LG voudrait fabriquer ses propres puces ARM dans le futur

Et si la prochaine génération de machines LG était équipée de puces ARM signées LG ? On le sait depuis longtemps, la marque s’intéresse au petit monde des microprocesseurs et possède même des licences chez ARM qui lui permettent de travailler à concevoir des puces. Mais jusque là, la marque s’est toujours tournée vers d’autres concepteurs pour équiper ses machines.

La donne pourrait changer d’ici peu, c’est du moins ce qu’affirme le Korea Herald qui indique que LG travaille désormais à la conception de ses propres processeurs. La marque Coréenne pourrait ainsi rentrer dans le grand jeu des possesseurs de licences ARM. Si les premières fuites font état d’un processeur relativement classique, ce nouveau venu pourrait encore faire foisonner l’offre présente sur le marché et lui poser quelques problèmes.

ARM Cortex-A15

LG peut il rester sans processeur à son nom alors que ses principaux concurrents commencent  à disposer de solutions convaincantes ? Comment continuer à acheter des puces chez des marques tierces si une marque comme Samsung dispose de son propre cheptel de puces ? Les quelques dollars de différence, et parfois à l’avantage des solutions concurrentes aux puces de Samsung font tout de même une énorme différence pour un géant de l’électronique comme LG.

Si Samsung s’achète à lui même un processeur, le géant réinjecte de l’argent dans ses propres succursales et fait donc travailler son groupe. Si LG achète un processeur, même moins cher qu’une puce Samsung à un concurrent, il sort de l’argent de ses caisses et le voit totalement disparaître. A ce rythme, il vaut mieux dépenser quelques dollars de plus pour s’acheter ses propres puces à soi même plutôt que de passer par une autre marque.

L’époque des fabricants qui se comptaient sur les doigts de la main est révolue et le nombre d’acteurs sur ce marché, de bien moindre envergure que LG, est énorme. La recette de fabrication d’un processeur n’est plus aussi complexe qu’autrefois. Les informations relayées par le journal Coréen ne parlent pas d’une fabrication de puce mais simplement de leur conception. La très vaste majorité des fabricants de processeurs ARM n’a pas les usines nécessaires à leur création. Elles se contentent de concevoir les puces, avec parfois très peu de changements par rapport aux circuits proposés par ARM, et à les faire fabriquer par un fondeur de processeur. Pour LG, le contrat serait passé avec TSMC, un des plus gros fondeurs de la planète.

 MWC 2011 ARM

L’avantage de cette solution est évidemment sa souplesse puisque si LG dépendra de TSMC pour la fabrication, elle aura aussi toute latitude à arrêter la production, la reprendre ou à l’intensifier selon ses besoins. Une différence notable par rapport aux rares marques possédant des chaines de fabrication de puces qui doivent sans cesse alimenter leur circuit pour justifier leur coût.

C’est aussi une méthode économique, LG pourra créer une puce avec ses licences ARM et après avoir équipé ses propres machines, revendre des processeurs à des marques tierces afin d’amortir ses frais de conception et de gravure.

Le site web Phone Arena remonte une info concernant l’équipement de cette puce LG. il s’agirait, on est au stade de la rumeur,  d’un processeur basé sur l’architecture ARM big.LITTLE composée de 4 coeurs Cortex-A15 cadencés à 2.2 GHz et 4 puces Cortex-A7 à 1.7 GHz. Le tout exploiterait un circuit graphique de série 6 chez PowerVR. Une solution sur le papier très proche d’un AllWinner UltraOcta A80 par exemple. LG pourrait aussi utiliser une puce Mali T7xx, la marque possède également une licence de cette série.

 ARM big little

Il est temps pour LG de proposer ses propres puces, d’abord pour équiper ses tablettes, Smart-TV et autres smartphones bien évidemment. Mais avec la révolution annoncée des objets connectés, dont est friand le marché Coréen, la marque pourrait avoir  à équiper de puces d’autres éléments de son énorme gamme de produits. L’économie réalisée en ne passant plus par des fabricants tiers pourrait être plus que substantielle. Seules les machines très spécifiques, les smartphones haut de gamme, par exemple, qui ont des besoins très spécifiques sur un segment hyper concurrentiel, recevraient alors les bons soins de marques plus expertes.

arm-partner-silicon-design_thumb

Les partenaires « Silicon » d’ARM, ceux possedant une licence fabriquent leurs puces.

Cela pose évidemment des  questions sur le monde ARM, la présence d’un nouvel acteur n’est pas vraiment un problème mais cette logique d’auto production met à mal la chaîne actuelle de développement d’ARM. Huawei, Fujitsu et maintenant LG s’intéresse à leur production de processeurs. La question qui va finir par se poser est simple : Qui va acheter des processeurs aux marques spécialisées ? Si les petits acteurs du marché iront sans doutes voir les fabricants les plus célèbres comme AllWiner, Mediatek ou Rockchip, quelles sont les marques internationales qui se tourneront vers les principales licences ? Avec de moins en moins de clients, il y  aura bientôt plus d’offres que de demandes et certains acteurs vont finir par avoir du mal à écouler leurs stocks.

Cela pose également encore une fois le problème de la recherche et développement, si tous le monde développe sa puce basée sur un design ARM comme c’est le cas pour de plus en plus de marques, qui va prendre le risque de travailler à de nouveaux processeurs dans le futur ? A des développements spécifiques ? Avec des puces qui finissent par se ressembler énormément, des acteurs et une offre de plus en plus nombreuse, le risque d’un ARM « générique » se profile. Une bonne nouvelle d’un point de vue tarif dans un premier temps mais une info préoccupante pour l’évolution de ces puces qui se ressemblent toutes de plus en plus.

Source : Liliputing.


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6 commentaires sur ce sujet.
  • 17 avril 2014 - 20 h 57 min

    Je suis en demi teinte sur cet article, mon point de vue diffère légèrement….
    Pour moi un cpu se doit d’être le plus générique possible, mais je parle bien là du CPU.
    Et nous parlons ici de SOC.
    Il est clair que des marques vont y laisser des plument, mais si chaque fabricant commence a rajouter ses instructions propriétaire dans les puces, c’est aussi la fin de l’open source…

    Non, il faut plutot voir la conception de ce cpu comme un assemblage de partie générique qui forment un tout , le SoC.
    On voit déjà, avec le nombre de fabricant, que chacun y va de sa stratégie et de sa petite cuisine avec des associations de carte graphique différentes, du BIG.Little ou pas, d uA17, du A9, du A15 etc…
    si on ajoute a cette cuisine les autres organes , wifi, usb3 ou pas, gps, ça fait déjà pas mal d’élément différent pour avoir une offre différente car la config entière est enfermé dans le SoC.
    Que chaque partie du SoC reste standard est l’évolution logique, c’est cela qui apportera la stabilité et la pérénité à android, pas les code source propriétaire fermé de fonction spécifique.
    C’est un vrai casse tête pour le développement open source sinon.

    Quand on choisi un ordinateur, on choisi les composant séparement et on monte tout dans un boitier, eux, ils font pareil avec leur SoC Arm.
    Les petits resterons petits et seul les sérieux resteront , et les grandes marques feront fondrent leur puces pour faire des economies et augmenter leur marge en suivant la baisse des prix.
    Amlogic/Rockchip/Allwinner/HiSilicon/WonderMedia…lequel va sombrer le premier?

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  • 18 avril 2014 - 14 h 52 min

    Pour une tablette vendue 100€ si on a un processeur maison qui nous coûte 12€ plutôt qu’un processeur acheté à 10€, on perd 2 € de bénéfice et on augment de 12€ notre Chiffre d’Affaire.
    Le ratio bénéfice sur CA est donc beaucoup moins bon.

    L’intérêt peut être de se développer dans un nouveau secteur pour y être à terme compétitif et pouvoir arriver à un coût par processeur inférieur à ce que l’on peut trouver sur le marché.
    L’intérêt est également marketing pour montrer que l’on maîtrise cette partie et que l’on est indépendant, créatif …

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  • 19 avril 2014 - 7 h 52 min

    @Thomas:

    Pas exactement. Si tu prends un de tes proc qui te coute 12 € au lieu d’en acheter un a 10€, ton CA n’augmente pas puisque tu n’as pas fait de vente. Le processeur est juste passé d’une de tes usines à une autres. D’un point de vue purement financier, ton CA n’augmente pas (d’ailleurs, tu remarqueras que changer le proc n’a aucun influence sur le nombre de télé et tel que LG va vendre ni leur prix de vente). Par contre pour la marge, il y a bien un impact. Puisque mécaniquement tous tes produits couteront 2€ de plus à produire ….

    Je pense plutot que l’intérêt (et c’est comme ça que je vois les exynos) est de pouvoir faire pression à ses fournisseurs en leur disant : « je peux faire me propres proc à 8€ et vous me faites un devis à 11€. Vous vous moquez de moi ? »

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  • 19 avril 2014 - 11 h 02 min

    @Paulin ARBOUX: Dans les boites de ce genres, Mitsubishi, Hyundai, LG ou Salmmsung, chaque branche est indépendante et toutes se facturent les éléments qu’elles fabriquent. A une échelle qu’il est difficile d’imaginer. (J’avais eu le détail à une époque pour Mitsu, c’était monstrueux).

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  • 20 avril 2014 - 9 h 10 min

    @Pierre Lecourt:

    Bien sur que chaques entités se refacturent entre elles. C’est pour répondre à des obligations fiscales : si une usines en France (PSA) fait des moteurs de 208 pour les envoyer en Turquie pour l’assemblage des véhicules, l’usines francaise va facturer l’usine turque pour avoir un CA/bénéfices en France et y payer les impôts et taxes afférentes. Idem quand la voiture va revenir en France pour être vendue ! C’est des questions de prix de transfert d’une entité à l’autre, c’est le plus gros sujet fiscale au niveau mondial (c’est sur ça que le FISC veut redresser Apple/Amazon/Google/ … car il ne paye aucun impôts sur les bénéfices chez nous !). Et donc au final dans cet exemple de PSA, le chiffre d’affaire n’est pas de 1000€ (moteur France=>Turquie) + 5000€ (voiture Turquie=>France) + 10000€ (voiture France=>Particulier) …. mais juste de 10 000 € de PSA au particulier.

    En faite, c’est une différence de norme comptable. Dans un groupe de société : chaque société aura son propre CA (vente qu’elle réalise à n’importe qui, société du groupe ou non, particulier …) mais si on regarde les comptes du groupe de société, comptes dits consolidés (ou combinés pour le public et coopératives/mutuelles), on résonne en terme d’ensemble unique en regroupant les comptes de chaque sociétés comme si il n’y en avait plus qu’une seule. Ainsi on additionne les comptes de chaque entités et on supprime les opérations intragroupe des comptes (dans le cas supprima on annulera la vente et l’achat du moteur et de la voiture pour ne garder que la vente de la voiture au particulier).

    Pour plus d’info sur les comptes consolidés, il y a une poste sur wikipedia qui a l’air pas trop long (il y a quelque milliers de page de loi / normes sur le sujet …)

    Donc pour en revenir au cas présent, oui les entités se refacturent entre elle mais le contrôle de gestion dans un grand groupe est calculé en terme de comptes consolidés. Ils calculent le marge globale en prenant les couts unitaires de productions de chaque entités en se moquant de la répartition des bénéfices dans telle ou telle structures (du moment que leur siège est dans un paradis fiscal bien sur …)

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  • 17 août 2016 - 20 h 20 min

    […] semble déjà s’intéresser à l’offre pour produire ses propres puces ARM en 10 nanomètres, d’autres devraient suivre. Et la liste est longue, très longue : Apple, […]

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