaucoup pour ton feedback.

    Je suis sur une solution domotique ‘pure zwave’ (50 modules fibaro) avec Jeedom sur Rpi3, mais la réactivité de la solution Jeedom, et l’absence de possibilité d’écrire des scénarios avec du ‘vrai code’ rend pour moi la conception de scénarios évolués (donc complexes) quasi impossible.

    Le dev que je suis est donc reparti de zéro pour me faire une solution 100% home made, à base de nodeJS + openzwave.

    Restait le contrôle vocal, et pour ça, effectivement, Sarah + Kinect semble la meilleure solution (‘non cloud’ évidemment) à l’heure actuelle. Je testerai donc avec Sarah V3 … dès que windows update aura fini sa montagne de mises à jour.

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  • 18 mai 2017 - 2 h 42 min

    Oui, mais… Ca sert à quoi ? Enfin, je veux dire, la domotique ? Je suppose qu’il y a un intérêt technique, d’apprentissage, de savoir comment ça marche. Mais ensuite, les solutions mises en oeuvre, c’est lorsque l’on est propriétaire de son logement, non ? Et qu’est ce qui se passe quand il y a une panne de courant ? On peut toujours ouvrir les volets ? Les gars, c’est quoi le levier ?

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  • 18 mai 2017 - 8 h 53 min

    @StarLord: au dela de l’intérêt technique des ptits geeks qui sommeillent en nous, il ne faut pas chercher une ‘killer feature’ qui expliquerait tout l’intérêt de la domotique en une phrase. Pour moi la domotique c’est au contraire une aggrégation de multiples petits ajouts qui constituent autant d’éléments de confort, de sécurité, d’efficience énergétique et de gain de temps.

    S’il y a une panne de courant, ça ne marchera pas mieux et pas moins bien que n’importe quel autre volet électrique non domotisé.

    Enfin concernant le fait d’être propriétaire, c’est loin d’être une obligation mais je pense que c’est quand même un gros plus. D’une part parce que l’investissement est plus facile quand on lâche par ailleurs des centaines de miliers d’euros dans un logement qu’on compte garder plus longtemps. Et d’autre part parce que la domotique révèle son plein potentiel quand on a une approche globale et cohérente. Et c’est plus facile quand on a la possibilité de faire des modifications dans sa maison qu’un bailleur n’accepterait pas forcément.

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  • Wrl
    18 mai 2017 - 11 h 51 min

    @StarLord:
    Globalement la domotique c’est du confort.
    Automatiser des taches que tu ne veux pas faire ou ne peut pas faire.
    Effectuer des actions en fonctions de certaines conditions (temps, heure, a la suite d’autres actions, etc…)
    Les possibilités de la domotique sont infinies, mais il faut du temps et de l’argent pour cela.

    Et comme en général on investit dans la tech, c’est pas non plus pour faire des économies.

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  • 18 mai 2017 - 16 h 38 min

    @Pierre Lecourt: Orwell serait là, il se marrerait bien rien qu’avec les réseaux sociaux déjà !
    faut pas oublier que pour certains, mettre toute sa vie en ligne, ça semble être un réflexe !
    pour eux, ça changera rien

    pour les vieux cons comme nous, oui, c’est incompréhensible
    (et un casse tête à venir pour la sécu des réseaux)

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