Raspberry Pi cède – encore – aux sirènes de la bourse

C’est Eben Upton himself qui l’annonce, la précédente entrée en bourse ayant été annulée en 2021, une nouvelle est désormais enclenchée.

Raspberry Pi veut entrer en bourse, à Londres, et ainsi devenir une entreprise cotée comme une autre. Une nouvelle qui va faire grincer des dents toute une communauté. Même si les choses ne sont pas forcément aussi tranchées qu’on le croit.

Raspberry Pi est quasiment composée depuis ses débuts de deux entités distinctes, la Fondation d’un côté qui est une organisation à but non lucratif qui a pour objectif l’apprentissage de l’informatique au plus grand nombre. Et une entreprise commerciale de l’autre qui propose des produits informatiques et autres composants. Il s’avère que leur approche commerciale est aussi orientée vers des produits Linux, Open Source – à la différence du matériel vendu – et des cartes abordables. Mais cela reste une entreprise commerciale. Et c’est cette seconde entité qui cherche aujourd’hui à entrer en bourse. Pourquoi ? Il ne faut pas se voiler la face, si Sony (qui fabrique les Raspberry Pi) et ARM (qui développe l’architecture des SoC intégrés aux cartes) sont déjà actionnaires minoritaires de la société, la majorité des parts appartient au personnel de la société. Ce personnel, et en particulier ses figures emblématiques, possèdent des parts d’une entreprise difficile à valoriser en l’état. Le fait de dire « j’ai 10% de Raspberry Pi » ne vous ouvrira aucune porte et ne paiera aucun crédit. En entrant en bourse, ces parts vont se transformer en actions et ces actions pourront à leur tour se transformer en argent. La raison de cette entrée en bourse est donc assez simple : le pognon.

Raspberry Pi Pico

Le RP2040

D’autres points peuvent se comprendre et en particulier la recherche de nouveaux investisseurs capables de permettre à la société d’évoluer, de changer de braquet et de proposer des nouveautés plus aventureuses. Des produits innovants et pourquoi pas des solutions plus complexes que ses différentes cartes. On a vu le succès des RP2040 et on sait que la marque est capable de choses brillantes.

On peut tout de même se demander si le fait de laisser la société intégrer un marché boursier ne va pas transformer sa mentalité, ses objectifs. Pour le CEO de Raspberry Pi, cela ne sera pas le cas tant qu’il sera « à son poste ». Ce qui n’est en rien une garantie. Cela revient juste à dire que si un jour un fond spéculatif veut gagner plus d’argent avec la société, ou changer sa manière de faire, elle devra virer Eben Upton au préalable. Chose que peu de fonds de pension ou de sociétés de gestion hésitent vraiment à faire. Quitte à donner un joli parachute doré au précédent PDG pour en placer un plus complaisant avec leurs ambitions.

Eben Upton comprend les inquiétudes des clients de Raspberry Pi et estime que c’est un « bon signe » car cela veut dire que la société bénéficie d’une certaine loyauté de son public d’utilisateurs. On peut effectivement prendre cette nouvelle comme cela et penser que le fait que ceux qui emploient les cartes pour des projets persos soient concernés est un signe qu’ils apprécient vraiment cette marque. Pour ce qu’elle a fait par le passé, pour son rôle éducatif et même, éventuellement, pour les déboires qu’elle a connu ces dernières années avec la crise du COVID. Mais croire que parce qu’on s’inquiète de cette entrée en bourse par souci du passé cela gommera la vigilance pour le futur serait une grave erreur.

Raspberry Pi n’est plus vraiment en odeur de sainteté et si votre serviteur veut bien croire que la marque veut se remettre sur pied, trouver des fonds, développer des nouveautés et, pourquoi pas, récompenser son personnel en lui offrant une somme liée aux parts de chacun. Il serait hasardeux de parier sur un passe droit technique ou commercial. Après les mésaventures des stocks, les augmentations de tarifs, le patinage évolutif par rapport à une concurrence toujours plus exacerbée… Raspberry Pi continue de séduire parce que la marque a gardé son côté pro dans sa production. Le fait de tenir à jour sa partie logicielle, de ne pas faire de concessions sur le matériel et de livrer des produits testés est un énorme avantage. Mais le jour où un de ces élément faiblira, et il serait dans l’intérêt évident d’une meilleure rentabilité immédiate que cela soit le cas, tout le château de cartes bâti par la marque s’effondrerait rapidement.

Aujourd’hui, la société Raspberry Pi est évaluée à un demi milliard de dollars, une coquette somme qui pourrait mettre un peu d’épinards au centre d’une marmite de beurre pour certains membres de l’entreprise. Mais si demain les actions en bourse sont portées par des actions de terrain peu favorables aux utilisateurs, il y a de grande chance que le public s’en détourne pour s’orienter vers d’autres produits. Et c’est déjà le cas. Le paquebot RPI à ouvert la voie dans son sillage une foule de cartes en tous genres sur le même principe. Des clones plus ou moins complets au départ et, depuis quelques années, des solutions qui tracent leur propre chemin. Toutes avec des défauts de jeunesse ou de communauté mais, justement, des défauts qui ne demandent qu’à être réglés si les membres de la communauté de Raspberry Pi se sentent un peu trop orphelins.

Des millions de Pi sont utilisées à travers le monde…

L’autre grande peur vient du fait que les Pi sont désormais les colonnes vertébrales de nombreux produits de petites et moyennes entreprises. Des composants vitaux qui leur ont permis de proposer des services fiables et de qualité. Ne pas avoir à développer une carte de ce type, compter sur des composants précis et choisis pour leur robustesse, avoir la possibilité d’acheter ces cartes facilement en petite quantité et n’importe où a changé la donne pour des milliers d’entreprises. Avant les Pi, il était nécessaire soit de payer pour faire fabriquer des centaines ou des milliers de cartes conçues en interne puis de les stocker. Des investissements lourds et couteux qu’il était difficile et long d’amortir. Soit de se contenter des cartes existantes avec des prix élevés, des prestations médiocres et souvent un suivi logiciel hasardeux. Avec les Pi, les frais de conception et de fabrication ont d’un coup été dilués à l’infini par des millions de pièces vendues. Leur approche ouverte, capable de s’adapter à des milliers de formules différentes, à créé un écosystème très complexe, plein de possibilités et de réalisations.

Mais cette vision d’une foule de partenaires que l’on fournit de quelques dizaines à quelques centaines de cartes régulièrement est tout à fait contraire à la vision de rentabilité d’une société cotée. Elle préfèrera livrer quelques grossistes qui prendront en charge la distribution des cartes en ajoutant leurs marges au passage. Avec tous les déboires que cela suppose : préférer les gros clients plutôt que les petits, ne pas livrer les plus petites commandes pour pouvoir assurer les partenaires plus aisés, commencer à créer des grilles d’achat qui avantageraient celui qui va prendre 10 000 cartes plutôt que celui qui en veut 100. Bref la fin de cette idée d’un produit à la conception partagée, ouvert à tous et dont tout le monde profite, pourrait être plus rapide que prévu.

La Raspberry Pi 5

Autre inquiétude, que les utilisateurs particuliers pâtissent également de cette évolution. On a bien vu pendant la pandémie et la période suivante que la fondation n’avait pas livré les cartes en priorité aux revendeurs grand public. Les Raspberry Pi 4 ont d’abord été livrées aux entreprises avec lesquelles la marque avait des contrats. Et cela peut se comprendre, si elle n’honorait pas ses engagements avec eux, elle aurait pu tout simplement disparaitre. A fortiori, il faut bien reconnaitre que Raspberry Pi n’a pas pris d’engagements avec les professionnels pour le Pi 5. 100% de la production actuelle de ces cartes part chez des grossistes à destination des particuliers depuis sont lancement. Ce choix de privilégier le grand public est à mettre au crédit de ses équipes… mais encore une fois, combien de temps les dirigeants actuels auront leur mot à dire quand des propriétaires actionnaires auront pris les rênes de l’entreprise ?

Idem pour les vœux de Eben Upton, ce dernier déclare que cette introduction en bourse offrira plus de moyens à la fondation pour de multiples choses : Former des gens, faire tourner des clubs, améliorer et agrandir les programmes existants. Il estime que les moyens alloués à la fondation pourraient doubler après cette évolution boursière. Avec toujours cette idée en tête que cela ne sera le cas que quand il sera là… Sans aucune garantie derrière.

Upton demande à la communauté de leur faire confiance et de continuer à surveiller la marque. Qu’elle ne devrait pas faire évoluer ses prix, ses marges ou baisser la qualité ou les capacités de ses produits. Qu’il faudra juger sur pièces dans 15 ou 20 ans… Je ne demande qu’à le croire mais je reste dubitatif. Pour moi, la partie éducative et hobbyiste est un élément central de l’équation de la marque mais elle n’a logiquement rien à faire dans les mathématiques d’un investisseur. Paradoxalement, sans ces éléments il ne resterait plus à Raspberry que sa gloire passée et ses contrats avec une foule de pros. Mais entre 2012, date de sortie de la première carte, et aujourd’hui, le marché a considérablement évolué. Il n’est plus impossible pour une PME de trouver des SBC d’autres marques proposant des services équivalents. Reste la communauté et les développeurs mais là encore, ce mouvement pourrait pousser à un exode des meilleures volontés.

Sources : The Register et Ars Technica


Soutenez Minimachines avec un don mensuel : C'est la solution la plus souple et la plus intéressante pour moi. Vous pouvez participer via un abonnement mensuel en cliquant sur un lien ci dessous.
2,5€ par mois 5€ par mois 10€ par mois Le montant de votre choix

Gérez votre abonnement

27 commentaires sur ce sujet.
  • 1 février 2024 - 9 h 28 min

    Ce n’était pas une fondation?

    Répondre
  • 1 février 2024 - 9 h 47 min

    « La raison de cette entrée en bourse est donc assez simple : le pognon. »
    Étonnant, non ?

    Répondre
  • bob
    1 février 2024 - 9 h 48 min

    Il y a deux parties, la société commerciale et la fondation.

    Mon ressenti c’est qu’ils vendent l’écosystème, c’est à dire le travail bénévole depuis 10 ans de millions de personnes.

    Mais ça fait un petit moment que c’était devenu le diable avec les décisions d’Eben, du coup ça ne fait que confirmer que ce n’est pas la bonne piste pour les diyers plein d’idéaux.

    Répondre
  • Alu
    1 février 2024 - 9 h 54 min

    Et ils veulent du cash pour en faire quoi?

    C’est juste pour valoriser ses parts ou il y a un but pour pouvoir investir?

    Au delà du fait que, de toute façon, s’ils restent majoritaires ils feront ce qu’ils veulent…j’ai du mal à être convaincu par leur stratégie…

    Le principal problème du raspberry pi ces temps ci c’est, je pense, qu’il est en train de perdre le grand public à cause de l’indisponibilité et des prix délirants par rapport aux alternatives…

    Du coup, vous l’avez compris, mon interrogation c’est: le but c’est d’utiliser ce cash pour avancer ou c’est juste de valoriser les parts de Upton?

    Répondre
  • bob
    1 février 2024 - 10 h 05 min

    Les anglo-saxons ont un relation différente au business. D’un point de vue économique ce n’est pas délirant, au contraire, ça semble une suite logique d’un sucés mondial.

    Répondre
  • 1 février 2024 - 10 h 07 min

    De toute façon ces machins avec leurs blobs broadcom proprios et fermés, depuis le départ c’est à l’opposé de l’esprit open source, et c’est aussi devenu à l’opposé du « accessible à tous » avec leurs tarifs ridicules.

    Bon débarras

    Répondre
  • bob
    1 février 2024 - 10 h 43 min

    @citral: Je suis d’accord…

    Mais franchement la Raspberry a bénéficié d’un capital sympathie énorme et beaucoup de gens ont découvert Linux, le python et les GPIOs. Il y a un avant et un après la Raspberry.

    On a perdu l’état d’esprit en route, tant pis, il y a désormais plein d’alternatives et l’écosystème on va faire sans.

    Répondre
  • 1 février 2024 - 10 h 57 min

    @citral:
    C’est vrai pour la Raspberry Pi mais moins pour le RP2040.
    Alors si cet argent permet d’améliorer les futures générations de RP2040 en restant totalement libre niveau matériel alors ce serait un bon investissement.

    Répondre
  • ben
    1 février 2024 - 11 h 12 min

    @citral: oui enfin c’est malheureusement plus la norme que l’exceptions.
    Et un effort a était fait pour s’en débarrasser. En reste-t-il sur le pi5 ?

    Répondre
  • 1 février 2024 - 12 h 32 min

    @citral: Je ne crois pas que ce soit mieux ailleurs non ? Chez Rockchip ou Allwinner c’est la même chose. Rien n’est Open Source et les Videocore sont pas mal documentés. C’est propre à ARM cet état des choses.

    Le problème est qu’il n’y a pas d’alternative aux Raspberry Pi. Ou du moins rien d’équivalent.

    Répondre
  • 1 février 2024 - 12 h 37 min

    La raison d’une entrée en bourse est toujours le pognon…

    Répondre
  • 1 février 2024 - 12 h 44 min

    Merci pour un billet « critique » au milieu des vagues d’annonces de mini-pc :)

    Il n’a pas fallu attendre les tentatives d’entrée en bourse pour avoir des interrogations :
    – À ce jour, aucune révision n’a ses schémas complets publiés
    – À ce jour bis, l’interface avec les périphériques du cpu se fait à travers un firmware propriétaire opaque
    – La datasheet spécifique des processeurs Broadcom utilisés n’est pas disponible, uniquement celle des périphériques, ne laissant à la communauté que les fonctions auxiliaires et réservant le travail de fond exclusivement à Broadcom
    – L’utilisation d’un SoC d’une marque assez spécialisée et non un concepteur générique garantissait l’absence de concurrence

    Sur ce dernier point, il y a plusieurs années, l’excellente marque sud coréenne Odroid annonçait un SBC avec un cpu Broadcom avant de l’annuler car Broadcom a finalement décidé de garder l’exclusivité à une certaine entreprise au logo framboise. Ça c’est de l’open-source, on adore ! :(

    La comparaison avec Arduino est habituelle : immensément populaire, un format de connecteur GPIO standardisé, design assez ouvert et documenté malgré tout mais ça s’arrête là. Impossible pour Arduino de dealer une exclu avec Atmel, marque réputée, et je trouve l’écosystème et le marché à présent beaucoup plus sain que du côté RPI.

    De très bonnes marques mentionnées ici et là sur ce blog me paraissent plus intéressantes, depuis toujours en fait : Olimex, Libre.computer, Odroid, Radxa, FriendlyElec…

    Merci encore pour ce blog

    Répondre
  • Alu
    1 février 2024 - 14 h 14 min

    @jacquouille:

    Bah oui sinon on fait pas une IPO: c’est normalement le but premier de la bourse proposer des parts (actions) de l’entreprise en l’échange d’un financement qui doit normalement servir à financer des projets…

    Mais ça permet aussi de valoriser la possession de la boite (combien vaut le fait de contrôler la boite)…donc le but d’une IPO peut être aussi pour les fondateurs de valoriser leur entreprise…

    Répondre
  • 1 février 2024 - 14 h 30 min

    @Pierre : Il y a bien l’initiative de pine64 avec la carte Star64 qui se base sur un SoC Risc V de chez SiFive mais le GPU reste encore en close source car les GPU utilisant le jeu d’instructions Risc V développé par la fondation n’est pas totalement mis en place par les industriels pour l’instant.
    Elle n’est pas encore en vente car les certifications sont en cours il me semble.
    https://wiki.pine64.org/wiki/STAR64

    Répondre
  • 1 février 2024 - 15 h 11 min

    @llenlewag: Oui et non. Je veux dire, tu as une boite, des salariés. Est-ce que tu vas t’adosser à ce genre de solution pour construire le projet qui fera vivre ta boite pour les années à venir ? Non. C’est pas assez stable, pas assez sûr. Raspberry Pi reste la solution la plus solide pour ce genre de boite.

    Répondre
  • 1 février 2024 - 18 h 26 min

    Et pourquoi un rpi6 en financement via indigogo?!
    Blague a part, c’est vrai qu’entre une fondation, a but non lucratif, avec tout son écosystème diy, éducatif, etc… et société côté en bourse, qui n’a pour but que le pognon et vite, Upton se retrouve à faire un grand écart façon JCVD.
    Maintenant, le capitalisme, dans ce qu’il a de plus crasse, l’emportant toujours, je ne me fais pas trop d’illusions sur la disparition de l’esprit raspberryPI du début…

    Répondre
  • to
    1 février 2024 - 18 h 55 min

    Si c’est une entrée en bourse classique, toutes ces sociétés qui ont profité de l’écosystème depuis 10 ans et qui veulent que ça continue n’ont qu’à acheter les actions qui seront mises en vente comme ça elles auront le beurre et l’argent du beurre et elles auront voix pour les orientations techniques

    Répondre
  • Luc
    1 février 2024 - 19 h 32 min

    Oui, il y a certes une communauté nombreuse qui a développé tout un écosystème de tutos, de forums, de chaînes YT. MagPi est un super journal. Il y a des tas d’accessoires. Et c’est parce que derrière, il y a une solution qui marche remarquablement bien. C’est RaspberryPi qui maintient son propre noyau et son système d’exploitation. Les pilotes matériels fonctionnent. Parce que des ingénieurs et des développeurs sont payés pour cela et son réactifs aux retours de la communauté d’utilisateurs quels qu’ils soient.

    Ils ont investit 15M$ dans le RP1, peut être cherchent ils d’autres d’autres cœurs que ceux de Broadcom pour pour la partie « compute+GPU+PCIe »; genre Rockchip ou Allwinner qui poserait 100/200M$ (sur les 500 estimés) sur la table.
    Allwinner fait déjà des puces RISC-V et dans les microcontrolleurs, il y a des ESP32 RISC.

    Avec le RP1 et le RP2040, ils gardent la main sur tout ce qui est périphérique (des GPIOs à l’HDMI/USB/Ethernet etc), qui juste marche et qui fait le succès du truc auprès des utilisateurs.

    Ils pourraient alors en grossissant proposer des solutions beaucoup plus variées. Et mieux adaptées.
    Mais il faut des chaînes de production pour sortir toutes ces cartes aussi.
    Là, chez SONY, ils en sont à 360 000 RBPi 5 (la chaussure mal taillée). A 50$/pièce, ça fait 200M$ de CA annuel à la grosse louche. C’est une affaire qui marche !

    Répondre
  • 1 février 2024 - 23 h 13 min

    @Pierre: ça dépend, beaucoup de socs armbian et allwinner sont très bien supportés depuis un moment déjà, et là on arrive à du « feature complete » sous linux 6.6 sans blob ni code propiétaire, y compris u-boot.

    Cela reste limité par rapport à ce que propose raspberry en mode desktop (pas encore de décodage hardware youtube par ex), mais j’ai envie de dire, si c’est un desktop que l’on veut, ça sert à quoi un kit rpi 8G à 150€ de nos jours?

    Vraiment aucun intérêt.

    Si on veut un petit serveur low power, une box tv amlogic sous armbian c’est 30€ pour un bon S905X3, 4G de ram, GB ethernet, l’alim, le boitier, franchement voilà. Pour 60 à 100 on a un S922X qui dépote vraiment pas mal. Chez odroid on a du très bon support en plus.

    Il reste le cas d’avoir besoin de gpios, et une facilité de dev car c’est sur, rpi a la meilleure doc, pour un besoin spécifique, mais ce genre d’usage nécessite-t-il vraiment la puissance d’un pi5, avec ce que ça comporte? Besoin d’une alim conséquente, refroidissement actif donc bruit etc.

    Bref je pense qu’à vouloir faire du « tout y compris desktop » ils se sont perdus. C’est moyen en tout et bon en rien (et surtout pas en prix). Et les blobs broadcom franchement, beurk.

    Répondre
  • 2 février 2024 - 2 h 38 min

    @citral: Le problème n’est toujours pas là. Encore une fois les RPi5 c’est 70K SBC produites par mois. Le gros de la production de RPi c’est les modèles 3 et les 4. Et la majorité de ces cartes partent chez les pros.

    Pourquoi ? Pas pour les performances, pas pour la connectique ou je ne sais quoi. Parce que l’industrie à confiance en RPi. Parce que si demain tu achètes 10 cartes RPi4 ou 5 et que tu les fournis dans le materiel que tu veux vendre pour passer des certifications d’un bureau de contrôle, ça va passer sans problème. Mais surtout si dans 5 ans tu intègre toujours une RPi 4 ou 5 dans ce même materiel, aucun composant n’aura changé et ta certification sera toujours valable.

    Aujourd’hui Odroid joue toujours au chat et à la souris avec les certifications FCC, préférant ne pas intégrer le module Wi-Fi dans une carte comme la M1S pour éviter de devoir certifier le produit. Ils préfèrent livrer un module – non certifié – à part. Un pro ne peut pas compter la dessus. Ou alors il devra lui même payer la certification. Il préfèrera toujours la stabilité d’une RPi certifiée, normée, garantie et encore disponible dans 10 ans.

    Est-ce que l’assurance d’une livraison de composants toujours identique sera présente avec une carte Orange Pi, Banana Pi, Odroid ou autre ? Non. D’abord beaucoup de cartes vendues en import n’ont pas forcément de certifications du tout. Mais surtout les lots varient suivant les arrivages de composants. Et ça un industriel comme une petite PME ne peut pas se le permettre.

    Le gros du business de Raspberry Pi aujourd’hui ce n’est pas/plus le grand public. Ce sont les pros. La boite ne vaudrait pas 500 millions de dollars si c’était juste une société « DIY » et éducation. Il sera très dur pour un autre acteur de venir se positionner face à eux sur ce segment parce que cela coute cher, très cher, d’assurer le travail qu’ils font. Et surtout le travail qu’ils ont fait pour donner confiance en la marque. Il y a littéralement une génération d’ingénieurs qui ont fait leurs armes en école avec des Pi et qui sont aujourd’hui dans la R&D de fabricants de Sonar de pèche, d’affichage public ou de robotique industrielle et qui travaillent depuis 10 ans avec des Pi. C’est un héritage qui n’a pas de prix.

    Et je ne rentre pas dans les débats des SoC Broadcomm qui ont pour eux d’être « Américains » sur une base de développement « Anglaise ». Et non pas des SoC Rockchip (Chinois) ou Allwinner (Chinois) qui risquent de se heurter à la levée de boucliers classique des US pour intégrer des produits industriels au pays de l’oncle Sam. Ni dans la problématique des marques Chinoises qui sont subventionnées par l’état Chinois qui ne s’en cache même pas. Un phénomène qui peut amener littéralement à l’interdiction de l’importation de ces produits du jour au lendemain. Autant d’éléments qui font que les Pi roulent sur du velours parce qu’il serait suicidaire pour une entreprise de tenter le diable en choisissant autre chose que Pi.

    Comme il existe toujours et encore de boites qui achètent des cartes NXP sous SoC Microsys Cortex A53 à plus de 950€… Parce que même si le materiel parait totalement valoir moins de 40€, il est robuste, certifié et même qualifié pour les tâches données. Et que le pro qui les emploie préfère 1000 fois cela pour assurer un cahier des charges ISO je sais pas quoi a économiser 900€sur un composant d’une machine qu’il doit facturer 15K€ sans le contrat de maintenance et de support.

    Alors oui, il existe plein d’alternatives pour le marché particulier, et les Pi5 sont écartelées entre des SBC d’autres marques très très compétentes et moins chères pour le DIY et le marché du MiniPC plus compétent et moins cher pour l’informatique généraliste. Mais le gros du business n’est plus là. La partie « Fondation » a servi de tremplin à la marque qui s’en sert aujourd’hui comme marketing. Et perso ça me va très bien, si demain RPi continue de proposer des cartes de dev au tarif d’avant COVID aux particuliers, cela me convient parfaitement. Même si ils sont en bourse parce qu’ils fournissent des millions de cartes pour faire de l’affichage, des chargeurs de bagnoles électriques, des distributeurs et autres outils industriels de l’autre.

    Répondre
  • 2 février 2024 - 10 h 36 min

    @Pierre Lecourt:

    D’un autre côté, une carte comme un PI5 désormais c’est très peu de composants à intégrer sur un PCB (tout est quasiment déjà dans le SoC) et pour de l’indus, la partie wireless plus chiante niveau certification n’est même pas forcément utile!

    Tout ce qui tire des volumes conséquents n’a à mon sens déjà plus forcément intérêt à utiliser des SBC en « cerveau » d’un ensemble électronique qui nécessite déjà de faire ses cartes… et quand certains sont encore coincés à devoir payer 900€ pour un truc qui en vaut 40, c’est sans doute avec la ferme intention de ne surtout pas récidiver pour le prochain design!

    Éviter à tout prix le « supplier lock-in » a été le crédo pour le soft il y a 15/20 ans pour ne pas se faire dicter sa loi et les tarifs: Le résultat est que Linux est partout en dehors du PC. Le matériel suivra, c’est déjà en marche avec les règles de conception imposant le multi-source sur un nombre croissant de composants et que les pénuries ont encore accéléré.

    L’avenir dira si Raspberry a raison… ou s’ils auront scié très vite leur branche qui aura mis 15 ans à pousser.

    Répondre
  • 2 février 2024 - 10 h 56 min

    @yann: Le Wi-Fi n’est qu’un exemple. Si tu as un bureau de contrôle qui valide ton produit final et que tu changes les composants de celui-ci, cela pose problème pour plein de choses. Dans certains métiers / secteur c’est même carrément critique.

    Je crois également qu’il faut bien comprendre que pour beaucoup de boites l’arrivée des Pi a drôlement simplifié le boulot. Le truc est hyper standardisé, fiable et disponible. Le fait que ca coute 5€ de plus n’a aucun impact pour ce genre de boite qui répercutera les 5€ sur le client final. C’est évidemment une autre histoire pour une boite qui fabrique elle même son PCB parce qu’elle construit 500 000 machines par an. Pour eux une augmentation de 1$ d’un composant c’est 500 000 $ d’impact par an et surtout un stock qui coûte plus cher. Mais pour une société qui fabrique 5000 machines par an et qui peut littéralement trouver 300 Pi facilement (dans les conditions connues avant COVID) c’est absolument insignifiant.

    J’ai discuté énormément avec des boites qui s’appuient sur le Pi pour travailler dans des secteurs industriels et le changement de problématique a été plus que notable a partir du moment ou les SBC ont débarqué. Il a bien sûr fallu faire des ajustements mais le coût de leur électronique a été largement sabré pour une fiabilité accrue.

    Répondre
  • 2 février 2024 - 13 h 45 min

    En France, ACOME est une SCOOP, la plus grosse de France et elle reste innovante et à la pointe de la technologie. La bourse ne fait pas tout.

    Répondre
  • 2 février 2024 - 13 h 56 min

    @Pierre Lecourt: C’est de la sous-traitance informatique ^^ avec des Pi Zero a $10-20 dans lesquels on peut avoir confiance sur les plans hard et soft et sur la durée, ca devient difficile de justifier 2 mois-homme pour concevoir un « coeur informatique » avec les fournisseurs son PCB son logiciel sa doc ses tests ses certifs et son support a moins de dépasser la centaine d’unités par mois. On achète le « cerveau » des machines deja tout fait, comme on achete les interrupteurs et les ampoules/led deja tout faits aussi. C’est impressionnant que Pi aie réussi a monter cette etat d’esprit à un composant aussi complexe.

    La competition c’est effectivement les machins équivalents issus du monde pro, completement obsolètes et hors de prix.

    Répondre
  • 2 février 2024 - 14 h 44 min

    Arduino avait levé des fonds il y a quelques années, ce qui avait soulevé les mêmes questions.

    Le marché des cartes pour bricoleurs (« makers » et « hobbyists ») s’essouffle au profit de l’éducation (programmes « STEM ») et des entreprises.

    Ces dernières ont découvert qu’elles pouvaient utiliser ces cartes à bas coût pour le développement. Elle sont logiquement devenues le marché de choix pour ces solutions.

    Répondre
  • 2 février 2024 - 15 h 22 min
  • ben
    5 février 2024 - 12 h 35 min

    Après si y en a qui veule absolument du full opensource reste https://www.acmesystems.it/ .
    Bon après y aura pas de 4k 60fps, de toute façon y a pas de sortie vidéo.

    Répondre
  • LAISSER UN COMMENTAIRE

    *

    *