Surface Pro 9 : la tablette à deux coeurs

Microsoft met à jour sa Surface Pro 9, une appellation unique qui englobe désormais les puces Intel et ARM.

Auparavant scindée en deux gammes distinctes, la Surface Pro 9 réunit sous le même nom les modèles équipés de puces Intel x86 et Microsoft/Qualcomm ARM.

Microsoft a en effet déployé une version de la Surface Pro 9 sous SoC Microsoft SQ3 co-développé avec Qualcomm. Auparavant cette appellation « Pro » était uniquement réservée aux solutions sous processeurs Intel. Les version ARM, aux possibilités différentes, étaient caractérisées par une appellation « Pro X » qui permettait de bien saisir la nuance entre les deux modèles. Ce n’est désormais plus le cas.

La version ARM est dans les très grandes lignes identique à la version Intel, elle offre plus d’autonomie théorique avec un maximum mesuré de 19 heures. Elle propose de 8 à 16 Go de mémoire vive LPDDR4X associés à 512 Go de stockage maximum sur un support amovible. La connectique est composée de deux port USB 3.2 Type-C. Mais c’est surtout la présence de la puce Microsoft SQ3 qui posera souci à ceux voulant exécuter des applications x86 classiques en émulation. Le résultat sera médiocre au vu du tarif demandé.

On parle d’un modèle de Surface Pro 9 ARM lancé à partir de 1549€ en 8/128 Go et pouvant aller jusqu’à 2209€ en 16/512 Go. La tablette offre, certes, un modem 5G et un NPU dans cette version ARM mais aux dernières nouvelles son comportement en émulation x86 la situe au niveau d’un processeur Pentium Jasper Lake en terme de vitesse. Une puce qui se situe le plus souvent dans des portables à… 400€.

Alors, on pourra préférer avoir un modem intégré au lieu d’une connexion au travers d’un smartphone pour aller sur le terrain. On pourra préférer avoir un co-processeur dédié à des opérations de retouche vidéo intégré à SoC pour flouter son arrière plan ou recadrer son visage lors de ses réunions en visio conférence plutôt que de passer par une solution logicielle. On pourra également préférer 19 heures d’autonomie plutôt que les 15.5 annoncées sur les solutions Intel… Mais il faudra bien prendre en compte le revers de la médaille. Le moindre bout de code exécuté en émulation x86 issu d’un programme de la logithèque Windows classique transformera votre superbe tablette très rapide en un engin entrée de gamme aux performances moyennes.

Ce qui a franchement tendance à gommer les capacités d’autonomie supplémentaires. Si il faut 5 ou 10 fois plus de temps pour faire un calcul sous une Surface Pro 9 ARM en émulation que sous une Surface Pro 9 Intel sans émulation, on gagne juste l’autonomie nécessaire pour… attendre que le calcul soit fait.

La version Intel de la Surface Pro 9 est sensiblement différente. D’abord, elle est moins chère sur le modèle entrée de gamme, elle ne propose pas de modem 5G et elle est déclinée sous deux puces de 12e Gen. Un Core i5-1235U et un Core i7-1255U. Des puces qui peuvent être associées à des solutions mémoire plus vastes puisque ces modèles proposent des variantes en 8, 16 ou 32 Go de mémoire vive LPDDR5 et des stockages SSD de 128 Go à 1 To eux aussi extensibles.

Autre nuance importante pour un usage pratique de la Surface Pro 9 Intel, la présence de deux ports USB Type-C mais, cette fois-ci, au format Thunderbolt 4. Ce qui laisse entendre des usages sédentaires plus poussés avec la possibilité de profiter d’un hub pour étendre sa connectique ou même une solution graphique externe.

D’un point de vue performances, Microsoft avance une augmentation de 50% des capacités de calcul de la Surface Pro 9 Intel par rapport au modèle de 8e Génération actuel… et pour le reste pas de grosses nuances.

Les deux modèles ont un ADN commun, une dalle de 13″ très haut de gamme en 3:2 de 2880 x 1920 pixels qui pousse la densité à 267 ppp. Un rafraichissement dynamique grimpant à 120 Hz. Une colorimétrie contrôlée sRGB, un taux de contraste de 1200:1, une gestion Dolby vision IQ et 10 points de contact capacitif. La dalle est protégée par un verre Corning Gorilla Glass 5. 

Une webcam dorsale de 10 MP avec Auto Focus est présente ainsi qu’une webcam frontale en 1080P équipée de 2 micros avec correction du bruit ambiant. Des enceintes stéréo sont intégrées avec une gestion Dolby Atmos. Les deux modèles proposent du Wifi6E et du Bluetooth 5.0. Elles mesurent 28.7 cm de large pour 20.9 cm de haut et 9.3 mm d’épaisseur pour un poids de 879 grammes chez Intel et 883 grammes chez ARM grâce à leur châssis en aluminium. Aucune des deux tablettes ne propose plus de port jack audio. 

J’aime beaucoup les Surface de Microsoft, ce sont de beaux objets bien finis et extrêmement bien travaillés de la part des ingénieurs de la marque. Leur boulot d’intégration est remarquable à bien des égards. Le problème vient des engagements de Microsoft et de ses méthodes de vente. Comment accepter, par exemple, que la seule différence entre la Surface Pro 9 Core i5 à 1299€ et celle à 1639€ soit l’ajout de 8 Go de mémoire vive supplémentaire ? Cela fait 42.5€ le gigaoctet de mémoire vive supplémentaire… La version Core i7 16Go 1To est à 2529€ tandis que la version 16/256 Go est à 1859€. 670€ d’écart pour passer de 256 Go à 1 To… 

L’autre souci est lié à l’acharnement de Microsoft à vendre une Surface de ce calibre sous SoC ARM. Je n’ai rien contre l’idée d’un engin de ce type mais encore une fois Microsoft est le pire acteur pour déployer ces solutions. Le client qui choisit un système Windows le fait pour sa logithèque et ses habitudes (qui sont très liées entre elles) et aura donc tendance à vouloir les retrouver sur ce type de machine. Il est difficile de lui conseiller de partir sur une solution ARM en émulation aux performances encore et toujours trop éloignées de celles d’un processeur AMD ou Intel aujourd’hui. Avec un entrée de gamme à 1549€ et un haut de gamme à 2209€, cette gamme de tablettes ARM parait totalement inadaptée aux usages courants. Rares sont les entreprises à avoir les ressources nécessaires pour développer tous leurs besoins logiciels dans des solutions compatibles avec les puces ARM.

Bref, on dirait que Microsoft ne lâche pas son idée de développer à la fois un SoC ARM et un logiciel qui ne sont pas faits pour s’entendre. Et qui ne le seront à priori jamais. Windows ne peut pas  abandonner sa rétrocompatibilité x86 en continuant à s’appeler Windows. La puce Microsoft SQ3 ne parvient pas à faire la poussée de performances suffisante en émulation pour fournir la performance nécessaire pour rivaliser avec les solutions x86 classiques. Et cela n’a toujours aucun sens, sauf cas très particulier, de choisir une machine sous Windows et sous ARM. 

 


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20 commentaires sur ce sujet.
  • 14 octobre 2022 - 13 h 48 min

    Merci Pierre pour cette analyse concernant la Surface Pro9.
    C’est effectivement une superbe machine mais la politique commerciale de MS reste toujours aussi incongru (comme l’impossibilité aussi d’avoir une version Core i5 avec un stockage de 512 Go, il faut passer à la version Core i7 hors de prix). Je rajouterai le fait de vendre la tablette en kit autrement dit vendre en option le clavier qui est pourtant indispensable est toujours aussi débile surtout vu les tarifs demandés.
    C’est vraiment dommage car c’est une machine exceptionnelle aussi bien sous Windows que sous Linux :)

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  • 14 octobre 2022 - 15 h 48 min

    Pour Apple le bon élève le passage sur ARM se fait avec les honneurs.

    Pour MS le cancre le passage sur ARM … c’est simplement pas possible.

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  • 14 octobre 2022 - 15 h 53 min

    @Essep: C’est pas une question de compétence des ingénieurs, c’est une question d’écosystème.

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  • 14 octobre 2022 - 16 h 18 min

    Pour propulser l’ARM, il aurait comme le dit Pierre proposer un OS qui ne s’appelle pas Windows avec ce suivi de la numérotation de la version x86.

    Si déjà on avait une apellation « Windows ARM 1 » ou 2, cela permettrait de profiter de la notoriété Windows en la réorientant vers de nouveaux usagers. Il faudrait même y ajouter des différences cosmétiques dans l’UI de l’OS pour bien voir au coup d’oeil quel est l’environnement matériel proposé.

    Et pour élargir plus rapidement la clientèle, ce sont les Surface Go et Surface Laptop Go sous Windows ARM qu’il faudrait proposer pour graviter autour des 500 € au lieu de cette ridicule fourchette de 1549€ – 2209€. Ainsi via l’école, l’université et, plus largement, de nouveaux entrants, la mayonnaise pourrait commencer à prendre.

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  • 14 octobre 2022 - 16 h 23 min

    La transition tarifaire entre 256go et 1to est tout simplement Applesque!!!
    Apple qui doit sûrement être la même source d’inspiration pour vouloir absolument pousser au tout ARM, alors, pourquoi pas mais faudrait il encore que l’émulation x86 soit a la hauteur d’une solution Rosetta…
    Si l’on pouvait déjà imaginer la tête du client qui avait acheté une pro x, ayant fait confiance au vendeur de la grande surface high tech, qui lui vendu le précieux en lui disant « c’est tout pareil que l’ordinateur que vous avez mais en mieux, avec tout les mêmes programmes », et qui a la première appli hors Windows store se retrouve avec une machine digne d’un celeron pour exécuter cette dernière…
    Et bien je n’ose imaginer la tête du client qui a pris la plus chère avec la 5g mais qui marche moins bien que la celle sans la 5g qui s’appelle pourtant pareil, la surface pro 9 mais qui, apparemment, n’est pas la même chose…un peu complexe et dure a avaler, non?
    Bref c’est dommage que MS utilise une technique commerciale digne d’une partie de Bonto, parce que le matos doit être vraiment très bon pour des usages différents finalement et que même, si il y a beaucoup de pros derrière l’achat de ces machines, il y a aussi des particuliers qui aimeraient ne pas se sentir roulés, surtout a de tels tarifs.

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  • 14 octobre 2022 - 17 h 09 min

    @Pierre Lecourt:

    C’est surtout l’incapacité de MS à concevoir une stratégie sur la durée

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  • 14 octobre 2022 - 17 h 11 min

    @Pierre Lecourt:

    Je me demande sincèrement si MS a encore de l’interêt pour le poste client (Hard + OS), et ce que cette part de leur Business ne serait pas devenue un boulet pour eux ?

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  • 14 octobre 2022 - 17 h 21 min

    @Nico: Hum c’est encore bien rentable non ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

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  • 14 octobre 2022 - 17 h 59 min

    @NICO : je pense au contraire que c’est dans l’air du temps pour Microsoft : les fermes RDS (ordinateurs à distance pour résumer)se développe pas mal en ce moment. Et une « petite » tablette (1500 euros le bouzin quand même !) ARM fait un client léger magnifique en entreprise pour se connecter à un PC virtuel bien costaud : où qu’on soit dans l’entreprise, une petite connexion au domaine et zou galinette à moi le PC 16 coeurs 128 GO de RAM !

    Perso je vois les surface pro comme un PC d’entreprise pour ma part.

    Pour le reste il y a le lenovo duet3 (s’il sort un jour en France…..) (Bah oui, c’est ChromOS, mais OneDrive et Office Online ça marche très bien même sur une petite duet (mais je m’égare….)

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  • 14 octobre 2022 - 19 h 48 min

    @david: Yep je suis bien d’accord mais… pas à ce tarif là. Les entreprises qui emploient des PC dans les nuages cherchent des clients plutôt abordables et ne veulent pas payer 2 fois la facture.

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  • 15 octobre 2022 - 7 h 59 min

    j’ai eu plusieurs surface pro. pour les voyages c’était top et je pouvais faire du développement basique de fichier photo RAW avec Lightroom…. mais en plus de la tablette il est difficile de se passer du clavier ! clavier vendu à part et qui ne dure pas dans le temps !!!

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  • Gab
    15 octobre 2022 - 9 h 28 min

    Il y a beaucoup de personnes qui n’utilisent que Microsoft Office et un navigateur web sur leur portable pro. Voir de la programmation Python / C.
    Dans ce cas, j’imagine que la solution ARM fonctionne très bien ?

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  • SGT
    15 octobre 2022 - 18 h 10 min

    J’en profite pour pousser un petit coup de gueule envers Microsoft et sa politique de suivi des Surface Pro.

    Suite à une mise à jour Windows Update de Microsoft, le clavier Type Cover de ma Surface Pro 3 a cessé subitement de fonctionner. J’ai essayé tous les hacks possible et imaginables (et il y en a une floppée sur le net et YouTube), mettre à jour le bios, tout formater, Windows 11… mais rien n’y fait. J’ai même essayé un clavier neuf, mais échec.

    Idem pour la Surface pro 3 de ma belle sœur, son clavier ne fonctionne plus non plus suite à une mise à jour de Microsoft. Et sur le net la liste est longue de personnes ayant eu la même mauvaise surprise.

    Ce souci de clavier subitement défaillant ne concerne pas que le modèle 3 mais également les 5, 6, 7, etc !!! Seule solution, on se retrouve à devoir acheter un modèle de clavier Bluetooth compatible mais… dispo uniquement en Qwerty.

    J’adore les Surface mais perso je n’en rachèterai jamais tant que Microsoft ne traitera pas sérieusement ce grave problème. Je n’ai pas envie de me retrouver subitement avec la même galère en vivant dans l’angoisse d’une mise à jour fatale au clavier.

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  • 16 octobre 2022 - 9 h 48 min

    @SGT : j’avoue que je suis plus fan des solutions Lenovo type X1 pour ce genre de produit. On peut dire ce qu’on veut mais tout ce qui est Thinkpad ça dure et c’est suivi. La proposition d’Asus n’était pas délirante non plus (Flow Z13 avec en prime un vrai GPU dédié (mais bon, l’autonomie….)

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  • 16 octobre 2022 - 19 h 04 min

    Ce qui me laisse perplexe chez microsoft, hormi ce qui a déjà été mentionné, c’est l’impossibilité de choisir la couleur de l’ordinateur portable indépendamment des capacités. Si on veut une bonne config, on est obligé de prendre du noir ou du gris… youpi. Le concurrent (Apple) propose les couleurs indépendamment de la config, cela est donc possible…

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  • 18 octobre 2022 - 9 h 32 min

    Perso, je me suis déjà fait avoir avec Windows Phone et Windows RT abandonnés en rase campagne… Donc, en ce qui ùe concerne, Microsoft + ARM…

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  • 19 octobre 2022 - 22 h 55 min

    Je suis assez âgé pour me rappeler du temps ou un Dec Alpha (Risc) mettait une trempe au pentium III sous NT4.0 en émulation X86.
    Ils mettent des coprocesseurs pour tout et n’importe quoi, une unité dédié au décodage X86 vers Risc via microcode ne devrait pas couter plus en transistors qu’un NPU bourré de giga-Flops mais l’utilisation encore restreint, voir inutile si le GPU est mis a contribution.

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  • 20 octobre 2022 - 9 h 18 min

    @Mr_Wiseman: Moi aussi, mais d’une part le Dec Alpha tournait à 2 GHz (de mémoire) quand les Pentium (purement CISC à l’époque) peinaient à atteindre 1 GHz. Ça n’est plus le même contexte.

    De même que j’ai pu essayer une application de CAD qui tournait de façon fluide sur des Archimede à 25 MHz (à l’époque où ARM signifiait Acorn RISC Machine) quand la CAD saccadait sur des 486 DX à 100 MHz. Mais tout était réécrit sur Archimede : ce n’était pas du portage et RISC OS était un OS dédié et performant. D’ailleurs le CERN pilotait un microscope électronique à effet tunnel avec un des premiers Archimede. (Punaise, c’est vieux !)

    On peut faire des machines de bureau avec des ARM, pas de soucis (en acceptant la consommation induite). Mais avec des OS et des programmes dédiés. Ce n’est pas dans l’air du temps.

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  • 20 octobre 2022 - 14 h 26 min

    Je vais créer une section EHPAD :D

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  • 28 octobre 2022 - 10 h 47 min

    ET j’imagine un score Ifixit de 1/10 comme les autres surfaces, meme changer la batterie garantie de bousiller la tablette pour de bon.

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