Le plus gros reproche qui a été fait à Windows 8 lors de sa sortie était la faiblesse de son magasin d’applications. C’est un reproche qui a la vie dure encore aujourd’hui car c’est un reproche facile, quelque chose qui ne souffre pas la critique puisqu’on compare des chiffres. Et c’est vrai qu’en mettant face à face le nombre d’applications de Google ou Apple et celui de Microsoft on est bien obligé de constater qu’il y en a moins.
A bien y regarder, c’est désormais un argument maladroit. D’abord parce que le fait que le nombre d’applications soit très important chez Apple et Google noie totalement l’utilisateur sous un nombre délirant d’options. Un reproche qui est même fait par les développeurs qui expliquent souvent qu’il est impossible de faire remonter une application sans payer un service tiers pour se faire.
C’est ensuite un argument un peu étrange puisqu’au contraire d’autres magasins celui de Microsoft ne souffre pas d’une redondance qui va épuiser les nerfs de l’utilisateur : De nombreuses applications strictement sont disponibles par dizaines sur iOS ou Android. Il faut donc relativiser ces chiffres énormes par la pertinence de ces offres.
Il manque toutefois de nombreuses pépites sur Windows Store, si les principaux développeurs ont travaillé au portage de leurs produits phare sur le système, ce n’est pas le cas des plus petits éditeurs ou de certains développeurs qui ont écrit une application géniale sur un coup de tête sans plus jamais y toucher ensuite.
Pour ré-équilibrer les comptes, Microsoft a donc décidé d’ouvrir la voie au passage d’un système à l’autre, de proposer une solution pour que les développeurs puissent plus facilement porter leurs applications sous Windows 10. De nouveaux outils permettront de transposer les applications créées pour Android, iOS ou celles conçues pour le Web ou Win32 plus facilement vers Windws 10.
En clair, un éditeur ayant déjà développé un produit pour Android ou iPad par exemple, pourra le passer à la moulinette de ces outils Microsoft afin de le proposer sous Windows 10.
L’intérêt pour Microsoft est évidemment de voir son catalogue gonfler et pour les développeurs, il s’agit de proposer des produits déjà développés, et donc peu coûteux à mettre à jour, sur une plate forme touchant potentiellement un grand nombre de machines.
Microsoft prévoit 1 milliard d’appareil sous Windows 10 d’ici 2 à 3 ans.
On est tous d’accord pour dire que ce chiffre de 1 milliard ne sert à rien, il est là sans source ni projection et ne fait que mettre en avant les fantasmes de Microsoft. Que ? Pas sur, il est là pour signaler l’eldorado potentiel du portage d’une application vers la nouvelle plateforme. Un gros clin d’oeil appuyé aux développeurs.
Microsoft a par exemple signalé que King, le développeur de Candy Crush Saga, a travaillé au portage de son jeu sous Windows Phone en ajustant la version iOS grâce à cet outil. L’équation peut donc se résumer à ceci : Nombre de nouvelles licences vendues – Coût de mise à jour vers Windows 10 = marge.
Pour faire simple, sous Android, les développeurs pourront reprendre leur code à base de Java et de C++, ajouter l’intégration des éléments propres à Windows et envoyer le tout vers le magasin de Microsoft : rentable. Pour iOS ce sera un peu plus tendu puisque le nouveau langage Swift ne sera pas ré-exploitable mais les applications écrites en Objective-C pourront être portées vers Windows 10. Là encore, ce sera rentable et donc très intéressant pour les développeurs.
Cette relative facilité est à minorer toutefois, je doute que les applications les plus poussées puissent être si facilement transposées sans d’importantes modifications internes. Microsoft va également faire face à un autre problème, les partenariats et exclusivités de certains éditeurs.
Si il ne fait aucun doute que des développeurs verront l’arrivée de cette nouvelle opportunité comme excellente pour leur développement, d’autres seront liés à leur plateforme et il n’est pas évident que toutes les applications phares développées pour iOS puissent être disponibles sous Windows 10.
Les développeurs d’applications Web pourront, quant à eux, utiliser leurs codes quasiment sans retouche à l’exception des ajustements techniques propres à la nouvelle plateforme. De la même manière les développeurs d’applications Win32 traditionnelles à destination du bureau de Windows pourront désormais partager leurs travaux sur le Microsoft Store mais devront revoir certaines de leurs habitudes. Les applications ainsi développées seront exécutées dans un moteur à part, isolé du reste du système et beaucoup moins invasif quant aux modifications du coeur de Windows (dlls, base de registre etc).Le but du jeu étant de pouvoir installer et désinstaller ces programmes de la même manière que les autres.
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En tant que développeur mobile (essentiellement Windows Phone d’ailleurs), je ne sais que penser de cette annonce. C’est vrai que cela va permettre d’étoffer plus rapidement le store mais à quel prix.
Je suis aussi un utilisateur d’Android et la multiplication des applis similaires est un vrai casse-tête.
Ta 2e photo montre une simulation de Continuum for phone mais tu n’en parles pas dans ton article. As-tu suivi cette annonce ? Cela fait 10 ans que j’attends un système de ce genre. Avec ton expérience sur les mini machines et la mobilité, est-ce que tu vois des possibilités et/ou des inconvénients avec ce système ?
La stratégie est brillante. Ça ressemble à une réédition de « embrace and extend » mais adaptée au 21ème siècle. Le problème c’est la masse critique existante. Au fond, peut-il y avoir de la place sur le marché pour une troisième plateforme ?
Du côté grand public, que gagneraient les consommateurs à avoir un troisième OS mobile ? Dans le temps il y avait Mac pour l’élite, et les PC pour le reste d’entre nous. Ces rôles sont aujourd’hui joués par iOS et Android. Mais quelle place dans l’esprit des consommateurs lambda pour winphone10?
Du côté grands comptes, les grandes entreprises américaines ont adopté l’iphone comme appareil « corporatif » et même la FFAA a autorisé l’ipad dans les cabines de pilotage des avions. Le marché professionnel semble donc perdu pour quelques temps.
Il est extrêmement dangereux pour MS de permettre que les éditeurs développent sous android puis « portent » sous win10, car de nouvelles versions d’android pourraient rendre les outils de portage obsolètes. Enfin, pourquoi ne pas avoir sorti cette solution de « portage » deux ans avant? Chaque jour comptait.
@zhir:
« Mais quelle place dans l’esprit des consommateurs lambda pour winphone10? »
Je ne suis pas certain de comprendre ta question: on parle de Windows 10 tout court, pas d’un système exclusif pour les téléphones.
Quant à pourquoi ne pas l’avoir sorti 2 ans plus tôt… Comme dit Pierre, l’aventure n’est pas sans risque. Pas facile de faire ce type de choix, et surtout anticiper si l’epée de Damocles ne va pas finalement te retomber sur la gueule…
@Seb:
Effectivement c’est l’un des points que j’ai trouvé intéressant dans les annonces d’hier … Continuum ! Pour avoir utiliser un smartphone Motorola Atrix MB860 qui pouvait se transformer en UC desktop capable de faire tourner un Linux (Ubuntu remanié), j’ai trouvé cette possibilité intéressante. Mais il y 3 ans les performances étaient limitées.
J’attend donc de voir ce que donne Continuum sur des smartphones plus récent et avec un OS mieux pensé pour des usages hybrides
Depuis Satya NAdella, Microsoft semble avoir pris la mesure de la concurrence et met le paquet pour revenir, à grands coups de features relativement intéressantes, qui misent bout à bout, font énormement: ouverture, disponibilité, compatibilité.
Microsoft a quand même un certain poids financier, corporate aussi. Souvenons nous de Chrome qui est sorti l’air de rien et qui a plié tout le monde en quelques années. Ok le tissu concurrentiel est différent, l’écosystème etc…
Mais Microsoft a raison de tenter ce genre de coup à double tranchant. En tous cas, elle a les atouts pour peut-être inverser la vapeur. C’est pas gagné non plus, mais bon !
@Seb: Je voulais traiter cela « à part » en fait. :)
En parallèle, Microsoft propose un version de Visual Studio (limitée ?) sous Linux et sous Apple. Peux être un moyen de facilité des portages vers Windows 10.
Et visual studio code et .net en open source…
D’un autre côté, il était temps que .net passe en open-source… Vu que le framework MS était de plus en plus boudé, il le mette en open-source. C’est un mouvement intelligent. Avec un peu de chance tout windows sera open source un jour… Là, je reconsidèrerai ma politique envers Microsoft.
@Baldarhion:
Microsoft est une entreprise commerciale. Si tu prouves qu’elle peut s’assurer des revenus au moins aussi important en étant 100% Open Source, je pense qu’elle suivra ton conseil.
Sinon, est-ce toi qui signera les centaines de milliers de lettres de licenciement aux salariés MS?
Et pour info, MS reste dans le top 20 des contributeur au noyau Linux.
Sans le savoir, tu utilises du MS aussi avec GNU/Linux.
Je pense qu’il faut aussi voir les bons cotés du « di@ble de M$ ».. :)
@DotNet:
c’est sur que la vente liée ca va devenir délicat …
@toto:
Comme d’habitude Toto: quel est le rapport avec la choucroute? :)
Ceci dit, je n’ai jamais été pour la vente liée.
Je suis pour avoir le choix, ce qui implique que MS a autant sa place que GNU/Linux.
( Ce n’est pas dans l’esprit des barbus ça que les gens aient le choix de ne pas choisir GNU/Linux..).
vente liée eq chiffre d’affaires !!!
on peut vendre une solution open source mais bon …
@Pierre Lecourt: j’ai vu l’article, merci. Je vais aller commenter au bon endroit.
@toto: plusieurs ont essayé, ils ont eu des problèmes… Si la demande n’est pas là, c’est difficile pour un constructeur de la créer. Par contre, on commence à voir de plus en plus de machine à compléter chez soi (barebone) vendues sans OS du coup.
@DotNet: Microsoft a l’air de s’orienter vers les services et l’hébergement (Azure, Office365, …) et fournir tous les outils nécessaires aux développeurs pour enrichir leur place de marché : OS, IDE, framework, … Je ne vais pas m’en plaindre, je travaille essentiellement en .Net sur Azure :) Je pense qu’ils ont fait un (bon) calcul : les développeurs créent les applis, utilisent Azure (MS touche sur l’hébergement), les vendent sur le Store (MS touche une commission).