Matter est enfin disponible, il s’agit d’un protocole de communication domotique pensé pour chapeauter tous les autres. Une sorte de grand manitou des voies de transmission permettant de faire dialoguer entre eux tous les autres systèmes.
Le logo Matter
Whats the Matter with you ?
Matter est né d’un regroupement d’intérêts divergents. Assis à la même table, le Connectivity Standards Alliance ou CSA est un consortium regroupant des gens aussi différents que Amazon, Samsung, Apple, la branche Hue de Philips, Xiaomi, OPPO, STMicroelectronics, ARM, Arlo, EDF, Dyson, Espressif, Gardena, General Electric, Hisense, Honor, Intel, Logitech, Mediatek, Osram, Bosch, Qualcomm, Siemens, Sonos, Synaptics, Toshiba, Velux, Yeelight, Huawei, Belkin, Canonical, Infineon, LG, NXP, Schneider, Somfy, Texas Instruments, Tuya1 mais aussi IKEA ou Legrand. En tout 280 compagnies différentes. Des gens qui ont depuis toujours veillé à proposer leurs produits dans des protocoles de communication non standardisés. Une méthode classique permettant de faire vivre un écosystème en circuit fermé.
Imaginons que vous êtes un industriel de la domotique, pionnier ou non sur le segment, mais déterminé à vous rendre indispensable sur le secteur. Vous lancez votre produit, une paire de lampes connectées pilotées sans fil via un des interrupteurs. Le tout passant au travers d’une base de communication spécifique ou directement via Wi-Fi. La logique commerciale du système est que vous fabriquiez un produit avec un signal spécifique, codé, qui ne permettra de piloter la lampe de votre marque uniquement avec l’interrupteur de votre marque. De manière à enfermer l’utilisateur dans votre écosystème. Cela permet de faire des offres régulières de promotion pour un kit de base par exemple puis de compter que le client étende son système domotique autour de votre protocole. Si il veut acheter une seconde lampe, il faudra forcément qu’il passe par vous. Le reste des offres n’étant pas compatibles avec votre kit déjà en place.
La logique du protocole propriétaire est de vous attacher un boulet à la cheville.
C’est la logique classique de quasiment tous les acteurs qui lancent un écosystème. Ca a été la logique de Somfy, de Legrand, de Philips Hue et de bien d’autres. Une manière de s’assurer des ventes futures assez faciles pendant longtemps. Et ça a bien marché. Au début.
Seulement voilà, des appareils « intelligents » sont apparus entre temps, des appareils qui peuvent aussi bien prendre le contrôle d’une lampe que lancer un aspirateur robot à heures fixes ou activer une alarme lorsque vous fermez la porte de votre garage. Et cela même si les tous les éléments sont des produits de constructeurs différents qui utilisent des protocoles différents. Ces appareils peuvent être aussi bien des constructions maison liées à des logiciels spécialisés que des assistants personnels comme les Alexa d’Amazon, les Google Assistant ou les produits profitant du service HomeKit d’Apple.
Devant leur succès, la plupart des constructeurs ont cherché à se rendre compatibles avec ces assistants personnels. A partir du moment où ces outils sont devenus populaires, il était impossible pour une marque de lancer un produit qui n’ait pas son extension permettant de contrôler ses propres outils domotiques. Les marques étaient prêtes à tout pour apposer un logo Amazon Alexa, Apple HomeKit ou Google Assistant sur leur prise connectée ou leur serrure électrique. Sans cette étiquette, ils voyaient leurs ventes s’effondrer. On imagine assez mal un utilisateur d’outil domotique pouvoir gérer 100% de ses appareils via un centre de contrôle unique mais qui déciderait sur un coup de tête d’acheter un nouvel objet connecté qui ne rentrerait pas dans ce système. Et cela alors même qu’un concurrent serait compatible.
Les assistants personnels ont donc inversé la donne. En prenant le contrôle sur tous les objets connectés, ils ont rendus caduques les protocoles propriétaires. Ils les ont même transformés en solutions contre productives. Résultat, les différents fabricants ont bien été forcés de s’asseoir autour de la même table, de créer un consortium et de s’entendre autour d’un protocole qui est devenu Matter.
Matter 1.0, le début d’une interopérabilité « out of the box ».
Matter 1.0 a été publié sur la plateforme Github dans un silence assourdissant de la part de ses multiples parents. Personne n’a communiqué dessus. Ni Ikea, ni Legrand, ni Amazon n’ont fait de communiqué autour de la naissance de ce joli bébé potelé. Il faut dire que les appareils en vente actuellement chez la plupart des constructeurs ne sont pas liés à Matter mais utilisent encore d’autres protocoles. Faire la réclame de ce nouveau système serait donc comme se tirer une balle dans le pied. Il serait difficile de continuer à vendre des appareils connectés en promettant un meilleur futur pour les suivants…
Car le futur passera par Matter. Que vous ayez un PC sous HomeAssistant – une distribution Linux qui permet de piloter sa domotique – un assistant personnel physique ou que vous interagissiez avec votre maison au travers de votre smartphone, il suffira d’acheter un interrupteur estampillé Matter pour être sur de sa compatibilité. Vous vous baladez en rayon d’une grande surface de bricolage et découvrez une lampe qui vous plait avec une étiquette Matter ? Vous serez sûr de sa compatibilité avec votre équipement. Vous croisez un thermomètre Matter ? Idem. Votre nouvelle chaudière dispose du petit logo Matter ? C’est tout bon. Vous allez pouvoir remplir vos caddies réels ou virtuels en vous basant sur cette petite étiquette.
Une fois chez vous le thermomètre pourra dialoguer avec la chaudière, le vieil interrupteur acheté 2 ans plus tôt compatible avec votre assistant personnel arrivera forcément à piloter votre lampe. Vous pourrez créer des scénarios complets entre eux, les piloter à distance et fabriquer des routines sans vous demander pendant des heures si tel bidule est bien compatible avec tel machin.
Ce genre de prise compatible avec une selection de protocoles est voué a disparaitre
Pas besoin d’avoir 50 Applications sur votre smartphone, une seule interface reconnaitra et pilotera tous vos outils. Pas besoin non plus de brûler un cierge pour que le petit kit d’interrupteurs acheté en promo auprès d’une obscure marque ayant fait faillite fonctionne encore après la fermeture de leurs serveurs. Si il est estampillé Matter, il sera toujours sous votre contrôle. Mieux encore qui dit Matter dit possibilité de piloter les objets sans avoir recours à un réseau externe. Votre fournisseur d’accès internet est en panne, vous pourrez quand même piloter vos objets domotique en réseau local. Ouvrir vos volets roulants ou activer la machine à café…
Mais attention, ce n’est pas parce que tous les appareils pourront parler ensemble qu’ils se comprendront dans toutes leurs subtilités. Chaque fabricant pourra inclure ou non les éléments les plus complexes de son dispositif. Par exemple, il sera peut être possible d’utiliser Matter pour piloter une lumière avec un interrupteur d’une autre marque mais le constructeur de la lumière n’autorisera peut être pas cet interrupteur qu’il ne connait pas à piloter son intensité ou sa couleur… Il y aura peut être des résistances entre les marques, pas sur que Apple et Amazon s’offrent des ponts d’or pour que leurs outils soient parfaitement exploitables à 100% entre eux.
[epq-quote align= »align-right »]Ce sera au final aux acheteurs de décider si ils veulent privilégier une marque ou miser sur le protocole Matter.[/epq-quote]
Ce sera au final aux acheteurs de décider si ils veulent privilégier une marque ou miser sur le protocole Matter. Si les clients décident qu’ils préfèrent parier sur un constructeur au détriment du confort d’une solution unifiée, ils laisseront des grandes déchirures dans le filet de compatibilité proposé. Si, au contraire, ils boudent les mauvais élèves qui ne s’investissent pas dans Matter, alors ils forceront le marché à l’interopérabilité.
La couverture de votre réseau sans fil sera le dernier obstacle de communication entre les différents éléments. L’ensemble des appareils doivent opérer sur le même réseau Wi-Fi et il faudra peut être répéter le signal pour qui puisse atteindre des recoins éloignés de votre logis. D’autres protocoles existent, permettant de se passer de ce type de signal centralisé en se servant des objets eux même pour transmettre les signaux entre eux. Comme Threads ou ZigBee par exemple. Mais ils demandent évidemment un maillage d’objets assez fort pour être opérants. Matter a été pensé dés le départ dans une compatibilité avec Threads et reste ouvert pour piloter d’éventuels protocoles à venir. On pourra donc ajouter une couche Threads à un réseau Matter. Ce qui peut avoir du sens pour opérer une simple lumière au fin fond d’un atelier ou d’un garage.
Matter nité
Il reste néanmoins pas mal de choses à régler pour que Matter devienne l’alpha et l’oméga de toute installation domotique. Le bébé vient de naitre et fera ses tous premiers pas en fin d’année avec l’apparition des premiers objets connectés vendus en mettant cet écosystème en avant. Google a déjà indiqué que la majorité de ses appareils actuels sont déjà compatibles avec Matter. Apple a largement travaillé le sujet également avec un iOS 16.1 déjà au rendez-vous. On imagine que les autres partenaires autour de ce consortium vont sortir des mises à jour de leurs applications et de leurs appareils (via des mises à jour de firmwares) pour prendre en charge le protocole. Dans tous les cas, ce qui était compatible avec votre installation hier le sera avec Matter demain.
Ce sera peut être lent au début mais on devrait voir arriver des applications nouvelles, des prises en charge, des routines et des scénarios au fur et à mesures que l’interopérabilité des différents objets sera reconnue. Il n’est pas loin le temps ou un outil comme Home Assistant pourra apprendre de vos habitudes quotidiennes pour gérer votre chauffage en fonction de vos emplois du temps routiniers.
Pas sur que les premiers pas de Matter ne soient parfaits, que vous puissiez lancer une ambiance colorée adaptée à votre musique en baissant vos stores électriques tout en allumant la télé sur la chaîne « Feu de bois » tout en réchauffant une bonne soupe de potiron cet hiver. Mais les internautes passionnés de domotique ont désormais un superbe joujou avec ce Kit de développement à télécharger sur Github et je ne doute pas une seule seconde que certains d’entre eux sont déjà au travail pour proposer des outils efficaces très rapidement.
Du côté des constructeurs, un programme de certification est désormais officiellement lancé. Il faudra que chaque produit soit passé au crible par les différents laboratoires désignés par le consortium pour être mis sur le marché avec le petit logo. A terme, on peut s’attendre à des unions intéressantes et surtout des programmes communs. Imaginez que vous vous empariez de Matter pour penser votre logis dans une dimension domotique. Sélectionnant les meilleurs composants pour chaque poste afin d’optimiser leur usage mais aussi des scénarios d’économie d’énergie. Projetez ensuite cette possibilité à un cabinet d’architecte ou à une entreprise de rénovation et vous aurez une idée des possibilités offertes par ce type de protocole.
Notes :
2,5€ par mois | 5€ par mois | 10€ par mois | Le montant de votre choix |
Et que dire de certains constructeurs même pas capable de proposer un écosystème cohérent … ex. TPLInk avec des objets pilotés par Kasa et une autre gamme pilotée par Tapo -> en terme d’expérience utilisateur on a connu mieux. Heureusement les 2 gammes de produits sont gérables via Google Home !
Donc un protocole comme Matter … oui cela va dans le bon sens :-)
Merci pour cet article. En complément, on peut aussi lire : https://www.figer.com/Publications/mattter.htm
enfin ! parce que c’était imbuvable comme le nombre de téléphone xiaomi à l’année !
@psycopathe57: Effectivement le chou fleur ne rentre pas dans le parapluie.
Perso, je ne prends les trucs domotique que si c’est compatible Home Assistant, pas de cloud chelou chez moi.
Prises connectées flashables tasmota
Robot aspi flashable valetudo
Pac daikin BRP069A41
thermomètres zigbee compatibles zigbee2mqtt
…
Ca cessera de fonctionner que si je ferme mon cloud perso en plus xD
Bonne nouvelle.
je vais peut être pouvoir commencer a réfléchir a de la domotique pour ma future rénovation.
@Tonio:
Je n’y connais rien en matière de Domotique, et quand j’ai essayé de me renseigner sur le forum construire je n’ai rien vu d’intéressant par rapport à mes besoins, mais ils évoluent.
N’ayant pas vraiment compris ton intervention, où peut on se renseigner sur ce type de solutions ?
avec un langage clair adapté à quelqu »un qui n’y connait rien et n’a pas forcément les moyens ni l’envie d’apprendre à installer et paramétrer une installation KNX.
Merci d’avance
Ils essayent de faire en sans fil ce que KNX a fait il y a près de 30 ans en filaire ?
Faire parler du ABB vers du Schneider, du Legrand, du MDT… Ça ne date pas d’hier, et ça se passe très bien.
En plus la norme est ouverte, certains bricoleurs y sont allés de leurs PCB.
Dommage sonoff n’apparait pas dans la liste ..peut être que flashé tasmota…
mais a quand une installation (paramétrage) simple et durable de ces ‘gadgets’, raz le bol de réinitialiser régulièrement, la chaine hifi, la lampe connecté, le purificateur d’air, l’émetteur ir pour la clim…..
@Emmanuel:
Malheureusement Emmanuel, hormis les usages basiques (avoir une télécommande pour allumer ta lampe, etc.) Il y a un petit investissement temps et effort technique pour entrer dans des configurations un poil plus évoluées (scénarios par exemple), à moins d’avoir tout ton système chez un fabricant qui te propose des solutions sur étagère.
La compatibilité (déjà possible via Alexa, etc. Comme décrit par Pierre) facilite / facilitera les usages.
Néanmoins, pour avancer et chercher les bonnes informations, il faut que tu aies clairement en tête ton besoin. Et après tu déroules la pelote de laine en le décomposant en tachés élémentaires. Économies d’énergies = éteindre toutes les lumières quand il n’y a personne, ouvrir et fermer les stores en fonction des moments de la journée, etc.
Tu t’attaques a une de ses tâches et là tu vas t’apercevoir qu’il faut un matériel spécifique, et qu’il va être compatible ou non avec les autres.
En cherchant, de manière grossière tu vas voir qu’il y a un matériel, qui utilise un moyen de communication vers un assistant qui permet de piloter le tout.
L’idée est d’avoir tous tes usages pilotés par le même assistant. Aujourd’hui, tu as Alexa, Google, qui viennent se mettre en sur couche du reste pour piloter les matériels compatibles quel que soit le moyen de communication.
Mais idéalement, la cible est plutôt ce que décrit Tonio, avoir un assistant que tu maitrises et non pas dont tu es dépendants (openHab, home assistant, ou domóticz) installé chez toi, et de choisir les matériels en t’assurant que d’une manière plus ou moins facile, ils seront compatibles avec cet assistant (éventuellement parce que tu auras pu changer leur moyen de communication)
Mais encore une fois, à la base, pars déjà de ton besoin, et ensuite sur les tâchés élémentaires tu trouveras forcément les informations, plus ou moins détaillées pour y arriver.
@Blade: Pas mieux, l’image de la pelote de laine est la bonne.
Ton objectif c’est la pelote, et tu tires petit à petit dessus pour comprendre comment y arriver. A noter que cela peut se faire par étapes de manière satisfaisante. On achète ou on bricole un premier poste pour de la lumière par exemple et on avance ensuite pour une autre puis une autre et enfin con commence a ajouter des capteurs de conditions. Ce la permet de ne pas dépenser trop de sous mais aussi de faire pas à pas la connaissance avec toutes les problématiques.
Mon premier besoin serait la gestion du chauffage, mais il s’agit de murs chauffants : c’est comme un plancher chauffant, mais ce sont les murs qui sont couverts de tuyaux dans lesquels circulent l’eau chaude.
Dans chaque pièce il y a un thermostat qui pilote une vanne motorisée sur un distributeur identique à celui d’un plancher chauffant …
Mais comment automatiser / piloter tout ça ? J’ai déjà vu des thermostats et vannes pilotables, mais pas pour planchers chauffants.
Gestion de l’éclairage, pourquoi pas
Pas de volets roulants ou autres BSO mais des volets en bois à fermeture et ouverture manuelles.
un projet plus costaud d’ici 1 an : gérer la production de panneaux photovoltaïques en envoyant le surplus vers un ballon d’eau chaude, ou la batterie d’un véhicule électrique
et j’ai un dernier besoin, particulier mais assez urgent, puisque je cherche des infos sur le type de caméras : positionner des caméras sur mon terrain et autour de mes bâtiments (1 ha et plusieurs dépendances) pour suivre la faune sauvage qui y circule, mais aussi avoir de belles photos et vidéos des chasseurs qui passent chez moi alors que c’est interdit :grrrr:
Et puis j’ai un couple de faucons crécerelles qui vient nicher chaque année dans un pignon, je rêve d’y poser une caméra …
Donc pas vraiment les besoins habituels de volets roulants, de BSO, gestion de la PAC et de l’éclairage intérieur et extérieur.
et tout ça en étant dans une maison de fin 18° siècle, avec des murs de 60 à 70 cm en pierres incompatible avec un réseau wifi global.
Donc, j’ai des besoins, auxquels je souhaite prendre le temps de répondre mais je ne souhaite pas me planter dans le choix des matériels installés en ayant une interopérabilité complète.
Si je comprends bien https://www.youtube.com/watch?v=SlKjw2malJc Matter n’est là que pour rendre obsolète Zigbee et il y aura toujours autant de fragmentation.
[…] également à la domotique avec l’intégration d’un routeur Thread et d’un hub à la norme Matter. Evidemment cela se fera au travers de l’écosystème Google Home mais on peut imaginer une […]
SomFy c’est pareil, ils ont au moins 3 protocoles différents. Mes volets sont avec le plus ancien, RTS, qui utilise même pas la fréquence ISM normale, étant décalé de 0,5MHz.