EOMA68 : Vers une mise à jour matérielle possible sur les tablettes ?

Le mythe de la fontaine de jouvence, la source qui redonne la jeunesse à celui qui la boit, est très connu. Peut-être aussi connu désormais que le principe d’obsolescence programmée décrypté et mis à l’index par de nombreux scientifiques ces dernières années. L’EOMA68 est un concept de carte qui pourrait marier les 2 dans le futur..

Inutilisable. Votre portable, que vous avez bichonné depuis des années, dont vous avez pris soin de surveiller la batterie, qui n’a pas une seule rayure sur le capot et dont le clavier est régulièrement aspiré est inutilisable. C’est le constat amer que vous faites en le regardant démarrer votre session de travail. Tout est devenu d’une lenteur atroce.

Devoir jeter un matériel qui ne fonctionne plus assez vite

Normal, il a 5 ans et vous avez été contraint d’installer la dernière mouture de votre logiciel de travail pour suivre la demande. Mais là c’est clair, il a beau être comme neuf, son processeur est totalement à la ramasse. Bien sûr, il possible de le travailler aux anabolisants : Un coup de mémoire vive en plus, un SSD en perfusions… Mais tôt ou tard son manque de rendement le rendra définitivement obsolète. Vous devrez alors oublier un engin parfaitement fonctionnel sur une étagère pour qu’il y prenne la poussière.

Si cette situation ne vous est jamais arrivée, vous avez de la chance. Mais ne vous rassurez pas trop, avec les machines d’aujourd’hui, l’obsolescence ne manquera pas de vous coincer au détour d’une mise à jour d’ici quelques années.

A moins que ? A moins qu’un projet comme ce nouveau format appelé EOMA68 ne finisse par voir le jour. Construit autour d’une idée simple, pouvoir remplacer les éléments vitaux de sa machine, l’EOMA68 se présente exactement sous la forme d’une carte PCMCIA. Pour les plus jeunes d’entre vous, ceux qu’il n’ont pas connus les Bauds, le format PCMCIA était pendant très longtemps le format d’extension des portables : Ces emplacement leur permettaient d’ajouter des fonctions annexes à demeure dans la machine : Modem RTC, Tuner TV, Wi-Fi, Ethernet ou SCSI. On pouvait jongler avec ces cartes pour trouver un large panel de services.

Mais l’EOMA68 change totalement la donne : Si le format est le même, une petite carte que l’on insère dans un connecteur à broche spécifique, son cœur ne contient plus un élément annexe mais bel et bien le cœur même de la machine.

Faire de la carte mère une carte fille.

Cela veut dire que toute machine, tablette ou portable pourrait se voir dotée d’un nouveau processeur par simple changement de ce composant. On garderait tout le reste intact où, si la carte a été prévue comme cela, changer également la mémoire vive ou d’autres fonctions annexes.

L’idée est bien sur de pouvoir suivre l’évolution des composants, si rapide en ce moment sous ARM, avec de nouvelles puces qui sortent chaque année en doublant au minimum les performances de la précédente.

Les premières démonstration de cette technologie ont été présentées au public. L’EOMA pour Embedded Open Modular Architecture (Architecture embarquée ouverte et modulaire) ressemble trait pour trait aux cartes PCMCIA. Le nombre 68 en reprend la série de connecteurs de l’interface.

Les cartes EOMA68 accueillent donc le processeur ainsi que la partie graphique, la mémoire vive, une partie du stockage flash et les contrôleurs d’entrée et sorties qui gèrent le SATA, l’USB, le réseau, l’HDMI et l’écran. Le tout est documenté sous la forme d’un plan prêt à l’emploi » pour que les fabricants puissent l’exploiter sans recherche et développement au sein de leurs produits.

L’idée étant de leur simplifier la tâche de façon à prendre en compte cette technologie et à permettre son apparition sur le marché. On pourrait non seulement en profiter pour pouvoir changer de processeur dans la durée mais également exploiter le même système sur sa tablette ou sa TV-BOX, voire dans un format portable.

Rhombus Tech a développé ces premiers prototypes avec en ligne de mire la possibilité de changer de processeur et de mémoire vive au sein d’un engin ultrafin mais également de proposer un format ouvert, libre, gratuit et documenté de ces cartes. Les distributions GNU/Linux pourront tirer parti de cette technologie, les machines Android seront également incluses. Au final on peut très bien imaginer une tablette qui, quand on la sentirait un peu poussive, pourrait accueillir un nouveau couple processeur / mémoire vive à un prix défiant toute concurrence par rapport au rachat d’un système complet.

Pour le moment le prototypage se fait sur des processeurs assez anciens, des AllWinner A10 en Cortex-A8 simple, un choix technologique qui s’explique par le faible coût des puces probablement mais aussi par le côté ouvert de celles-ci. Ces AllWinner sont en effet très bien exploitées par la communauté Linux. D’autres puces sont à venir dans ce format : Les ARM Freescale i.MX6, Allwinner’s A20 et  A31 ainsi que les MIPS Ingenic jz4760.

Un autre prototype Rombus Tech appellé AMD G-Series est construit autour d’un processeur x86 capable de faire tourner les distributions classiques Linux ou Windows : Un AMD T40E double cœur à 1GHz avec un chipset graphique Radeon HD6250 avec un chipset AMD A55E prenant en compte le PCI, 14 sorties USB 2.0, 6 SATA-III et un réseau Ethernet Gigabit. Le tout avec 2 Go de mémoire vive DDR3. Le tout dans une carte équivalente au PCMCIA de type III de 8 mm d’épaisseur.

Beaucoup de processeurs sont en cours d’évaluation par Rombus Tech. Dans une longue liste on découvre de l’ARM,du MIPS mais aussi du x86 dans beaucoup de variantes.

Source : Slashdot via Liliputing.


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15 commentaires sur ce sujet.
  • 15 avril 2013 - 9 h 05 min

    Alors, ça c’est incroyable !
    Mais je ne suis pas sûr d’avoir bien compris :

    – Sur un vieil ordinateur portable, on intègre en format PCMCIA une minimachine telle qu’une clé PC,, qui va exploiter le touchpad, le clavier et l’écran ? Comment le PCMCIA peut-il envoyer directement des infos sur l’écran ?

    Et la vitesse de transmission n’est-elle pas limitée par cette connectique ?

    Merci pour ce super article, j’étais sur le point de jeter 2 vieux ordis portables avec cette connectique…

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  • 15 avril 2013 - 9 h 08 min

    @Dliryc: Non non, ils n’ont repris que le format, il faut bien sur que la machine aie été crée pour accueillir ce type de systeme. ca ne marchera pas avec de vieux emplacements PCMCIA.
    En gros tu achètes une machine avec un EOMA68 à l’intérieur et 2 ans après tu peux ré-exploiter ce même EOMA68 pour changer le coeur de la machine.

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  • 15 avril 2013 - 9 h 09 min

    bon en fait c’est comme les cartes filles sur Amiga il y a 20 ans . L’histoire est un éternel recommencement.
    bonne idée en tout cas.

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  • 15 avril 2013 - 9 h 17 min

    Et l interface (64 broches) ne risque pas de brider le CPU/GPU ?

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  • 15 avril 2013 - 9 h 22 min

    @david: L’informatique a commencé comme ça oui, des cartes CPU qu’on intégrait dans des… armoires :D

    @Dermins: Pas si cela a été pensé comme cela à la base. En fait le processeur, la mémoire et le chipsets sont intégrés sur la carte. Il ne reste donc que les sorties sur ces 64 broches. en mixant un peu les sorties mixables il y a moyen de faire pas mal de trucs je pense.

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  • 15 avril 2013 - 9 h 26 min

    Que j’aimerais croire à cette belle utopie ;-)

    Mais je ne suis pas sûr que les constructeurs « accrochent » au concept. Nous avons déjà eu des « envies » similaires au milieu des années 90, avec des boitiers de composants modulables et interchangeable par n’importe quel quidam, même sans connaissance informatique.

    Plus près de nous d’ailleurs, on s’aperçoit que nos gentils constructeurs ont de plus en plus un penchant pour le « tout jetable », mais surtout pas pour l’évolutif et/ou le recyclable.

    Tiens, cela me rappelle un de mes rares articles que tu avais la gentillesse de publier sur Blogeee http://www.cnetfrance.fr/news/le-gecko-edubook-l-improbable-netbook-a-piles-39780485.htm

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  • 15 avril 2013 - 9 h 31 min

    @Mxte29fr: Ca ne passera pas par les acteurs les plus importants du marché c’est évident, mais des « petits » pourraient y voir un intérêt.

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  • 15 avril 2013 - 9 h 32 min

    Moi je vois un autre usage… je rentre du boulot, je prends la carte de mon pc portable pour l’intégrer dans ma tablette pour le transport, puis dans ma TV pour lancer un film téléchargé sur le réseau du boulot (:D)…
    En gros on centralise tous les systèmes dans la carte.
    Moi ça me brancherait en tout cas ! Dsl pour le pti’ jeu de mots… :)

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  • 15 avril 2013 - 9 h 34 min

    Il y a une dizaine d’années on pouvait encore changer le processeur sur certains pc portables, c’est vrai que c’était bien pratique. Le goulet d’etranglement est plus le disque dur actuellement, le changement pour un SSD suffit la plupart du temps

    Pour les tablettes par contre cela peut être pratique de tout changer

    Et pour les netbooks? ce serait bien aussi!!!

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  • 15 avril 2013 - 9 h 59 min

    Bien que ce concept reste louable et n’est pas dénuée d’intérêt, je ne pense pas que les constructeurs y verraient le moindre avantage exploiter cette technologie. L’obsolescence rapporte beaucoup, ce genre de produit produirait l’effet inverse en redonnant de la vie à un produit daté. Le consommateur est ravi, le constructeur beaucoup moins.
    A titrer personnel, je vois bien, dans cette technologie, renaître le concept du téléphone, tablette et PC dit « cartouche ». Tous sont des coquilles vides qui vivent avec un produit du même genre que ce EOMA68 que l’on branche au fur et à mesure que l’on souhaite utiliser.
    Je vois aussi un deuxième intérêt : le cas des « smart »-autoradio comme le Asteroid Smart ou Tablet de chez Parrot. En effet, le cycle de renouvellement sur un autoradio est beaucoup plus lent que pour une tablette ou un téléphone. Or le software qu’exploite un « smart »-autoradio est le même qu’un smartphone ou une tablette ce qui provoque une obsolescence logicielle prématuré pour un autoradio alors que cette même durée ne serait pas surprenante pour une smartphone. De plus, un autoradio n’a pas les mêmes contraintes de design et de finesse qu’un smartphone ou une tablette, on a beaucoup plus de place et les contraintes de design ne concerne que la face avant du produit (qui est souvent démontable qui plus est). De ce constat, il est facilement envisageable d’imaginer un produit que l’on peut démonter en partie (sur la face avant par exemple) dans lequel on pourrait brancher cette fameuse carte. Mais encore, un auto-radio est souvent confronté à des contraintes que n’ont pas les tablettes : la forte amplitude de température et d’humidité de l’extérieur qui mettent à mal les composants électroniques (c’est une des raisons qui ont obligé Renault à utiliser un écran résistif au lieu de l’habituel capacitif dans l’option tablette « R-Link »). Avec ce concept, si un composant sur SoC tombe en panne (je suppose que les autres composants sont fiable car ça fait 20 ans qu’ils sont intégrés dans des auto-radios) il serra possible de le changer et de remettre en route son auto-radio sans le faire réparer ou changer entièrement.
    Le design n’en souffrirai pas (face avant amovible), l’installation serait triviale (port 64 branche adapté), la conception serait aisé (place suffisante) et les inconnues autour de la fiabilité du SoC seraient prise en charge. Tous ces éléments permettrons à un auto-radio d’être aussi évolué et efficace que notre tablette ou smartphone de dernière génération et ce malgré un cycle de renouvellement plus long. L’utilisateur serra satisfait et le fabricant vendra un auto-radio et en plus des cartouches jusqu’à qu’il change pour un nouvel auto-radio.

    Messieurs, je pense tenir une bonne idée, ce soir, je dépose un brevet.

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  • 15 avril 2013 - 10 h 16 min

     » Ces AllWinner sont en effet très bien exploitées par la communauté Linux. » Oui et Non , on as pas vraiment de stack graphique X11 libre ou de décodage GPU sur autre choses qu’Android.

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  • 15 avril 2013 - 10 h 23 min

    @Angry Bird: ON peut toujours changer les processeurs de la plupart des portables. Notamment les intel sandybridge et Ivy bridge, c’est ce qui permet de faire du portable sur mesure notamment.

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  • 15 avril 2013 - 10 h 31 min

    Les appareils évolutifs, ça c’est l’avenir ! ;)

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  • 15 avril 2013 - 10 h 52 min

    Bof. Deja sur PC, je fais pas d’upgrade, je revends et je remplace: le temps que le CPU soit obso, le reste l’est aussi. La version Tablette du probleme, c’est la batterie qui fatigue, l’écran qui est dépassé (on serait bien em… bétés si nos tablettes avaient les écrans de y’a deux ans :-p) et les antennes qui correspondent plus (qui veut du wifi B ou G ?)

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  • 15 avril 2013 - 11 h 00 min

    J’avoue que les clef USB pour TV m’avaient un peu donné l’idée de les voir placées… dans un enrobage coque/clavier/écran-pad de type netbook, rendant son coeur upgradable!

    Mais sur le fond je doute que quelqu’un s’y lance: Aucun intérêt à ouvir son design extérieur, ce qui fait une bonne part d’une vente, à des coeurs génériques interchangeables.

    Quand on voit que pour les laptops, il existe par exemple un format de carte graphique standard qui n’a jamais bien percé… tous les constructeurs ayant continué à faire le leur… On se dit que pouvoir changer toute la carte mère d’une tablette/netbook d’un simple branchement c’est hélas pas pour demain.

    Pour la petite histoire, j’ai du coller un transportable Toshiba de 6 ans à la poubelle récemment car sa carte graphique merdait. Un passage au four l’avait prolongée de 3 mois (pb de BGA du GPU)… mais ca a eu ses limites. Carte impossible à trouver désormais… et le chipset sur la carte mère était une version sans GPU intel intégré (qui aurait permis de fonctionner sans GPU externe) pour économiser 1€ la tonne.

    Du coup… je n’ai pas racheté un « transportable »: On a de petits boitiers miniITX très bien.

    Qu’ils aillent se faire f…

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