Le rachat d’ARM par Nvidia est plus que compromis

Nvidia ne devrait pas pouvoir concrétiser son envie de racheter ARM à Softbank. Les derniers espoirs semblent avoir été douchés par la plainte de la FTC.

Début décembre, on apprenait que la FTC posait un véto catégorique au rachat d’ARM par Nvidia. Voyant l’opération comme une menace dans le jeu de la concurrence sur ce secteur, l’organisme de contrôle US indiquait vouloir se porter devant les tribunaux pour empêcher cette opération. Cela ne sentait déjà plus très bon.

Mais la situation a désormais carrément tourné au vinaigre si l’on en croit les journalistes de Bloomberg. Le site US indique que Nvidia serait en passe d’abandonner le rachat d’ARM et aurait confirmé son inquiétude à ses partenaires. Allant jusqu’à indiquer à ceux-ci un calendrier précis des actions de la marque en cas d’échec de ces négociations.

Les 40 milliards de dollars mis sur la table par Nvidia n’auront donc pas été suffisants. Si Softbank, propriétaire actuel d’ARM était prêt à signer sans soucis, ce sont les concurrents de Nvidia qui n’ont pas apprécié ce rapprochement. La peur d’un Nvidia influant fortement, et de manière déséquilibrée, sur les licences d’ARM étant très forte chez des marques comme Apple, Qualcomm et consorts. 

Officiellement, l’opération est toujours en pourparlers. Malgré un calendrier qui s’est éternisé et des demandes d’investigation toujours plus nombreuses, Nvidia et Softbank se veulent rassurants. Même si c’est désormais pour parler d’espoir et non plus de confiance dans le dénouement de la situation. 

Nvidia veut absolument obtenir un levier puissant sur ce marché, ARM étant la meilleure cible pour devenir le leader absolu du secteur. Ses clients sont nombreux, prestigieux et ses technologies graphiques, associées à celles d’ARM, en feraient une véritable nouvelle star sur ce secteur. Nvidia a besoin de croitre et les opportunités adaptées à son ambitions sont rares sur ce secteur. Le rachat d’ARM semble être la meilleure opportunité pour devenir un acteur incontournable immédiatement.

Si tel n’était pas le cas, si la fenêtre de ce rachat se refermait, la marque serait alors contrainte de trouver une alternative. Cela pourrait être un investissement massif dans une technologie différente comme RISC-V mais un tel choix signifierait un calendrier totalement différent pour la marque. Le rapprochement plus ou moins poussé avec un autre acteur du monde ARM déjà présent sur le marché pourrait également être envisagé. On a vu que Samsung s’était rapproché d’ARM pour ces nouveaux Exynos 2200 et d’un autre côté Nvidia a déjà fait un grand pas du côté de Mediatek avec l’ajout d’un circuit graphique gérant des technologies avancées du concepteur graphique. 

Un Chipset ARM Mediatek équipé d’une solution GeForce RTX en action

Nvidia a probablement déjà perdu ce rachat d’ARM mais la marque ne s’avoue pas vaincue pour autant. En se rapprochant d’un acteur déjà présent, en l’englobant dans son univers, Nvidia peut entrer par la fenêtre au lieu de passer par la grande porte. Proposer des circuits ARM+GeForce puissants et efficaces qui pourraient faire de l’ombre aux propositions de ses concurrents. Suffisamment pour les pousser à adopter un circuit Nvidia au lieu d’une solution ARM classique.

De son côté, Softbank pourrait retrouver ses billes en proposant la société ARM sur le marché boursier, là où tout le monde pourrait investir en actions. Une bonne nouvelle pour ARM ? Pas forcément.


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9 commentaires sur ce sujet.
  • Luc
    26 janvier 2022 - 12 h 00 min

    Bonjour,

    Quelqu’un aurait-il une idée de la somme a débourser par un fabricant de puces (Allwinner, Rockchip …) pour pouvoir exploiter la technologie Arm ?

    Répondre
  • 26 janvier 2022 - 12 h 15 min

    @Luc: C’est pas public et cela dépend des technos employées et des volumes. C’est clairement au « cas par cas ».

    Répondre
  • 26 janvier 2022 - 12 h 28 min

    Hello et merci beaucoup pour cet article, les cartes resteraient alors telles quelles, et je pense surtout au cas Apple je me demande s’ils soupçonnaient la demande de rachat au moment où ils se sont lancés dans le M1.

    Je suis aussi intéressé par la dernière phrase car la bourse et moi « ça fait 20 » : en quoi le fait qu’ARM puisse être introduite en bourse lui serait un risque potentiel ? encore merci

    Répondre
  • Luc
    26 janvier 2022 - 12 h 41 min

    Ok Pierre, je comprends bien.

    Mais j’aimerais bien avoir un ordre de grandeur pour par exemple une puce comme le rk3399, cela doit bien être de quelques millions de dollars.

    Répondre
  • 26 janvier 2022 - 13 h 42 min

    @Luc: La bourse c’est un jeu d’investissement. Cet investissement peut demander des rendements élevés et ce n’est pas toujours compatible avec les besoins des sociétés tech qui ont également des impératifs d’investissements pour rester dans la course.

    Si les actionnaires majoritaires de la valeur « ARM » en bourse s’entendent pour exiger un rendement de « x% » cela se fera au détriment du reste. Par exemple Intel a été un acteur hyper rentable pour ses actionnaires pendant des années. Les sommes qui auraient du partir dans la R&D et le renouvellement du parc des usines sont parties dans les poches des actionnaires. Le patron de l’époque s’assurant ainsi de rester en poste.

    Peu d’actionnaires sont gérés par l’affect ou l’intérêt dans les produits boursiers qu’ils possèdent, ce sont des groupes qui ne cherchent que la rentabilité pure et dure. Beaucoup sont capables de tuer la poule aux oeufs d’or pour faire de plus gros profit. Démanteler une entreprise en la vendant en petits bout peut être très rentable à court terme. Et une fois l’opération faite ils déplaceront leur argent dans d’autres sociétés. A l’inverse Apple rachète massivement ses actions par exemple, pour plein de raisons techniques, mais également pour garder les rennes de ses opérations.

    En entrant en bourse, ARM pourrait donc limiter son investissement en R&D pour rémunérer plus fortement des actionnaires. Ce qui pourrait être un problème à moyen et long terme.

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  • 26 janvier 2022 - 13 h 42 min

    @Luc: Je ne sais pas du tout, j’avoue.

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  • 26 janvier 2022 - 14 h 20 min

    @Pierre Lecourt: merci pour tous ces détails, c’est gentil d’y avoir répondu je comprends mieux la crainte qu’il y aurait derrière une éventuelle introduction en bourse. On pourrait penser alors que, techniquement, le meilleur scénario pour ARM soit que rien ne change.

    Répondre
  • Luc
    26 janvier 2022 - 14 h 32 min

    Merci Pierre, … c’est « le secret des affaires » ces histoires de gros sous, de brevets, de technologies.
    Mais c’est bien dommage je trouve que le consommateur moyen ne puisse pas connaître ces informations.

    Ce n’est pas moi qui avait posé la question au sujet de la cotation en bourse de ARM, mais mon point de vue rejoint le tien à ce propos ;-)

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  • 26 janvier 2022 - 15 h 07 min

    Bonne nouvelle pour pas mal de fabricants et pour le consommateur au final aussi .

    Que Nvidia dispose de beaucoup d’argent ne lui donne pas spécialement le Droit de Définir la politique de recherche de chez ARM .
    Ce refus est donc une sécurité pour l’acheteur d’un produit disposant d’une puce ARM .

    Imaginons Nvidia disposant de la recherche de chez ARM ,comment garantir une protection pour l’acheteur final d’un produit ARM de ne pas se voir IMPOSER UNE SOLUTION GPU DE CHEZ NVIDIA .

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