Xiaomi arrive en France et chamboule déjà le marché.

Hier, 22 Mai, Xiaomi organisait son arrivée officielle sur le marché français. Grand hôtel Parisien, Presse, fans dépêchés sur place par la marque et VIP face à des représentants de Xiaomi dans une étonnante proximité.

La marque n’en est pas à son coup d’essai et après son arrivée en Pologne et en Espagne, cette implantation n’est ni brouillonne, ni décidée sur un coup de tête. Xiaomi joue aux échecs et risque bien de faire Mat.

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M Wang Xiang, Senior vice President de Xiaomi

Xiaomi, c’est le très bon élève de la classe. Et comme celle de la téléphonie est également surchargée, il s’agit de la nouvelle formule du bon élève, celle adoptée par les enfants d’aujourd’hui : des gamins qui savent se montrer tour à tour énergiques et audacieux avant de remettre un devoir parfaitement propre et lisible à leur prof.

Xiaomi joue cette carte avec un brio qui ferait bien d’inspirer les autres constructeurs technologiques du marché. Ceux en panne de croissance notamment.

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Cela commence par une présentation baignant dans les ors d’un hôtel cinq étoiles parisien. Un apparat qui a sans doute été plus prévu pour les cadres chinois de la marque pour qui toute l’intervention a été filmée avec moult moyens que pour impressionner les peu impressionnables journalistes français.

Hormis les dorures, la présentation baignait également dans l’huile. Des huiles différentes pour être plus précis, histoire d’être bien sûr d’une arrivée sans accrocs. La première, c’est l’huile de coude. La marque a fait un énorme effort de communication pour son intronisation. Si les haut gradés sur place n’ont pas tous pris la parole, certains sont clairement restés dans l’ombre, si les têtes d’affiche avouaient ne connaitre que quelques mots de Français en récitant un « Nous sommes là ! » très phonétique… Le reste de leur communication était parfaitement traduite dans la langue de Molière. Clips vidéos en Français – et parfois réalisés avec des Français mais nous y reviendrons – mais également présentation globale totalement francisée.

Pour comprendre ce qui différencie ici Xiaomi du reste du marché il faut savoir que des marques pourtant parfaitement établies en France, de grandes marques avec des cadres et une structure sur place, ne s’embarrassent plus depuis longtemps à franciser leurs fiches produits, ni leurs communiqués de presse ni même leurs présentations. Les powerpoints proposés sont bruts de décoffrage, avec des prix en dollars modifiés pour les afficher en euros. Le reste est souvent un simple copié collé des éléments en anglais donnés par le siège. Quand Xiaomi arrive en France, la marque le fait donc en mettant les petits plats dans les grands avec gros travail de communication plein de finesses.

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Tapis rouge et clé de bras.

Vous n’imaginez pas les efforts menés par certaines marques informatiques aujourd’hui établies pour parvenir à intéresser les grandes surfaces en France. Je me souviens du travail mené par MSI et sa direction pour atteindre la grande distribution Française, il y a quelques années seulement. Il a fallu attendre l’arrivée des netbooks Wind pour que des enseignes nationales daignent accepter de les laisser rentrer dans leur catalogue. Et à quel prix ! Des sacrifices de marge énormes, des participations aux frais de catalogue, juste pour pouvoir se présenter dans les rayons de certains supermarchés…

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts désormais et Xiaomi profite d’une bien meilleure situation. Pour être précis, le nouvel acteur est maintenant en position dominante et n’a plus forcément besoin de la grande distribution pour réussir dans l’hexagone.

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Chaque point vert représente un engin sous MIUI, la surcouche Android de Xiaomi…

Deux éléments importants sont à prendre en compte. D’abord la marque existe déjà chez nous même si son arrivée officielle a eu lieu hier. Des milliers d’utilisateurs sont déjà équipés et le fait que la marque ait rassemblé des « fans » dans la salle était là pour le rappeler. Les circuits alternatifs qui ont permis au constructeur de venir s’implanter dans l’hexagone sont connus : Importation depuis des sites asiatiques mais également apparition dans des catalogues de vendeurs Français via des intermédiaires. Acheter du Xiaomi en France n’a jamais été impossible et la marque le signale d’ailleurs en présentant une carte des machines activées en Europe ou l’hexagone brille de mille feux.

Ce petit rappel fait pour la présentation a du sonner durement aux oreilles des différents distributeurs lors des négociations pour l’arrivée de la marque dans le pays. Le message en filigrane est assez simple : On est déjà là, on peut continuer sans vous et vous allez y perdre. Autant accepter nos propositions.

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Et c’est sans compter l’autre argument massue de la marque : Amazon. Xiaomi fait désormais partie du catalogue du géant du eCommerce, ce qui signifie que tout un chacun pourra se procurer ses smartphones en quelques clics en ligne. Si le supermarché ou le spécialiste du coin n’a pas le modèle recommandé en stock, il sera alors livré à domicile en quelques jours… Commander sur Internet ne fait plus peur aux français.

En quelques années, on est passé de nouveaux acteurs qui devaient sacrifier énormément de leurs marges pour s’intégrer aux catalogues des hypermarchés à des arrivants qui bénéficient d’une aura suffisante pour faire sans eux. Le monde change.

L’assistance pour cette intronisation reflétait bien ce nouveau scénario : Si la presse était invitée et en bonne place pour recevoir le message de la marque, une belle série de VIP était également de la partie. Il ne s’agissait pas de stars en mal de cachets ou autres personnes du Show-biz que Xiaomi avait décidé d’inviter à l’événement. Non, les VIP sur place étaient des acheteurs, des commerciaux, des éléments importants des rouages de la machine commerciale française.

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Le Senior vice Président de Xiaomi et les Fans Français de la marque

Et tout ce beau monde encadré par qui ? Les fans français… De vrais fans. Identifiés comme tels par un Xiaomi bien malin qui leur avait remis des T-Shirts blancs aux logos oranges. Des gens qui n’ont pas attendu que la marque débarque en France pour acheter leurs appareils et qui sont mis en scène pour montrer leur enthousiasme. Des profils variés avec des métiers différents mais tous partageant la même passion pour le matériel. On se doute que le petit clip monté pour l’occasion a dû être savamment travaillé par l’agence de communication Française de Xiaomi. Le discours est bien calibré, l’image est belle et réunir des fans dans un lieu pour tourner cette propagande ne se fait pas sans une évidente garantie de résultat. Mais il n’empêche, cela fonctionne. Le message passe.

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Lors de l’ouverture de la boutique en Espagne, même ambiance de proximité. La « méthode fan » est bien rodée.

Quel intérêt d’inviter ces fans ? De leur donner un joli T-Shirt ? D’abord, ils montrent l’engouement provoqué par Xiaomi. Un fan, c’est un VRP en puissance, ils le disent eux mêmes : Ils prêchent allègrement la bonne parole et « convertissent » amis et collègues. Si cette conversion pouvait s’avérer difficile hier avec l’obligation d’acheter une marque non distribuée officiellement en France, on imagine l’impact qu’aura l’arrivée de Xiaomi dans le maillage de la grande distribution Française. Et quoi de mieux qu’un fan reconnu par sa marque préférée pour se transformer en véritable héro ? J’imagine que la journée d’hier les a regonflés à bloc, qu’ils ont été entendus par le fabricant et qu’ils sont déjà à l’oeuvre pour le faire savoir. Serrant encore un peu plus fort les liens qu’entretient vraiment le constructeur avec sa base.

Dernier point ? Si les conférences de presse peuvent être parfois assez glaciales en France – on n’applaudit pas forcément à tout rompre quand on prend des notes – le fait d’entourer l’assistance d’une troupe de fans permet de largement réchauffer l’atmosphère. Un détail qui aura du marquer les VIP sur place.

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De fait, Xiaomi annonce sa présence partout : Les grandes enseignes ont du être très attentives à ses arguments. Amazon, Auchan, Carrefour (et donc ses filiales de eCommerce), Boulanger, CDiscount, Darty, Leclerc, Orange, SFR, Bouygues, Free et compagnie. Tous vont distribuer les smartphones du constructeur chinois. De là à dire qu’ils n’avaient plus vraiment le choix, il n’y a qu’un pas que je vais franchir allègrement.

Avec l’arrivée de Xiaomi, c’est une bonne partie de l’écosystème actuel qui va être bouleversé. Je ne donne pas très cher de certaines marques en téléphonie : Archos ou Wiko, dont la spécialité est de coller une étiquette sur des smartphones asiatiques, ne vont plus faire recette face à ces offres mieux situées. Mais d’autres marques plus connues vont également en pâtir. Acer, Asus, Lenovo et même des marques premium comme Samsung ou Apple, tous vont subir l’arrivée des deux premiers modèles de smartphones annoncés pour le moment. Il faut dire qu’ils sont très bien placés au vu de leur équipement. Le Mi Mix 2S à 499.99€ et le Redmi Note 5 à 199.99€ sont de véritables bonnes affaires par rapport à de nombreux produits concurrents.

Comment faire pour un revendeur pour continuer à commercialiser des produits moins bons au même prix ? La marque est déjà assez connue mais son aura va s’amplifier rapidement à mesure que les smartphones seront proposés. Xiaomi est le quatrième vendeur de smartphones dans le monde. La marque est devenue le troisième vendeur de smartphones en Espagne six mois après son arrivée sur ce marché. Je suis curieux de voir le top des ventes d’ici six à douze mois en France. Cela risque d’être particulièrement intéressant.

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Donovan Sung, qui développe la partie Marketing « globale » de la marque

Pourquoi Xiaomi va fonctionner ?

Dans son discours de présentation, une grosse partie a été tournée vers la réussite du modèle Xiaomi. La vitesse de sa croissance et de ses résultats. Présentant son chiffre d’affaire impressionnant et la rapidité à laquelle la marque y est parvenue comme une preuve de sa solidité et de la confiance de ses clients. Il y a certes une grosse différence entre chiffre d’affaire et bénéfices mais la marque montre en tout cas sa rapidité d’implantation. Et l’adhésion de son modèle.

D’un point de vue pratique, la recette Xiaomi est assez simple : Pas de compromis. Si ce n’est celui de la marge. Le constructeur ne lésine pas sur les fondamentaux de ses créations. Leur design est léché, les matériaux employés sont de qualité et la conception des engins comme leur développement logiciel est surveillé avec beaucoup d’attention.

Xiaomi a compris que le nerf de la guerre commerciale pour une marque comme la sienne est dans le produit et non pas dans la communication autour de ce produit. Le but de la marque est de proposer un excellent rapport qualité, performance, prix. Elle compte sur cela pour séduire un public sensible à ces arguments précis : Celui des technophiles. Les autres achèteront toujours en fonction de la côte de confiance : Ce qui fait le succès de marques établies.

Peu de blabla donc et des smartphones performants et efficaces vendus largement moins cher que les solutions concurrentes présentant des caractéristiques processeur, mémoire, stockage et photo parfois inférieures.

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Le design logiciel avec les développements maison fonctionne parfaitement bien. La partie materielle avec des engins sobres et redoutablement séduisants est également très efficace. Le tout fait mouche, il suffit d’avoir un produit de la marque en main pour voir son impact autour de soi. Quand Xiaomi ne fait pas appel a des signatures connues comme Starck pour son haut de gamme Mi MIX, elle compte sur son propre laboratoire de design qui travaille à 360°. Il y a des design que vous ne pouvez pas apprécier mais il n’y a pas de produits de seconde zone chez Xiaomi. Autant sur les smartphones que sur tous les accessoires de son écosystème.

Car c’est un de autres aspect de l’offre du constructeur : Xiaomi est un touche à tout efficace. Sa stratégie ? Incuber des sociétés proposant des produits pertinents et les distribuer ensuite.

Comment apparaître sur le marché mondial aujourd’hui quand on travaille sur un produit novateur ? En investissant des millions de dollars dans de la pub ? C’est totalement impossible pour la majorité des nouveaux arrivants. En menant une campagne de financement participatif ? Cela restera confiné à une minorité de clients.

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Connaissez vous des marques comme Aqara ou Yeelight ? Peut être si vous êtes technophile mais a priori si vous avez déjà entendu parler de Xiaomi vous n’avez pas forcément entendu parler de ces deux autres. Et pourtant…

Ces marques ont un point commun. Il s’agit de sociétés ayant des brevets propres, un savoir faire technique et des compétences uniques. Aqara conçoit des éléments domotiques et Yeelight des éclairages LED. Pour qu’un de ceux là s’implante durablement à l’échelle mondiale, il faudrait des années et une considérable masse d’argent à investir en publicité. Fort de ces arguments, Xiaomi se pose alors en alternative. La marque investit des capitaux dans ces sociétés et leur permet de travailler sur leurs produits. Elle les décharge du design des engins en profitant de l’occasion pour mieux les intégrer à ses propres gammes. Unifiant ainsi l’aspect et l’expérience de l’ensemble de son offre et apportant la petite touche de polissage nécessaire pour passer d’un bon produit à une solution vraiment séduisante. La marque ne s’est d’ailleurs pas privée de détailler les très nombreux prix de design qu’elle a su conquérir à travers le globe au fil des ans. Pas plus qu’elle n’a oublié d’indiquer les 23000 brevets déposés jusqu’à aujourd’hui dont la moitié à l’international. Cerise sur le gâteau pour un partenaire comme Aqra ou Yeelight, Xiaomi propose en plus d’avancer les fonds nécessaires à la production des produits. Le constructeur offre ainsi un énorme poumon économique à des entités qui seraient confinées à un marché beaucoup plus limité autrement.

Imaginez un constructeur de lampes LED qui reçoit la visite d’un partenaire pareil. Il passe instantanément d’un rôle de fabricant local à un rôle de développeur de nouveaux dispositifs, se débarrasse de toutes les contraintes de commercialisation comme de production et hérite d’une marque prestigieuse au passage. C’est l’équivalent planétaire du petit producteur qui signe un contrat de distribution avec une enseigne nationale. On change totalement de braquet.

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Casques, domotique, cuisine, audio, vidéo, photo, jouets, mobilier… La galaxie Xiaomi est énorme

Et ce scénario de se répéter non pas une fois ou deux pour l’expérience mais à des dizaines et des dizaines de reprises, faisant de la marque le distributeur d’une véritable galaxie de produits en tous genres.

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C’est pour cela que des engins au rapport qualité prix très efficaces débarquent sous la marque Xiaomi : La fameuse trottinette M365, par exemple, a été conçue par Ninebot. Société spécialisée dans les véhicules électriques de ce type et qui a racheté Segway. Xiaomi a injecté de l’argent dans Ninebot et profite de son expertise pour commercialiser sa trottinette avec son propre design à un tarif largement inférieur aux offres concurrentes. Désormais proposée officiellement à 349.90€ en France, elle est souvent deux fois moins chère que les produits équivalents vendus jusqu’alors. Même si de nombreux produits concurrents étaient tout simplement des trottinettes chinoises rebadgées…

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2.46 milliards de Yuans de Chiffre d’Affaire le 11/11/2017 pour Xiaomi; soit 266 millions d’euros en 24 heures

Un marché local colossal et une offre directe.

L’autre point clé de l’offre de la marque c’est son poumon local. Les marchés chinois et indien notamment. Quand Xiaomi lance un nouveau produit sur place, elle n’en fabrique pas des milliers de pièces pour sa sortie mais plutôt des millions. A certaines dates particulières comme le jour de la fête des célibataires en Chine, ce sont plus d’un million de smartphones de la marque qui sont écoulés en 24 heures. Les smartphones moyen de gamme comme le Redmi Note 5 se vendent par millions en asie et en Inde où le constructeur est également devenu un véritable phénomène. Il arrive également assez souvent que le constructeur annonce des précommande de 5, 10 ou même 15 millions de pièces avant même la sortie du produit

Cette production de masse a un véritable impact sur les prix. Monopoliser une usine pour produire chaque semaine des centaines de milliers de machines pendant de longues périodes permet de tirer les prix d’achats des composants et des matières premières au plus bas. Cela offre également la possibilité de rentabiliser au maximum les designs et la Recherche et développement des engins mais également les lignes de production. Cela augmente l’intérêt d’une mécanisation la plus complète possible de la chaîne. Quand on va fabriquer plusieurs millions de produits identiques, cela vaut évidemment le coup de programmer quelques robots à la tâche. Autant d’éléments qui améliorent la rentabilité de la marque sans augmenter le prix des produits.

Xiaomi profite également d’une distribution directe. Il ne passe pas par un importateur ou un grossiste qui va prendre son inévitable commission au passage. La marque va fournir en direct les enseignes partenaires et proposer elle même ses produits. Et le tarif est donc à prendre ou a laisser. Si les partenaires ne sont pas satisfaits par l’offre et le prix public proposé… tant pis. La marque peut se passer d’eux.

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Xiaomi et l’innovation pour tous

A bien écouter le discours de Xiaomi, on entend presque un discours politique socialiste. Le géant Chinois annonce de « L’innovation pour tous » et promet des produits accessibles au plus grand nombre. Une vision assez humble qui se traduit par de nombreux aspects. Quand des concurrents invitent de vieilles stars sur le retour aux conférences de presse, Xiaomi invite ses fans. La marque semble vouloir démocratiser au maximum des produits technologiques et certains coup d’éclats en ce sens ont clairement laissés leur trace. Les bracelets connectés Mi Band par exemple, vendus trois fois moins chers que les produits concurrents entrée de gamme se sont vendus par millions. La trottinette M365 et certains smartphones apportant des technologies haut de gamme au marché ont réussi l’exploit d’être importés sur les cinq continents. Xiaomi s’est fait un véritable plaisir, on sentait en tout cas les intervenants du constructeur jubiler, en comparant les prix et les caractéristiques des produits concurrents face aux leurs. Un exemple ? Le futur chargeur sans fil à la norme Qi de la marque annoncé avec son nouveau Mi MIX 2S devrait être vendu 19.90€ quand des produits équivalents actuellement sur le marché sont souvent vendus au dessus de 50€…

Plus surprenant encore, Xiaomi d’annoncer que son objectif de marge pour 2018 serait de 5% seulement. Un chiffre au delà duquel la marque « redistribuerait » les bénéfices à ses clients ? Communiste Xiaomi ? Pas du tout. D’abord cette idée de 5% de marge est un objectif particulièrement simple à atteindre. Il suffit de réinjecter quelques capitaux dans son propre business pour retomber sur ses pattes. Prendre une nouvelle participation dans une société externe, augmenter sa publicité ou les salaires via une prime et l’éventuel petit pourcentage de marge en « trop » sera vite oublié.

Quelle stratégie derrière ce discours de partage alors ? D’abord cela continue de mettre en valeur la proximité de la marque avec son public. Une recette qui se traduit par son slogan mondial « Just for fans » et qui a bien fonctionné jusqu’alors. Cette idée du partage technologique permet également un autre tour de passe passe pour le constructeur qui a plusieurs casquettes.

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Son ambition ne se limite pas à une approche de vendeur de matériel mais se tourne également vers d’autres services. Avec un écosystème de produits connectés, des smartphones à la centrale domotique en passant par les balances et autres bracelets sportifs, le monde de Xiaomi est également un univers de données. Des données qui, on le sait, ont une valeur marchande. Le constructeur ne tardera pas à faire fructifier ce trésor d’une manière ou d’une autre.

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Cela passe aussi déjà, en Asie, par des partenariats avec d’autres fournisseurs de services. Miui, la surcouche logicielle de Xiaomi sur ses smartphones sert de véritable passerelle pour des services de divertissement : Films, séries, animes ou jeux. Xiaomi est également un vecteur de cette industrie culturelle qui est très rentable. Enfin, Xiaomi propose des services de paiement local, des services bancaires et des fonctions d’hébergement de données. Autant de petits « à côté » qui participent au bon fonctionnement financier de la marque.

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Xiaomi reste peu gourmand

Le principal point fort de ce nouveau venu sur le marché français est son ascétisme. La marque n’est pas aussi gourmande que de nombreux concurrents. Elle fait également le choix simple de se reposer sur une communauté. Moins de pub, plus de fans. Des « experts » qui vont jouer le rôle de guides auprès du grand public et un effet boule de neige sur le marché. Moins d’argent dépensé en affichages géants, en publicité télé ou en partenariats avec des stars du show-biz mais un investissement plus efficace directement dans les produits proposés.

Ce déploiement à l’international ne coûtera au final pas cher à la marque. Elle trouvera de nombreux nouveaux clients et si je doute que sa boutique Parisienne soit rentable un jour1, il va sans dire qu’elle aura une influence sur le reste du marché.

Xiaomi a pâti, ces dernières années, d’une politique jugée comme trop axée sur une distribution 100% en ligne. Des analystes critiquaient également son manque d’ouverture à l’international. Des éléments jugés problématiques par de nombreux investisseurs. Avec ce déploiement européen depuis un an maintenant et cette nouvelle arrivée en France, la marque montre qu’elle sait corriger le tir.

Je vous avais prévenu, Xiaomi est un très bon élève. Un élève qui risque de faire rapidement de l’ombre à de nombreux camarades de jeu.

Xiaomi en France : Quels matériels et quelle distribution ?

Notes :

  1. Un autre billet va suivre pour parler de la boutique plus en détail

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106 commentaires sur ce sujet.
  • 25 mai 2018 - 18 h 56 min

    […] ACTU Xiaomi arrive en France et chamboule déjà le marché. […]

  • 25 mai 2018 - 19 h 17 min

    @Nexus67: En même temps, c’est loin d’être le seul !
    xiaomi, je les connais grâce à planète numérique et ai acheté mon redmi 1S via l’amazon market.

    ah, le bashing des concurrents, ça va y aller…

    @Pierre Lecourt: Bon courage pierre !
    de la modo sur ce billet, ça va me rappeler l’époque de la HP touchpad ou le « fameux » coup de la tablette blackberry

    souvenir, souvenir…

    good luck

    Répondre
  • Fil
    26 mai 2018 - 15 h 43 min

    @Pierre Lecourt
    Bonjour,
    Je vais me permettre d’apporter quelques corrections sur la journée de présentation en question. Tout n’a pas baigné dans l’huile, loin de là devrais je dire.
    Si tu veux en avoir le coeur net tu peux regarder cela : https://c.mi.com/thread-1070017-1-0.html
    Et non je n’ai pas apprécié d’avoir perdu ma demi-journée pour rien et de n’avoir pas pu mettre les pieds dans la boutique.
    PS : je faisais partie des personnes tirées au sort et qui devait participer à la conférence de presse à l’hôtel Intercontinental, qui ont été transportées en Bus jusqu’à la boutique et qui n’ont pas pu mettre les pieds dedans. Bref une journée de M… à oublier vite.

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  • 26 mai 2018 - 16 h 32 min

    @Fil: Je ne doute pas qu’il y ait eu des couacs, cela arrive toujours et j’avoue que je me sentais assez mal avec mon badge presse de passer devant des gens qui attendaient depuis des heures…
    Mais ce n’est évidemment pas ce qu’on retiendra de cette journée. Pour Xiaomi les gens qui attendaient étaient utile pour que l’on puisse faire des photos « à la Apple » avec des gens qui font la queue devant la boutique. Pour avoir fait plusieurs ouvertures de magasin je peux te dire que c’est une énorme angoisse des organisateurs : Inviter la presse et laisser une boutique vide être photographiée…

    Les fans ont joué leur rôle, encore une fois. Ce n ‘est pas un jugement péjoratif mais qui va être assez naïf pour croire qu’une marque invite ses fans sans arrières pensées ? Le rapport « fan/marque » est un rapport publicitaire quand c’est la marque qui le prend en charge.

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  • Fil
    27 mai 2018 - 14 h 28 min

    @Pierre Lecourt:
    @Pierre Lecourt
    Effectivement les fans ont rempli leur fonction de bouche-trou au cas où la boutique aurait paru vide.
    Mea culpa je suis encore naïf parfois. Cela étant je ne crois pas que mécontenter les gens qui animent leur forum soit la meilleure idéee.
    Bien sûr quoi qu’on en dise Xiaomi réussira son Paris (sans jeu de mot) et s’imposera assez naturellement sur le marché européen. Assez pour concurrencer Samsung et Huawei ? l’avenir nous le dira
    Pour ma part, je suis plutôt en train de lorgner du côté du OP6 du coup d’autant que les tests du mi mix 2s ne seraient plus aussi dithyrambiques.

    Répondre
  • 27 mai 2018 - 15 h 50 min

    @Fil: Je ne crois pas que l’objectif de Xiaomi ait été de vous décevoir. J’ai parcouru entièrement ton lien et les griefs soulevés. Je peux facilement les comprendre mais pour être très honnête c’était pas une conférence faite pour les fans mais bien une conférence qui les mettait en scène. Regarde les retours de la presse et tu comprendra.

    Des remarques m’ont intéressés dans les commentaires d’autres m’ont fait sourire. J’avoue que certains n’assistent pas souvent a des présentations de ce type car pour une fois c’était assez réussi, d’habitude c’est catastrophique. Ce Show n’était pas une fête à la Apple ou Google parce que le public n’était pas le même.

    Faut bien comprendre que tout ce qui a été filmé sur place avec débauche de moyens (multi caméra, Luma etc) n’était pas pour le public ou le web mais juste pour la Chine ou la direction et le amrketing vont nous observer à la loupe… Et motiver les troupes.

    C’est pour cela que votre rôle était important. Ne sois pas amer pour autant, si la marque avait pu elle aurait sans doute mieux fait mais je crois qu’une partie de la déception vient du fait que beaucoup de fans espéraient un show, des privilèges et un traitement VIP. Mais en regardant avec du recul c’était juste l’ouverture d’une petite boutique d’un côté et un passage de message de l’autre. Pour la presse d’un côté. Cela a fonctionné. Pour les VIP de l’autre (fin de la partie boutique) qui est sans doute le plus important. Ces VIP vont découvrir les produits et signer des contrats. C’est sans doute ces derniers qui ont été le plus gâtés. Je le sais, j’en ai fait partie pendant des années de ces VIP « acheteurs »….

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