Qualcomm se voit bien aux commandes de l’architecture ARM

Après avoir pesé de tout son poids contre le rachat d’ARM par Nvidia au prétexte d’un déséquilibre concurrentiel, Qualcomm aimerait bien prendre les commandes.

C’est au sein d’un consortium que Qualcomm aimerait piloter ARM, le géant a été un des opposants les plus virulents au rachat de la structure par Nvidia en arguant, à juste titre, la possibilité d’un bouleversement concurrentiel majeur. Aujourd’hui, la marque propose une alternative.

Après le naufrage du rachat proposé par Nvidia, l’actuel propriétaire d’ARM fait lentement dériver l’entité vers la bourse. Une introduction qui permettrait  à Softbank de se débarrasser de cette pépite et de faire rentrer de l’argent frais dans ses caisses. Mais une option qui ne semble pas avoir les faveurs de tous les acteurs tant elle comporte de risques et d’inconnues. Une introduction en bourse offrirait sans doute la possibilité à un actionnaire majoritaire de piloter l’entreprise dans des schémas peu opportuns pour certains acteurs. Avec comme objectif une rentabilité maximale par exemple, l’arrivée d’un actionnariat boursier pourrait faire des choix qui iraient à l’encontre des différents acteurs du marché.

Limiter la Recherche et Développement par exemple pour dégager plus de bénéfices rapides en licenciant des ingénieurs. Faire durer ses architectures plus longtemps pour les rentabiliser au maximum avant d’introduire des nouveautés. Augmenter le prix de ses licences ou changer leurs modes de distribution. Autant de scénarios tout à fait envisageables et que l’on a déjà connu.

Cristiano Amon

Cette idée ne plait pas, non plus, à Qualcomm qui verrait donc bien une alternative dans la naissance d’un consortium qui pourrait piloter ARM de manière indépendante. Les différents membres de cette entité ayant chacun leur mot à dire dans l’évolution de l’architecture. Ce qui garantirait une certaine indépendance en équilibrant un contrôle d’ARM suivant les besoins de chaque acteur. C’est ce qu’a proposé le CEO de Qualcomm, Cristiano Amon au Financial Times. 

Bien entendu, pour que cela fonctionne, il faudrait que différents acteurs du marché investissent et prennent une participation dans cette fondation. Si différents industriels se positionnaient sur le segment, il y aurait sans doute moyen de construire une solution capable de piloter ARM de manière relativement indépendante tout en garantissant un fonctionnement profitable pour tous. C’est un peu de cette manière que  fonctionnent des consortium comme le HDMI Forum, par exemple. Les différents acteurs qui le pilotent sont des industriels qui sont entrés dans une coalition autour d’intérêts communs.

De nombreux acteurs verraient sans doute l’intérêt d’une telle participation. Nvidia, bien entendu, mais aussi d’autres acteurs comem SK Hynix Rockchip, Amlogic, Allwinner, Broadcom, Mediatek ou encore… Samsung et Apple. Reste que beaucoup de concurrents de Qualcomm pourraient voir là une manière de laisser la marque influer considérablement et à leurs frais sur l’avenir de l’architecture. Difficile de lire cette annonce autrement qu’en confirmant une position dominante pour la société sur l’ensemble du groupe. Qui aura les reins assez solides pour poser autant d’argent sur la table que Qualcomm tout en n’ayant pas la possibilité d’un contrôle avantageux ? Si Nvidia était prêt à débourser une fortune pour ARM, c’est parce que cela lui permettait de véritablement contrôler son écosystème. Si c’est juste pour en faire partie sans avoir de réelle influence sur son fonctionnement le financement n’est clairement pas aussi intéressant pour eux.

Certains acteurs préfèrent également travailler avec ARM parce que la licence ne réclame justement pas de positionnement fort pour son fonctionnement. Le système de royalties leur permet d’investir uniquement dans des architectures précises et ils peuvent se dégager du format si bon leur semble pour tenter leur chance sur  des versions d’ARM et passer leur tour sur d’autres. Voir investir dans un concurrent comme RISC-V.

Autre questionnement légitime, quelle sera la valeur d’ARM après cette prise de contrôle ? Si ARM dégage des bénéfices aujourd’hui, c’est parce que la société fait payer ses brevets  sous la forme de royalties et d’accès à ses architectures aux différents acteurs qui les emploient. Mais si demain ces acteurs sont également aux commandes de la marque, on peut se demander quelle sera la politique d’ARM vis à vis de ces « propriétaires » et si ces derniers ne réclameront pas de ne plus payer, ou de moins payer, ces licences ? Diminuant alors d’autant la valeur de leur investissement dans la structure au profit de leurs bénéfices  immédiats. Des mécaniques qui pourraient avoir des impacts dans le fonctionnement global de l’ensemble.


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Un commentaire.
  • 10 juin 2022 - 10 h 40 min

    Si il me semble évident qu’une entreprise doit gagner de l’argent ,il me semble tout aussi évident que cette entreprise doit aussi innover et ne pas rester sur des acquis .

    Un consortium de constructeurs investissant pour former la nouvelle recherche et industrialisation du marché ARM me semble une SOLUTION LOGIQUE .

    Imaginons par exemple APPLE & QUALCOMM avoir le meilleur processeur et Nvidia la meilleure solution Graphique pourquoi priver l’utilisateur de la meilleure puce .

    Le marché du PC semble limité a deux constructeurs de GPU qui sont Nvidia et ATI ,la présence d’INTEL comme troisième fait aussi évoluer la recherche de GPU moins cher et performant pour l’entrée de gamme chez ces concurrents .

    Après ,il reste évident que chaque fabricants a des objectifs différents ,RK et Amlogic ne jouent pas sur le marché d’APPLE ou de SAMSUNG .

    La solution d’un achat d’ARM par les fabricants me semble meilleure pour les utilisateurs qu’une entrée en bourse qui n’empêcherai pas un fabricant d’Être majoritaire pour acheter un maximum d’action (le délit d’initié jouant sur beaucoup de marchés juteux)

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