Le JEDEC présente le format mémoire CAMM2 d’une capacité max de 128Go

Le format CAMM2 est un nouveau format de mémoire vive plus compact qui pourrait trouver sa place dans nos portables de plus en plus fins.

Comme souvent les première normes industrielles informatiques sont lancées « pour de faux » par les consortiums industriels qui les gèrent. Le CAMM2 est ainsi annoncé après un format CAMM lancé en début d’année et qui n’a pas eu de prises véritables sur la production industrielle informatique. Ce genre de changement comme passer d’un format comme le SODIMM à un autre, prend du temps.

Outre le problème de développement des modules eux même, il faut l’assurance des constructeurs qui vont s’en emparer pour que la mayonnaise prenne. Rien que le passage de la DDR4 à la DDR5, et avant lui le passage de ma DDR3 à la DDR4, suffit à comprendre pourquoi les constructeurs trainent des pieds. Le surcout de ces nouveaux produits n’est pas forcément au goût de tout le monde et il faut en général  que les pros essuient les plâtres et payent le tarif premium des nouvelles gammes avant de les voir débarquer vers le grand public. Aujourd’hui, les tarifs des modules CAMM de Dell et de Samsung, ne font rêver personne. Un module de 16 Go est facturé plusieurs fois le prix d’une barrette SODDIMM de même capacité.

Des stations DELL sous mémoire CAMM

Ainsi, au fur et à mesure que la DDR5 s’est démocratisée dans les machines pro puis dans ls solutions grand public, le prix de ces modules s’est rapproché de leurs prédécesseurs à un point où la différence technologique n’a plus vraiment d’impact aujourd’hui. Pour le CAMM et désormais le CAMM2, la problématique est la même mais en pire puisque les usines qui fabriquent les modules SODIMM ne vont pas seulement avoir à changer de type de mémoire, ils vont également devoir modifier leurs lignes de production avec de nouvelles machines.

Le format SODIMM est une solution trouvée pour coller aux besoins de fabricants de portables. Etait-ce la meilleure d’un point de vue technique ? A l’époque de sa sortie, probablement. Elle permettait d’exploiter les mêmes composants de mémoire que ceux des machines de bureau et correspondait parfaitement aux besoins des constructeurs. En 1997, donc, le JEDEC lance le SODIMM et il ne faut que quelques années aux constructeurs pour l’intégrer. Il faut dire que les engins d’alors étaient plus épais avec des stockages mécaniques, des lecteurs optiques, des ventilateurs autrement plus massifs et une électronique demandant globalement plus d’espace. Le format correspondait au meilleur des deux mondes. D’autant qu’il remplaçait une solution peu avantageuse pour les clients. Avant les SODIMM, la majorité des constructeurs de PC utilisaient des formats propriétaires difficiles à trouver et horriblement chers.

Le JEDEC annonce donc le CAMM2 alors que personne n’a vu la couleur du CAMM. Ce n’est pas un échec, c’est l’avancée logique du format. En janvier avec le CAMM, le consortium a mis les pieds dans le plat à la réunion de famille des constructeurs de PC et de portables. En décembre, il s’agit d’avoir réellement un format commercialisable.

Qu’est-ce que le format CAMM2 ?

Evolution d’un format au départ proposé par DELL, il s’agit d’une solution fonctionnant non plus avec des broches classiques dans un slot mais par compression de ces pins contre un récepteur. Le nom CAMM2 veut dire Compression Attached Memory Module de seconde génération. Le format est donc ultra fin et n’a pas besoin d’être soudé. Il se fixe en vissant le module à la carte mère en plusieurs points et permet d’employer de la DDR5 comme de la LPDDR5 (avec des formats de brochage différents cependant ) tout en gardant des possibilités d’évolution. Le JEDEC annonce une réduction de l’épaisseur mémoire de 57% par rapport aux doubles modules SODIMM l’un sur l’autre. Chaque module CAMM2 pourra en outre embarquer jusqu’à 128 Go et gérer en solo un fonctionnement double canal. En clair, plus besoin d’ajouter deux SODIMM de 16 Go pour avoir 32 Go en double canal, un seul module CAMM2 suffira. La pose verticale permettra peut être un accès plus simple au sein des portables. On peut espérer que les constructeurs retrouvent un jour la recette perdue de la trappe d’accès magique aux composants.

Le format permettra également un fonctionnement par paires, ce qui signifie qu’il sera possible de monter jusqu’à deux modules de 128 Go dans un ordinateur portable. Pas forcément utile pour tout le monde mais qui peut être très intéressant pour certaines applications. 

Le CAMM2 est-il une bonne nouvelle pour les MiniPC ?

Je n’en suis pas sûr. Car si les portables ont de moins en moins un problème de place en interne, c’est d’ailleurs la place « perdue » au sein des ordinateurs portables chez Dell qui a du motiver cette recherche en premier lieu, ce n’est pas le cas des formats exotiques comme les MiniPC. Une carte mère de portable peut aujourd’hui être extrêmement réduite, un petit bout de circuit imprimé tout en longueur ou une nappe pour relier deux circuits ensemble afin d’adresser toute la connectique. Certaines machines de grandes marques emploient la même carte mère avec des machines de 13 à 16 pouces sans aucun complexe. La place disponible est comblée par une augmentation de services : plus de stockage, plus de haut-parleurs, plus de capacité de batterie.

Basculer du format SODIMM au format CAMM2 ne sera donc pas un souci pour ces engins. Mais cela risque de poser un problème pour les fabricants de MiniPC. Car, pour eux, chaque centimètre compte. Les SODIMM ont été au cahier des charges des formats NUC de la première heure et le développement des minimachines que nous connaissons aujourd’hui s’est fait autour de leur existence. A l’intérieur d’un PC de douze centimètres sur douze, il n’y a pas forcément la place de glisser un module CAMM2. Alors que la hauteur du châssis permet sans problème de monter deux ports SODIMM.

Le problème est que le format MiniPC vit pour beaucoup des avantages économiques créés par l’écosystème des portables. Et si demain le monde mobile bascule en bonne partie vers le format CAMM2, cela risque d’impacter le prix des modules DDR classiques. Et donc celui des MiniPC. Evidemment, on peut imaginer une large redistribution des composants dans ces minimachines avec une face de carte mère réservée uniquement au stockage et à la mémoire vive. Un duo M.2 et CAMM2 qui tomberait sous la main à l’ouverture du châssis. Mais cela veut dire qu’il faudrait trouver de la place à tout un tas de composants ailleurs. Ou augmenter la taille du châssis. 

On en n’est pas là, le format CAMM2 vient tout juste d’être ouvert et je doute que l’on voie beaucoup de portables grand public équipés de ce type de mémoire avant longtemps. Assez de temps pour que les ingénieurs en charge de nos chers MiniPC trouvent des solutions alternatives.

Mémoire au format CAMM, le JEDEC embraye le pas à Dell


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