Qualcomm Snapdragon G3x : une nouvelle plateforme de jeu mobile

Qualcomm veut s’engager sur la voie du jeu mobile au travers d’une nouvelle puce créée spécifiquement pour cela, le Snapdragon G3x.

Encore floue, cette puce Snapdragon G3x est une création sur mesures de Qualcomm pour équiper une nouvelle génération de machines de jeu mobiles. Razer en propose un prototype avec sa vision d’une console de ce type mais je ne serais pas surpris à terme de voir toute une galaxie de minimachines du genre se déployer chez différents partenaires à l’avenir.

Snapdragon G3x

Tout dépendra évidemment de la mayonnaise en cours de formation autour de ce projet. Il s’agit d’un mélange entre plusieurs ingrédients principaux :

Chez Qualcomm d’abord. Il faut que ce Snapdragon G3x soit à la hauteur des ambitions du projet. C’est à dire apte à piloter des jeux récents, de manière fluide et réactive. Ce qui passe par l’emploi de technologies identiques à celles de son haut de gamme mobile. On n’a peu de détails sur la puce en elle même mais la marque a indiqué quelques possibilités offertes par la puce. Comme le jeu en HDR sur 10 bits en définition UltraHD à 144 Hz1. La solution sera capable de piloter des extensions USB Type-C, et on a en tête des accessoires comme des manettes de jeu externes, un casque audio dédié ou un dock. Le souci pour Qualcomm étant de trouver le bon prix pour ce type de puce afin de séduire ses partenaires et les clients finaux.

Le prix est un élément important de l’équation et c’est ce qui explique cette volonté de trouver un format externe différent de celui du téléphone. Si Qualcomm a besoin de segmenter fortement ses puces en matière de smartphones avec des gammes très étagées qui lui permettent des prix plus élevés, le Snapdragon G3x pourrait être proposé à un tarif beaucoup plus léger pour fonctionner uniquement dans ce type de console. En omettant volontairement des fonctionnalités indispensables au monde du mobile, Qualcomm s’assurerait que cette production particulière ne serait pas détournée vers d’autres machines. Pour le moment, on sait que la puce proposera un circuit graphique Adreno, des coeurs Kryo non détaillés et une connexion Wifi6E/5G. Il suffit pour la marque de ne pas inclure certaines fonctionnalités comme le support de la voix en mobilité mais uniquement la gestion des datas pour en faire une puce impossible à intégrer dans un smartphone. 

On peut donc espérer un prix plus léger sur ce SoC, un ingrédient important de l’équation car personne ne s’intéressera à ces engins si ils sont vendus au prix d’un smartphone haut de gamme.

Snapdragon G3x

Chez les partenaires de Qualcomm ensuite. Les constructeurs de machines puisque la marque ne va pas construire de consoles elle même. Si le marché est prometteur, il est encore totalement en friche. Les acteurs actuels sont assez puissants et pas mal de marques se sont cassées les dents sur le concept. Entre Nintendo et Valve, le secteur de la console de jeu mobile a déjà un spectre assez large de propositions. La Switch y est toute puissante et le Steam Deck est déjà un concurrent très lourd avant même d’être commercialisé réellement.

On se souvient de divers constructeurs ayant tenté l’aventure du jeu mobile avec des marques comme Sony ou Nvidia. Toutes ont renoncé aujourd’hui. Ce qui ne veut pas dire que l’appétit n’est plus là. Le médium de ce type de loisir s’est simplement déplacé vers les smartphones qui permettent de retrouver des univers ludiques complets. Il faut donc amadouer les partenaires et leur donner envie de s’intéresser au concept. La liste des alliés potentiels de Qualcomm est très longue. On y retrouve tous les fabricants de PC traditionnels mais également les marques présentes en téléphonie mobile. Tous sont potentiellement capables de proposer un engin du même type que le prototype de Razer. Tous pourraient fabriquer une base de machines pour ce nouvel écosystème. Avec des prix variés, des fonctionnalités annexes différentes, plus ou moins de mémoire ou de stockage, des écrans aux dalles de diverses diagonales, il y a de quoi proposer un bel éventail de solutions à des prix divers.

GeForce Now

Chez les éditeurs enfin. On ne connait pas encore le fonctionnement global de l’ensemble. Si il s’agira d’une solution totalement autonome, pilotant des jeux spécifiques ou Android. Si c’est le cas, ce sera probablement un outil de niche, la plupart des joueurs mobiles ayant déjà un… mobile. Un engin souvent fort cher toujours présent sur eux et qui suffira toujours à jouer, quitte à lui adjoindre des manettes supplémentaires pour les plus mordus. Cela ne tient pas la route, à mon sens, de s’enfermer dans une solution autonome et ce serait même contre productif pour Qualcomm qui truste le marché mobile haut de gamme aujourd’hui. L’offre gaming d’Android reste une plaisanterie pour beaucoup de joueurs.

On peut donc penser à une passerelle permettant de jouer en streaming, ce qui fait beaucoup plus sens aujourd’hui. Le marché du jeu dématérialisé et calculé sur un serveur externe est en plein boom. Les acteurs sont désormais nombreux et performants. Nvidia, Sony, Microsoft, Google, Facebook et même Netflix de manière balbutiante… Tous ces acteurs sont concernés par ce type de dispositif qui offrirait une approche nouvelle pour piloter leurs jeux. C’est important car l’absence d’offre est ce qui a tué les consoles mobiles par le passé. Payer le développement de nouveaux titres et les porter sur un format spécifique coûte cher. Développer sa propre console mobile comme le faisait Sony coute également de l’argent. Ici l’offre est présente, énorme, et a portée de connexion internet. Un engin mobile équipé d’une puce Snapdragon G3x pourrait sans doute proposer une connexion plus que suffisante avec ces services et donc accéder à la totalité de ces catalogues. Cela  permettrait de piloter des jeux triple A en échange d’un abonnement à un service de Cloud Gaming externe.

Il y a évidemment la troisième voie d’un mélange des deux, une solution qui permettrait de jouer en mode déconnecté en téléchargeant des jeux sur la console mais également de jouer en ligne via un service de jeu externe. C’est probablement la voie à suivre pour ce projet car c’es la plus souple pour les joueurs. Qualcomm indique bien que sa puce sera capable de piloter aussi bien des jeux Android que des jeux en streaming en ligne ou locaux- c’est déjà le cas de ses Snapdragon actuels – et il est évident que ce serait le plus gros atout de ces produits. On pourra donc jouer hors connexion, piloter un PC local qui exécutera le jeu affiché sur l’écran de la console ou streamer le contenu d’un jeu calculé par un serveur externe.

Snapdragon G3x

Si cette mayonnaise prend, si le SoC est vendu de manière à fabriquer des consoles situées sous les tarifs actuels du marché – une fourchette moyenne définie par Valve et Nintendo située autour des 400€ – l’offre pourrait avoir du sens. Le reste des fonctionnalités présentées par le prototype de Razer ne sont à prendre que comme un état de l’art : La webcam 5 mégapixels offrant une vidéo 1080p pourrait varier vers d’autres solutions. Certains ne seront pas intéressés par la vidéo conférence sur ce type de dispositif, les deux microphones pourraient également être déclinés vers des solutions différentes. Razer a intégré quatre enceintes sur son modèle qui pilote du Wifi6E, du Bluetooth 5.2 et se connecte en 5G. Cette console, baptisée Snapdragon G3x Handheld Development Kit dans cette version de travail, proposera un écran de 6.65″ en FullHD OLED. Pas sur que tous les constructeurs s’intéressent à cette diagonale ni à ce type de dalle. Des solutions plus grandes en IPS pourraient être proposées, ou plus petites pour rentrer plus facilement dans une poche par exemple. Les possibilités sont nombreuses.

Tout le monde a quelque chose à gagner – sauf peut être Valve et Nintendo mais ils jouent sur d’autres terrains – à développer cette nouvelle plateforme. Qualcomm, d’un côté, qui s’ouvre un nouveau marché intéressant à moyen et long terme. Les marques qui pourront proposer de nouveaux produits à leur catalogue. Les éditeurs qui offriront des titres en streaming supplémentaires et les plateformes de streaming qui verront fleurir de nouveaux abonnements.

Le grand public enfin pourrait y trouver son compte avec des engins mis   en concurrence, des propositions situées à différents tarifs et indépendantes en partie de la puissance qu’elles embarqueront. Difficile pour un particulier d’acheter une console enfermée autour d’un coeur mobile au vu de l’évolutivité de ceux-ci. Le fait que le jeu soit en bonne partie dématérialisé assurera à la console une pérennité très différente des solutions passées. Jouer à un jeu Triple A de PC en streaming dans de bonnes conditions se fera aussi bien aujourd’hui que dans plusieurs années sur un Snapdragon G3x. Le principal étant la liaison entre la machine et le serveur et non pas la puissance embarquée entre les deux joysticks.

Notes :

  1. On ne sait pas si ce sera du jeu affiché dans cette définition ou calculé jusqu’à cette définition…

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7 commentaires sur ce sujet.
  • 2 décembre 2021 - 17 h 45 min

    Le futur Oculus Quest 3 serait un bon candidat pour ce SOC.

    Répondre
  • 2 décembre 2021 - 19 h 00 min

    Je pense que ce fabricant a comprit qu’une puce dédiée a une console de jeux a sa chance .
    Il est évident que nos consoles ANBERNIC et autres sont en partie handicapées par l’utilisation de puces plus anciennes et pas vraiment adaptées a l’utilisation ludique .

    En gros ,nos consoles de jeux portables ne sont pas toutes acheté pour faire tourner des jeux Gamecube ou PS-2 .
    La plus part des utilisateur aimerai une solution simple ne nécessitant pas trop de mise a jours tout en disposant d’une console offrant un bon CPU et un bon GPU .

    Il est évident que Qualcomm peut facilement reprendre la base d’une ancienne puce pas assez performante pour un smartphone mais bien trop puissante pour une utilisation en jeux .

    INTEL a réussi a placer sa gamme CELERON dans un bon niveau de prix et d’utilisation ,il est évident que certain processeurs gravés au niveau actuel et accompagnés d’un bon GPU donneraient de bonnes bases a une consoles de jeux .

    Il y a une place pour une SWITCH utilisant un esprit Open Source , le truc reste le prix de la console équipée d’un processeur et la gamme de jeux qu’elle offre .

    La réussite du fabricant ANBERNIC c’est a la fois un PRIX et une Ouverture sur divers OS alternatifs .

    Ma première console Android de chez JXD je l’ai acheté 90 euros ,mon ANBERNIC 351 MP m’a coûtée 120 euros .
    Un SWITCH LITE coûte 200 euros .
    Si RASER sort une SWITCH LITE sous Android pourquoi pas mais au prix d’un ODIN pas d’une STEAM .

    Répondre
  • 2 décembre 2021 - 19 h 23 min

    […] à ses pieds. Et que dire des offres en approche comme le Steam Deck ou la toute récente annonce de Qualcomm autour de son Snapdragon G3x. Ces nouvelles solutions de jeu mobiles qui vont offrir de larges possibilités de […]

  • 2 décembre 2021 - 20 h 22 min
  • 2 décembre 2021 - 23 h 28 min

    Perso le dématérialisé n’est et ne sera jamais du mobile.

    Aucun intérêt d’avoir ce genre de machine ou presque si ça ne marche que dans le salon avec du Wifi 5Ghz et pas dans le metro sans aucune connection.

    Surtout si on peut même pas le sortir dans une rame bondée vu que ça fait la demi taille d’un micro onde.

    Répondre
  • 2 décembre 2021 - 23 h 42 min

    @Voljega: Je ne partage pas cet avis.
    Pouvoir jouer n’importe où dans mon logement avec un engin portable et ergonomique m’intéresse énormément. Ne pas avoir à lâcher 2000€ pour pouvoir le faire sur de gros jeux en bonne qualité également.

    Un corps de Steam Deck (avec tous ses contrôles) avec ce type de SoC me permettrait de sauter le pas d’un abonnement GeForce Now : léger, silencieux, autonome, peu cher… C’est le graal pour moi.

    Enjoy !

    Répondre
  • Luc
    3 décembre 2021 - 8 h 54 min

    Bien que non joueur, j’apprécie l’article et la qualité de l’analyse de Pierre.
    Merci !

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