Cyberdeck RA01 : le mélange subtil entre design et électronique

R▲ est le nom d’un artiste Russe passionné d’électronique et de cyberpunk. Il nous présente son Cyberdeck RA01, un clavier avec écran intégré construit autour d’une solution Raspberry Pi.

Le Cyberdeck RA01 est né de plusieurs partis pris, des choix assumés de la part de leur auteur qui les voit comme un manifeste et un cadre d’expression artistique. L’objet refuse des poncifs actuels de ce type de matériel et se plonge dans une culture réellement cyberpunk à plusieurs niveaux.

Cyberdeck RA01

Le Cyberdeck RA01 fait partie d’une longue lignée de réflexions de designers autour du concept de périphérique de contrôle portable. Une culture née bien avant l’avènement de l’écran tactile et pour qui la seule manière de dialoguer avec un outil informatique est dans le clavier. Une culture qui a percé au cinéma, dans la bande dessinée et dans beaucoup d’œuvres de science fiction. Avec des échos suffisamment forts pour marquer les esprits de plusieurs générations de gamins un peu rêveurs projetant dans ces outils hybrides leurs propres fantasmes. L’avenir leur a donné tort et plus qu’une année 2000 finalement aussi décevante que son bug, le manque de fantaisie et le design ultraminimaliste du tout smartphone a fait fondre l’espoir d’un présent plus chatoyant.

Le Cyberdeck RA01 est un contrepoint, un exercice et un défouloir. Un moyen de faire coller le futur projeté il y a plusieurs années dans notre maintenant. Un moyen de concrétiser un fantasme et des idées de design. Un projet qui profite de limitations assez fortes de la part de son créateur. Le recours à du matériel basique, sans impression 3D mais en exploitant des produits existant uniquement. Profiter d’un écran en longueur collant avec le format du clavier, éviter les outils tactiles et intégrer une poignée pour rendre l’objet plus pratique.

Cyberdeck RA01

Au final, ce clavier étrange doit permettre de créer des contenus interactifs, d’écrire, de piloter es installation audio vidéo et de programmer. Un listing que ne renieraient pas les habitant d’une foule de vaisseaux imaginaires hantant les espaces vides de la littérature de science fiction.

Cyberdeck RA01

Pour résoudre son fantasme, l’auteur poursuit un esprit très proche de la vision d’une humanité récupérant les vestiges de son passé. Pas de création d’objet ou de matérialisation d’une coque avec une imprimante. Pas de conception de carte électronique. L’idée est de recycler et d’improviser. Certains produits sont ainsi dénichés via des petites annonces et sont assemblés à d’autres achetés en ligne. Une bandoulière ajustable avec un scratch provenant d’un sac. Des éléments issus du catalogue classique de l’armée, une alimentation constituée de batteries 18650 et d’un module 52Pi permet de fournir l’énergie nécessaire au système.

Cyberdeck RA01

La partie clavier est un Vortex Core 40% mécanique choisi avec des Keycaps neutres. Le pointeur est dirigé à l’écran avec une solution maison combinant des boutons et un joystick analogique récupéré sur une console PSP de Sony. Le tout est relié à une solution Arduino Micro. Le Cyberdeck RA01 propose un lecteur de cartes, un port USB 3.0 , une sortie HDMI pour se relier à un écran externe et, bien sur, un port Ethernet. Seule connexion possible dans le futur d’il y a 40 ans et plus…

Cyberdeck RA01Cette prise Ethernet… mamama

Pour l’affichage, le recours à une solution IPS 1920 x 480 pixels tout en longueur faisait sens. Celui-ci est alimenté en USB et relié en MiniHDMI à la carte Pi via une nappe plate au lieu d’un câble. Une solution audio est également intégrée, connectée via les broches du Raspberry Pi. Un petit potentiomètre permettant d’en régler le volume facilement et de rajouter un bouton au design global de l’engin. 

Cyberdeck RA01

L’ensemble représente un joyeux foutoir à faire tenir dans un espace des plus réduits. Tellement réduit que plusieurs idées ont du être abandonnées au passage comme une carte NFC, une molette de défilement, des boutons d’arcade et même un mécanisme pour faire rentrer les câbles dans le clavier à la manière d’un câble d’aspirateur.

Cyberdeck RA01

Il ne restait plus qu’a intégrer le tout dans un châssis construit à partir d’un châssis de Commodore 64 et d’autres morceaux d’ABS collés entre eux avec de la superglue. Une fois le montage fait et sécurisé, la coque a été bouchée avec un matériau pour colmater les trous et mieux définir le design global de l’engin. Passée au papier de verre jusqu’au 240 et peint de plusieurs couches de peinture primaire puis du noir mat et vernis.

Cyberdeck RA01

Le résultat est l’antithèse du smartphone. Le Cyberdeck RA01 est un engin encombrant et non tactile, proposant une interface fonctionnelle qui ne nécessite pas de la regarder pour être utilisée. La solution propose un vrai parti pris esthétique et ne pourra pas être confondue avec un autre objet. C’est une création unique et si l’auteur nous donne sa recette, aucune autre ne pourra exactement lui ressembler. 

Le Cyberdeck RA01 pourra encore subir d’éventuelles modifications à l’avenir avec une amélioration de son système d’alimentation, diverses modifications techniques et structurelles et l’ajout d’une solution pour retrouver les broches de la Raspberry Pi afin de les exploiter. L’auteur semble vivre son projet avec une passion étonnante. Il sait donc sans doute que comme tous les produits du futur qu’il a choisis, sa création restera un chantier en perpétuelle évolution.

Je suis admiratif.

Merci à Alexis pour l’info.


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11 commentaires sur ce sujet.
  • to
    9 juillet 2021 - 19 h 02 min

    Sympa la poignée et le renforcement métal pour en faire une arme de poing à 2d6+4 de dégats, total cyberpunk 2048 ;) Mais bon l’avenir c’est l’implant neural et l’exosquelette.

    Répondre
  • 9 juillet 2021 - 19 h 30 min

    @to: Ta clinique aura fondu le temps que tu trouves un implant sur le marché.

    Répondre
  • Luc
    9 juillet 2021 - 20 h 12 min

    Beau boulot.

    Répondre
  • 9 juillet 2021 - 22 h 40 min

    Hello, c’est très esthétique, et au final, étonnamment ergonomique !!!
    Le bazooka de l’admin. Bravo à son auteur, et merci pour le partage.

    Répondre
  • 11 juillet 2021 - 15 h 44 min

    […] via Mini Machine : lire l’article source […]

  • Pi
    11 juillet 2021 - 18 h 03 min

    En fait, au-delà de l’aspect console Ono Sendaï rapport au Neuromancien, ce qui est séduisant dans cette initiative c’est le côté je fabrique ma propre machine en fonction de mes besoins. C’est l’inverse opposé à cette politique de l’offre complètement absurde que les fabricants d’ordinateurs ont adopté depuis que l’ordinateur est devenu personnel. Toutes ces machines-à-tout-faire moyennement et calibrées par un réalisme industriel sont juste bonnes à produire de la paperasse numérique au téraoctet mais ne vendent pas du rêve. Au contraire, elle sont justes jetables et ce d’autant plus facilement que personne ou presque ne s’attache à l’objet bêtement manufacturé, juste à un marketing bling bling factice qui lui est accolé.
    Là, l’objet correspond à la fois à un désir et à un besoin. La machine sert à faire un certain nombre de choses et est optimisée pour les faire dans un cadre limité qui pousse à la créativité.
    C’est un objet auquel son auteur s’attache et qui est évolutif, réparable, modifiable selon de nouveaux et de nouvelles envies.
    Ça doit être gratifiant de réaliser une telle machine et de s’en servir tous les jours.

    Répondre
  • 11 juillet 2021 - 18 h 45 min

    […] via MiniMachines […]

  • 11 juillet 2021 - 19 h 21 min

    Y’avait qu’un russe pour sortir un truc aussi brut de fonderie, une certaine forme de violence artistique. Et, oui, on est dans le bon cyberpunk post apocalyptique, là :) Ah, camarade Stalker…

    Répondre
  • 12 juillet 2021 - 5 h 35 min

    […] via MiniMachines […]

  • 12 juillet 2021 - 12 h 54 min

    Le côté « technologie reconstituée post age sombre » est assez flagrant, manque plus que la n’chtite tête de mort moitié cybernétique dans une roue crantée bicolore
    Mais plus sérieusement Un trackpoint en lieu et place d’une interface tactile dans un environnement très contraint (écran fortement protégé de risques de projections/impact, etc…), ces différents systèmes de harnais et de poignée, c’est tout à fait réaliste. Avec des fonctions radios chiffrées, et un écran plus grand (ou un second, repliable) ce truc pourrait tout à fait servir de console déportée à une pièce d’artillerie automotrice, un équivalent de notre CESAR
    C’est bien ça qui m’inquiète au passage, leur propension à s’inspirer de l’armement ou à s’imaginer en survivants d’une guerre apocalyptique (qu’ils auraient « forcément » gagné) s’explique historiquement, mais est chouïa flippante, surtout quand on connait le matraquage sur le thème « nous sommes assiégés » qu’ils subissent à longueur de temps (quiconque a vu les actu côté russe au moment des pbs en ukraine sait de quoi je parle).

    Répondre
  • gep
    12 juillet 2021 - 14 h 41 min
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