Une avalanche de tablettes sous processeur Intel au Computex 2014

Cela n’aura échappé à personne, Intel fait son apparition en masse sur une palanquée de modèles de tablettes Android et Windows pour ce Computex 2014. De nombreuses marques ont cédé aux sirènes du fondeur x86 et boudent pour le moment les puces ARM.

Si le choix d’une puce Intel est l’évidence pour les tablettes Windows 8.1, l’arrivée de nombreux modèles sous Android équipées d’un processeur x86 au lieu d’un ARM est un mouvement qu’on ne pouvait pas soupçonner il y a encore 6 mois après la présentation des machines des constructeurs au CES.  Mais force est de constater que pour ce Computex 2014, les puces d’Intel sont à l’honneur.

Intel Atom Bay Trail-T

L’effort mené par Intel ces derniers mois semble porter ses fruits et de plus en plus de constructeurs choisissent désormais des puces x86. Un pari pas gagné d’avance pour la marque mais une vraie réussite et surtout un chiffre. Pas moins de 130 tablettes sous Windows comme sous Android seront lancées sous un processeur Intel en 2014. De quoi réussir le pari des 40 millions de tablettes Intel vendues pour cette année ? Ce n’est pas sur mais le réflexe Intel semble désormais faire partie intégrante des choix des fabricants, au même titre que Qualcomm, Mediatek, Nvidia, Allwinner ou autres fabricants ARM.

Comment expliquer ce phénomène ? Plusieurs éléments sont a prendre en compte pour comprendre les raisons de ce succès.

Des processeurs X86 bradés à prix cassés pour gêner ARM

Intel a déroulé le tapis rouge pour les constructeurs, ou plutôt, le tapis de billet verts. Il ne s’en est pas caché et les comptes de l’entreprise sont passés dans le rouge sur ce segment particulier. Avec des puces à prix bradé, Intel a joué la carte de la séduction auprès des fabricants, histoire de leur faire goûter aux avantages de la marque et surtout en occupant massivement le terrain. 2 raisons à cela, montrer que le x86 n’est plus la grosse bête énergivore d’il y a quelques années mais aussi et surtout apporter la puce Intel dans les rayons pour que les clients puissent y goûter. Se rendre compte de leur efficacité et imposer un chiffre toujours plus important de puces dans les foyers.

Une aide et une expertise marketing et financière pour communiquer

Intel joue également le rôle de partenaire marketing auprès des constructeurs, cela veut dire qu’ils doivent cofinancer une partie des coûts de réalisation et de diffusion des publicités des marques comme c’est le cas pour les machines classiques du monde PC. Le spot ci dessus pour une MemoPad Asus sous Intel montre bien à la fin le jingle Intel Inside, signature d’un spot co-financé par le fondeur. Tout cela à un coût et un coût énorme mais c’est un investissement sur le long terme pour Intel qui se doit d’être présent maintenant, en 2014, sur ce marché Android qu’il a tardé à prendre en compte.

Intel Atom Bay Trail

Car cette étape est également indispensable pour le fondeur qui veut mettre en avant  la qualité de ses puces et surtout démontrer l’intérêt pour les développeurs de travailler à optimiser leurs applications pour x86 et non plus uniquement pour ARM. Si le cheptel de machines Android grimpe à plusieurs dizaines de milliers voire plusieurs centaines de milliers, les développeurs auront tout intérêt à prendre en compte les puces Atom dans leurs calculs.

Une énorme pression sur les fabricants OEM et ODM

cube-intel-atom-bay-trail-64-bit

Intel pousse ses partenaires OEM et ODM, ceux qui fabriquent pour des marques plus connues qui posent leur griffe sur les PC qu’ils assemblent, à proposer des tablettes sous x86. Des tablettes Windows bien sur, mais également des engins sous Android avec des partenariats avec des constructeurs comme AllDocube ou Kapok et bien d’autres. Ces fabricants peuvent alors fournir des machines peu chères à des marques pourtant pas forcément reconnues pour leurs capacités de développement.

Thomson THBK1-10.32

Thomson profite ainsi de ce montage pour proposer une Thomson THBK1-10.32 qu’il n’a ni conçu ni construit et qui peut se proposer à 299.90€ sur le marché Européen avec une particularité très spécifique : Un double système Android et Windows. Bien d’autyres vont s’engouffrer dans cette brèche alors qu’ils étaient jusque là cantonnés à Android. Des nouveaux venus sur le marché qui forcent les constructeurs de renom à être actifs sur ce segment.

Un développement soutenu et rapide sous Android

Intel s’efforce de coller au mieux au développement d’Android et finance une petite armée d’ingénieurs pour que les puces de la marques collent au développement du système de Google. Un élément très important au dire des constructeurs qui essuient de nombreuses remarques d’utilisateurs sur les versions parfois anciennes d’Android de leurs tablettes. Ces derniers ne pouvant pas faire de mise à jour du système sans avoir auparavant reçu une mise à jour du créateur de la puce employée. Les choix politiques de certains fondeurs low-cost de privilégier les nouveaux développements au détriment de plus anciens se payent au final par une mauvaise image auprès des clients.

android 4.4 kitkat

Nvidia, Qualcomm et quelques autres travaillent également dans cette direction, mais Intel est un partenaire sérieux que la plupart des fabricants de tablettes côtoient pour leurs gammes de PC. Les relations sont établies de longue date et c’est rassurant pour de nombreux partenaires. Avec un positionnement tarifaire au niveau des moins chers des fondeurs ARM, Intel se pose donc comme un challenger sérieux.

 Des achats en volume de puces pour tout l’univers des fabricants.

Un autre point à prendre en compte est la possibilité qu’offre Intel de livrer des puces pour toute la gamme de machines d’un constructeur: PC de bureaux, serveurs, portables, smartphones, tablettes. Pour Windows, Linux, ChromeOS ou Android… Les processeurs ne s’achètent pas au détail et Intel comme les autres livrent en volume suivant les besoins de chaque modèle, chaque gamme et chaque lot de production. On comprend mieux pourquoi Intel étage des processeurs à la douzaine en ce moment avec parfois de très subtiles nuances de fréquences ou de fonctionnalités. Chaque puce correspond à un tarif précis et permet de fignoler des réponses au dollar prêt à chaque fabricant. Une science commerciale que le fondeur gère parfaitement depuis de très longues années et qui lui a toujours été profitable.

Avec 130 modèles de tablettes et smartphones, sous Android et Windows, qui sont annoncés sur le marché en 2014, on dirait bien que le pari d’Intel de revenir dans la course mobile est, si ce n’est pas gagné, du moins sur la bonne voie.


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14 commentaires sur ce sujet.
  • 3 juin 2014 - 21 h 07 min

    … c’est jouable Torchlight 2 sur tablette? Je vois mal les contrôles xD

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  • 3 juin 2014 - 21 h 14 min

    Intel n’est pas bon dans le mobile alors il faut forcer la vente par n’importe quel moyen. Pour concurrencer des ARM qui n’ont besoin d’aucun artifice ou techno particulière pour être performant sans consommer des masses, chez Intel il a faut une gravure à 14nm (donc coûteux) et des systèmes de limitation d’énergie pour ne pas chauffer ou consommer. Il vont vraiment baisser leur froc pour vendre moins cher, s’occuper de la pub, etc…
    Je reste sceptique sur le résultat, autonomie, perfs…

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  • 4 juin 2014 - 2 h 12 min

    Mouais, enfin si Intel doit vendre a perte pour se faire une place dans la nouvelle informatique, deux problemes:
    1- vendre a perte, c’est pas rentable (merci moi !)
    2- vendre a perte, c’est illégal, au moins en Europe. Bon, j’imagine que prouver la chose est complexe (cout de fabrication, des ingénieurs, des usines, du marketing…), mais j’imagine que les avocats de ARM sont en train de passer la situation a la loupe.

    En tant que client, ce qui m’inquiète c’est que si Intel investit a perte aujourd’hui, c’est qu’ils comptent se refaire x5 demain, forcément en montant les prix après avoir éliminé/dégouté la concurrence. Sur le court terme, c’est bien pour moi; sur le long terme, pas du tout.

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  • 4 juin 2014 - 2 h 35 min

    @obarthelemy: Vendre a perte est illégal quand tu achetes pour un priux et que tu revends en dessous. Intel ne fait pas cela, ils décident de ventre un produit qu’il fabriquent en dessous du prix de revient habituel qu’ils pratiquent. Un peu comme les producteurs de lait qui vendent des hectolitres de lait en dessous de leur seuil de rentabilité.

    Apres je doute qu’Intel arrive a dégommer la totalité du marché ARM, ils vont se faire une place et quand leurs process seront amortis, ils vendront de moins en moins a perte avec le volume.

    Avec les futures machines la problématique va devenir intéressante car si Intel va avoir du soucis a se faire sur les tablettes Android encore pour un moment, les machines x86 classiques deviennent de plus en plus sexy et la roue pourrait tourner. La valeur es tablettes Android s’écroule totalement alors que les PC restent un peu plus rentables. Avec un Windows qui devient de plus en plus fréquentables, des engins livrés sans systèmes et plus ouverts au libre, les futurs engins x86 « classiques » pourraient a nouveau intéresser les constructeurs. Eux aussi aiment la rentabilité et aujourd’hui certains travaillent a blanc juste pour des parts de marché. C’est la même logique qu’Intel mais ils ne pourront pas la maintenir a moyen et long terme.

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  • 4 juin 2014 - 9 h 13 min

    @obarthelemy:

    Pour la vente a perte :

    Elle s’entend en cout de production et prix de vente direct (quelquesoit l’entité …. la boite d’intel d’export/commercialisation ou un OEM). Le cout de production se compose des couts de matières premières (je trouvé sur le net 1kg de silicium = 50 $ en 2012 … alors je sais pas combien de masse de silicium un proc conte mais ca doit pas peser lourd ;) ) du cout de la MOD (main d’oeuvre directe mais tout doit être automatisé !) et de l’amortissement des lignes de production (qui sont déjà totalement amortis … donc cela aussi ne coûte rien !).

    Il me semble qu’ils sont (très) loin de faire de la vente à perte.

    C’est un peu vicieux comme système car cela n’intègre pas les frais de R&D ni de com/marketing (ça dépend) et dans le cas présent ne prend pas non plus la charge de l’investissement des lignes de prod en 22nm (et ça c’est une fortune !).

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  • s@s
    4 juin 2014 - 9 h 42 min

    « mais c’est un investissement sur le long terme pour Intel qui se doit d’être présent maintenant, en 2014, sur ce marché Android qu’il a tardé à prendre en compte »

    N’est-ce pas finalement juste une stratégie de ne pas être entré dans cette compétition trop tôt ?
    L’arrivée des puces ARM a changé la donne, mais qui aurait pu dire ça il y a 3 ou 4 ans ? Il n’est donc pas impossible qu’Intel a juste regardé si ARM perçait (comme peut-être d’autres phénomène depuis des années) et en voyant que ça marchait a simplement progressivement réagi pour contrer le phénomène. Vu les ressources financières de cette boîte c’est un pari qui valait le coup de prendre (afin d’éviter d’arriver sur un marché en cassant ses prix trop tôt).

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  • 4 juin 2014 - 10 h 44 min

    Il y a un truc que je ne pige pas trop avec toutes les annonces de ce Computex :
    – Micosoft a annoncé une Windows 8 quasi gratuit pour les petites diagonales,
    – Intel casse les prix sur ses processeurs pour tenter de reprendre la main vis à vis d’Arm,
    – Post Computex, On nous promettait des devices Windows sous la barre des 200$/€ et…
    Rien, nada, aucune annonce qui puisse concrétiser cette baisse des prix sur des tablettes du couple WinTel qui pourrait concurrencer réellement Android.

    J’ai loupé un épisode ou bien…

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  • 4 juin 2014 - 11 h 23 min

    le problème, c’est quand on voit que l’Asus Fonepad est à base de puce intel et que malgré moult communications d’Asus indiquant qu’elle passerait directement en 4.3 voire 4.4 on reste toujours en 4.1.2 !
    donc avec un duo intel/asus, si l’évolutivité d’android ne se fait plus passé 6 mois après la sortie, leur image de marque risque d’en souffrir

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  • 4 juin 2014 - 11 h 49 min

    @Mxte29Fr: Tu as loupé l’annonce de la Memup Slidepad Elite 832W ;)

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  • 4 juin 2014 - 13 h 10 min

    « cette baisse des prix sur des tablettes du couple WinTel qui pourrait concurrencer réellement Android. »

    il n’y a pas qu’une question de prix, mais surtout une question d’image ..

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  • 4 juin 2014 - 13 h 39 min

    @toto: C’est vrai que le grand public est massivement composé d’Hacktivistes qui vont choisir de défendre Google plutôt que Microsoft et ARM plutôt qu’Intel.

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  • 4 juin 2014 - 13 h 44 min

    @s@s: Non il y a peu le nouveau PDG d’Intel a reconnu que la marque s’est réveillée trop tard. c’est très dur de remonter la pente d’ailleurs, ça coute cher. Mais Intel n’a pas vraiment le choix.

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  • 5 juin 2014 - 9 h 25 min

    @Pierre Lecourt:

    je parlais de l’image de windows … il me semble que le grand public pense qu’une tablette/smartphone c’est sous ios/android … parce que c’est « sympa » et que le marché est comme ca … pour ma part il ne me viendrait pas à l’idée d’avoir un winphone … mais je dois être hacktiviste ..

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  • 5 juin 2014 - 9 h 45 min

    @toto: Ben c’était pas trés clair. Maintenant, si tu allies la montée en puissance du marché à la montée en puissance du market, les tablettes Windows vont avoir un autre atout, celui d’offrir une base de travail intéressante aux gens.

    Une fois plugguée à un dock, si la tablette se comporte en PC, elle a un charme que les tablettes Android/iOS n’ont pas. Alors certes il n’y aura pas la même Logithèque mais il suffit de voir le top des applis exploitées sur Android / iOS pour comprendre que MS a les moyens de financer le développement du top applicatif et s’y emploie.

    Pour le grand public Windows est une marque de valeur à mon sens, autant qu’Android. Il faut juste que le marketing s’apercoive du bon angle. C’est à dire pas celui qu’ils emploient en ce moment comme je le disait ici :
    https://www.minimachines.net/actu/toshiba-encore-2-tablettes-windows-partir-199-pas-mal-concessions-techniques-18463

    faire des tablettes Windows des produits équivalents aux tablettes Android, quel intérêt pour l’acheteur ?

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