« I’m Back », c’est le nom choisi pour ce projet en financement participatif. C’est une idée que l’on a déjà tous eue, du moins ceux qui ont des appareils photos argentiques qui dorment dans des placards. Transformer un appareil exploitant une pellicule standard de 35 mm en une solution numérique est un rêve pour beaucoup de photographes.
Le monde de la photo argentique est devenu un cimetière d’éléphants. De gros et beaux appareils valant parfois des sommes colossales dorment dans des tiroirs, prennent la poussière au fond de vieux sacs photos où les moisissures guettent leur merveilleuses optiques. Le projet I’m Back pourrait réveiller tout ce petit monde et en faire à nouveau des appareils exploitables. Avec des tirages de films 35 mm qui coutent une fortune et des pellicules hors de prix, continuer à faire de la photo « à l’ancienne » est devenu un luxe. Pourtant il existe une foule d’excellents appareils photos argentiques, autant d’objectifs très haut de gamme, qui pourraient à nouveau être exploités.
Le projet I’m Back veut redonner vie à ces appareils. En transformant leur pellicule de film 35 mm en un capteur numérique. Avec une campagne Kickstarter, ce projet pourrait bien aboutir même si il faut toujours rester très prudent des que des notions d’optique rentrent dans l’équation d’un investissement. L’idée de base de I’m Back c’est un format de pellicule contenant de l’électronique et un capteur photo numérique Sony IMX269. Un duo qui viendrait prendre place dans l’appareil pour se positionner là où le film devrait être. C’est ce capteur qui recevrait l’image de l’objectif et l’enregistrerait ensuite sur une carte SDXC. Le projet date de 2016, date à laquelle le designer Samuel Melo Madeiros a commencé à réfléchir à ce concept.
Sans avoir à modifier physiquement le boitier de l’appareil, l’idée est d’intégrer le dispositif I’m Back et de le transformer immédiatement en appareil photo numérique. Le dispositif a évidemment besoin d’une batterie, un SoC, un lecteur de cartes SDXC et un petit écran 1.5″ LCD pour piloter l’ensemble. L’idée est donc de diviser les deux éléments en deux parties avec un capteur dans l’appareil et un ensemble d’autres éléments vissés grâce au pas de vis présent sous les boitiers pour les fixer à des pied photo. Comme on visse à cet endroit des extensions de batterie. Le bouton de déclenchement est externalisé, collé au dos de l’appareil. Difficile de savoir comment le déclenchement analogique et numérique se combinent, peut être via une ouverture longue en pause B ?
On retrouverait dans cette extension un port USB et un module Wi-Fi pour offrir plus de souplesse d’usage à l’engin. Le capteur Sony IMX qui capturerait les clichés permettrait aussi bien de photographier des images en JPG ou en format non destructif RAW. Mais également de prendre des films jusqu’en UltraHD en 60 images par seconde. Plusieurs formats colorimétriques seraient disponibles par défaut, dont la reprise de réglages pour coller aux classiques des pellicules Kodak et Fuji.
Le capteur est bien plus petit que la pellicule standard qui mesure 24 x 36 mm. Aussi il faudrait bien prendre en compte de ce « détail » lors de la prise de vue. Seule une petite partie de ce qu’il y a dans le viseur serait capturé. Pour éviter cet inconvénient, le projet propose une lentille 0.45x qui corrigera ce souci en recadrant automatiquement le sujet.
Si le projet est très séduisant sur le papier, j’ai déjà vu assez de montages de ce type par le passé pour savoir que ce n’est pas aisé de proposer ce genre de chose. Il y a de grosses limitations techniques… Notamment parce que l’épaisseur d’un capteur numérique n’est pas du tout celle d’un film 35 mm et que d’un point de vue optique, les appareils proposent une image depuis leur objectif à une distance extrêmement précise. Distance où se trouve exactement la pellicule. Pas 2 mm avant. Ici cela semble corrigé de manière optique, il faudra voir en pratique les résultats réels.
Il faudra surveiller l’avancement de ce projet et prendre soin des compatibilités. Si vous êtes intéressés sachez tout de même que les tarifs ne sont pas donnés. Les 250 premiers participants auront droit d’investir dans un kit à 595$, les suivants à 705$. Le prix public est annoncé à 900$. Des tarifs bien évidemment Hors Taxes.
Cela parait cher mais pour connaitre des photographes possédant des appareils argentiques haut de gamme coutant des fortunes et des objectifs valant plusieurs fois cet investissement, le projet a du sens. Si il répond correctement aux ambitions de son créateur.
Comme d’habitude, je vous invite à rester circonspect face à ce genre de projet en financement participatif.
Merci à Biou pour l’info.
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Excellente idée, dommage que le prix soit aussi élevé.
J’ai quelques anciens argentiques et un reflex numérique, même s’il s’agit d’anciennes gloires Nikon, ils ont tous été achetés d’occasion.
alors, même si l’idée est bonne, je n’ai pas le budget, ni l’usage d’un capteur 20 Mp. Je vais rester, sur l’idée, un jour, de coller un ancien compact dans un boitier de reflex. J’ai un F801S dont le rideau est mort pour ça ;)
Merci pour l’article. J’avais déjà vu ce projet via hackaday… Et pour moi ça ne pourra pas fonctionner à cause des tolérances de fabrication et de la précision requise pour fonctionner correctement.
Je ne demande pas mieux que de me tromper.
C’est une très vieille idée, si ça marche finalement, ce sera dommage d’avoir attendu si longtemps !
Pas convaincu : le fait que le capteur ne soit pas un FF et qu’il faille une petite lentille pour corriger le crop annule pour moi bien des avantages « optiques » de réutiliser les vieux boitiers et objectifs…
Le seul intérêt est peut-être de pouvoir faire de la vidéo 4K sur d’aussi vieux appareils ce qui est rigolo.
petite question Pierre, pourquoi écris tu que les vieux objectifs restent au placard ? il me semblait qu’il était possible de les employer sur des boitiers numériques, surtout les plein-formats.
@sylvaind: Bah c’est le constat que j’en ai fait. Pas mal d’objectifs « anciens » restent au placard… Notamment parce que même si des bagues adaptatrices existent, certains très beaux objos ne communiquent pas du tout avec le boitier. Certains vont faire l’effort de compenser, d’autres jettent l’éponge.
Suis pas un spécialiste, mais suis un peu de l’avis de polo2503…
D’autant plus que, phénomène un peu similaire au retour de l’analogique en musique il y a peu, beaucoup de photographes, pro ou amateur, retournent partiellement à l’argentique. J’imagine dans certains cas bien précis, mais du coup il y a un débouché pour ces vieux boîtiers argentiques.
@sylvaind: les capteurs des appareils numériques représentent un miroir vis a vis de la lumière entrante par l’objectif. Les optiques actuelles sont traitées intérieurement anti-reflet. C’est pour cette raison que les objectifs créés pour l’argentique ne donnent pas de bons résultats sur un appareil numérique.
@Eeric: Je suis très surpris part cette explication. J’utilise depuis des années des optiques conçues pour l’argentique avec des boitiers numériques (Canon, Nikon, Olympus et Fuji) ça ne pose aucun problème de reflets internes.
Certains montrent plus d’aberration chromatique sur les forts contrastes mais ça n’a rien à voir avec un reflet interne.
Ça doit faire 20 ans que je réfléchis à transformer un EOS D650 avec un obturateur neuf en un appareil à dos numérique… D’abord j’attends toujours (très) patiemment la démocratisation ($$) d’un capteur plein format. Puis je voyais plutôt une réalisation en épaisseur en remplaçant la trappe de chargement de la pellicule argentique par un dos numérique (impression 3D). L’avantage serait de mettre le capteur exactement dans le plan focal. Un microcontrôleur, un écran pour le cadre et le point, une batterie, et pourquoi pas un pilotage des réglages par smartphone. Simplement en pause B, le boitier ne sert que pour le diaph et pour le bon maintien de l’objectif. Sinon pourquoi pas aussi en faire une caméra RAW reliée à un PC qui ferait la compression et le stockage. Bref, j’attends l’arrivée un capteur plein format en pièce détachée et facile à interfacer.
@sylvaind: Il me semble que la gestion/réactivité de l’autofocus et du diaphragme est perdue avec les bagues.
@Pierre Lecourt: J’ai beaucoup joué au début des années 2000 avec les reflex numériques Canon. Au début j’ai acheté des bagues adaptatrices mécaniques… Au fil du temps des bagues électroniques sont arrivées, puis une seconde génération de bagues électroniques programmables est apparue !
De fait j’ai beaucoup joué avec des supers cailloux en M42 qui se vendaient une misère et qui étaient une source d’expérimentations et de découvertes infinies… Pas pour l’épaule qui porte le sac, hé-hé, mais par contre les photos, miam !
Le recyclage est à la mode, idées comprises :-)
https://www.theinspiredeye.net/film/digital-conversion/
A la vue du tarif de l’engin, je pense que cela risque de passer soit complétement à côté du marché, soit que cela ne soit encore un serpent de mer ou une arlésienne. On en a tous rêvé de ce truc mais sincèrement à ce jour en occasion on a largement de quoi compenser la perte de nos précieux boitiers/objectifs, soit en adaptant comme il a déjà été précisé plus haut nos lentilles sur nos boitiers (sans automatisme au départ puis maintenant en full auto exposition et mise au point), soit en démarrant sur un ensemble photo actualisé en neuf ou en occasion.
Le gain est flagrant rien que sur la sensibilité des capteurs de ces dernières années. Pas sûr que « l’innovation » de cet article donne les mêmes genres de résultats techniques.
De plus on zappe un peu dans l’histoire (ou alors je ne l’ai pas bien lu) les possibles pb d’étanchéité aux poussières. Il faudra donc remettre les boitiers d’époque nikel au niveau des joints. Du labeur pour au final des engins aujourd’hui très anciens.
Et pour celles et ceux qui ont de magnifiques ensembles télémétriques onéreux L…a ? Leur pouvoir d’achat leur permet à mon avis soit de passer directement sur du numérique de la marque, soit de revendre l’ancien pour acquérir ainsi du neuf.
Ce n’est bien sûr qu’un avis personnel de photographe amateur averti comme on dit.
Autant je ne dirais pas non à un tel système techniquement similaire trèèèès accessible mais dont la qualité d’image serait proche d’un Lomo (c’est rigolo et créatif mais rarement qualitatif) pour placer dans un boitier télémétrique démocratique des années 70-80 (il y en a bcp), autant je ne me vois pas mettre le prix d’un ensemble moderne pour simplement mettre à jour une config vieillissante qui ne serait que compromis (techniques et ergonomiques).
Mais ce n’est pas pour autant que je parle de se jeter sur tous les derniers boitiers qui sortent, non je penche bcp plus pour des modèles d’occasion. Ils sont très accessibles de nos jours et la compatibilité avec les anciennes optiques offre de nombreuses possibilités.
Les mecs essayent de réinventer ce que Kodak et Leaf faisaient dans les années 90 . Vu le prix, autant acheter un mirorless plein format d’occase et des bagues d’adaptation pour utiliser ses vieilles optiques. Le focus peaking permet une mise au point précise et le boîtier calcule très bien l’Expo.
Mes vieux boitiers je préfère les garder pour du film .
Ce projet sent le sapin
Sinon,on a inventé il y a plus de cent ans un film recouvert de produits chimiques qui permet de capturer les images prises par ces boitiers :-)
L’occasion de se remettre à l’argentique…
C’est plus facile que je ne le pensait et très gratifiant
@ninefeet:
c’est juste que c’est compliqué de trouver facilement les produits, qu’il faut un peu de matériel, sans oublier le local nécessaire au développement puis au tirage.
ainsi que le temps de tout mettre en place avant de démarrer.
Mais, effectivement la chimie c’est bien, mais pas forcément adaptée à tous les cas.
@Emmanuel: Ou de l’argent. Tout est plus facile avec de l’argent. Cela dit j’ai la fille d’un copain qui a une solution sympa. Un mix des deux mondes. Elle fait des tirages de négatifs (pas cher) et scanne avec un scanner de diapo.
Reste le problème des pellicules qui sont devenues TRES chères… Alors elle cherche des lots de seconde main.
Un système qui lui permet de faire joujou avec de supers appareils et de supers optiques…
J’aime l’idée du retrofit (c’est le terme actuel !) non destructif et universel. L’idée parait simple mais la mise en œuvre compliquée :( A suivre
@Pierre Lecourt:
Mais il faut aussi le budget pour l’achat des objectifs et des boitiers quand il s’agit de supers boitiers et objectifs.
Ma fille a essayé de jouer avec d’anciens boitiers, et d’anciennes pellicules qu’il me restait. A 20€ le développement + planche contact (offerte) d’une 36 poses sans le tirage et sans le scan, elle préfère le téléphone et une zink pour de l’instantané.
et maintenant qu’elle a un ordinateur, elle a suffisamment accroché au montage vidéo pour prendre l’option en première. donc exit la photo. Même si elle a accepté de participer à un atelier n&B si j’installe un labo.
@PierreLecourt
D’ailleurs, si tu as un plan pour des packs de 50 feuilles zinc, je suis intéressé, il doit lui rester moins de 10 papiers.
de mémoire, en cherchant un peu, c’est un peu sous les 20€ le paquet de 50 feuilles.
C’est l’arlésienne. Un projet similaire a été abandonné il y a plus de 20 ans il me semble (de vieux articles dans le magazine Chasseur d’images en parlaient régulièrement). Tu as assez bien traité du problème de distance entre l’objectif et le film, je n’y crois pas une seconde. Mais si jamais ça fonctionnait, je pense que les boîtiers 6X6 type Rolleiflex n’ont jamais eu de version numérique à ma connaissance, c’est une niche qui pourrait en bénéficier.