OpenBraille : Une imprimante braille OpenHardware

Les imprimantes Braille sont hors de prix. Pour ce billet, j’ai commencé par regarder le tarif de ces engins et on dépasse de très loin le tarif demandé pour une imprimante traditionnelle. 3000, 8000 et même presque 10 000€ pièce, voilà le prix à payer pour imprimer en braille avec des solutions commerciales aujourd’hui. On comprend mieux alors l’intérêt de ce projet OpenBraille.

Du bois, un peu de plastique imprimé en 3D, des composants classiques du monde de la CNC et de l’impression 3D comme des moteurs pas à pas, un servomoteur, une carte Arduino Mega et des composants de recyclage… Voilà tout ce qu’il faut pour construire cette imprimante braille libre.


Si l’informatique et surtout le monde des smartphone a permis à énormément de malvoyants de mieux communiquer, le recours au Braille semble être toujours d’actualité pour communiquer facilement : Pas besoin d’une lecture par voix synthétique, un document que l’on peut lire et relire, sur lequel on peut revenir aisément. Le Braille est un système de communication et de fixation des idées semblable à l’écriture et donc tout aussi précieux. Problème, le tarif très élevé des imprimantes en Braille le rend difficilement accessible pour un particulier même si il a la chance de bénéficier d’aides pour investir dans un de ces engins.

OpenBraille

Avec OpenBraille il est possible de construire une imprimante Braille pour une somme dérisoire et donc d’offrir la possibilité d’envoyer des courriers mais également d’imprimer des documents lourds sur un format classique et durable. Le projet est documenté sur Instructables, les pièces à imprimer en 3D sont disponibles librement sur Thingiverse et le code nécessaire pour piloter la carte Arduino Mega sera bientôt disponible. Comme il s’agit d’un projet  libre, tout un chacun pourra reprendre la partie matérielle comme la partie logicielle pour l’améliorer ou proposer des alternatives.

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OpenBraille

Dans la pratique, il s’agit de déplacer une tête qui va aller embosser des points sur une feuille de papier standard. Une roue tournant grâce à un Servo Moteur dispose des différents schémas de caractère et pousse ou abaisse des embouts en métal qui vont aller déformer la feuille de papier.

OpenBraille

OpenBraille

En face, une autre roue sur un roulement vient se positionner pour répondre à la poussée des embouts métalliques. Ainsi, étape après étape, l’imprimante OpenBraille parvient à écrire les 6 points de chaque caractère, trois par trois.

OpenBraille

Des vis sans fins font voyager les deux éléments sur des axes pour faire défiler les symboles sur la largeur de la feuille de papier. Un moteur d’entrainement d’imprimante classique vient, quant à lui, faire avancer la feuille pour changer de ligne. C’est peut être la partie la plus problématique de l’ensemble car il faut adapter le support imprimé en 3D à l’imprimante recyclée.

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Le reste est une histoire de pilotage des différents moteurs, de positionnement du Servo pour réaliser le bon schéma et de réglage pour générer les bons déplacements.

OpenBraille

Il s’agit d’un premier jet et on peut imaginer qu’un groupe de développeur-bricoleurs pourrait améliorer largement cette idée. Par exemple, en doublant le nombre de points pressés contre le papier pour passer de trois à six afin de créer un caractère à chaque fois pour augmenter la cadence d’impression de l’ensemble. On peut également imaginer une structure en métal réalisée en moyenne série et une liste de modèles d’imprimantes très grand public à rechercher pour recyclage avec des éléments à imprimer correspondant. Le tout pourrait permettre de créer des imprimantes OpenBraille en série pour équiper des bibliothèques, des centres de documentation ou des particuliers. Une manière de rendre accessibles les milliers d’ouvrages non disponibles à ce format.


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13 commentaires sur ce sujet.
  • 2 janvier 2018 - 21 h 08 min

    L’arrivée de l’imprimante 3D au public est une fantastique nouvelle. Ca et le monde open-source, c’est le combo gagnant. Quand je vois les prix commerciaux, dans les 3000-10000€… au moins, avec ça, y en a pour les revenus faibles.

    Sinon, si quelqu’un connaît un atelier pour faire des découpes laser sur Paris, n’hésitez pas. C’est pour une découpe ponctuelle, du coup la plupart refuse (ils souhaitent établir une communauté sur la durée, ce que je peux comprendre). Merci !

    PS : Pierre, j’ai pris le Samsung Série 3 avec AMD, top !!! je ferais peut-être une revue sur le forum

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  • 3 janvier 2018 - 7 h 04 min

    Superbe idée !
    Merci d’en être le relai. Je ne m’imaginais pas le prix de ces imprimantes, encore une fois certains profitent de la misère des autre et du fait que l’état paye une partie du produit pour poser un prix fort sur un produit « simple » et nécessaire.
    Heureusement certains pensent aux autres sans penser fric.

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  • 3 janvier 2018 - 8 h 30 min

    @youri_1er:
    Ne pas non plus oublier que la production de ces imprimantes brailles est aussi beaucoup plus réduites, d’où des couts de production et par conséquence des prix de vente plus élevés.
    Il n’y pas forcément une volonté de profiter de la « misère » des autres.

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  • 3 janvier 2018 - 12 h 58 min

    J’avais entendu parler du lancement du projet, c’est cool de voir qu’il y sont arrivés

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  • Tof
    3 janvier 2018 - 18 h 57 min

    Excellent projet ! Il faut aller de l’avant dans ce domaine.

    Pour ma part j’avais déjà pensé à ce genre de projet mais avec des moteurs solénoïdes qui me semblait plus efficaces.
    Le gros gros problème ce sont les brevets… ben oui parce qu’une simple machine à écrire en braille coûte facile 800 à 1500€.
    L’institut Louis Braille à Bruxelles fait d’ailleurs régulièrement des appels aux dons pour offrir des machines à écrire en braille pour les enfants aveugles, parce que ça coûte très cher.

    Alors que ça se serait plutôt « pas trop compliqué » (bon faut relativiser quand même) à fabriquer avec Arduino et des petits moteurs solénoïdes pour emboutir les caractères.
    Qu’est-ce qui en empêche de faire une machine à écrire braille, connectée de surcroît (et plus rapide à imprimer que celle en vidéo) à moins de 100€ ? –> Les brevets du système d’emboutissage des caractères, tenus par une poignée de fabricants, qui font leur beurre sur ce marché.

    Triste réalité :/

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  • 3 janvier 2018 - 19 h 39 min

    @Tof: Les solénoïdes ça peut fonctionner si tu percute le papier, sinon il faut des sacrés moteurs et cela prend de la place a positionner pour garder une lettre pas trop grosse. Ou alors 1 seul gros solénoïde qui pousse les points un par un et « ligne par ligne » pour former les lettres d’une ligne en 3 passages ?

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  • 4 janvier 2018 - 10 h 02 min

    @Tof, @Pierre : pour optimiser, je me demande s’il ne faudrait pas directement relier 6 mini servos à 6 tiges à emboutir (structure en pattes d’araignées).
    Cela permettrait de se passer de la roue codeuse, et d’avoir la roue presseuse toujours en contact avec le papier.
    Avec un déplacement X,Y pour le papier, ça pourrait aller très vite.
    Rahhhh… vivement que mon atelier soit terminé !

    En tout cas, bravo à tous ces « hackers » qui font avancer les choses !

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  • Tof
    4 janvier 2018 - 13 h 32 min

    @Stardreamer:

    Les servos ne sont pas assez puissant pour emboutir.
    De plus la distance entre les points est formalisée et on ne peut pas se permettre n’importe quoi. Donc il faudra recourir à un complexe système de tiges avec des angles, etc… pour que tous ces gros servos arrivent à emboutir 6 points dans un si petit format formalisé. Et là tu risques fort de tomber sur un brevet (et les brevets dans ce monde sont hélas supérieurs à l’intérêt général).

    Les solénoïdes sont beaucoup plus « puissants » ou adaptés pour ce genre de tache (emboutir), ex: https://www.youtube.com/watch?v=j2F-q6Jecdo
    C’est typiquement le genre de moteur utilisé dans les machines à coudre (pour te donner un exemple d’usage de ce genre de moteurs).
    Et il en existe désormais des versions de plus en plus miniaturisé (rien qu’à regarder sur aliexpress), plus apte à répondre au formalisme du braille dans une intégration compacte.

    Quelques pistes:
    https://youtu.be/Wvt8n5BqoFU (pour la rapidité d’un solénoide sur une base de cnc)
    https://www.youtube.com/watch?v=LEMdf3dL3kY (concept d’emboutisseuse braille)

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  • 5 janvier 2018 - 10 h 29 min

    […] Une embosseuse en Open Hardware. […]

  • 5 janvier 2018 - 22 h 15 min

    @prog-amateur: @Tof: Merci pour les commentaires! Il y a en effet plusieurs solutionnes différentes. Quand j’ai construit la machine j’ai eu à peine le temps de la faire marcher. Il y a plein de trucs qui pourraint être changées et améliorées. Ca me intéresse les suggestions que les autres makers auront. Et j’espère que OpenBraille rendra la lecture accessible à tout le monde

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  • 6 janvier 2018 - 17 h 31 min

    @Aldones : je ne peux pas laisser dire cela, oui il y a exploitation honteuse d’un handicap pour tirer les prix vers le haut, non seulement les imprimantes disponibles sont chères, mais le SAV est pitoyable et les mises à jours on en parle même pas. Rapproche toi des assoces de malvoyants et après tu auras un autre avis. L’idéal serait que des gens fabriquent cette imprimante pour les non voyants (qui eux ne e peuvent pas) pour moins de 500 euros, ça doit être tenable au niveau commercial. Et enfin les handicapés ne sont pas « sponsorisés » par l’état au niveau qu’on le croit.

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  • Tof
    6 janvier 2018 - 19 h 17 min

    @Dadoo:
    Je confirme, c’est après être allé dans une association de malvoyants, puis d’être allé voir les sites des constructeurs que j’ai réalisé qu’il y a réellement un marché d’exploitation dont quelques entreprises en profitent grassement.

    @Carlos Campos:
    Bravo pour ton projet !
    Et content aussi qu’il ait été poussé sur Hack-a-Day pour avoir plus d’audience https://hackaday.com/2018/01/03/openbraille-is-an-impressive-diy-embosser/

    Il faut que ça en inspire d’autres à faire des projets similaires ou t’apporter des retours d’améliorations.
    Je pense que c’est par la multiplicité de solutions qui émergeront dans l’OpenSource/domaine publique, que ce marché d’exploitation et de rente cessera.

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  • 16 janvier 2018 - 15 h 57 min

    @carloscampos bonjour ! on s’est parlé sur instructables, je suis de http://myhumankit.org et j’aimerai beaucoup qu’on se parle avec Arthur de Braillerap… Sui joignable hugo_at_myhumankit[dot]org

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