Huawei veut vendre Honor pour… le sauver

Huawei est dans une situation compliquée. La marque subit des restrictions de la part du gouvernement américain qui l’empêchent de se développer. Pour éviter de l’emporter dans la tourmente, la marque veut vendre sa division Honor.

Huawei voudrait se séparer d’Honor, sa seconde marque qu’elle a créée pour séduire un public jeune et continuer de se développer. C’est Reuters qui a eu vent de cette information. Une solution sensée au vu de la situation actuelle du géant Chinois.

Huawei

Huawei est pourchassé depuis des mois par l’administration Américaine qui voit dans le géant des télécoms Chinois un concurrent un peu trop proche du gouvernement de son pays. Les représailles imposées par les USA ont été nombreuses avec des interdictions importantes pour l’empêcher de se développer. Mise au ban de tous les investissement 5G du pays, interdiction de commercer avec la marque pour les entreprises américaines parmi lesquelles Google, Microsoft, Intel ou Qualcomm. Et dans la foulée, apparition de mouvements du même ordre chez d’autres états qui ont décidé également de retirer Huawei de leurs fournisseurs en matière de 5G, entre autres.

Si la situation semble évoluer ces derniers temps, Huawei a ainsi pu récupérer le droit de nouer des contacts commerciaux avec de multiples partenaires. Qualcomm, AMD, Intel, Sony et la branche affichage de Samsung pourraient ainsi retravailler avec la marque. Un scénario compliqué à comprendre, la logique gouvernementale Américaine sur ce segment oscillant entre protectionnisme et cas par cas.

Huawei MateBook

La situation reste toutefois encore périlleuse et Huawei va probablement conclure cette année avec un bilan assez catastrophique. Pour éviter de voir sa filiale Honor sombrer avec lui, la marque aurait donc décidé de la revendre à un conglomérat Chinois. Une entité composée d’un spécialiste avec Digital China qui obtiendrait 15% du capital de Honor. Le gouvernement de la province de Shenzhen qui entrerait également dans le capital de la marque et trois sociétés qui injecteraient le capital restant en comptant sur un retour sur investissement. Le prix de vente est colossal, 100 milliards de Yuans soit 12.78 milliards d’euros. 

Un tarif qui semble élevé pour une société aussi jeune et qui n’a pas encore pris pied dans tous les marchés. Honor est une marque très intéressante à suivre et sa jeunesse se traduit souvent par une certaine agressivité tarifaire. Ayant tout à prouver, elle est en pleine conquête de parts de marché, ce qui la pousse parfois à réduire fortement ses marges. Mais cette attitude signe la faiblesse de sa renommée à l’international, le public reconnaissant ses capacités reste pour le moment faible et souvent spécialiste.

Honor logo

Ce qui justifie probablement ce montant est le package complet qu’est Honor. La marque n’est pas vendue en tant qu’étiquette mais bien comme une machine à concevoir, fabriquer et distribuer des ordinateurs et des smartphones. Le futur acquéreur héritera donc du nom Honor mais aussi de la branche Recherche & Développement, des salariés et de toute l’infrastructure d’approvisionnement de l’ensemble. Elle profitera également de ses canaux de distribution pour continuer à vendre ses produits sans interruption. Bien sûr, Honor ne profiterait plus des synergies liées à son rattachement à Huawei et on a bien vue les similitudes qu’il y a entre les ultraportables des deux marques, par exemple. Mais, en tout cas, Digital China aurait en ses mains tous les éléments pour reprendre efficacement le flambeau.

Cette somme importante s’explique peut être également par la volonté du gouvernement Chinois d’aider Huawei à survivre. L’apport de la province de Shenzhen dans l’équation doit être élevé et va permettre à la marque de faire face aux multiples crises qu’elle connait. En attendant des jours meilleurs sous l’administration Biden, faire le dos rond face à sa baisse d’activités mais également continuer des développements matériels et logiciels lui permettant de s’émanciper un peu plus des éléments internationaux dont elle profite aujourd’hui. On sait que Huawei travaille à Harmony OS pour remplacer Android. On sait également qu’elle veut  une certaine indépendance pour graver ses propres puces… On sait enfin que le gouvernement Chinois ne veut rien de moins que son champion puisse voler de ses propres ailes.

Le pire scénario envisagé pour les US suite aux sanctions contre la Chine et Huawei pourrait bien être en train de se réaliser. Une marque comme Huawei pourrait devenir un concurrent de taille sur de nombreux secteurs aux géants de l’industrie US… Et profiter d’un marché intérieur très protégé. Honor en serait un nouveau pendant. Une mitose qui n’aurait rien pour arranger les concurrents car Honor, même en volant de ses propres ailes pourrait toujours profiter des développements de son grand frère..


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8 commentaires sur ce sujet.
  • 12 novembre 2020 - 17 h 49 min

    Bonjour et merci Pierre pour cet article très intéressant. J’aimerais en saisir toutes les arcanes, pourrais-tu me confirmer ce que tu voulais dire dans le passage suivant s’il te plaît :

    « Une marque comme Huawei pourrait devenir un concurrent de taille sur de nombreux secteurs aux géants de l’industrie US… » de quoi s’agit-il ? d’Harmony OS et des puces ?

    Aussi, ne penses-tu pas que l’administration US pourrait faire avec Honor (racheté par le gouvernement de la province de Shenzhen) ce qu’elle est en train de faire à Huawei ?

    Merci

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  • 12 novembre 2020 - 18 h 13 min

    @prog-amateur: De l’ensemble. Huawei bénéficie d’un levier fort qui est son marché intérieur. Un marché qui permet souvent de rentabiliser une R&D avant même de songer à l’extérieur du pays. Si Huawei développe un SoC, le grave et le propulse avec un OS de manière autonome. Elle pourrait avoir une proposition concurrentielle sérieuse à un paquet de techno US. Si elle arrive ensuite sur les marché comme l’Inde ou l’Afrique a implanter ses technos, ce serait un bouleversement important des acteurs actuellement en place.

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  • 12 novembre 2020 - 18 h 15 min

    @prog-amateur: Pour la question de l’administration US, cela finirait par se voir. Ce qui a déclenché le mouvement anti Huawei ce sont les antennes relais. Un segment que Honor ne touche pas. Si l’administration voulait bloquer Honor elle devrait également sanctionner les autres comme Xiaomi par exemple…

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  • Xo7
    12 novembre 2020 - 21 h 27 min

    Je ne serai pas surpris que les américains soit sur les rangs pour le rachat d’Honor et de Huawai. ils font le même coup avec toutes les entreprises étrangères (ou les applications) qui menacent le monopole national (mêmes les françaises ou européennes). On diabolise on génère ou menace d’amendes faramineuses, on met en prison pour espionnage ou détournement de biens, et on rachète au meilleur coût…. Quelle drôle de démocratie … in dollar they trust !

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  • 13 novembre 2020 - 0 h 52 min

    @Xo7:
    Tout à fait, exemple très concret : Alstom

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  • 13 novembre 2020 - 1 h 12 min

    « Huawei veut vendre Honor pour… le sauver  » Pour sauver quoi ? Son Honor ? –>[]

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  • 13 novembre 2020 - 12 h 17 min

    @Pierre Lecourt: merci d’avoir pris le temps de me détailler ton commentaire !
    @MacGivre: pas mal !

    Répondre
  • 29 décembre 2020 - 11 h 32 min

    […] En novembre dernier on apprenait que Huawei voulait se détacher de sa marque Honor, créée en 2013 pour toucher un public plus jeune. Une démarche qui peut se comprendre puisque la marque ne dispose pas des marchés secondaires d’Huawei pour se développer. […]

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