Rasti Computer : une réinterprétation du GRiD Compass par Penk

Penk Chen est un habitué des montages de ce type sur Minimachines. Son Rasti Computer est le troisième modèle présenté ici.

Le Rasti Computer est un montage type « Cyberdeck » conçu autour d’une carte mère de Framework 13. Il reprend en grande partie le design du GRiD Compass Computer, un ordinateur portable considéré comme un des ancêtres des portables actuels et construit pour la NASA afin d’équiper d’une informatique mobile les missions de la navette Shuttle.

Le GRiD Compass de première génération en 1982

Le Rasti Computer de 2024

Le Rasti Computer reprend le format de cette machine sous Intel 8086 et le remet d’actualité avec un matériel beaucoup plus récent. La carte mère embarquée emploie un processeur Intel Core de 11e génération, peut accueillir 64 Go de mémoire vive et propose deux slots M.2 de stockage. L’affichage est un 10.4″ OLED tactile en 1600 x 720 pixels de Waveshare, loin également de l’écran 320 x 240 pixels du GRiD Compass. Un affichage iconique avec une électroluminescence orange très caractéristique.

Penk Chen met en avant son travail au travers d’une publication sur Github qui permettra de construire soi-même l’engin avec une carte mère de Framework. Il y détaille les différentes étapes de construction de la machine, les divers éléments employés et quelques pièces récupérées à droite et à gauche comme les charnières d’un vieux MacBook Pro. Je ne suis pas  certain que tout le monde ait envie d’une machine de ce type mais cela peut donner des pistes pour construire son propre Cyberdexk. Il manque pour le moment le détail des étapes de construction mais elles devraient apparaitre à l’avenir.

La partie qui concernera le clavier, développé par Penk, sera intéressante à suivre. Il s’agit d’un montage sur un PCB maison dont les fichiers sont disponibles avec un châssis imprimé en 3D et des mécanismes mécaniques signés par la marque Kailh. Une solution qui dialogue avec un Raspberry Pi Pico et qui pourra servir de base de travail pour beaucoup d’autres projets de ce type ou pour intégrer des claviers dans divers montages. Si vous voulez voir le clavier en action, un petit tour sur le compte Twitter de Penk est possible.

Pour plus d’infos : https://github.com/penk/rasti.computer

L’astronaute John O. Creighton pose avec le GRiD Compass dans la navette Shuttle Discovery en 1985 – ©NASA via Wikipedia

En 1982, le design particulier du GRiD était novateur. C’est le premier ordinateur avec une approche dite « Clamshell » ou on retrouve une charnière arrière qui s’ouvre avec, sur la partie haute, l’affichage et sur la partie basse un clavier. Ce design particulier était auparavant impossible à obtenir du fait de l’emploi d’écrans cathodiques dans les machines portables. Il fallait garder l’espace nécessaire pour le tube de l’affichage. L’arrivée de cette dalle électroluminescente plate a permis de s’affranchir de cette problématique. Et si l’engin reste profond au delà de la charnière du fait de la faible miniaturisation des composants de l’époque, cela reste une véritable évolution.

GRiD signifie Graphical Retrieval Information Display et permet d’afficher 25 lignes de 128 charactères. C’est peu par apport aux technologies d’aujourd’hui mais c’est le compromis de l’époque pour répondre au  cahier des charges de la NASA alors. Le fait que cette technologie permette un affichage très net, très contrasté et lisible aussi bien dans un environnement très lumineux que très sombre mais également sous tous les angles est un point clé de cette technologie.

Le premier vrai « portable » de Compaq

La machine est également très légère pour l’époque, elle pèse un peu plus de 4.5 Kg, ce qui n’est pas vraiment un soucis dans l’espace mais reste un énorme pas en avant par rapport aux monstres que sont les ordinateurs portables alors. Les machines signée Osborne ou les Compaq à écrans cathodiques dépassent les 12 Kg et ont plus l’allure d’une valise de soute que d’un bagage à main. Ce changement de format sera apprécié à sa juste valeur par les autres constructeurs qui s’en inspireront largement pour concevoir toute l’informatique portable jusqu’à aujourd’hui.

Le GRiD évolue rapidement avec des écrans plus larges

A l’intérieur du GRiD, on retrouvait de 256 à 384 ko de mémoire non volatile sur un stockage magnétique particulier. Baptisé « bubble memory », ce système était un très loin ancêtre des mémoires flash actuelles. La NASA voulait éviter l’emploi de solutions mécaniques et de pièces mobiles pouvant amener à des pannes et diverses problématiques dans l’espace. La résistance de ce dispositif aux chocs et aux accélérations faisait également partie du cahier des charges de l’agence spatiale Américaine. Cette technologie a été rapidement abandonnée suite à l’invention de solutions moins problématiques et plus évolutives en quantité de mémoire.

Autre innovation de l’époque, le châssis du GRiD est construit en alliage aluminium / magnésium et sert de dissipation aux composants. Le processeur Intel 8086 16 Bits n’est pas un monstre en terme de consommation avec moins de 2 watts pour 5 MHz. C’est la fameuse « Bubble Memory » qui a tendance à chauffer et qui nécessite ce dispositif de refroidissement particulier. L’ordinateur proposait de 256 à 512 Ko de mémoire vive et pouvait accepter des disques durs comme des lecteurs de disquettes comme accessoires externes.

Vendu à partir de 8000$ de l’époque soit environ 24400$ aujourd’hui (Hors Taxes), Le GRiD Computer a été rapidement commercialisé comme un engin ultraportable et ultra résistant. Avec la petite publicité offerte par la NASA, il a trouvé une certaine place sur le marché informatique. L’engin était réservé aux entreprises et son système propriétaire GRiD-OS développé pour les besoins du gouvernement a été rapidement remplacé par un MS-DOS plus classique.

Dernière innovation intéressante du dispositif ? L’invention d’un magasin d’applications en ligne. L’engin proposait un modem 1200 bauds interne qui permettait de télécharger de nouvelles applications. Livré avec un éditeur de texte, un tableur, une base de données et un terminal, entre autres logiciels, il pouvait se connecter au siège de GRiD en Californie pour ajouter de nouveaux logiciels en téléchargement.


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7 commentaires sur ce sujet.
  • 4 février 2024 - 17 h 43 min

    J’avais 12 ans à sa sortie et je me souvient très bien de cette machine qui détonnait dans le foisonnement de l’époque, ce qui en soit n’était déjà pas une mince affaire… et de son statut de 1er laptop de l’espace. Mais je ne savais pas qu’elle avait été conçue totalement autour de cet usage!

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  • Luc
    5 février 2024 - 0 h 14 min

    Ce Penk est très fort décidément.

    @yann: moi, c’est du transportable Compaq dont je me souviens.
    Ce Grid est une découverte et ma foi, il était plutôt mal. Mais franchement pas donné.

    Tout comme ce « clone », mais quant on « aime on ne compte pas ».

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  • 5 février 2024 - 10 h 16 min

    Ouah le prix des composants … ça revient très cher au final cette machine.
    Challenge intéressant : refaire la même chose en version low cost (raspy, clavier tout fait, etc…).
    Pour un objet bizarre et intéressant qu’on n’allumera que 2 fois pour se la péter, faut pas faire trop cher ^^

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  • CHP
    6 février 2024 - 13 h 12 min

    Ahhh… Le GRID compass… Toute une histoire et un rêve pour certains. Certainement le meilleur portable à son époque (j’en ai eu un par mon entreprise). Bien meilleur que les Compaq et autres Toshiba. Mais… à un prix 2 fois supérieur

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  • Pep
    7 février 2024 - 7 h 57 min

    Pour ceux qui seraient intéressés, il existe une série TV sympa sur la genèse d’un des premiers laptops. La série « Halt and catch fire » reprend l’histoire de Compaq.

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  • 7 février 2024 - 14 h 18 min

    WOW ! Merci Pierre !!!!! Je cherche ce type de touches de clavier pour mon projet de clavier mécanique pour le ZX Spectrum+

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  • 7 février 2024 - 15 h 01 min

    @Piratu: Je veux bien voir le résultat !

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