ARM Flexible Access : donner de la souplesse aux designers de SoC

Avec ARM Flexible Access, l’idée est de permettre aux concepteurs de SoC de concevoir des nouvelles puces sans avoir à avancer de licence. Les designers pourront piocher dans le catalogue de coeurs et de chipsets de la marque pour concevoir des nouveautés sans débourser un centime.

ARM Flexible Access porte très bien son nom, il s’agit d’assouplir les règles nécessaires à la création de nouvelles puces ARM pour tous les designers de SoC. Hier, les concepteurs de puces devaient d’abord accéder au droit d’utiliser chaque type de coeur. Cela veut dire que vous commenciez par payer une licence avant de pouvoir commencer à travailler.

Cette licence concernait chaque brique de votre future puce. Vous vouliez construire un SoC big.LITTLE en Cortex-A53 et Cortex-A57, il vous fallait donc obtenir la licence des deux cœurs pour commencer a travailler. En ajoutant un chipset graphique Mali, il fallait payer une troisième licence pour ne serait-ce que commencer à plancher sur votre puce.

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Le modèle d’avant : La partie bleue est due en amont de tout profit.

Voilà un énorme frein pour tout nouvel arrivant dans le secteur, un problème pour tous ceux qui voudraient innover également. Imaginez, vous avancer les licences de ces puces avant de vous mettre à plancher sur une nouvelle solution. Il vous faudra des mois et des mois de développement avec des charges importantes à assumer pour commencer à gagner de l’argent. Il faut payer les licences, payer les salaires de vos ingénieurs, produire des samples très coûteux pour valider votre travail, assumer du marketing pour faire connaitre votre solution et ensuite démarcher des fabricants pour qu’ils adoptent votre puce. Si vous envisagez un développement lourd, une solution réellement nouvelle, cela peut se traduire par des années de travail en amont de la commercialisation d’un nouveau SoC. Les royalties commençaient également à tomber sur les puces fabriquées pour le développement de la puce. Imaginez vous  produire des lots de 1000 ou 2000 puces à destination de vos partenaires pour les expérimenter eux-mêmes, avec les royalties applicables à des ventes classiques. Double peine.

Vous comprenez pourquoi la plupart des acteurs s’appuient directement sur des designs de ARM, les solutions proposées par défaut par la société. Des mélanges de coeurs recopiés tels quels et appliqués par des marques comme Rockchip, Allwinner ou Mediatek. Ces solutions peuvent être immédiatement commercialisées et réduisent le temps entre l’achat des licences et le début de commercialisation puisqu’il n’y a pas un développement complet à mener pour une solution innovante.

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Aujourd’hui, avec ARM Flexible Access, la société étend ses licences de base pour leur offrir plus de possibilités. ARM propose une unique licence « catalogue » qui va permettre de puiser dans énormément de designs différents. Les constructeurs qui s’offriront cette licence pourront choisir les coeurs dont ils ont besoin, expérimenter avec et commencer à développer des partenariats pour une coût global et unique. On parle d’un pack de base annuel de 75 000 $ et d’un pack complet de 200 000$ par an. Si vous avez besoin de développer des puces pour vos partenaires, elles ne seront plus taxées de royalties comme des modèles commerciaux. Les constructeurs pourront donc expérimenter plus facilement, essayer de nouvelles solutions, proposer des solutions sur mesures pour leurs partenaires avant de lancer les productions. ARM de son côté se concentrera sur les royalties des puces réellement vendues. 

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Cette licence ARM Flexible Access permettra d’accéder à un énorme éventail de solutions chez ARM : Les Cortex-A que l’on connait très bien, des circuits graphiques Mali, les solutions de sécurité, de connexion, les contrôleurs, les designs… Tout en bénéficiant des mêmes supports techniques et mises à jour que les autres. 

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Trois systèmes de licences vont cohabiter, à des coûts différents.

Les circuits les plus récents ne sont pourtant pas au rendez-vous, les cortex ne prennent pas en compte les puces A7x par exemple mais s’arrêtent au A53. Les derniers Mali ne sont pas non plus présents sur le tableau. ARM indique que 75% des licences Cortex de ces deux dernières années sont concernée mais pas les puces les plus évoluées. Celles-ci resteront sur le modèle de licence « traditionnel » précédent.

Pourquoi lancer ARM Flexible Access ?

ARM cherche à vitaliser le secteur en offrant la possibilité à de nouveaux acteurs de venir s’y implanter. Il est important pour la société que de nouveaux venus viennent grossir les rangs de ses partenaires. Les puces de base sont suffisantes sur de nombreux secteurs très concurrentiels comme l’IoT, le pilotage de drones, de solutions de télésurveillance ainsi que le secteur milieu et entrée de gamme en smartphones et tablettes. Cela permettrait surtout d’intégrer des puces ARM là où il n’y en a pas encore. De la cabine d’ascenseur à la lampe de bureau, il serait possible de concevoir des solutions peu coûteuses qui pourraient rendre des services variés à condition que cela ne coûte pas une fortune en développement.

Un fabricant de lampes ne se tournera jamais vers une solution de ce type si il doit employer une puce trop largement sur dimensionnée pour son usage. Par contre, il peut se tourner vers un concepteur de solutions ARM qui aurait la licence ARM Flexible Access pour concevoir un SoC sur mesures. Une puce capable de varier la luminosité de votre bureau en fonction d’un capteur de luminosité. Une puce qui détecte quand personne n’est devant elle avec un capteur infrarouge et qui se rallume automatiquement si la lumière est basse et que quelqu’un s’assoit. Une puce également capable de vous prévenir que vous êtes assis depuis trop longtemps sans bouger en variant subtilement d’intensité. Une puce programmable en horaires ou qui saurait vous signaler l’arrivée d’un email ou d’un visiteur à votre porte. Et surtout une solution dont l’implantation serait marginale en terme de coût pour le fabricant de lampes. Pas besoin d’un Cortex haut de gamme ni d’un chipset graphique, une solution de ce type pourrait ne coûter que quelques dollars à produire.

C’est également une opportunité intéressante pour que de nouveaux acteurs se jettent dans le bain. Non seulement des concepteurs de puces mais également des gens issus du monde logiciel. Il est possible qu’une entreprise de développement développe des SoC sur mesures pour des usages précis. Pourquoi ne pas imaginer qu’une licence ARM Flexible Access profite à une entreprise développant des solutions Linux par exemple. De quoi profiter du support de la part d’ARM pour concevoir un SoC parait pour un usage Linux et proposer ensuite des machines sur mesures pour leur public.

Plus simple à gérer, ce nouveau système fluidifiera également les échanges entre ARM et ses partenaires. Non seulement cela fera baisser les coûts de conception et d’expérimentation mais cela ouvrira la porte à des structures n’ayant pas les moyens d’investir dans les solutions de licences précédentes. Testé en amont avec des partenaires choisis par ARM pour vérifier l’opportunité de ce changement, le passage du système classique à ARM Flexible Access a porté ses fruits en poussant ces acteurs à trouver de nouvelles solutions pour leurs clients. Un changement qui semble pour le moment bénéfique pour tout le monde.

Sources : ARM et ARM


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5 commentaires sur ce sujet.
  • 18 juillet 2019 - 15 h 05 min

    ARM fait évoluer son modèle, mais c’est reculer pour mieux sauter: Après le logiciel libre qui évite de réinventer la roue et permet de se concentrer essentiellement sur son applicatif tout en éliminant le problème du fournisseur d’OS spécialisé mettant la clef sous la porte (ou forcé de mettre un terme à votre relation commerciale par décision politique)… c’est le design matériel libre qui pousse. Et l’élément le plus complexe, le microprocesseur, n’y fait plus exception.
    L’affaire Huawei a fait prendre conscience aux derniers naïfs qu’il fallait bouger pour éliminer dépendances et les blocages potentiels qui vont avec.
    L’inflexion côté soft s’est faite au début des années 2000. La matériel, cela végète depuis 5/7 ans, s’accélère depuis une paire d’années et Trump oblige à accélérer très fort.

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  • MG
    18 juillet 2019 - 17 h 04 min

    « Une puce capable de varier la luminosité de … Pas besoin d’un Cortex haut de gamme ni d’un chipset graphique, une solution de ce type pourrait ne coûter que quelques dollars à produire. »

    –> il y a les ESP pour ça ;-)

    (PS: merci pour tous ces forminables articles ! Votre site est un vrai bonheur pour la lecture et la veille techno :-) )

    Répondre
  • 18 juillet 2019 - 17 h 32 min

    @MG: La ESP font une vraie concurrence et je me demande si ARM n’y réagit pas…

    Répondre
  • tof
    20 juillet 2019 - 11 h 31 min

    @MG:

    Moins cher et plus approprié que les ESP pour cet usage (si t’as pas besoin de wifi/bluetooth), il y-a le ARM Cortex M3 (que l’on retrouve sur les micro-contrôleurs STM32) ;)

    C’est le type de micro-contrôleur qu’on peut retrouver par exemple dans certaines trottinettes électriques lâchées sur les trottoirs des grandes villes.

    Le mot clé pour les bidouilleurs en herbe se nomme « blue pill » https://wiki.stm32duino.com/index.php?title=Blue_Pill

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  • 10 février 2020 - 20 h 44 min

    […] avec ARM, ces solutions seront proposées aux constructeurs qui pourront s’en emparer – contre royalties – pour les intégrer dans différents appareils. Les Cortex-M55 et Ethos-U55 ont été […]

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