Un nouveau Bootloader pour une installation autonome des Raspberry Pi

La fondation Raspberry Pi pense à ses utilisateurs et déploie des trésors d’ingéniosité pour simplifier les tâches les plus rébarbatives. L’installation des cartes en est une.

Si vous avez déjà installé une carte Raspberry Pi on ne peut pas dire que l’opération soit très compliquée. Il faut télécharger un petit logiciel sur un PC équipé d’un lecteur de cartes, le lancer et… attendre. Le logiciel se charge de récupérer l’image du système puis de l’installer sur la carte en la formatant de telle manière qu’elle puisse servir de stockage et d’unité de démarrage sur votre Pi. Cela prend quelques minutes mais c’est d’une simplicité vraiment enfantine. Un nouveau Bootloader devrait rendre tout cela encore plus simple.

Le soucis de l’installation carte par carte vient à partir du moment où vous devez installer plusieurs Raspberry Pi. Si vous avez une paire de cartes, il faudra répéter l’opération deux fois, et cela peut prendre un peu de temps. Ce n’est à la rigueur pas trop grave… mais imaginez que vous soyez un prof de math passionné ou un administrateur réseau au sein d’un fablab et que vous ayez une trentaine de cartes a installer. Ce n’est pas forcément la soirée que vous aviez en tête que de rester a surveiller un logiciel de ce type pendant qu’il écrit en boucle des cartes MicroSDXC…

Heureusement ce sera bientôt de l’histoire ancienne, la fondation Raspberry Pi annonce une installation réseau pour ses futures cartes. Le Bootloader des Raspberry Pi va être modifié dans le futur pour permettre une installation réseau des cartes. Une opération qui n’aura pas besoin d’un autre ordinateur pour fonctionner. Vous n’aurez qu’a utiliser une connexion Ethernet sur votre Pi, brancher un écran et un clavier, insérer une carte MicroSD vierge dans son lecteur et alimenter le système.

Au démarrage vous devrez maintenir la touche Shift du clavier à l’invite pour que le système charge l’outil de formatage et de téléchargement automatiquement. Vous n’aurez alors plus qu’a faire le choix de votre distribution directement depuis le Raspberry Pi lui même.

Une fois l’opération terminée, le Raspberry Pi redémarrera sur la carte MicroSD et le système que vous aurez choisi. Il sera même possible d’utiliser une image au travers de votre propre réseau local pour éviter de surcharger votre accès à internet.

L’utilisateur final pourra donc faire son installation tout seul, sans compétence particulière, en quelques minutes. Le prof de math pourra en profiter pour éclairer ses élèves sur le fonctionnement de ce dispositif (si sa salle de classe est équipée d’un réseau Ethernet évidemment) et le directeur de fablab pourra imprimer une petite feuille méthodologique a glisser dans les kits de Raspberry Pi « A lire au premier démarrage ». Evidemment c’est également un énorme point positif pour tout ceux qui n’ont pas d’autre machine que le Raspberry Pi sous la main. Rendre totalement autonome la solution est un énorme plus.

Installer dès maintenant le nouveau Bootloader encore en Beta

A noter que ce nouveau « bootloader » devrait être installé par défaut sur les futures cartes mais que vous pouvez en profiter dès maintenant en « flashant » votre Raspberry Pi avec une version Beta. Entendons nous bien, qui dit version Beta dit prise de risque. Je ne vous recommande franchement pas de tester l’opération sur carte qui vous sert au quotidien, sauf si vous aimez le goût particulier des médicaments contre les céphalées.

Pour installer la Beta sur votre Raspberry Pi 4 ou votre Pi 400, la Fondation indique quelques éléments techniques. Le recours à l’outil « Raspberry Pi Imager » fraichement téléchargé dans sa dernière mise à jour est indispensable. Il vous faudra également un stockage vierge (ou dont le formatage ne détruira aucune donnée sensible). Dans l’outil Imager, au moment du choix du système à installer sur votre carte MicroSD ou votre clé USB vierge, descendez dans la liste « Système d’exploitation » et choisissez les utilitaires (Misc utility images) puis sélectionnez “Beta Test Bootloader.” Lancez l’opération, patientez, offrez un petit café et buvez en un, et une fois l’opération terminée, insérez la clé USB ou la carte MicroSD dans le Raspberry Pi que vous voulez mettre à jour. Démarrez la carte Raspberry Pi qui devrait émettre des signaux via ses LEDs avant d’afficher un écran vert, signal que l’opération a fonctionné.

La suite des opérations sera classique, l’usage du logiciel Imager étant identique à la méthode habituelle. Vous procéderez au boot sur « réseau » et suivrez les indications citées plus haut.

A noter que vous pourrez retrouver l’ancien bootloader avec une simple ligne de commande 

$ sudo rpi-eeprom-update -f $(rpi-eeprom-update -l)

Ou en utilisant l’outil Imager à nouveau et en sélectionnant « Bootloader » au lieu de « Beta Test Bootloader ».


Soutenez Minimachines avec un don mensuel : C'est la solution la plus souple et la plus intéressante pour moi. Vous pouvez participer via un abonnement mensuel en cliquant sur un lien ci dessous.
2,5€ par mois 5€ par mois 10€ par mois Le montant de votre choix

Gérez votre abonnement

10 commentaires sur ce sujet.
  • 14 février 2022 - 14 h 40 min

    Quel pas en avant! Vraiment une super bonne nouvelle!
    Au niveau amélioration j’espère la prise en charge du wifi à l’avenir et le fait de pouvoir faire ça en headless (on met une sd vierge, on branche en ethernet et électricité, on attend qu’une diode indiqué la fin du processus d’installation d’une distrib par défaut).

    Répondre
  • 14 février 2022 - 14 h 55 min

    Je ne suis pas certain que l’on puisse qualifier cela d’ingénieux: Un boot réseau ou USB pour l’installation d’un système c’est quand même la norme. Personne n’aurait jamais eu l’idée saugrenue de demander d’aller démonter le HDD/SSD d’un PC pour aller y claquer une image!
    Certes, un media extractible très simplement comme une uSD pour lequel chacun a un adaptateur (pour son APN etc) a permis jusque là de vivre sans…
    D’où la question que je me pose: Si raspberry s’est si longtemps complaît dans cette situation (pas sans rappeler le discours « le 64 bits ne sert à rien sur ce type de produit »), j’espère qu’y remédier n’annonce pas une autre évolution: Le stockage sur eMMC soudée, non évolutive et obligeant à mettre le tout à la poubelle en cas de défaillance du stockage.

    Répondre
  • 14 février 2022 - 15 h 48 min

    @yann: C’est un peu mettre la charrue après les bœufs que de dire cela. Pendant des années on était obligés de se coltiner 20 ou 30 disquettes 3.5″ pour installer un système et d’y passer des heures. Ensuite on a eu droit à des CD-Rom juste un poil plus pratiques… Ce qui te parait être « la norme » en 2022 c’est juste une évolution liée à la démocratisation des réseaux chez les particuliers.

    Mais tu fais quand même fausse route parce que personne n’utilise d’installation réseau.

    Je ne connais pas grand monde qui installe un Windows ou un Linux via réseau chez lui. La très grande majorité des utilisateurs troquent simplement la disquette ou le CD par une clé USB préalablement préparée avec… une autre machine. Personne n’a l’idée saugrenue de démonter son stockage de son PC parce que cette solution du boot USB existe depuis les années 90, tout simplement.

    Quand a voir la solution comme un moyen de passer au eMMC j’y vois juste un signe de mauvaise humeur. Franchement, la fondation reste une fondation et le gain de ce changement serait nul. La fondation ne cherche pas a faire du bénéfice sur les cartes. Elle pourrait ici s’embourber dans des problématiques complexes et cela l’obligerait a augmenter le prix des cartes. Ce serait surtout aller totalement contre la philosophie qui a fait le succès de Raspberry Pi. Ce serait se tirer une balle dans le pied et, par ricochet, en pleine tête.

    Surtout, avec la possibilité d’utiliser un port USB pour installer le système, ce choix de passer par l’eMMC en retirant le lecteur de cartes est déjà possible. Et cela n’a pas été fait.

    Soyons positifs que diable ! C’est justement en montrant que ce type d’installation est possible – voir facile – que la méthode va se démocratiser.

    Répondre
  • 14 février 2022 - 19 h 13 min

    Et puis l’installation « untethered » proposée par la fondation est ici bien différente du PXE dont tu parles… Pas besoin de configuration réseau, pas besoin de serveur… C’est vraiment plus simple pour les utilisateurs finaux. Ne pas avoir besoin d’un ordinateur tiers pour installer le produit c’est quand même une grande avancée, ne serait-ce que sur le plan marketing.

    Répondre
  • 14 février 2022 - 19 h 15 min

    …dont @yann parles…

    Répondre
  • moi
    14 février 2022 - 20 h 00 min

    @aka_mgr: Il y a toujours un serveur. Le cloud n’est que le serveur de quelqu’un d’autre.

    Répondre
  • 14 février 2022 - 21 h 29 min

    @Pierre Lecourt:

    OK pour le PXE pour un usage domestique, mais disquettes/CD/DVD ou clef USB, au fond la méthode restait la même: Le stockage de masse ne se voyait jamais claquer une image direct. A la limite, c’est plutôt en fabrication ou dans les grosses entreprises (quand les HDD s’extrayaient encore aisément… désormais c’est PXE!) que l’on procédait ainsi. Jamais à la maison!

    Je vois peut-être le mal, mais le coût d’un module eMMC soudé vs un lecteur uSD évolue aussi. Et la fondation a toujours eu un leitmotiv: Contenir les prix (de base, depuis le PI4) d’une génération à l’autre.

    Ici, (faible) stockage inclus, il serait justifiable de les augmenter à BOM quasi constant sur une version de base. Et de gagner vraiment sur les options de stockage supérieures. Un peu comme avec les options de RAM depuis les PI4.

    Répondre
  • 14 février 2022 - 21 h 52 min

    @yann: La grosse différence entre un lecteur de carte et un module eMMC c’est la souplesse du produit.

    -Un lecteur SDXC convient à tout le monde parce que les débits du Raspi sont faibles. Les cartes MicroSD correspondent bien à cette problématique. RPi laisse le choix à l’acheteur final de la capacité qui lui convient. Proposer des cartes en 8, 16, 32 et 64 Go de eMMC ne serait jamais aussi pertinent qu’en proposant un bête lecteur de cartes MicroSDXC qui peut accueillir aussi bien un module de 512 Mo qu’une solution de 1 To suivant les usages.

    -On a déjà des déclinaisons en mémoire avec des RPi en 2,4,8 Go. Cela fait 3 références. En mettant en place du eMMC en 8/16/32 et 64 Go on passe à 12 références ou alors la fondation ferait des choix vraiment très étagés de RPi qui correspondront à moins de gens. La courbe suivrait la cloche habituelle : peu de gens intéressés par la 2/8Go, peu de gens pour la 8/64Go (à cause du prix) et la majorité en 4/32 Go. Ce serai très très pénible en terme de production. La solution MicroSD est beaucoup plus simple. Elle correspond bien au besoin de la carte.

    -Le lecteurs de cartes sont stables, leur prix d’achat en volume peut être négocié à l’année. La mémoire eMMC varie au jour le jour et en cas d’incident – comme ce que l’on a vu avec les puces NAND la semaine dernière – le prix peut s’envoler de XX% ! Ce n’est pas intéressant pour RPi.

    – Le prix de la carte serait taxé en fonction de son stockage, par exemple en France on aurait droit à une copie privée sur la totalité du prix de la carte en fonction de sa capacité.

    -La carte permet de tester facilement des images, au contraire de la mémoire embarquée. Ce serait se couper d’une partie de l’intérêt même des Raspi que de passer à l’eMMC.

    Enfin, bref, j’y crois pas trop. Je ne vois pas l’intérêt de la fondation ni des utilisateurs.

    Répondre
  • bob
    15 février 2022 - 7 h 22 min

    Pour moi, quand j’ai débuté avec la Rasp, avoir besoin d’un « vrai » pc pour démarrer une Rasp c’était l’aveux que c’était pas un vrai ordinateur.

    Répondre
  • 15 février 2022 - 23 h 53 min

    @bob: Heu, quand j’installe un système sur un « vrai » ordinateur, je ne vais pas chercher une clé USB toute faite. Je télécharge l’image pour la mettre sur la clé… avec un autre « vrai » ordinateur. 😶

    Répondre
  • LAISSER UN COMMENTAIRE

    *

    *