Panasonic Wear Space : Œillères 2.0

Après avoir extrait les gens de leur zones de confort en les intégrant dans des Open Space bruyants et rendant difficile un semblant de concentration. Voilà que l’on veut leur proposer de porter des œillères avec ce Wear Space de Panasonic.

Le projet de Panasonic ressemble à un avenir radieux où les travailleurs seraient disposés en batterie un peu comme des poules pondeuses et dans des conditions pas si éloignées. Un des grands avantages des Open Space est de pouvoir limiter les frais d’installation d’une équipe. Prenez un plateau dans un immeuble, glissez la câblerie dans un faux plafond et quelques poteaux pour alimenter en réseau et courants divers points stratégiques, parsemez de tables et de chaises et voilà ! Vous avez un endroit prêt à accueillir autant de collaborateurs qu’il y a de chaises.

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Les Open Space, c’est pas vraiment le paradis pour se concentrer. Si ce type d’implantation est souvent considéré comme le meilleur moyen de fluidifier la communication au sein d’une entreprise, d’entretenir le bonheur au travail, d’être cool et de maximiser son agilité les effets néfastes provoqués par ce dispositif sont importants. 

On a d’abord une hiérarchie des Open Space qui, si elle est différente des anciennes dispositions cloisonnées, existe bel et bien. Les nouveaux arrivants par exemple se retrouvent généralement au centre des Open Space, là où ils pourront être surveillés épaulés. Les responsables et autres chefs ont plus souvent un poste qui leur permet de garder une certaine intimité d’affichage. Dos au mur, ils peuvent profiter d’un écran non exposé au reste du groupe. Les employés ne peuvent pas aller chercher un voyage sur leur site préféré ou zoner sur Amazon sans que l’on puisse à tout moment les surprendre. Difficile d’avoir une conversation  privée sans aller faire un tour dans un couloir ou aux toilettes. Compliqué de lire un email perso sans risquer que son voisin louche dessus parfois sans même le faire exprès. Et que dire des sessions laissées ouvertes et parfois chahutées sur les réseaux sociaux.

Cette situation, et le fait que tout le monde se surveille, créent en général une ambiance désagréable. Une « auto régulation » pour les employeurs, un « flicage » sur base de dénonciations et de potins pour les employés. Une sorte de Big Brother généralisé qui commence avec le listing mental de ceux qui arrivent en retard et qui finit avec ceux qui partent en premier…

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Mais le principal problème des Open Space ne vient pas de tout cela, il est simplement lié à la configuration même de ces lieux: Bruits, passages, mouvements… Les Open Space sont un des pires lieux de travail pour qui a besoin de se concentrer. Entre coup de fils de collègues, éclats de voix, rires, bouffe réchauffée au micro onde qui envahit d’un coup tout le plateau, livreur qui déboule en gueulant et autres organisations de réunions impromptues, se concentrer en Open Space est un véritable défi pour certains. J’en ai rencontré des programmeurs géniaux embauchés une fortune et incapables de pianoter 10 lignes de code par jour dans un de ces espaces ouverts. Leur ancien travail leur fournissait un bureau plus calme et en changeant d’entreprise, il se sont vite rendu compte qu’ils attendaient désormais patiemment que leurs collègues s’en aillent le soir pour enfin commencer à travailler. J’ai vu des rédactions de magazines où la majorité du personnel ne fonctionnait qu’avec un casque vissé sur la tête. Un bel exemple de communication au sein de l’entreprise…

Réconcilier ces deux mondes semble impossible. D’un côté des Open Space si pratiques et économiques pour les employeurs et de l’autre des salariés ayant besoin d’un certain degré de concentration pour travailler… 

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Panasonic Wear Space : La solution !

Panasonic annonce vouloir lancer un projet de financement participatif pour des sortes d’œillères a se fixer sur la tête afin de réduire son champs de vision et augmenter sa concentration vers son travail. Ce casque audio permet de diminuer la vision de l’utilisateur en éliminant la vision latérale que notre instinct de prédateur1 pousse  à identifier. Michel, votre voisin de bureau, se lève pour aller chercher un café. C’est plus fort que vous, votre cerveau a besoin de comprendre ce qu’il est en train de faire et vous allez perdre votre attention pour aller vérifier à quoi correspond ce mouvement que vous avez perçu du coin de l’oeil. Cela ne dure que quelques instants mais c’est suffisant pour perdre la ligne que vous étiez en train de lire, le fil de votre pensée et parfois les deux quand vous programmez quelque chose par exemple.

En oblitérant cette vision latérale et en ajoutant en prime une isolation sonore vous allez pouvoir cous couper de ces irruptions désagréables dans votre réflexion. Le casque est muni d’un dispositif anti bruit qui va limiter les nuisance sonores. En prime, le fait que vous portiez votre casque aura un effet sur votre entourage. On ne dérangera pas un utilisateur du Panasonic Wear Space, il porte un casque qui montre qu’il a besoin de se concentrer… C’est pire qu’un panneau ne pas déranger puisque vous aller interférer réellement avec  son travail en cours. Couper son intimité avec lui même.

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Le casque pèse 330 grammes, propose 12 heures de dispositif anti bruit et se recharge en 3 heures. Présenté comme un gadget comme un autre, il est entré en financement participatif et doit réunir 15 000 000 de Yens d’ici la mi Décembre. A 28 000 yens le dispositif – soit environ 215€ – l’objectif devrait être facile à atteindre puisque cela représente environ 500 casques… La livraison devrait intervenir en Août 2019.

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Panasonic Wear Space : Le problème…

Je suis persuadé que les acheteurs de ce dispositif qui ont misé sur son financement participatif ne sont pas des employeurs.Ce sont des salariés malheureux de leurs conditions de travail en Open Space. Et c’est peut être ça le pire. Les gens qui n’arrivent pas à se concentrer dans ce type d’endroit savent que c’est cette ambiance particulière qui les empêche d’êtres efficaces. Ce sont probablement ces utilisateurs là les premiers qui lâcheront 215€ pour travailler « au calme ».

 Le risque à terme est de proposer ce genre de solution directement dans les Open Space. J’imagine un rack de ces Wear Space pendouillant à l’entrée d’un plateau et la bonne excuse d’un employeur qui organiserait une conférence directement dans l’Open Space en demandant aux employés non concernés de continuer à travailler en utilisant les moyens mis à leur disposition. J’imagine également des collègues d’entreprise être disposés en batterie les uns à côté des autres en comptant sur les Wear Space pour les garder concentrés sur leurs tâches. Je n’ose pas imaginer le jour où sur chaque siège de bureau sera délicatement posé un Wear Space en pleine charge pour que chaque employé retrouve son espace clos personnel dans un grand étage décloisonné d’une immense tour. 

Les utilisateurs auraient alors tous les inconvénients du cloisonnement avec une absence totale de dialogue des équipes mais également celui d’un Open Space qui enlèvera toute possibilité de vie privée. 

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Dire que ce Wear Space est une fausse bonne idée sur un lieu de travail semble évident. Si il s’agit d’un choix de l’utilisateur passe encore, je comprends mieux que quiconque que l’on puisse avoir besoin de s’isoler par moment pour mieux travailler… Mais le problème à court terme de cette invention est qu’elle pourrait donner des idées à certains employeurs. C’est un excellent moyen d’éviter toute discussion entre les salariés d’un groupe, d’étouffer avant même qu’elle ne naisse toute contestation ou de devoir supporter les plaintes des utilisateurs de casque. Comme pour l’animal à qui on pose des œillères de façon à ce qu’il trace un sillon rectiligne avec sa charrue, le Wear Space définit le seul et unique objectif de l’utilisateur : Son travail devant un écran.

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Quand on a déjà vu à quoi ressemblait pour de vrai un Call Center moderne, on sait qu’il ne faut pas grand chose pour  donner cette idée à certains employeurs. Seul le problème du bruit généré par ces utilisateurs situés à 50 cm les uns des autres empêche ces grands centres d’appel d’abattre les cloisons qui séparent les téléopérateurs. J’ai bien peur qu’avec la merveilleuse idée de Panasonic, cette barrière tombe pour d’autres métiers ne nécessitant pas de parler à quelqu’un au téléphone. Le studio qui propose cette invention au sein de Panasonic s’appelle « Future Life Factory », un nom qui sonne comme un objectif a atteindre.

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C’est une vision de l’entreprise où il n y’a plus de relations humaines, uniquement des éléments distants, des envois de mails, des messageries, des comptes rendus et de rapports. On n’est plus très loin d’un monde où le cerveau humain est cultivé en batterie.

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En 2017, un studio de Design Ukrainien proposait le Helmfon sur le même principe… pour faire le buzz.

Tout faux !

Panasonic n’a jamais fourni la moindre étude démontrant l’efficacité de son Wear Space. Pour la simple et bonne raison qu’aucun test scientifique n’a été effectué. Est-ce que ce qui fonctionne avec un cheval ou un bœuf aura les mêmes effets chez un humain ? Est-ce que le fait de couper deux sens sur cinq chez un utilisateur en lui réduisant la vue et l’ouïe l’aidera à véritablement se concentrer ? Pour ma part ,dans ces conditions, je me sentirais totalement piégé. Je travaille souvent avec un casque2 mais je reste vigilant sur mon environnement. Si je travaillais avec un Wear Space seul chez moi, j’aurais probablement peur qu’il se passe quelque chose autour de moi sans que je m’en rende compte. Si je travaillais en Open Space, ce serait probablement pire. Sentir que quelqu’un passe dans votre dos mais ne pas le voir ni l’entendre est une expérience désagréable et peut être plus dérangeante que  de jeter un coup d’oeil rapide pour l’identifier. 

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L’objet semble répondre à une problématique mais il me semble plus intéressant d’interroger le fait que l’on ait abattu des cloisons réelles pour en construire d’autres. La différence entre les premières et les secondes étant que c’est l’utilisateur qui porte les nouvelles sur lui, et c’est bien pire question isolement que de devoir toquer et pousser la porte d’un bureau.

Notes :

  1. Qui continue à exister même chez l’employé de bureau
  2. Un modèle avec réduction de bruit ou un modèle Hifi très efficace pour m’isoler

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19 commentaires sur ce sujet.
  • 22 octobre 2018 - 23 h 37 min

    Terrible analyse. Malheureusement l’open space a encore et toujours la faveur des aménageurs / employeurs, y compris désormais pour les fonctions qui ont cruellement besoin de concentration et de confidentialité.

    Répondre
  • 23 octobre 2018 - 0 h 17 min

    Dans mon entreprise il y a des open spaces pour les consultants et des bureaux de 4-8 pour les devs. A 4 pour le dev c’est jouable, a 6 cela devient délicat, à 8 cela devient difficile, le travail se fait alors sur des periodes plus courtes. Au final une partie du bureau est du matin, l’autre du soir afin d’avoir une demi journée à seulement 4. On repassera pour la communication. Ils commencent a mettre des devs dans des open spaces, personne n’est heureux… (et pourtant ce sont de petits open spaces).

    Le pire pour nous c’est lorsque des consultants en organisation ou des architectes viennent vendre leur conneries de communication ouverte aux managers (qui ont bien un poste dans les open spaces mais passent leur journées dans des salles de réunions bien isolées): a chaque fois on perd un truc en qualité de travail.

    Quant aux casques anti bruit du style Bose ils ne marchent pas car ils sont conçus pour les bruits répétitifs: ils font des miracles dans le métro, le train ou l’avion. Mais il ne reste plus que leur isolation passive face aux bruits de bureau. Et cela fait un peu associal. Les casques anti bruit de chantier sont incortables très rapidement, le « clamping » est trop fort. Les oreillettes pour le tir ou la musique ne marchent pas non plus car elles sont concues pour bloquer le son au dela d’un certain niveau mais laisse passer tout ce qui est en dessous.

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  • 23 octobre 2018 - 0 h 42 min

    @R2D2: La première rédaction de magazine que j’ai visité (j’étais pas vieux, tous les ordis étaient des Mac Classic ^^) fût mon premier contact avec un Open Space. Je me souviens avoir demandé à mon père en rentrant chez moi ce que c’était des « boules quiès ». Les boites n’étaient pas rares sur les bureaux…

    Répondre
  • 23 octobre 2018 - 1 h 57 min

    J’ai travaillé dans un open-space complet (presque 50 personnes), puis dans un open-space moindre (4 personnes). Ca n’a rien à voir. Et pourtant, même à 4, toujours ces jeux de regards : heure d’arrivée, heure de départ, un petit coup d’œil pour regarder ce qu’untel fait… et puis ensuite ça rapporte tout ça devant la machine à café ou la pause clope, ou Skype for Business. Comportement accentué par les émissions où on est formaté à critiquer (un dîner presque parfait, loft-story, les reines du shopping, etc.).

    Bref, on fait du toyotisme sur des employés de bureau qu’on souhaite polyvalents, avec une direction qui encourage « la peur inter-collègues » pour les ragots et une surveillance à 100% des managers pour justifier une augmentation ridicule « je me suis battu avec la direction pour toi, mais à cause de ça, ça et ça (tu n’as qu’à t’en prendre qu’à toi-même), c’est tout ce que j’ai pu arracher ». Les réclamations clients d’hier qui mettaient plusieurs jours à être traitées par voie postale ont été remplacées par les mails « URGENT » des collègues, et (toutes) les demandes prioritaires devant être traités dans les 2 heures.

    Et maintenant ces œillères. A quand la structure d’algorithmes Google Assistant (Duplex) qui remplace l’employé de bureau et le robot Boston Dynamics dans le hangar qui prépare les livraisons 24/24 ?

    Le Monde est devenu complètement fou.

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  • 23 octobre 2018 - 6 h 54 min

    Sorti de chez le client je le retrouve chez mon employeur dans des conditions de bruit incompatibles avec la concentration requise pour l’activité de développement. Mon CV est donc à nouveau actif sur le ouiabe. Merci pour l’article Pierre.

    Répondre
  • 23 octobre 2018 - 8 h 40 min

    Je travaille (de nouveau) en Open Space depuis 2 ans. Il est vrai que la concentration est difficile. Le fait est aggravé car j’ exerce une fonction support. Et pour finir je souffre d acouphènes.

    Travaillant dans une start-up dans le son, nous avons eu le droit d avoir des atténuateurs moulés sur nos empruntes d oreilles. C est déjà fort appréciable, on se trouve alors dans la situation d être isolé du reste du monde cela facilite la concentration tant que quelqu’un ne vient pas vous taper sur l épaule pour vous demander une clé USB… Des sociétés comme Jabra propose également des solutions d informations sur la pression sonore de la pièce.

    https://www.jabra.fr/business/office-headsets/jabra-noise-guide

    Un peu cher pour ce que c est mais admettons.

    Mon point de vue sur le sujet et que : nous sommes effectivement super sollicités dans nos environnements de travail, l entreprise fait des gains de productivité et limite ses coûts d aménagement (le M2 de bureau dans Paris est tellement élevé). Bref j’ai vraiment l impression que comme dans la médecine, dite classique, allopathie, on soigne le mal par le mal… En France, les dispitifs législatifs existent. Pourquoi encore de trop nombreuses sociétés ne font pas confiance à leurs salariés. Mon métier peut s exercer à 95% à distance, pourquoi est-il encore si difficile alors que tout est là de pouvoir travailler de chez soi. Le problème de fonds est un problème de management. Messieurs les dirigeants d entreprise, vous sortez la tête du guidon, faites vous accompagner et faites accompagner vos managers par du coaching ou de la formation et vous verrez que vous gagnerez en productivité tout en réduisant vos coûts. Un manager sachant gérer une équipe éclatée aura probablement plus de temps à lui consacrer. Supprimons l heure ou l heure et demi quotidienne à passer dans les transports, pour rien.

    Laisser nous travailler, faites confiance à vos employés, accompagnez les, formez les et vous verrez nous n aurons pas besoin de la solution de Panasonic… enfin en attendant pour ceux qui ne peuvent pas exercer leur travail à distance ce n’est pas si con…

    Répondre
  • 23 octobre 2018 - 8 h 58 min

    @Scalian: Avec un pseudo comme ça, tu ne travaillerais pas pour cette boite ??
    Si c’est le cas, on est collègue alors ;)

    Répondre
  • yan
    23 octobre 2018 - 9 h 43 min

    L’open-space, bien décrit ici dans ses aspects négatifs, est déjà bien dépassé: Suit le flex-office, basé que le fait qu’il y a toujours 10 ou 20% d’absents (congés, déplacements…) à un moment dans l’entreprise. C’est facile à quantifier pour l’employeur, il a toutes les stats pour placer le curseur.

    Donc chacun a un (petit) casier ou il range ce qui lui reste de personnel chaque matin pour le remettre chaque soir en laissant (ce qui n’est même plus) « son » bureau libre…

    Et le matin, passé 9h, c’est un jeu de chaise musicales dont les perdants sont les derniers arrivés… qui se retrouveront donc pour la journée à jongler entre les salles de réunion inoccupées (avec moult déménagements à prévoir), voir se retrouveront à « bosser » dans les espèces de cabines téléphoniques (version capitonnée et sans téléphone, vu que chacun a désormais le sien en poche) de 1x1m avec juste un tabouret et une tablette, normalement prévues pour s’isoler un peu (porte latérale vitrée!) quand on a un appel perso à passer.

    Il y a une vingtaine d’années, mon diplôme d’ingé en poche, jamais je n’aurais imaginé me retrouver dans des conditions de travail pareilles. La norme c’était des bureaux attribués entre 2 et 5 personnes (autour de 3 en moyenne). Les managers avaient droit à être seuls, avec une petite table de réunion, permettant que ce qui ne devait pas sortir de leur bureau n’en sorte pas. Là, ils sont au même régime jusqu’au niveau directeur. Monter en grade n’est donc même plus une option pour échapper à cela!

    Bref, en plus de la surveillance, le flex ajoute la dépersonnalisation totale (qui ira punaiser les photos de ses gosses pour la journée?) et l’obligation d’arriver tôt pour éviter le risque de ne pas avoir de place.

    Le problème, c’est que si cela joue négativement sur ceux qui sont en place, ce dont les employeurs se foutent sinon ils feraient autrement… mais il faut également voir la tête des jeunes diplômés qui viennent en entretient! Et même s’ils ne tiltent pas à ce moment, ce sera le cas lors de la période d’essai: On voit de plus en plus de ruptures du fait de ces nouveaux embauchés, désormais très loin devant celles initiées par le manager ou la RH visant les erreurs de casting!

    Au final, on n’arrive donc avec ces conditions merdiques à ne recruter que les profils qui n’ont pas trouvé ailleurs ou, habitant pas loin (ce qui compte pas mal en IDF), ont pesé le pour et le contre tout en ayant besoin d’une première expérience sur le CV… et la volonté de se tirer dès que possible.

    Les entreprises qui continuent de proposer des conditions de travail tout simplement décentes raflent quand à elles la mise: Elles ont le choix que autres leurs laissent!

    Des stratégies qui ne survivraient pas à la moindre embellie sur le front de l’emploi.

    Répondre
  • 23 octobre 2018 - 11 h 06 min

    Ce qui me choque (en dehors du principe de l’open space que je subis au quotidien) c’est qu’une entreprise comme Panasonic, internationale, bien établie, se permette de faire appel à du financement participatif pour développer un produit. Le financement participatif est à mes yeux une très bonne idée pour des entrepreneurs solitaires, qui démarrent, mais de la part de grosses boîtes c’est du foutage de gueule. A quoi leur sert leur budget R&D? Si ils le vendent ensuite ils feront du bénéfice sur ce produit, bénéfice qu’ils ne reverseront pas aux financeurs. On voit de plus en plus de projets concernant des entreprises solides sur les plate-formes de financement participatif, je trouve que ça en discrédite le principe.

    Répondre
  • 23 octobre 2018 - 11 h 13 min

    Ce gadget me semble tellement irréaliste que je me demande s’il ne s’agit pas d’un buzz. D’autant que je ne comprend pas bien pourquoi panasonic aurait besoin d’un financement participatif.
    Quoi qu’il en soit cela pourrait effectivement devenir un beau succès.

    Pour le reste, je pense qu’il y à une méprise sur les intentions des entreprises qui déploient des open-space : je pense qu’elles sont tout à fait conscientes des dégâts que cela provoque, et je pense même que c’est – consciemment ou non – ce qui est recherché.
    Saufs petites entreprises (et quelques grosses « Entreprises libérées ») le but d’un employeur n’est pas de favoriser la créativité, de créer un environnement convivial, etc… Le but c’est de rentabiliser au mieux le capital immobilisé dans l’entreprise. Et pour ça, l’open space est doublement bon : il limite les coûts, et il limite les incertitudes en exerçant une surveillance constante.

    Si a l’inverse on à envie de vivre autre chose au travail, alors il « suffit » de quitter ces boites, partir dans une entreprise à taille plus humaine – ou travailler en indépendant. C’est le pas que j’ai franchi il y a maintenant 3 ans, je ne l’ai jamais regretté !

    Répondre
  • 23 octobre 2018 - 11 h 15 min

    @Yan: pour le flex-office (je ne savais pas que cela s’appelait comme ca) cela a commencé il y a une décennie avec les entreprises faisant beaucoup de service (et dont les locaux surdimensionné pour la population réellement présente au quotidien), par ex. IBM a ete une des premieres a le faire. Mais plus recemment Apple l’a repris a son compte pour ses nouveaux bureaux de l’Apple Loop (et ca fait grincer des dents).
    Ce qui est merveilleux avec ce concept c’est que c’est l’etape ultime du management qui considère que finalement nous sommes tous des ressources anonymes et interchangables… ce qui est une nouveauté dans le secteur tertiaire.

    Je peux confirmer que l’open space devient un motif de départ aussi bien pour les juniors que pour les seniors. De meme coté mobilier on trouve de plus en plus dans les catalogues pro des sieges comme dans la premiere classe des avions ou les lounges des aeroports (ensemble siege, tablette, connexions electriques pour le laptop, le tout sous la forme d’une alcove). Avec le discours millenial/startup/ambiance silicon valley qui va bien avec (le baby foot c’est so 2000s).

    Finalement a ce petit jeu ce sont les pme et startups qui en sortent gagnants.

    Répondre
  • 23 octobre 2018 - 11 h 40 min

    @Céline: Cela fait longtemps que le principe du financement participatif a été dévoyé comme cela. Et pas que par Panasonic :
    Les effets bénéfiques sont énormes :
    – Publicité gratuite
    – Avance des fonds sans intérêts
    – Public captif qui se transforme en VRP
    – Zéro risque.

    Pourquoi se priver ?

    Répondre
  • 23 octobre 2018 - 12 h 12 min

    @Pierre Lecourt:
    Pourquoi se priver ?
    Car c’est dévoyé le sens profond du financement participatif,
    ‘une forme d’escroquerie intellectuelle’
    de la par de Grandes compagnies comme Panasonic et autres…

    A la Base, le financement participatif est de financer des projets,
    qui n’aurait jamais pu être financés autrement !
    Donc certaines grandes compagnies font comme des détournements financiers et publicitaires,
    envers l’esprit et la philosophie du Crowdfunding…
    car ça ne fera jamais d’eux, ni des Start Up, ni des Licornes…

    Ces grandes entreprises qui font le BUZZ de cette manière
    se devraient d’être dénoncées, puis boycottées…
    pour non respect déontologique !
    On peut le comparer à des Milliardaires faisant la manche dans la rue,
    et détournant ainsi l’intérêt et l’argent des véritables nécessiteux !
    Ces riches et ces ‘riches entreprises’ ne mériteraient alors que le mépris…
    « Comme si quelqu’un leur crachait au visage !!! »

    Je suis très dur, mais il est important de réapprendre le respect
    de l’Autre et des Autres à notre génération…
    égoïste et égocentrique !!!

    Car Nous sommes complémentaire les Uns aux Autres…

    Répondre
  • yan
    23 octobre 2018 - 14 h 57 min

    @R2D2:

    C’est juste la suite logique: Après l’espace ouvert commun, le bureau libre service… et là je ne parle pas d’une boite ou, beaucoup de gens étant quasiment toujours dehors, leur attribuer un bureau serait pur gâchis. Mais d’une organisation ou les gens sont globalement sédentaires!

    Alors il y a certes quelques courageux (ou qui peuvent se le permettre, ayant certaines connaissances les rendant difficiles à remplacer à court/moyen terme) qui, constatant l’absence de place disponible le matin, vont prévenir leur chef qu’ils retournent chez eux bosser en mode dégradé… et que le temps inutilement perdu en transport avec cette organisation foireuse ne sera bien entendu pas rattrapé!

    Mais la majorité plie l’échine et adapte ses horaires: Jeune, c’est parfois possible… quand on a une famille/enfants, avec un minimum de suivi éducatif/scolaire à faire, ça ne l’est plus.

    Et la suite se profile déjà avec des horaires 2×8: D’abord pour mutualiser les config de test sous pretexte d’une période tendue (qui l’est car rien n’a avancé correctement car les gens sont de moins en moins efficaces avec l’évolution des conditions de travail, soit dit en passant)… bientôt les bureaux, permettant des ratios de 50% de place dispo vs effectif au lieu de 80 ou 90% actuellement?

    Ce qui suit les pressions pour bosser le WE… et tue le line-manager qui doit s’y coller, vu qu’il n’y a guère de volontaires en dessous car d’une part on sent que cela ne sera pas l’affaire de qq semaines pour absorber un coup de bourre si le test est concluant, d’autre part du fait des conditions financières proposées: Un BAC+5 gagnerait plus à faire des ménages le samedi matin, conservant le reste de won WE pour lui!

    Répondre
  • 23 octobre 2018 - 17 h 50 min

    @Myke:

    Possible, possible.

    Répondre
  • 23 octobre 2018 - 22 h 14 min

    Mais surtout on ne supprime pas ces horreurs que sont les openspaces.
    C’est beaucoup mieux de faire porter l’horreur par les employés ou consultants eux-mêmes !

    Mème principe que : il y a des imbéciles qui s’emplafonnent les platanes aux bords des routes §
    Plutôt que de placer des glissières (ça coûte cher) supprimons les arbres !

    Pauvre monde.
    db

    Répondre
  • 25 octobre 2018 - 12 h 16 min

    « Jusqu’où s’arrêteront-ils ? »

    Répondre
  • 26 octobre 2018 - 22 h 45 min

    Panasonic va se faire une belle image avec cette merde, et la version deux alors ? On pourra directement la visser dans les tempes des employés ? Comme quoi avec la gentry molle qui peuple les bureaux, le capital est totalement décomplexé. Mais je suppose que pour les filles il y aura des modèle roses…

    Répondre
  • 30 octobre 2018 - 0 h 37 min

    Triste monde…
    J’espère ne jamais voir ça en vrai

    Répondre
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