Intel NUC 13 Extreme : Raptor Canyon, un PC comme les autres ?

Le NUC 13 Extreme est  la dernière création à destination des joueurs et créateurs de l’équipe NUC qui vient de fêter ses 10 ans d’existence. Un engin qui ne fait plus du tout la même taille que les machines précédentes de sa catégorie. Son châssis occupe désormais 14 litres d’espace quand le précédent modèle, le NUC 12 Extreme Dragon Canyon, n’en faisait que 8. 

Un changement de taille qui vaut d’emblée un mauvais procès  de la part de nombreux internautes au NUC 13 Extreme. Un procès qui part d’une mauvaise interprétation de ce qu’est un NUC. Comme répété pour les 10 ans de la gamme, NUC ne veut pas dire MiniPC mais Next Unit of Computing. Une recherche de nouveaux formats de PC et non pas une recherche absolue de compacité. Si cela avait été le cas, Intel aurait probablement abouti à un format de Clé-PC pour ne plus en bouger… et s’effondrer devant le manque d’appétit des clients. 

La vraie question n’est donc pas de savoir si le NUC 13 Extreme est encore un MiniPC mais si il s’agit du PC du futur tel que le suggère le Next de l’acronyme d’Intel. Et pour bien y répondre, on va devoir se pencher sur ce que propose cette machine.

NUC 13 Extreme : le futur du PC gaming selon Intel

Le parti pris de cette solution est de faire entrer un matériel haut de gamme dans un châssis qui se veut innovant et compact. Par son format, même si on a déjà vu des engins plus petits en Mini-ITX, mais aussi par ses fonctionnalités. Au coeur de cet engin donc, une carte Compute Element de dernière génération.

Celle-ci propose un socket qui peut accueillir par défaut trois puces Intel¹. Les Core i5-13600K, Core i7-13700K et Core i9-13900K. Des processeurs très haut de gamme proposant jusqu’à 32 Threads avec 24 coeurs pour le Core i9. Mais également des processeurs autrement plus gourmands en watts que les puces classiques des MiniPC de la marque. On parle d’une recette qui fonctionne en 125 Watts et  qui peut dépasser les 180 Watts en mode Turbo. Des processeurs qu’il faut alimenter et refroidir avec des composants assez haut de gamme. Impossible d’imaginer ce type de scénario dans un MiniPC classique. L’alimentation nécessaire ne rentrerait pas dans le format MiniPC de 11 x 11 cm des NUC de bureau.

Ces processeurs sont secondés par un double slot SoDIMM de mémoire DRR5 en double canal pouvant atteindre 64 Go. Là encore de quoi proposer d’excellentes performances à l’utilisateur et lui laisser de quoi voir venir  assez sereinement le futur. Le stockage est confié à un triple slot M.2 2280 NVMe PCIe X4 Gen4 mais le nouveau châssis propose également deux baies 2.5″ classiques en SATA 3.0. De quoi monter des unités de stockage conséquentes en interne.

Mais, surtout, la machine peut désormais embarquer une carte graphique secondaire triple slots de 313 mm de long et 155 mm de haut. Un circuit graphique  de 63 mm d’épaisseur qui sera connecté en PCIe X16 Gen5 et pouvant atteindre une consommation de 450 watts. Un changement de braquet qui correspond à des cartes très haut de gamme pour construire des stations de travail ou de jeu sans concession. L’ensemble des consommations du processeur, de la partie graphique et du reste des composants est donc très important, trop pour conserver un format 8 litres. Il faut non seulement alimenter ces postes mais également les refroidir. Intel annonce un engin qui reste sous les 45 dB à pleine charge, une nuisance sonore estampillée « console ». Sous entendu un PC haut de gamme que l’on peut glisser dans son salon.

Pour le reste, c’est évidemment une suite de fonctionnalités plus classiques mais toujours haut de gamme : double port Ethernet en 10 et 2.5 GbE intégré, module Wi-Fi6E Killer et Bluetooth 5.2. Large connectique comprenant HDMI 2.1, double port Thunderbolt 4, six ports USB 3.2 Gen2 ainsi que les trois ports jacks d’une carte mère classique. Tout cela intégré dans le panneau arrière de la carte Compute Element et sans prendre en compte les sorties supplémentaires apportées par la carte graphique secondaire.

Sur le devant du boitier, on retrouve deux ports USB 3.2 Gen1 Type-A et un USB 3.2 Gen2 Type-C à côté du bouton d’allumage de la machine.

Le boitier est construit de manière assez classique avec une aspiration assurée par deux ventilateurs de 12 cm placés derrière le châssis de manière à assurer la ventilation de l’ensemble des composants : Alimentation, carte graphique et carte Compute Element. L’ensemble de l’air intérieur sera renouvelé en permanence. Le processeur quant à lui expulse son air réchauffé sur le dessus de l’engin via une solution déportée. 

L’alimentation est une 750 Watts 80+ Gold SFX totalement modulaire taillée sur mesure pour piloter tout ce petit monde sans prendre trop de place. L’ensemble du châssis mesure 31.8 cm de haut pour 33.7 cm de profondeur et 12.9 cm de largeur. Le NUC 13 Extreme bénéficie d’une garantie étendue par Intel à 3 années complètes après l’achat.

Si cette machine n’est pas la plus compacte proposée par Intel, c’est la vision la plus compacte possible de la marque d’un engin de ce niveau de performances. Intel a fait entrer au chausse pied les différents composants qui la composent. En regardant les photos de ce NUC 13 Extreme, on comprend très vite qu’il n’est pas possible de proposer ce genre de prestation dans un engin plus petit tout en gardant une échelle de distribution industrielle.

Il sera toujours possible de voir un passionné construire un engin plus étroit, une solution embarquant un refroidissement à eau et un montage très compliqué qui proposera ce genre de solution dans un format de 13, 12 ou même 10 litres. Mais à quel prix ? Au bout de combien d’heures de montage et avec quelle garantie ? Ce que propose Intel ici, ce n’est pas la machine la plus compacte possible avec ce niveau de performances mais la solution la plus avancée qu’un constructeur comme lui puisse mener à bien pour être commercialisée à une large échelle.

La carte Compute Element et son socket.

De « Next », il y a cette double recherche d’un PC qui reste beaucoup plus compact qu’un boitier classique grâce, entre autre, au format du Compute Element mais également en ayant recours à cette alimentation très réduite. Le tout en prenant en compte la volonté d’une distribution à plus large échelle que le montage effectué en plusieurs heures par un passionné. Construire un PC ultracompact plus réduit est évidemment possible, répondre à un carnet de commande de 5000 unités et les garantir 3 ans ensuite est déjà un autre pari.

C’est cette dimension là qui correspond au monde des NUC, pas celle d’un artisanat de passionné qui ne comptera pas son temps. Et de fait le public visé par Intel n’est pas celui qui sait monter un PC de toutes pièces dans son salon. Ceux pour qui la recherche des composants fait déjà partie d’un casse tête jubilatoire. Intel vise des professionnels de la création à la recherche d’une station compacte et pouvant fonctionner 24H/24 sans faire -trop- de bruit ni broncher en cas de surmenage. Des joueurs ayant envie de lancer une partie sans se soucier du matériel qui va piloter leur jeu favori. Des industriels à la recherche d’une station performante pour piloter leurs outils. Des salles de jeu voulant un matériel robuste et bien garanti qu’il sera facile de mettre à jour ou de réparer.

Un public prêt à payer une solution robuste à un prix élevé parce qu’il sait que ce sera plus rentable pour eux que de faire des économies et risquer une panne. Cela se sent d’ailleurs dans les tarifs de ces machines. Intel annonce des prix allant de 1179 à 1549$ Hors taxes suivant les processeurs choisis. Un prix qui ne comporte ni mémoire vive, ni stockage, ni carte graphique et encore moins de système d’exploitation. Si on additionne ces autres postes, la facture sera effectivement très salée. Beaucoup plus que pour un PC tour traditionnel.

L’utilisateur lambda n’a aucun intérêt à acheter un NUC 13 Extreme pour l’installer dans sa chambre ou son salon. Un cabinet d’architecte ou un patron de salle de jeu à la recherche d’une solution amortissable sur 3 ans peut au contraire se poser la question.

1. Et peut être accessible pour en changer.