Lorsque Nvidia a ouvert son offre GeForce Now à destination des chromebooks, je n’avais pas de machine sous la main. J’ai depuis reçu un Acer Chromebook 715 parfaitement calibré pour profiter de ce service. L’occasion de revisiter le fonctionnement de l’offre.
Le Acer Chromebook 715 est un engin 15.6″ FullHD IPS piloté par un Core i3-8130U associé à 8 go de mémoire vive DDR4 et qui embarque 128 Go de stockage SSD. Un engin assez haut de gamme sur le circuit des Chromebooks avec un équipement efficace et assez complet mais très classique pour un engin sous Windows. On retrouve un Wifi5, du Bluetooth 4.2, une webcam HD, une paire d’enceintes stéréo et un micro. La connectique est des plus classiques avec un port USB 3.1 Gen1 Type-A, deux USB 3.1 Gen1 Type-C. Rien d’extravagant mais une machine parfaitement à l’aise sous ChromeOS qui n’a pas besoin d’autant de performances pour être piloté correctement.
L’évolution de ces dernières années sur ces machines a été assez intéressante à suivre. On est passé de solutions entrée de gamme vraiment très basiques à leur lancement, avec parfois 16 ou 32 Go de stockage seulement et des puces très peu rapides, à des machines vraiment beaucoup plus puissantes aujourd’hui. Il faut dire que le web a également largement évolué d’un côté et que Google a décidé d’intégrer les applications Android sur ses Chromebooks. Une demande qui a largement participé à la modifications des machines. Ajoutant des charnières sur 360° pour transformer ces engins en pseudo tablettes grâce à des écrans tactiles. Format qui a poussé les constructeurs à intégrer des puces plus puissantes dans les engins.
Aujourd’hui, les Chromebooks modernes sont parfaitement capables de piloter des applications plus demandeuses en ressources. Mais ils restent totalement allergiques aux jeux PC les plus gourmands. Ils n’ont pas été créés pour cela et ne peuvent pas prétendre à un changement en ce sens. Cela irait totalement dans le sens inverse de leur logique de fonctionnement. Ce qui colle en revanche parfaitement au scénario proposé par Google d’un produit décentralisé dans les nuages, c’est une offre comme celle de Nvidia avec le GeForce Now. C’est d’ailleurs une logique poussée par le moteur de recherche lui même avec son offre Google Stadia.
Et si j’en crois vos mails et autres demandes, le fonctionnement de ce service GeForce Now semble toujours assez brumeux. Pour beaucoup de lecteurs, le streaming de jeux ne veut pas dire grand chose. Et c’est pourtant assez simple une fois que c’est expliqué en détail.
Imaginez vous avec un ordinateur portable peu puissant sur lequel vous ajoutez une carte graphique externe. Un de ces boitiers que l’on connecte avec un câble, généralement en Thunderbolt, pour supplanter les capacités limitées de votre puce graphique. Le cheminement est alors assez simple. Lorsque vous lancez un jeu, votre système graphique de base est désactivé, les calculs sont déportés vers la carte graphique externe via le câble avant d’être renvoyés via le même câble vers votre ordinateur pour être affichés à l’écran.
Le streaming de jeu vidéo, c’est presque la même idée. Pas tout à fait mais l’exemple ci dessus devrait vous éclairer sur le fonctionnement global de la solution. Le truc à comprendre, c’est qu’une carte graphique aujourd’hui est autant capable de transferer le signal qu’elle calcule vers un écran que vers une solution réseau. Ce type de carte peut compresser en temps réel le flux vidéo issu de ses calculs et l’envoyer dans le réseau pour qu’il soit décodé à l’autre bout par une autre solution graphique. Cette dernière n’a pas besoin d’être puissante, il lui suffit de savoir décoder le bon signal avec le bon outil de décompression. Chose qui, pour le cas qui nous préoccupe, est désormais pris en charge sans problème par la majorité des processeurs sortis ces dernières années.
Le catalogue de jeu GeForce Now
Avant d’entamer toute explication technique plus complète sur le fonctionnement global de ce service, il faut revenir sur la partie catalogue de l’offre. GeForce Now est un outil, un service, pas une solution de distribution. Le but de Nvidia n’est pas de vendre des jeux vidéo. A vrai dire, le service se moque totalement de là où vous achetez vos jeux. Le seul point important pour eux est que vous en possédiez les licences.
Du moment que vous possédez légalement un jeu, quelle que soit la façon dont vous l’avez obtenu, GeForce Now sera exploitable. Si vous avez reçu un jeu offert par un éditeur, en achetant un matériel, via les cadeaux hebdomadaires d’Epic Games ou si vous achetez un jeu sur Steam. Cela fonctionnera. Si vous achetez un jeu physique et que vous l’authentifiez ensuite dans un store comme Ubi, il sera également fonctionnel. La licence est le seul point important, pas la manière d’obtenir le jeu.
Reste que tous les jeux du marché PC ne seront pas compatibles avec le service. Nvidia publie une liste, régulièrement augmentée, de jeux pris en charge. Cela signifie que ces titres ont étés testés et optimisés pour être exécutés en streaming. Le gros avantage de cette solution est lié à la présence dans le stockage distant des serveurs de Nvidia et vous pourrez donc les lancer instantanément. Pas besoin de télécharger quoi que ce soit au préalable, tout le jeu sera exécuté sur la machine distante. On lance le jeu comme en local, on choisit ses options d’affichage, de langue et de réglages de commandes et on joue. Toutes ces données personnelles de jeu seront liées à votre compte GeForce Now. C’est un point fort de l’offre pour les Chromebooks qui n’ont en général pas un espace de stockage démesuré. Sur la machine Acer de test disposant de 128 Go de stockage, si on voulait exécuter le jeu Anno 1800 qui prend 60 Go d’espace de stockage de base ainsi que FarCry 5 et ses 40 Go, c’est déjà plus de 100 Go – sans les DLC – qui seraient occupés par les jeux. Le fait de jouer dans le cloud représente donc un avantage indéniable pour ces machines.
L’inconvénient est évidemment dans l’obligation de coller à la liste des jeux optimisés par Nvidia. Impossible de lancer un jeu non présent dans les listings de la marque. GeForce now ne vous permet pas de choisir un jeu exotique ou joué par peu de personnes. Pour la marque, un jeu n’a d’intérêt que parce qu’il est populaire. Il existe des jeux indépendants comme Rimworld, FTL, Terraria, Oxygen Not Included ou Papers Please. Mais cela est du au fait que ces jeux ont une vraie communauté de joueurs. Et donc autant de clients potentiels pour Nvidia. Le travail avec les éditeurs est donc primordial, certains l’ont bien compris, d’autres ne sont pas d’accord avec l’offre. Voulant que Nvidia rémunère leurs licences pour pouvoir inclure leurs titres à son catalogue. Vous voulez profiter du service pour jouer au nouveau Flight Simulator de Microsoft ? Il n’est pas dans la liste et ce ne sera donc pas possible. Un petit Fifa d’Electronic Arts ? Pas disponible non plus. Il faut donc vérifier que vos attentes en terme de jeu collent à la proposition du service. En espérant qu’avec le temps, le million d’abonnés GeForce Now déjà annoncé par Nvidia finira par faire réfléchir les éditeurs.
Fonctionnement de GeForce Now
Le principe du streaming de jeu sous GeForce Now est très simple. On prend un engin local assez récent pour pouvoir décompresser un flux vidéo FullHD en temps réel depuis Internet, donc en gros une machine capable de lire une vidéo 1920 x 1080 sur Youtube, et on crée un tunnel entre une carte graphique Nvidia située dans une salle serveur distante et votre machine.
Dans le cas de GeForce Now, la solution Nvidia située à l’extérieur est sollicitée pour effectuer vos calculs à la place de votre machine. Il est exécuté à distance et son rendu vidéo est transféré chez vous. Comme pour une vidéo Youtube. Mais il existe une grosse différence entre le streaming vidéo de Youtube et une solution comme GeForce Now. Une différence technique liée à la qualité de votre connexion internet.
A la différence de la vidéo, votre connexion se doit d’être irréprochable. Lorsque vous regardez une vidéo sur Youtube ou Netflix, votre système peut profiter d’un débit de données plus important que celui demandé par la vidéo pour stocker la suite en mémoire tampon. Vous téléchargez en amont votre vidéo, comme ça en cas de baisse de débit vous pourrez compter sur cette avance pour ne pas voir votre vidéo s’interrompre.
Cela n’est évidemment pas possible en jouant parce que le système ne sait pas en amont ce que vous allez faire dans votre jeu. Tourner à droite ? avancer, déplacer votre caméra ? Vous décidez et la machine doit s’adapter en temps réel. Impossible de stocker en amont. Le serveur distant doit donc réagir à vos ordres et doit le faire le plus vite possible. Il faut donc que votre débit montant soit solide et stable pour piloter votre jeu distant et que votre débit descendant le soit tout autant pour afficher le flux de données le plus rapidement possible.
Pour le pilotage de votre jeu, ce n’est pas très important d’avoir un débit ascendant limité, ce ne sont que quelques ordres assez simples. Des pressions de touches de clavier ou la manipulation d’une manette ne produisent que quelques octets de données. En débit descendant, par contre, il faut pouvoir soutenir un flux HD ou FullHD constant. Suivant la qualité de votre connexion et pour que le débit soit toujours stable, la solution GeForce Now pourra augmenter la compression de votre flux vidéo. Pour que le débit nécessaire soit plus léger à gérer. Entre une vidéo qui demande moins de 1 Mo/s de débit et une autre qui passe à 2 Mo/s, il y a de la marge. C’est une autre façon de créer un tampon entre le serveur et votre machine. Cela se sentira à l’écran par une baisse de la qualité du signal avec des artefacts de compression plus importants. Mais si votre débit est bon, les conditions de jeu deviennent excellentes, la qualité d’affichage est impressionnante et la réactivité de l’ensemble est parfaite.
En pratique, le plus simple est de tester le service. Nvidia propose une offre gratuite qui permet d’essayer GeForce Now. Ce n’est pas aussi performant que l’offre payante dans le sens où il faut parfois attendre assez longtemps avant d’avoir la possibilité de lancer une partie. Et la séance d’essais est limitée à une heure, ce qui vous coupera peut être au milieu de votre session. Mais cela permet de mesurer si l’offre est techniquement adaptée à votre connexion. Si votre débit est suffisant, alors il faudra peut être se pencher sur l’offre payante. Si vous avez la fibre avec un débit descendant suffisant, le service sera généralement excellent et dans le pire des cas, vous aurez des artefacts plus ou moins visibles à l’écran sur les textures les plus dines. Si vous êtes en ADSL, je vous recommande de tester en amont. La jouabilité peut parfois être parfaite mais pourra également poser quelques problèmes. Cela dépend de votre débit.
Le tarif de GeForce Now
Comptez sur 5.49€ par mois pour jouer autant que vous le voulez. Pas de limitation, pas de contrainte. Le paiement est mensuel et sans engagement. Vous avez 30 jours de vacances ? Pour 5.49€, vous aurez un mois de jeu illimité. Un nouveau jeu vous plait mais vous n’avez pas envie d’investir dans un PC neuf pour y jouer, là encore un abonnement le temps de le finir sera également possible. Il suffit d’acheter le jeu et de le lancer via GeForce Now. A la fin de votre abonnement, vous serez libre de le poursuivre ou de l’arrêter. Vous posséderez toujours le jeu sur la plateforme que vous aurez choisi. Si vous considérez l’investissement de 5.49€ par rapport au prix d’une simple machine neuve au même niveau de compétences graphiques, soit entre 800 et 1000€ au bas mot, il faut compter sur plus de 12 ans de location pour arriver au même prix. Cela ne correspondra pas forcément aux besoins de chacun mais pour ceux qui ne jouent que pour des périodes précises comme les vacances ou pour des sorties de jeux spécifiques, c’est beaucoup plus rentable.
Et si j’arrête mon abonnement ? Nvidia conserve, sauf si vous faites une demande contraire, l’ensemble de votre profil et de vos sauvegardes. Vous abandonnez votre forfait GeForce Now à la fin du mois d’Août pour vous consacrer à votre travail ou à vos études. Votre progression dans votre jeu favori ne sera pas perdue. Si vous avez un peu de temps libre par la suite, vous pouvez vous réabonner et reprendre là où vous en étiez. Tout sera à nouveau disponible, de votre configuration de touches préférée à vos sauvegardes passées.
GeForce Now peut donc servir de solution de temporisation avant l’achat d’une nouvelle configuration, en offrant la possibilité de jouer à des titres gourmands sur une machine vieillissante ou tout simplement incapable de les lancer comme les solutions Chromebook ou Apple. Cela peut également être un moyen de ne pas encombrer son salon d’un PC bruyant en le remplaçant par un MiniPC classique. Une solution équipée d’un tout petit processeur comme un Celeron N4100, totalement dépourvue de ventilation, peut parfaitement servir de relais au service. Qu’il soit sous Windows, ChromeOS ou Linux.
Est-ce que 5.49€ est un prix élevé pour ce service ? Personnellement, je pense que non. Si je le compare au tarif d’une séance de cinéma par exemple, la solution permettant de jouer 24H/24 pendant un mois entier me parait un meilleur investissement. On peut la comparer à un abonnement Netflix ou Spotify. Une sorte de service qui vient se poser comme une béquille à des machines incapables de piloter des jeux modernes.
2,5€ par mois | 5€ par mois | 10€ par mois | Le montant de votre choix |
Dans les paramètres de GeForce Now on peut indiquer le layout de son clavier, pour éviter de se retrouver à taper des mots de passe QWERTY avec un clavier AZERTY ou l’inverse :)
Ouf, Minimachines est de retour. Hier soir : annonce du confinement + le site de Minimachines offline….j’ai cru vivre un cauchemard.
Merci Pierre pour ton site.
@GCaster: Oui va dans les paramètres de Geforce Now et tout en bas à gauche, tu peut choisir ton clavier.
Merci pour ce billet encore intéressant. J’ai cependant une question (débile ?) technique : Si je veux streamer un jeu installé sur steam et dans mon ordi gamer en utilisant GEforce now a parti de mon 2eme ordi (celui sans carte graphique), faut il que le premier ordinateur soit allumé avec steam lancé ?
Merci pour vos réponses
@SELETZKY: Non, pas spécialement. L’ordi qui diffuse le jeu en stream n’a pas besoin d’autre chose que du logiciel qui va capturer le signal et le traiter.
Bonjour à tous, j’ai beau chercher je n’arrive pas à trouver comment passer ce foutu clavier de qwerty en azerty. Dans les paramètres de geforce now je ne trouve pas cette option. J’ai beau essayer de chercher comme l’indique le Breton mais je ne trouve rien.
Merci d’avance
« Est-ce que 5.49€ est un prix élevé pour ce service ? »
Quand on compare cette somme à ce que j’ai pu mettre dans les bornes d’arcade, le coût horaire est assez dérisoire. ^_^
@Lionel: Ah ah ouiu vu sous cet angle. L’argent que j’ai pu donner à des flippers et autres Space Invaders dans ma jeunesse ^^
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