C’est la fin des NUC chez Intel, le fondeur coupe sa branche après 11 ans de développement de ses Minimachines. C’est évidemment une triste nouvelle car la marque proposait des PC très intéressants dans diverses catégories. Mais c’est peut être également pour le fondeur l’occasion de passer le relais.
A l’annonce de cette information, je suis un peu tombé des nues. Intel a fêté les 10 ans de la gamme NUC en 2022 et semblait bien parti pour 10 années supplémentaires. Mais non, au final, la marque en aura décidé autrement. Après bien d’autres choix de restructuration ces derniers mois, la branche NUC est la dernière à être élaguée par le groupe.
We have decided to stop direct investment in the Next Unit of Compute (NUC) Business and pivot our strategy to enable our ecosystem partners to continue NUC innovation and growth. This decision will not impact the remainder of Intel’s Client Computing Group (CCG) or Network and Edge Computing (NEX) businesses. Furthermore, we are working with our partners and customers to ensure a smooth transition and fulfillment of all our current commitments – including ongoing support for NUC products currently in market.
On a tous bien compris que l’objectif de la nouvelle direction d’Intel était de se restructurer sur son cœur de métier. Etre un concepteur de puces d’abord et devenir un fondeur « comme les autres » ensuite. La marque a choisi de se recentrer sur ces activités et cela passe par des investissements colossaux dans de nouvelles usines. L’embauche de nouveaux cerveaux et un certain accent mis sur ses forces traditionnelles. Cela passe également par un focus assez fort sur ses secteurs historiques. Quitte à sacrifier largement les développements annexes. Développements dont la gamme NUC fait partie.
La division NUC a généré 10 millions de ventes en 10 ans, un résultat plus que respectable mais probablement assez faible par rapport au business global d’Intel. Si ce choix me fait un peu mal au cœur d’un point de vue technique, je peux comprendre le point de vue financier et la stratégie du fondeur. Les marges dégagées par les NUC étaient finalement assez faibles par rapport à l’investissement en temps et en marketing que l’ensemble exigeait.
Une carte mère Intel
On a déjà connu une situation assez équivalente chez Intel par le passé lorsque la marque a arrêté de vendre ses propres cartes mères en 2013. L’idée était alors de passer le relais à ses concurrents et partenaires. Des marques qui proposaient leurs propres cartes avec à leur bord les mêmes puces fabriquées et vendues par Intel. En se retirant de ce segment, le fondeur a en réalité stimulé la concurrence. En distribuant ses parts de marché, Asus, MSI, Gigabyte et autres constructeurs distribuant des cartes mères ont pu récupérer des parts sur ce secteur.
Il en sera probablement de même sur le segment des MiniPC. En arrêtant ses investissements dans les NUC, Intel va stimuler les concurrents à s’intéresser à ces produits. en espérant qu’ils continuent de développer différentes minimachines tout en répondant aux différents besoins de cet écosystème.
Que va t-il se passer (probablement) pour la gamme NUC ?
Pour le client final peu de chose vont changer. Intel va assumer les garanties de ses produits et continuera d’honorer les contrats passés. Les NUC actuels ne sont pas déclarés en fin de vie et les différents acteurs continueront d’être livrés sur ces gammes dans les mois qui viennent. C’est la relève de la 13e Gen qui ne viendra simplement pas. Pas de NUC de bureau de 14e Gen, pas de NUC Extreme ni de solutions nouvelles.
Il est fort possible qu’Intel revende sa marque à un concurrent et que ce dernier reprenne la philosophie, entière ou parsemée, du projet original. Plusieurs acteurs sont susceptibles d’être intéressés par cette idée. Des concurrents d’aujourd’hui qui pourraient être les distributeurs de NUC demain. Malgré tout il parait peu vraisemblable qu’une marque différente d’Intel puisse offrir les mêmes facilités en terme de garantie et de prix.
Il est également probable que l’on n’ait pas le droit à un aussi beau panel de produits que ce qu’a proposé la gamme ces dernières années. Beaucoup d’innovations, de tâtonnements et de réussites ont été liés au côté très indépendant du secteur chez Intel. Une gamme de produits après l’autre, les ingénieurs en charge du développement de ces machines essayaient de nouvelles idées, testaient des solutions, proposaient des engins originaux avec des buts variés. Il est probable que la reprise concurrente soit beaucoup moins innovante et se contente de répéter encore et encore le même MiniPC. Se concentrant surtout sur une mise à jour technique des capacités de calcul pour coller aux impératifs du marché. Là où Intel proposait des formats clé USB, des cartes-PC, des engins de diverses formes et des portables. Des engins pour les particuliers, les créatifs, les joueurs, les PME ou les grands groupes, il y aura probablement beaucoup moins de diversité.
Pour les professionnels, c’est également une assez mauvaise nouvelle. Beaucoup d’industriels qui utilisent des NUCs pour des raisons de compacité, de simplicité d’usage et de durée des gammes comme de leurs garanties vont être déçus. Quand on achète 60 à 100 machines par mois pour de l’intégration chez des clients, il est souvent préférable de choisir un produit qui sera stable. Des machines qui proposeront un support longue durée. C’est ce que les NUC offrent encore aujourd’hui avec une garantie poussée à 3 ans. Un détail qu’ils ne retrouveront pas forcément chez les concurrents. Lors de l’épisode de pénuries lié au COVID, j’ai vu des groupes habitués à acheter de NUCs perdre énormément de chiffre d’affaire à cause de l’indisponibilité chronique de certaines références.
Les boitiers créés sur-mesure pour les NUC par Akasa
Est-ce que les autres acteurs qui dépendent des NUCs vont également y trouver leur compte ? Je pense notamment aux marques qui utilisent les cartes mères NUC pour vendre des MiniPC de leur cru. Soit dans des boitiers sur mesures et notamment des solutions fanless, soit dans des solutions à leur marque pour une clientèle très ciblée. Il est fort probable qu’il y ait pas mal de remous sur ces secteurs. Chez les différents revendeurs, l’annonce d’une fin de partie pour ces machines risque également d’avoir un certain impact tant que le sort de la division n’est pas clairement tracé.
Enfin, je pense aux équipes et aux différents contacts que j’ai pu avoir sur ce segment chez Intel. Je suppose que la majorité des acteurs vont trouver à se recaser soit chez le fondeur soit ailleurs mais c’est également une source d’incertitude pour nombre d’entre eux.
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Les NUC d’Intel m’ont tout doucement fait entrer dans le monde des MiniPC, je suis sur le cul, je pensais aussi que c’était parti pour durer encore de longues années mais non.
Je vais devoir partir à la recherche d’un nouveau constructeur aussi fiable pour quand mon NUC actuel décèdera (le plus tard possible espérons le)
Asus, Asrock et tant d’autres. Ils sont nombreux à faire des produits du même type, garantie de longues années, et éprouvé pour le milieu industriel (poussières, vibrations, chutes, etc…), certifications solides à la clé.
Je ne me fais pas de soucis pour la relève.
D’accord avec TiTi. Mes portables ASUS d’il y a 12 ans fonctionnent parfaitement avec des Linux 64b. Idem avec un NUC de 7e generation. On peut penser qu’Asus continuera à construire des machines avec de l’innovation, mais douteux qu’ils puissent « emmener » l’industrie, comme l’a fait Intel. Mais on trouve maintenant dans les « affaires » de Pierre des machines qui satisfont aux besoins de la majorité des utilisateurs, à des coûts tellement bas qu’on peut penser que la marge est proche de 0. Donc la position d’Intel prend du sens. Les temps changent…
Le pire, c’est qu’Intel lui même utilisait cette gamme pour des besoins de debug distant directement chez les clients fabricants/intégrateurs: Facile d’envoyer ces petites machines préconfigurées avec le soft gérant une sonde processeur, comparé à une tour, avec connexion VPN (voir mobile, si réseau client trop blindé/restrictif) direct chez Intel, permettant à ses ingés de prendre la main sur une carte en développement et d’utiliser sur une machine qu’ils ont pu sécuriser à leur guise des outils qu’ils ne veulent pas publier (par exemple quand il s’agit de déverminer des firmwares).
Même en interne, la gamme va donc leur manquer!
Que dire …rien a part un gros pincement au coeur 💔. Les autres vont reprendre le flambeau ? Oui …avec des compos qui ne tiennent pas la route c est certain…
Adieu Nuc ;(
Je partage ta tristesse et ton constat que ce retrait a cependant un certaine logique.
Malgré tout, on peut remercier Intel d’avoir créé un marché qui semble assez florissant, et qui a permis aux minimachines de se développer.
Quand on voit la différence entre les minimachines de type NUC et les Shuttle d’il y a 15 ans, qui étaient sans doute les plus petits formats auparavant, on peut mesurer le progrès réalisé…
Oui mais quand tu es une PME qui installe des postes à travers la France au travers de solutions industrielles, tu achètes pas des PC noname. Tu prends un PC avec de bonnes garanties et l’assurance d’un SAV sérieux avec des mises à jour valables. Ce que propose Intel avec les NUC.
@Pierre Lecourt:
C est ca … des Pc no name ou meme des Odm reconnu … c est la galere pour le SAV ect ect ect … ils n ont pas le reseau de distribution ! en esperant que IamNuc va vite jumpe sur les odm !
ça ouvre surtout la voie aux Mac Mini. En petits formats haut de gamme, il y avait les NUCs et Apple.
Ces NUCs étaient la vitrine d’Intel, c’est bien dommage.
C’est sûr, les Beelink, Minisforum, GMK et consorts ne sont pas à ranger dans la même catégorie que des Intel, HP, Asus et compagnie, en terme de qualité de machine et de service, si on est un pro, dans une PME ou une grosse boîte.
J’ai jamais trop compris pourquoi Intel voulait jouer les apple avec les NUC…ça n’a jamais été logique de se lancer la dedans compte tenu de leur coeur de métier…mais ça n’empèche que c’était une offre solide dans le secteur.
Je suis un peu déçu en tant que consommateur…une option sérieuse de moins… :-(
A la base les NUC ne devaient être un produit sur le long terme mais plus un exemple de plateforme pour le assembleurs afin de promouvoir le concept.
Mais vu qu’Intel arrivait à faire mieux, avec une forte demande (par rapport aux prévisions), ils ont continué à pousser le concept.
C’est ensuite qu’ils se sont perdu en nous sortant des cartes additionnel, des PC portable « NUC », des « mini » PC aussi gros d’une config ITX. Avec des PC de plus en plus cher (le contraire des 1ers NUC qui étaient eux accessibles).
Et puis il y a une foule de proposition mini PC chinoises et autres que la demande des NUC a du en prendre un coup. Asrock propose par exemple un format NUC mais avec du AMD (d’ailleurs vivement une config avec la 780m).
Au final les NUC les vrais vont beaucoup me manquer et en vrai ils me manquaient déjà vu que je ne suis pas fan des derniers « NUC ».
@Alu: Ils voulaient étendre le marché de leurs Atoms à l’époque, et diriger le marché vers cette voie.
@Alu: La logique a été d’ouvrir un marché entier sur un secteur qui n’avait plus ou peu de produits où héberger les puces développées par Intel. Marché qui a permis d’amortir les coût de développement des gammes.
Accessoirement ça a remis au goût du jour une gamme de machines qui avaient quasi disparu avec la fin des nettops.
Est ce que Intel fait toujours les bons choix ? A vue d’œil, avec l’abandon de la gamme NUC pourtant poussée en avant depuis 10 ans, on peut se poser la question.
@Pierre Lecourt: Oui : j’ai vu des tours de boîtes de NUCs jusqu’au plafond ! Ils étaient utilisés chez Intel justement pour des bancs de tests automatiques pour les smartphones et tablettes (à la grande époque des Medfield !)
Sinon pas plus tard que le mois dernier j’ai réçu par paquet poste le NUC de mes parents qui ne bootait plus à réparer. Ma mère l’avait remis dans la boîte d’origine et quelle rigolade de voir que 7 ans après la boîte faisait toujours « tou ti tou ting ! » quand on l’ouvre !
Pour les pro, je ne vois pas le problème, lenovo et hp (et dell ? Je ne sais pas pour eux) en font aussi des petits pc de ce genre-là, et tout aussi fiables avec une garantie de même durée.
@Cyberfox:
De toute façon je pense que les pros privilégiaient déjà les Optiplex micro, Lenovo Tiny et HP mini plutôt que les NUC.
Quand on choisi un fournisseur c’est pas pour en changer juste pour un type de postes…c’est compliqué en interne: il faut renégocier avec le partenaire, gérer un fournisseur de plus…c’est pas gratuit…
La seule exception que je vois parfois dans les boites c’est les Mac qu’on trouve en plus de PC (pour les créatifs…et pour le patron aussi qui veut son mac… :-D)…
Bien dommage, ce sont des bécanes exceptionnelles, à tout point de vu. Les config les plus légères en utilisation serveurs sont un must.
Je pense à Zotac pour mon futur, ça vaut quoi Zotac? Suivi bio, mises à jour…?
Bonjour,
Je suppose que ça concerne aussi la branche NUC Compute Element
Quid du matériel qui utilise ces cartes, ils vont devoir trouver une autre solution…
https://www.ableton.com/fr/push/upgrading-push/
J’avais, il y a quelques mois, l’idée de me monter un « mini PC », facile à transporter au besoin, qui balance du très lourd niveau CPU et GPU, afin d’avoir une station de rendu complémentaire à ma machine de travail (un Macbook Pro)
J’ai défriché toute l’offre PC. Les seuls boitiers permettant un PC de taille raisonnable, et transportable, sont les mini ITX. Souci : absolument AUCUN constructeur de carte mère mini ITX ne propose l’Ethernet 10GbE. Même les CM haut de gamme, à 500€ ou plus, sont bloquées à 2.5GbE. C’est lunaire.
Au final, le seul et unique mini PC qui à la fois propose les meilleurs composants (core i9 Th Gen, possibilité de mettre la RTX 4090, ram à 64Go et plusieurs emplacement nVme PCIe 4) ET la meilleure connectique (TB4 x2 et Ethernet 10GbE) est le Nuc 13 Extreme
C’est tout, cherchez pas, il y a rien d’autre.
Du coup cette news me mets un peu en bad
Quel dommage !
Je ne comprends pas le principe de la miniaturisation, j’en mettais partout
Serveurs de virtu, pc bureautique.
Pour le moment, aucun constructeur sérieux autre que intel ne garantissait la ventilation de ce type de machine sur 3ans.
Le partenariat avec Akasa pour rendre le matériel passif était génial…
La consommation de 15W Tdp vs les 35W pour les tiny de chez Lenovo et Dell…
La norme vPro pour des machines a moins de 450€ pour le contrôle kvm ip!
une intégration des composants au millimètre.
La stabilité! j’ai un nuc7i3 qui tourne H24 depuis 6ans !
Le nuc 12 et 13 pro sont simplement de très bon produit.
Quel gâchis, je suis dégouté…
J’espère que les constructeurs type Dell, lenovo et hp vont reprendre le concept et l’améliorer…
C’est amusant, depuis des décennies, à chaque fois que j’entends qu’une entreprise/entité se recentrer sur le « coeur de métier », ça amène à d’immenses soucis économiques par la suite.
(déstructurations, sous-traitance à outrance, perte de main mise financière, valeurs oubliées, plus de sens humain, etc…)
C’est systématique.
C’est le « coeur de métier » qui a forgé, ces 30 dernières années, le monde industrialo-économique que nous connaissons maintenant. Les boites de consulting, comme BCG ou McKinsey sont heureux, ou surtout IBM qui semble avoir créé cette notion (à bon escient… pour lui).
Tiens, ça me rappelle HP en 2011 qui se recentrait sur son coeur de métier…….
On appelle ça horizontaliser.
Mais, comme par hasard, certaines sociétés qui marchent à fond la caisse ont repris les reines de toutes leurs chaines, et pas que de production.
L’emblème est Tesla : conçoit, fabrique, vends, du tout début à la fin. Ils veulent même maintenant fabriquer leur batteries. Et ils vont plus loin en achetant des mines de lithium, en prévoyant leurs propres usine de traitement. Tout est contrôlé du début à la fin, pas de surprise, pas de marges cachées, ni X sous-traitants à payer.
SpaceX est évidemment dans le même bateau.
Mais il y a aussi Free chez Nous (qui développe ses équipements)
Apple fait pareil (ses magasins, son OS, son CPU…)
Dans une certaine mesure, les GAFA aussi, ayant intégré complètement toutes les chaines de valeur.
On appelle ça verticaliser.
Désolé pour la digression, mais elle me parait tomber à point nommé.
@StarDreamer: On peut voir ça comme ça. On peut également voir que l’impact voulu par Intel avec les NUC a porté ses fruits et que 10 millions de machines vendues en 10 ans avec les salaires des équipes a payer, des machines a construire et a développer, livrer et suivre ce n’est pas si formidable que cela en terme de revenus.
LA rentabilité des NUC était là et je suis amer de voir la branche disparaitre mais les 10 millions d’unités n’ont pas du rapporter des sommes colossales à Intel. Une broutille en tout cas par rapport au 80 milliards de dollars d’investissements prévus rien qu’en Europe. 25 milliards en Israël et 100 milliards de dollars aux US. Cela reste des plans pour certains de ces chiffres mais des contrats ont été signés avec différents états (Allemagne, Pologne, Israël, Ohio…). Bref quand on parle ici de se recentrer sur le cœur de métier d’Intel c’est bien de reconstruire des usines capables de fabriquer des puces et concurrencer TSMC/Samsung à une large échelle. Pas de couper des branches pour tenter de dégager des fonds pour maintenir des dividendes…
@Will: https://www.bee-link.com/catalog/product/index?id=485 ^^
[…] original du 23/10/2023: Ce que Intel aurait fait du N100 sur le marché NUC, on ne le saura jamais. Mais ce que le Geekom Mini Air 12 propose ressemble vraiment fortement à ce que le fondeur aurait […]
[…] de projets ont été abandonnés ces quatre dernières années. Les NUC par exemple, alors que ces engins étaient une division rentable pour Intel. Les solutions Optane ont […]